La fatigue, quel bonheur!

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Fabrice Hadjadj a écrit:

"Et la fatigue, si c’est pas une chose ingénieuse, la fatigue, que même les meilleurs constructeurs de robots ne songeront jamais à la fabriquer… Imaginez une seule seconde que nous n’ayons pas cet accablement, le soir, l’après-midi, après un gros repas, après un vain effort, cette lassitude qui nous cotonne les jambes et nous désarme le bras et nous pompe la cervelle. Imaginez-nous sans le quotidien retour de claquage dans tous les membres, comment qu’on trouverait le repos ? Sans l’énergie de la fatigue pour nous jeter dans n’importe quel plumard, sans le ressort du matelas pour recueillir la fin de notre ressort…

Car voilà soudain qu’on sait exactement ce qu’on veut, et ce ne sont plus les honneurs, les palaces, toutes ces carrières fuyantes et incertaines, non, c’est un lit, qu’on veut, notre plus cher désir est dans de beaux draps pour oublier qu’on est dans de beaux draps, pour que notre vanité tombe dans les vapes, pour que nos rêves fassent de beaux rêves … Heureux le blaireau qui hiberne tout l’hiver !

Dans la force de l’épuisement, le corps n’a plus peur de se livrer à la terre, l’âme n’a plus peur de se perdre dans l’inconscience, l’homme tout entier va jusqu’à oser dire au présent : « Ch’ui mort ! » pas au futur, non, au présent de l’indicatif, sans que ça lui file les jetons : « Ch’ui mort ! » et même : « Ch’ui crevé ! » "

Les Bretons en Lot-et-Garonne.

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Spectacle sons et lumières à la cathédrale de Nantes. (Noël 20016)

A Casteljaloux et autour de Casteljaloux, en Lot-et-Garonne et en Dordogne, de nombreuses familles sont originaires de Bretagne. Voici un petit rappel historique des raisons de cette présence des Bretons parmi nous.

"En septembre 1921, une crise majeure va bouleverser la Bretagne. Des milliers de paysans, fermiers pour la plupart, vont se retrouver, du jour au lendemain, privés de leurs terres, des familles entières, souvent nombreuses.

En 1920, François Tinevez, un des leaders des syndicats agricoles du Finistère suggère une « émigration guidée » pour freiner les départs des jeunes paysans vers les villes ou l’Amérique du Nord où ils risquent de perdre leur âme.

Dès le mois de juin 1921, une grande migration s’organisa avec l’appui de l’office Central, vers le sud de la France, où les friches, par manque de main d’œuvre, gagnaient sur les terres cultivées. Des familles entières s’installèrent en Aquitaine. Des centaines d’entre-elles s’établirent en Lot et Garonne et en Dordogne, des dizaines dans la région d’Eymet. Ici, dans le Sud-Ouest où sont nés et où ont grandi des descendants de Bretons, cette trace de l’histoire manquait. Il ne fallait pas que cette mémoire bretonne disparaisse à jamais. Ces paysans bretons n’avaient que rarement parlé de leur histoire, enfermés durant des générations dans les blessures profondes causées par leur départ, vécu parfois comme un abandon. Les gens de la terre sont par nature méfiants, et souvent peu loquaces. Même à leurs enfants, ils ne se confièrent guère.

Et pourtant, bon nombre de paysans ont pu concrétiser leur rêve : vivre de leur labeur sur cette terre qui les a accueillis.

Nos livres d’histoire témoignent rarement de la souffrance du monde paysan. Ces témoignages auront un écho, c’est certain, au-delà du Périgord, sur cette terre de Bretagne où l’on revendique haut et fort la culture et l’histoire."

Source:

http://vosrecits.com/histoires-de-vie-et-temoignages/article/d-un-pays-a-l-autre-de-la-bretagne

Parfois...

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Parfois nous savons, nous entendons, nous voyons l'inhumanité faite à des êtres humains. Mais nous nous taisons, nous ne savons pas quoi faire, nous nous sentons dépassés. Voici ce que Koz a écrit dernièrement sur son blog:

"Lors d’un débat récent et bientôt diffusé, un interlocuteur dont le nom importe moins que l’idée qu’il diffuse a évoqué les souffrances négligées des populations locales, populations autochtones, dont le malaise identitaire ne serait pas pris en compte. Il reproche vertement à l’Eglise catholique – et, au premier chef, au pape François – de se consacrer exclusivement aux souffrances des migrants et de mépriser les Européens et leur angoisse. Il faudrait les câliner un peu. J’ai donné acte à mon contradicteur du fait que l’Eglise, et le Christ avant elle, continue de prêter une attention renforcée à la souffrance du pauvre plus qu’à celle du riche. Et j’ai dit l’indécence que je trouvais à comparer les souffrances des migrants et celles des Français – même, à vrai dire, pauvres. J’aurais pu insister encore sur le fait que ces derniers n’ont pas besoin de porte-paroles germanopratins, et se montrent souvent d’une générosité à faire pâlir le bourgeois. J’aurais pu détailler les souffrances des migrants. Que ce soit par manque d’à-propos ou par mesure, par pudeur ou par lâcheté, je m’en suis tenu là. Également parce qu’à la vérité, je ne fais rien pour eux. C’était, aussi, avant de lire "Les larmes de sel". Le hasard a voulu que j’ai ce livre avec moi pendant ce débat, et que je le lise ensuite."

Pour lire la suite cliquer sur le lien suivant:

http://www.koztoujours.fr/le-poids-des-souffrances#comments

 

Aujourd'hui annonce demain.

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« De la crise d’aujourd’hui émergera une Église qui aura perdu beaucoup. Elle deviendra petite et devra repartir plus ou moins des débuts. Elle ne sera plus en mesure d’habiter la plupart des édifices qu’elle avait construits au temps de sa prospérité. Et étant donné que le nombre de ses fidèles diminuera, elle perdra aussi une grande partie des privilèges sociaux … mais malgré tous ces changements que l’on peut présumer, l’Église trouvera de nouveau et avec toute l’énergie ce qui lui est essentiel, ce qui a toujours été son centre : la foi en Dieu Un et Trinitaire, en Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait homme, avec l’Esprit Saint qui nous assiste jusqu’à la fin des temps.
Elle ressurgira par les petits groupes, les mouvements et une minorité qui remettra la foi et la prière au centre de leur vie et expérimentera de nouveau les sacrements comme service divin et non comme un problème de structure liturgique.
Ce sera une Église plus spirituelle, qui ne s’arrogera pas un mandat politique flirtant de-ci avec la gauche et de-là avec la droite. Elle fera cela avec difficulté. En fait, le processus de la cristallisation et de la clarification la rendra pauvre, la fera devenir une Église des petits, le processus sera long et pénible … mais après l’épreuve de ses divisions, d’une église intériorisée et simplifiée sortira une grande force.
Les hommes qui vivront dans un monde totalement programmé vivront une solitude indicible. S’ils ont perdu complètement le sens de Dieu, ils ressentiront toute l’horreur de leur pauvreté. Et ils découvriront alors la petite communauté des croyants comme quelque chose de totalement nouveau : ils le découvriront comme une espérance pour eux-mêmes, la réponse qu’ils avaient toujours cherchée en secret… Il me semble certain que des temps très difficiles sont en train de se préparer pour l’Église. Sa vraie crise est à peine commencée. Elle doit régler ses comptes avec de grands bouleversements. Mais je suis aussi tout à fait sûr de ce qui restera à la fin : non l’Église du culte politique … mais l’Église de la foi. C’est sûr qu’elle ne sera plus la force sociale dominante dans la mesure où elle l’était jusqu’il y a peu de temps. Mais l’Église connaîtra une nouvelle floraison et apparaîtra comme la maison de l’homme, où trouver vie et espérance au-delà de la mort »

Joseph Ratzinger, « Foi et Avenir », Paris, ed. Mame, 1971, traduit de l’allemand par P. Chambard

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