L'Allée des ormes rouges

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Parmi les plus pauvres, il y avait ceux qui venaient d'Italie, partis au lendemain de la guerre de 14-18, avec leurs familles nombreuses. En France, la grande saignée ayant dépeuplé les campagnes, nombre de métairies étaient abandonnées, retournées à la friche. Terres sans hommes pour des hommes sans terres. De l'autre côté des Alpes, la main d'oeuvre était pléthorique, alors qu'ici la paysannerie manquait de bras. Alors ces Italiens arrivèrent avec un courage proche de l'héroïsme, pour assurer la relève. Certains comme Pietro et Adalgisa, acceptèrent des places de domestiques. Ils avaient défriché, cultivé, rendu le sol prospère aux prix d'énormes sacrifices. 

Source: "L'Allée des ormes rouges" d'Alain Paraillous aux éditions Terre d'écritures deborée. Page 34

ISBN 978-2-81-292815-4

La BD de Bendo

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Le lundi 3 avril 2023 à 18h une personne m'a remis en main propre la BD de Bendo qui a pour titre "Un carnet de tendresse". Il m'a été demandé de l'offrir au père Gérard Cousin qui vient de prendre sa retraite à Agen lors de la prochaine visite que je lui rendrai. Comme il n'y avait pas de papier cadeau autour j'ai pris le temps de la lire et de la relire. 

En fait j'ai tort d'utiliser le mot BD. L'auteur et sa maison d'édition qualifient son livre de récit graphique. Il est fait de deux dessins par page et de quelques phrases. Parfois il n'y a qu'un dessin par page. Tous les quatre cinq pages il y a des extraits de textes évangéliques. Les dessins n'envahissent pas les pages. Les écrits n'envahissent pas les pages. Les dessins illustrent les écrits. Les écrits complètent les dessins. Le format d' "Un carnet de tendresse"  (17cm x 22 cm) le rend maniable et facile à lire. Dans chaque page une grande place est laissée à du blanc. Cela donne à l'ouvrage de la clarté et cela met en valeur les textes et les dessins. Ce livre est agréable à toucher, agréable à regarder, agréable à lire, agréable à partager. 

Voici ce qu'en  dit la maison d'édition : 

"Dans ce récit graphique, Bendo. reparcourt son itinéraire de vie spirituelle, depuis les tâtonnements de l'enfance et les doutes de l'adolescence, pour en arriver au visage de Jésus que ses dessins croquent avec profondeur et sympathie. Il s'en étonne lui-même: comment Dieu, qui lui semblait si lointain, s'est-il fait si proche, avec tendresse et délicatesse, dans sa vie de tous les jours.? 

A l'occasion du confinement, l'auteur publie des dessins sur les réseaux sociaux. Le succès est immédiat, devant ses situations de la vie où beaucoup se reconnaissent. Dans ce carnet où l'auteur se livre, il revisite les grands moments de la construction de sa relation à "son ami de chaque jour".

Une expérience touchante et vivifiante, accessible à tous."

Bendo a fait des études d'histoire de l'art à l'Ecole du Louvre et des études des sciences religieuses. Il est artisan encadreur et ... dessinateur.

Ses dessins sont visibles sur Facebook et Instagram en tapant sur un moteur de recherche : bendo dessins. 

"Un carnet de tendresse" de Bendo aux éditions Nouvelle cité. ISBN: 9782375822890.

Au prix de 16,90 €

 

 

Carte postale hivernale du Tarn

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 Source photo: https://www.paysantarnais.com/le-tarn-sous-la-neige

Il neige ce matin à Saint Anatole, Tarn. Une temps idéal pour rester au coin du feu à lire et écrire:

« Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent (…) j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre. » (Blaise Pascal)

« Nous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous et en notre propre être: nous voulons vivre dans l’idée des autres d’une vie imaginaire et nous nous efforçons pour cela de paraître. Nous travaillons incessamment à embellir et conserver notre être imaginaire et négligeons le véritable. » (Blaise Pascal)

« D’où vient donc cet écoeurement, ce mal-être qui se loge aussi bien dans la tête, dans la sensibilité, dans les tripes et qui emplit notre bouche de nausée? (…) On ne voit partout que corruption, injustice, odeur de mort. L’amour? Un mensonge vide de sens. La haine habite la planète, et jusque dans mon propre coeur. » (Soeur Emmanuelle)

« Que le coeur de l’homme est creux et plein d’ordure. » (Blaise Pascal)

« Je ne connais pas le coeur d’un criminel mais celui d’un honnête homme et ce que j’y vois m’épouvante! » (Joseph de Maistre)

"Les trois démons humains selon les Romains: libido sentiendi, libido sciendi, libido dominandi. L'envie de sentir, l'envie de savoir, l'envie de dominer. " (Soeur Emmanuelle)

« Le pessimisme de la connaissance n’empêche pas l’optimisme de la volonté » (Antonio Gramsci)

Le pansement Schubert

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Claire Oppert est née à Paris en 1966. Elle est une violoncelliste renommée. Elle a fait des études universitaires. Elle a écrit en 2020 un livre qui raconte sa participation en tant que musicienne dans des soins à des malades  très malades au sein d'équipes médicales parisiennes. En voici un extrait qui permet de comprendre le titre de son livre et ce qu'elle fait pour soigner par la musique des personnes en grandes souffrances.

Avril 2012. Paris, Korian Jardins d'Alesia.

Les feuilles du grand chêne devant les fenêtres de l'EHPAD, l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, tremblent de lumière, dans la clarté du printemps.

A l'étage des résidents déments, la porte de la salle commune que l'on nomme Espace est grande ouverte.

C'est curieux le terme espace. Je cherche dans le dictionnaire la définition de ce mot: étendue qui embrasse l'univers, vide interplanétaire, intersidéral et intergalactique. 

En entrant dans l'Espace, j'éteins la télé. Chaque lundi c'est comme un rite.

La télé reste allumée toute la journé, pourtant personne ne la regarde. En s'éteignant, elle fait un bruit singulier de machine avalée, et laisse toujours quelques traces grises dans le silence.

L'étage des vingt et un résidentes déments est protégé. Il s'appelle même unité de vie protégée. L'ascenseur est à code. Je l'oublie toujours quand j'arrive devant. C'est drôle.

Dans un coin de l'Espace, une femme hurle et se débat. Deux infirmières s'agitent autour d'elle, la maintenant fermement pour l'empêcher de tomber de son fauteuil, tout en parant ses attaques. 

Elles doivent absolument refaire le pansement de Mme Kessler. La plaie de son bras droit est purulente.

Je ne peux deviner son visage caché par le profil des infirmières aux sourcils froncés et aux gestes tendus. Lorsqu'elle cesse de crier, elle tente de les mordre.

Je ne sais pas ce qui me pousse à m'arrêter devant elle. Je ne prononce pas une parole. Je m'assieds et lui joue au violoncelle le ttème de l'andante du Trio op 100 de Schubert.

Il se passe trois secondes à peine, deux mesures peut-être, et son bras se détend. Il s'abandonne d'un coup. Les cris cessent, le calme revient dans la pièce. Je peux observer alors son visage, regard étonné, et à ses lèvres une ébauche de sourire. 

Je joue peu ce jour-là, tant le pansement est rapide. C'est plus qu'une surprise, comme un prodige. Je vois les infirmières sourire à leur tour, l'une d'elles rit même et me dit: "Il faudra absolument revenir pour le pansement Schubert". 

C'est joliment tourné, tout à fait adéquat. L'expression est née ainsi et elle est restée par la suite.

Quand je m'éloigne, je sais déjà qu'il s'est passé quelque chose d'essentiel. Je suis confrontée pour la première fois à l'évidence d'un résultat de soulagement radical d'une personne douloureuse. Et quand, un an plus tard, je mets au point sur plus d'une centaine de patients en fin de vie, à l'unité de soins palliatifs de l'hôpital Sainte-Périne à Paris, le protocole du Pansement de Schubert" expérimenté spontanément à l'Espace des déments, le médecin chef du service à cette formule brève et éloquente: "10 minutes de Schubert=5 mg d'Oxynorm". (1)

Il y aura Schubert, mais aussi Bach, Mozart, Beethoven, Brahms, Rachmaninov, des aires de Puccini et Verdi, des chansons de Piaf, Cloclo, Sardou, Adamo, Johnny, des valses et des tangos, des chants juifs, arabes et africains, du folklore breton, irlandais, du flamenco, des musiques de films, du gospel, du jazz, du rock, du pop, du métal!

La même semaine, je reviens deux fois pour accompagner le pansement de Mme Kessler, avec des résultats identiques. Il n'y a pas d'autre manière de soulager sa douleur. Elle est assise dans son fauteuil toute droite, avec son bras offert aux soins et, tandis que je joue pour elle en boucle le thème de l'andante du Trio op.100 de Schubert, la lumière sur son visage est si intense qu'elle irradie en un flot étincelant toute la pièce, les infirmières et moi-même. Dehors le chêne aux larges branches en reçoit lui aussi abondamment. C'est du moins ce qu'il me semble, quand je le salue en partant.

Source: Pages 9, 10 et 11 du livre de Claire Oppert  qui a pour titre "Le pansement Schubert" chez Denoël.

(1) Oxynorm: antalgique apparenté à la morphine indiqué dans le traitement des douleurs cancéreuses sévères

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