Three billboards : ce coup d’éclat noir et décalé.

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Alice Gapail après avoir été stagiaire à CFM Radio poursuit sa formation professionnelle à Lille. Elle nous a fait parvenir le texte suivant:

Trois panneaux, ignorés, dressés là : au fin fond d’une ville oubliée dans la Missouri. Trois planches en bois qui se succèdent et que l’on ne remarque même plus. Mildred Hayes, elle, les a vues. Alors quand elle passe devant eux pour la énième fois, elle a la certitude que les choses pourraient changer. Enfin. Chacun d’eux portera un message, pour former une phrase. Telle une prière, une doléance : sa revendication.

 

« Violée pendant son agonie » ; « Toujours aucune arrestation » ; « Pourquoi, chef Willoughby?»

 

Spontanés, directs et précis : ces mots sont à l’image du film, des personnages. Ils seront l’allure et la prestance de Mildred dans sa lutte acharnée, solitaire et frénétique : retrouver l’assassin de sa fille.

 

Martin McDongath pense un scénario simple, certes attrayant mais quelque peu redondant. L’histoire d’un viol puis d’un meurtre, une mère revancharde, un flic apathique. Le synopsis semble donc en amont, classique, routinier. Pourtant, le film dégage une fraîcheur, une saveur, couleur particulière : là est tout le talent du réalisateur et des acteurs. Il parvient à faire du scénario pourtant banal, un tremplin élevant le film parmi les meilleurs. Le spectateur s’émancipe : il est libre d’imaginer la vie avant le meurtre ainsi que le moment fatidique à partir d’indices égarés durant le film. Seule la dernière partie du scénario dramatique classique est ici jouée. McDongath peaufine alors chaque détail, ne laisse rien au hasard, fait en sorte que tout s’enchaîne et se déchaîne. Une harmonie, sans fausses notes.

 

Le jeu des acteurs est également sans pareil. Frances McDormand et Mildred ne font qu’une. Elle parvient à s’approprier ce personnage et son sale caractère à la perfection. De la verve avec laquelle elle martèle chacune de ses répliques, aux expressions sincères sculptant son visage : tout y est. Son regard est évocateur : plus qu’avec des mots, il permet au spectateur de comprendre, de ressentir la poésie et l’atmosphère pesante se dégageant du jeu. La crainte, la compassion, la tristesse et même la détresse : c’est dans ses yeux ancrés qu’ils existent. Un lien est établi entre l’actrice, émettrice et le spectateur, receveur. Lien particulier, familier, qui nous permet d’admirer l’incarnation d’une femme solitaire et égoïste, forte et sensible.

 

La relation qu’entretiennent entre eux les personnages est particulière, singulière : un mélange de violence et de tendresse inouïe. Le geste et les mots sont vrais. Les cris et les soupirs sonnent juste. L’impétuosité entre dans le tempo, tel un enchaînement sans accrocs.

On apprécie les excès d’agressivité qui traduisent d’intenses émotions, une révolte permanente. Les personnages se déchaînent, s’insultent, se battent et se haïssent. Et l’instant d’après, s’entraident, se respectent et se comprennent. Des relations fortes et sincères, presque paradoxales. Quelque chose de beau et poignant à la fois : le spectateur est attendri.

 

Three billboards. Ce film au scénario banal pourtant si spécial. Ses plans, sa bande originale Walk away renee des Fourtops, ses paysages : parfaitement adaptés au jeu des acteurs.

 

Three billboards, c’est un bouquet de talents : il arrache des larmes et marque nos esprits.

Alice Gapail

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Revue de blog du mois de Mars.

Rédigé par yalla castel - - 11 commentaires
Depuis un an je lis régulièrement le blog des Pioggiolais. C'est donc un blog consacré à Poggiolo, commune de Corse-du-Sud, dans le canton des Deux-Sorru (autrefois, piève de Sorru in sù). Il présente le village, ses habitants, ses coutumes, son passé et son présent. Voici la présentation qui en est faite sur la page d'accueil: "Accroché à la montagne, pratiquement au bout de la route qui vient d'Ajaccio et de Sagone, POGGIOLO est un village corse de l'intérieur qui n'est peut-être pas le plus grand ni le plus beau ni le plus typé. Mais pour les personnes qui y vivent toute l'année, comme pour celles qui n'y viennent que pour les vacances, c'est leur village, le village des souvenirs, des racines, un élément important de leur identité. POGGIOLO a une histoire et une vie que nous souhaitons montrer ici. Ce blog concerne également le village de GUAGNO-LES-BAINS qui fait partie de la commune de POGGIOLO."
Le blogon du 5 mars 2018 a particulièrement retenu mon attention. Il donne la parole à Edmond Simeoni sur la visite d'Emmanuel Macron en Corse. J'ai trouvé l'analyse intéressante et juste. Elle est à mon avis à lire avec attention et à partager. Sur le lien suivant:
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Lettre à Diognète

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Lettre à Diognète mais surtout lettre ouverte à mes enfants et petits enfants qui s’interrogent souvent entre eux et parfois m’interrogent . Mais pourquoi fréquente-t-il des chrétiens et va-t-il maintenant parfois à la messe ? L’un d’entre vous a affirmé que j’avais peur de la mort qui se rapproche de moi. Et que cela me rapprochait donc de Dieu. Un autre d’entre vous m’a fabriqué une croix en bois très primitive et l’a accroché au mur de ma cuisine. L’une d’entre vous m’affirme régulièrement qu’elle ne croit pas en Dieu et me demande régulièrement si j’y crois à chacune de ses visites. Mes chers enfants, mes chers petits enfants, ce n’est pas un coup de folie qui me ramène vers l’Église catholique ni une expérience mystique ni une soudaine révélation divine ni une apparition. Non c’est tout simplement une lassitude des écrans de télé, d’ordi, de smartphone qui nous présentent le monde d’aujourd’hui et de demain de manière très négative. Je cherche un supplément d’âme à la vie d’aujourd’hui que je ne trouve pas non plus chez Leclerc, Intermarché et Pyrénées Bricolage. Mes chers enfants, mes chers petits enfants voici venu le temps pour moi de commencer à vous laisser des messages écrits pour plus tard quand je ne serai plus là. Voici celui d’aujourd’hui :

« Les Chrétiens ne sont distingués du reste des hommes ni par leurs pays, ni par leur langage, ni par leur manière de vivre ; ils n'ont pas d'autres villes que les vôtres, d'autre langage que celui que vous parlez ; rien de singulier dans leurs habitudes ; seulement ils ne se livrent pas à l'étude de vains systèmes, fruit de la curiosité des hommes, et ne s'attachent pas, comme plusieurs, à défendre des doctrines humaines. Répandus, selon qu'il a plu à la Providence, dans des villes grecques ou barbares, ils se conforment, pour le vêtement, pour la nourriture, pour la manière de vivre, aux usages qu'ils trouvent établis ; mais ils placent sous les yeux de tous l'étonnant spectacle de leur vie toute angélique et à peine croyable. Ils habitent leur cités comme étrangers, ils prennent part à tout comme citoyens, ils souffrent tout comme voyageurs.

Pour eux, toute région étrangère est une patrie, et toute patrie ici-bas est une région étrangère

Comme les autres, ils se marient, comme les autres, ils ont des enfants, seulement ils ne les abandonnent pas. Ils ont tous une même table, mais pas le même lit. Ils vivent dans la chair et non selon la chair. Ils habitent la terre et leur conversations est dans le ciel. Soumis aux lois établies, ils sont par leurs vies, supérieurs à ces lois. Ils aiment tous les hommes et tous les hommes les persécutent. Sans les connaître, on les condamne. Mis à mort, ils naissent à la vie. Pauvres, ils font des riches. Manquant de tout, ils surabondent. L'opprobre dont on les couvre devient pour eux une source de gloire ; la calomnie qui les déchire dévoile leur innocence. La bouche qui les outrage se voit forcée de les bénir, les injures appellent ensuite les éloges. Irréprochables, ils sont punis comme criminels et au milieu des tourments ils sont dans la joie comme des hommes qui vont à la vie. Les Juifs les regardent comme des étrangers et leur font la guerre. Les Grecs les persécutent, mais ces ennemis si acharnés ne pourraient dire la cause de leur haine. Pour tout dire, en un mot, les chrétiens sont dans le monde ce que l'âme est dans le corps : l'âme est répandue dans toutes les parties du corps.

Les chrétiens sont dans toutes les parties de la Terre

L'âme habite le corps sans être du corps, les chrétiens sont dans le monde sans être du monde. L'âme, invisible par nature, est placée dans un corps visible qui est sa demeure. Vois les chrétiens pendant leur séjour sur la Terre, mais leur culte qui est tout divin, ne tombe pas sous les yeux. La chair, sans avoir reçue aucun outrage de l'esprit, le déteste et lui fait la guerre, parce qu'il est ennemi des voluptés. Ainsi le monde persécute les chrétiens, dont il n'a pas à se plaindre, parce qu'ils fuient les plaisirs. L'âme aime la chair qui la combat et les membres toujours soulevés contre elle. Ainsi les chrétiens n'ont que de l'amour pour ceux qui ne leur montrent que de la haine. L'âme, enfermée dans le corps, le conserve ; les chrétiens enfermés dans ce monde comme dans une prison, empêchent qu'il ne périsse. L'âme immortelle habite un tabernacle périssable ; les chrétiens, qui attendent la vie incorruptible des cieux, habitent comme des étrangers les demeures corruptibles d'ici-bas. L'âme se fortifie par les jeûnes, les chrétiens se multiplient par les persécutions : le poste que Dieu leur a confié est si glorieux, qu'ils regardent comme un crime de l'abandonner. »

André Lugardon


 

(L’Épître à Diognète est une lettre d’un auteur chrétien anonyme qui date de la fin du II ième siècle. Il s’agit d’un écrit adressé à Diognète, un païen, pour démontrer la nouveauté radicale du christianisme.)


 


 

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