Zoom sur Rolland Poupon

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Depuis mon enfance j’étais destiné à finir (ou à commencer) en hypokhâgne. Mon père Albert Poupon (Albert Loranquin en littérature) avait déjà connu la vie du Lycée du Parc pendant les années de la guerre mondiale. Il avait eu comme jeunes professeurs Lacroix, Pillard et surtout Debidour qui devint plus tard ami de la famille. Et c’est dans cette atmosphère que j’ai grandi, sous le regard d’un père qui rêvait de voir son fils venger finalement l’échec, de justesse, qu’il avait connu lors de sa dernière tentative d’intégrer à la rue d’Ulm.

Mais j’avoue que j’avais du mal à me sentir à l’aise dans cet univers, intéressant par bien des côtés, où je n’arrivais pas à m’épanouir. Et voilà qu’en pleine atmosphère des événements de mai 68 je fais la connaissance du Mouvement des Focolari. Ce fut tout de suite le coup de foudre. A peine terminée la licence, je me retrouve pour deux ans d’expérience communautaire et sociale en Italie avec des jeunes du monde entier, avides comme moi d’un monde différent encore tout à construire, et je décide de consacrer ma vie à cet idéal.

Début 71 on me propose de partir en mission au Liban. Et c’est du Liban que j’écris maintenant ces quelques lignes. Après 15 ans d’enseignement de la langue française à des élèves de 10 à 16 ans, la fondatrice et présidente du Mouvement des Focolari, Chiara Lubich, me demande de laisser le travail professionnel pour m’occuper de la coordination des activités du mouvement successivement dans la plus grande partie des pays du Moyen Orient. Quand je revois toutes ces années intenses vécues entre la guerre du Liban, l’intifada palestinienne, l’embargo de l’Irak et tous les défis, les espoirs et les contradictions du monde moyen oriental, je ne peux que remercier Dieu de cette aventure bien plus passionnante que tout ce que j’aurais pu imaginer.

Nous vivons en ce moment, je crois, et je ne suis certainement pas le seul à le croire, un des moments les plus cruciaux de l’histoire de l’humanité. J’ai eu la chance de rencontrer une personne comme Chiara Lubich, malheureusement encore si peu connue en France, même si elle a reçu par exemple le prix Unesco 96 de l’Education pour la paix ou celui des Droits de l’homme du Conseil de l’Europe à Strasbourg en 98. Avec elle je me suis retrouvé dans tout un courant de personnes qui se battent pour la formation d’une humanité différente. Là où le communisme a échoué et où le capitalisme sauvage est en train de s’enliser dans ses contradictions, la recherche d’une « économie de communion dans la liberté » est en train de faire son chemin dans le monde de l’économie. Là où la politique des partis n’arrive plus à sortir de sa sclérose, le « mouvement politique pour l’unité » qui regroupe des politiciens de tous bords et de tous pays qui mettent les valeurs de l’homme avant leur intérêt de parti, est un souffle nouveau qui donne beaucoup d’espoir. Là où les valeurs de l’indépendance se sont affirmées comme un grand progrès évident par rapport à la dépendance du colonialisme, mais qui n’arrive pas toujours à dépasser les courtes vues d’un nationalisme étroit, le courant de « l’interdépendance » est en train  peu à peu  de changer les mentalités.

C’est dans ce contexte que se déroule mon travail, au contact de personnes de toutes conditions, nationalités, religions ou convictions. Pour ne pas dépasser le cadre de ces deux pages, je voudrais finir par quelques mots sur le choc des civilisations dont nous sommes témoins en ce moment au Moyen Orient. En France on n’imagine pas combien les vrais musulmans ont soif d’une relation authentique avec le monde occidental, mais avec le « vrai » monde occidental, pas celui de l’hypocrisie de la diplomatie qui prétend aider la paix en vendant ses armes, ni celui des médias qui recherchent le sensationnel ou qui sont payés pour dire des mensonges. J’ai participé hier soir à une rencontre de 250 libanais chrétiens, sunnites et chiites, unis dans cette quête d’une vraie relation dans la confiance et la réciprocité. On a peur de l’islam en Europe et on le diabolise, sans se rendre compte que l’islam fait peur parce que lui-même est terriblement inquiet pour son propre avenir. Lorsqu’on arrive à s’apprivoiser réciproquement tout change. Et si on n’arrive pas à résoudre cette situation, si on continue à faire croire que les Israéliens ne peuvent pas vivre avec les Palestiniens, les sunnites avec les chiites ou les chrétiens avec les musulmans, on se retrouvera dans quelques années avec une nouvelle guerre au cœur même de l’Europe. Mais heureusement il y a parmi les musulmans, les juifs et les chrétiens du Moyen Orient suffisamment d’hommes de paix, capables de dépasser leurs conflits, et j’en connais personnellement beaucoup, pour pouvoir croire encore en un avenir possible pour l’humanité, loin des scénarios catastrophes qu’on s’amuse à nous présenter.

Fait à Beyrouth, le 28 février 2010

Roland Poupon

Jean Cardonnel

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« Nous évoluons dans un monde dont la préoccupation de soi constitue l’armature. Notre monde est celui de l’égoïsme; des choses, de la quantité; il s’épanouit en règne des privilèges, des affaires, de l’argent. Nous sommes dans la société compétitive. Les premiers entendent toujours demeurer les premiers. Ils veulent même de plus en plus distancer tous les autres considérés comme des concurrents. Si les premiers seuls comptent où seront les derniers? Les autres, les derniers ne seront jamais traités comme des personnes, ravalés au rang de choses, ils demeurent en marge.Quand viendra le tour des autres ? Jamais ? »

Jean Cardonnel, né le 12 mars 1921 à Figeac (Lot), décédé le 4 juillet 2009, était dominicain et se situait à l’extrême gauche des fidèles de l’Église catholique, étant le principal défenseur de la théologie de la libération en France.

Pour en savoir plus sur la théologie de la libération:

https://croire.la-croix.com/Definitions/Lexique/Theologie/Qu-est-ce-que-la-theologie-de-la-liberation

 

Il y a 104 ans...

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Il y a 104 ans Charles Péguy a écrit le texte suivant:

Les armes de Satan c’est la vie et la mort,
C’est le péril de mer, c’est l’homme dans son tort,
Le voleur aux aguets, le tyran dans son fort ;

Les armes de Jésus c’est la vie et la mort,
C’est Dieu dans sa justice et Satan dans son tort,
La beauté du plus pur, le juste dans son fort ;

Les armes de Jésus c’est la vie et la mort,
C’est l’enfant et la femme et le secret du sort,
Le navire acouflé dans le recreux du port ;

Les armes de Satan c’est l’homme qui dévie,
C’est les deux poings liés et c’est l’âme asservie,
C’est la vengeance inlassablement poursuivie ;

Les armes de Jésus ce sont les deux mains jointes,
Et l’épine et la rose et les clous et les pointes,
Et sur le lit de mort les pauvres âmes ointes ;

C’est le chœur alterné des martyrs et des saintes,
C’est le chœur conjugué des sanglots et des plaintes,
Le temple, les degrés, les pilastres, les plinthes ;

Les armes de Satan c’est le vert térébinthe,
Cet arbre résineux et c’est la coloquinte,
Cette citrouille amère et c’est la morne absinthe ;

Les armes de Satan c’est les deux poings liés,
Les armes de Jésus les cœurs humiliés,

Les pauvres à genoux, les suppliants pliés

Charles Péguy, désigné comme « Huitième jour de la neuvaine de Sainte Geneviève pour le Vendredi 10 Janvier 1913 », rue des Dames,
Œuvres complètes de Charles Péguy, vol. 6, Nouvelle Revue Française, 1916.

De l'idolâtrie d'hier et d'aujourd'hui

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«Saint Paul exhorte les chrétiens de Corinthe à fuir le culte des idoles » (1 Co 10, 14), Très présentes à Corinthe, les erreurs du paganisme devaient être dénoncées, car elles constituaient une puissante aliénation et détournaient l'homme de sa véritable destinée.

Cet appel à fuir les idoles reste pertinent aujourd'hui. Le monde contemporain ne s'est-il pas créé ses propres idoles ? N'a-t-il pas imité, peut-être à son insu, les païens de l'Antiquité, en détournant l'homme de sa fin véritable, du bonheur de vivre éternellement avec Dieu ? C'est là une question que tout homme, honnête avec lui-même, ne peut que se poser. Qu'est-ce qui est important dans ma vie ? Qu'est-ce que je mets à la première place ? Le mot « idole » vient du grec et signifie « image », « figure », « représentation », mais aussi « spectre », « fantôme », « vaine apparence ». L'idole est un leurre, car elle détourne son serviteur de la réalité pour le cantonner dans le royaume de l'apparence. Or n'est-ce pas une tentation propre à notre époque? Tentation d'idolâtrer un passé qui n'existe plus, en oubliant ses carences, tentation d'idolâtrer un avenir qui n'existe pas encore, en croyant que, par ses seules forces, l'homme réalisera le bonheur éternel sur la terre. L'argent, la soif de l'avoir, du pouvoir et même du savoir n'ont-ils pas détourné l'homme de sa Fin véritable, de sa propre vérité ? »

Benoit XVI, à Paris 14 septembre 2008

Face à la maladie d’Alzheimer

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Mon amour ,

 

Depuis de nombreuses années , nous avons vu peu à peu ton esprit s'égarer pour finir par sombrer dans un abîme de ténèbres ces dernières années , qui faisaient que tu ne nous reconnaissais plus , ni moi , ton épouse , ni tes enfants ni petits enfants , avec tout ce que cela comporte de chagrin pour nous qui t'aimions .

 

Aujourd'hui , nous sommes réunis autour de toi pour te rendre ce dernier hommage .
La mort a fini par triompher de ta maladie , elle était la seule issue pour en sortir , mais ,ce faisant , elle a libéré tes facultés de cette brume qui les obscurcissait . Alors , bien sûr , nous sommes tristes de cette séparation , mais , dans mon cœur brille une lueur d'espérance qui change tout pour moi .

La mort a triomphé de ta maladie , mais ma conviction que le Christ a triomphé de la mort me soutient . Il ne manquera pas de t'accueillir , je le sais , toi qui a toujours été animé par le souci des autres , des plus faibles , des plus fragiles , même si tes dernières années sur terre t'ont empêché de te rapprocher de Lui . Souviens toi , on t'avait qualifié de conseiller municipal avec une âme d'assistante sociale !

 

OUI , j'en suis sûre , aujourd'hui , tu es entré dans la lumière , aujourd'hui , de l'autre côté du chemin , tu peux reconnaître chacun de nous , esprit clair à nouveau . Tu nous accompagnera chaque instant de notre vie . Tu seras toujours vivant dans mon cœur et je vais pouvoir retrouver les souvenirs que j'avais occultés parce que c'était trop dur de les remémorer alors que j'avais sous les yeux ce que tu étais devenu ! Je vais retrouver ton sourire qui faisait briller tes yeux , réentendre tes fous rires et retrouver le son de ta voix .
 

Bien sûr , comme tout le monde , nous avons eu nos bons moments et de fichus quart d'heures : les désaccords inévitables en cinquante années de mariage , les épreuves , certaines insoutenables , je pense au décès de Denis . Mais nous avons connu la Joie d'un amour partagé qui a résisté au temps , réciproque aussi longtemps que tu en es resté conscient , à sens unique mais vécu pour deux ensuite .

 

Au revoir , mon amour , repose en paix en attendant notre réunion .

 

Maryvonne Guerrey

 

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