"Mon père, qui ne m'exauce jamais, a des manières étranges de me manifester, comment dire, non pas sa solidarité, encore moins sa compassion, je ne vois pas d'autre mot en l'occurrence que celui-ci: son existence. Les Romains commencent à comprendre que je n'arriverai pas vivant au Golgotha. Ce serait pour eux un échec cuisant: à quoi bon crucifier un mort? Alors ils vont chercher un type qui revient des champs, un fier-à-bras qui se trouve être un passant.
- Tu es réquisitionné. Aide ce condamné à porter sa charge.
Même s'il a reçu un ordre, cet homme est un miracle. Il ne se pose aucune question, il voit un inconnu qui titube sous un poids trop lourd pour lui, il ne fait ni une ni deux, il m'aide.
Il m'aide!
Cela ne m'est jamais arrivé de ma vie. Je ne savais pas comment c'était. Quelqu'un m'aide. Peu importe ce qui le motive.
Je pourrais en pleurer. Parmi l'espèce abjecte qui se moque de moi et pour laquelle je me sacrifie il y a cet homme qui n'est pas venu se régaler du spectacle et qui, cela se sent, m'aide de tout son coeur.
S'il avait déboulé dans la rue par hasard et s'il m'avait vu tituber sous la croix, il aurait eu, je pense, la même réaction: sans réfléchir une seconde, il aurait couru me secourir. Il y a des gens comme ça. Ils ignorent leur propre rareté. Si on demandait à Simon de Cyrène pourquoi il se conduit de cette manière, il ne comprendrait pas la question: il ne sait pas qu'on peut agir autrement.
Mon père a créé une drôle d'espèce: soit des salauds qui ont des opinions, soit des âmes généreuses qui ne pensent pas. En l'état où je suis, je découvre que j'ai un ami en la personne de Simon: j'ai toujours aimé les costauds. Ce ne sont jamais eux qui posent problème. J'ai l'impression que ma croix ne pèse plus rien.
- Laisse-moi porter ma part, lui dis-je.
- Honnêtement, c'est plus facile si tu me laisses faire, répond-il.
Moi, je veux bien. Les Romains, ça ne leur va pas. Simon, brave type, essaie de leur expliquer son point de vue:
- C'est pas lourd, cette croix. Le condamné me gêne plus qu'autre chose.
- Le condamné doit porter sa charge, gueule un soldat.
- Je comprends pas. Vous voulez que je l'aide, oui ou non?
- Tu nous emmerdes. Tire-toi!
Penaud, Simon me regarde comme s'il avait gaffé. Je lui souris. C'était trop beau pour être vrai.
- Merci, lui dis-je.
- Merci à toi, dit-il bizarrement.
Il a l'air tout chose.
Je n'ai pas le temps de le saleur davantage. Il faut que je continue d'avancer en traînant ce poids mort. Je constate ceci qui est imprévisible: la croix pèse moins lourd. Elle reste effroyable, mais l'épisode de Simon a changé la donne. C'est comme si mon ami avait emporté avec lui la part la plus inhumaine de ma charge.
Ce miracle, car c'est est un, ne me doit rien. Trouvez-moi un magie plus extraordinaire dans les Ecritures. Vous chercherez en vain."
Amélie Nothomb dans "Soif" pages 74/75/76/77.
" Un jour, quand nous aurons maîtrisé les vents et les marées, nous exploiterons l'énergie de l'amour. Alors, pour la seconde fois, nous aurons découvert le feu."
Pierre Teilhard de Chardin
C'est un prêtre jésuite français, paléontologue, théologien et philosophe né en France en 1881 et mort aux Etats Unis en 1955.
« Sur le fait général qu'il y ait une évolution, tous les chercheurs sont désormais d'accord. Sur la question de savoir si cette évolution est dirigée, il en va autrement. »
Curieuse époque que la nôtre, qui se voit amenée à formuler un nouveau commandement que Dieu n'imaginait même pas en confiant à Moïse les tables du Décalogue! Tu ne tortureras pas: c'est donc que l'on torture aujourd'hui, et en grand; c'est donc que l'on a besoin de réveiller nos consciences... peu torturées par le fait de la torture.
La torture est en pleine expansion de par le monde. Dans certains pays, elle s'institutionnalise; elle devient même une façon de gouverner, camouflée sous des traitements psychiatriques ou des slogans de sécurité nationale. On invente des systèmes raffinés pour torturer proprement sans laisser de trace. On exporte du matériel sophistiqué de torture tout autant des des appareils ménagers. Auprès de cette rationalisation de la torture, l'Inquisition de Pierre Emmanuel, n'était qu'un "conte de nourrice".
Notre esprit, hélas s'habitue à voir les choses les plus monstrueuses. On refuse d'abord d'y croire, on réagit ensuite par saccades et mollement. Et bientôt, on glisse sur une pente faire de tous les abandons, de toutes les complicités. Le moindre signe par lequel nous méprisons notre semblable peut, de mépris en mépris, faire de nous un bourreau impassible et même souriant.
Curieuse époque que la nôtre, qui peut se vanter de voir la torture interdite par les constitutions et les déclarations universelles et qui s'ébahit d'apprendre qu'elle prolifère avec les pseudo-justifications les plus subtiles! Le pape Paul VI en a parlé comme d'une dangereuse "épidémie".
"Les tortures, dit-il, sont à condamner absolument, elles ne sont jamais admissibles, pas même sous prétexte d'exercer la justice et de défendre l'ordre public..." Il nous faut radicaliser le combat contre la torture, ne pas accepter de demi-mesures, en faire une question de principe pour dénoncer la torture quel qu'en soit le motif en quelque lieu que ce soit.
Une magnifique mission appelle les chrétiens à l'avant-garde de la lutte pour l'abolition de la torture. Avec le même élan que d'autres générations ont combattu l'esclavage. Méfions-nous, ce mal est comme l'hydre à sept têtes. Il repousse vite, partout, en nous-mêmes.
Courage et persévérance.
Cardinal Roger Etchegaray
En Lot-et-Garonne, six groupes ACAT se réunissent régulièrement: à Agen, Miramont-de-Guyenne, Villeneuve-sur-Lot, Marmande-Casteljaloux, Nérac et Clairac.
Cette année, le groupe Marmande-Casteljaloux, s'est réuni régulièrement, les troisièmes mardis du mois, au presbytère de Casteljaloux au 38 rue de Veyries de 14h30 à 17 h.
Le programme de nos rencontres est basé autour de trois grands axes: Partage, Action, Prière.
Les actions principales de notre groupe cette année ont été de distribuer la lettre du mois de l'ACAT dans les paroisses de notre secteur pour mobiliser les chrétiens, d'organiser une rencontre ouvert à tous qui a eu lieu le 6 avril à Fauguerolles, d'écrire à un condamné à mort et soutenir Joseph en prison depuis trente ans.
Nous prions ensemble pour tous les condamnés et pour ceux qui sont torturés.
Nous vous proposons de rejoindre notre groupe à la rentrée de Septembre.
Appelez ou mettez vous en relation avec Marie-Thérèse Marchand:
Tel: 05 53 89 17 26 ou 06 07 96 00 76
44, rue de la République à MONTPOUILLAN