Chant pour la belle saison

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Rien ne ressemble plus à l'inspiration
Que l'ivresse d'une matinée de printemps,
Que le désir d'une femme.
Ne plus être soi, être chacun.
Poser ses pieds sur terre avec agilité.
Savourer l'air qu'on respire.

Je chante ce soir non ce que nous devons combattre
Mais ce que nous devons défendre.
Les plaisirs de la vie.
Le vin qu'on boit avec des camarades.
L'amour.
Le feu en hiver.
La rivière fraîche en été.
La viande et le pain de chaque repas.
Le refrain que l'on chante en marchant sur la route.
Le lit où l'on dort.
Le sommeil, sans réveils en sursaut, sans angoisse du lendemain.

Le loisir.
La liberté de changer de ciel.
Le sentiment de la dignité et beaucoup d'autres choses
Dont on ose refuser la possession aux hommes.

J'aime et je chante le printemps fleuri.
J'aime et je chante l'été avec ses fruits.
J'aime et je chante la joie de vivre.
J'aime et je chante le printemps.
J'aime et je chante l'été, saison dans laquelle je suis né.

Robert DESNOS est un poète surréaliste et résistant français, né le 4 juillet 1900 dans le 11e arrondissement de Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie un mois après sa libération par l'Armée rouge le dernier jour de la guerre.

 

La vie du G.E.M de Casteljaloux

Rédigé par yalla castel - - 3 commentaires

Le G.E.M (Groupement d'Entraide Mutuelle ) est une association présente dans de nombreux départements français. Elle a pour objectif principal de lutter contre l'isolement de personnes souffrant de troubles psychiatriques. Le G.E.M de Casteljaloux propose à ses adhérents des activités telles que le jardinage, le travail du bois, les jeux d'échec et de société, la création de bijoux, l'atelier poésie et écriture. Ces activités sont pensées et encadrées par les adhérents eux-mêmes, avec l'aide d'un animateur salarié M.Rachid. Des bénévoles viennent apporter leur aide: Colette, Marie-Christine, Francis. 

Dans le cadre de l'Atelier poésie/écriture Jean-Luc Galis a exprimé son ressenti par rapport à la Vie en Ukraine aujourd'hui.

Voici son texte:

Somptueuse

 

Elle est cette magie somptueuse qui court dans le vent, elle est sous les bombes. Sa résidence éventrée. Elle voyage vers la paix avec dans la tête des sacs remplis de souvenirs. Des rires et des pleurs des promesses anciennes des enfants aux sourires éteints.

Puis elle prend le train de l'espoir qui l'amène de l'Orient à l'Occident. Fatiguée, des pas qui supportent la misère du corps, elle cherche la colombe qui fera d'elle une égérie de l'espoir de l'amour de l'amitié, qui éveillera en elle le feu de la création, dans le renouveau, avec plein de mots à inventer!

Elle est le charme usée, fatiguée par le souvenir des villes encore vertes, comme message d'éternité qui ne mourra jamais et qui entre dans l'Histoire! Le charme slave est de loin assouvi par un caractère forgé dans le courage et la bravoure. Elle chérit l'enfant qu'elle était et l'enfant qu'elle porte. Elle connaîtra la vie du saint.

Jean-Luc Galis

Le 18 mars 2022

 

L'ordre règne à Varsovie

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L’insurrection polonaise de 1830 ou guerre polono-russe de 1830-1831 est le soulèvement des Polonais contre la domination de leur pays par la Russie. Elle débute en novembre 1830 sur le refus des soldats polonais d'être envoyés en guerre contre les Français qui viennent de faire leur révolution et les Belges qui luttent pour leur indépendance contre le Royaume des Pays-Bas. Les autorités russes sont chassées de Varsovie.

Devant le refus de négocier de Nicolas Ier, l'empereur russe qui est en même temps roi de Pologne, les insurgés polonais proclament l'indépendance de leur pays (janvier 1831). Mais les pays européens refusent de venir en aide aux insurgés. Malgré quelques succès, les Polonais sont vaincus par les Russes en octobre 1831. La répression russe est rigoureuse. Des milliers d'intellectuels polonais s'exilent en Europe occidentale, en particulier en France. La Pologne perd les droits qu'elle avait depuis 1815.

Source Wikipédia

Il vous faudrait une bonne guerre

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... Mais y a-t-il de bonnes guerres?

"Il vous faudrait une bonne guerre!" Longtemps nous avons entendu nos anciens entonner ce refrain. Il est vrai que nous aïeux, eux, avaient connu, en une seule vie, deux guerres mondiales.

Nous n'y voyions que l'occasion, trop facile, pour nos anciens, de nous rappeler à l'esprit de sacrifice, de privation. Toutes notions que nous jugions dépassées.

Car nous avons grandi dans un univers où la paix, garantie par la dissuasion nucléaire, semblait promise à tous jusqu'à la fin des temps; dans un univers où la consommation facile des biens, et des sources d'énergie, allait nous rendre heureux ad vitam aeternam...

Et voici que l'actualité nous renvoie le miroir de l'Histoire. Brusquement réveillés par les flots de l'information continue et des réseaux sociaux, nous comprenons dans la douleur et l'étonnement que jamais l'Europe n'a été une terre de paix.

De siècles en siècles depuis toujours, les sangs ont coulé, les empires se sont affrontés au détriment des peuples; les religions ont cristallisé des douleurs anciennes.

L'Aquitaine porte encore, par exemple, dans ses terroirs, les traces des guerres entre catholiques et protestants, entre Français et Anglais.

En 1989, la chute du mur de Berlin, puis l'écroulement de l'Union soviétique, ont pu nous faire croire que nous avions enterré les. haches de guerre sur notre sol européen. Et voici qu'elles ressurigissent, manifestement pour longtemps.

Extrait d'un texte de Frédéric Mounier, ancien correspondant du journal La Croix à Rome, écrit le 12 mars 2022 et publié dans Le journal Paroissial, mensuel des paroisses de France, en page 10 du numéro 822. 

On croit mourir pour la patrie

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Cher citoyen Cachin,

Je vous prie de signaler à vos lecteurs le récent livre de Michel Corday, les Hauts Fourneaux qu’il importe de connaître.

On y trouvera sur les origines de la conduite de la guerre des idées que vous partagerez et qu’on connaît encore trop mal en France ; on y verra notamment (ce dont nous avions déjà tous deux quelque soupçon) que la guerre mondiale fut essentiellement l’œuvre des hommes d’argent, que ce sont les hauts industriels des différents États de l’Europe qui, tout d’abord, la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent. Ils en firent leur état, mirent en jeu leur fortune, en tirèrent d’immenses bénéfices et s’y livrèrent avec tant d’ardeur, qu’ils ruinèrent l’Europe, se ruinèrent eux-même et disloquèrent le monde.

Écoutez Corday, sur le sujet qu’il traite avec toute la force de sa conviction et toute la puissance de son talent. — « Ces hommes-là, ils ressemblent à leurs hauts fourneaux, à ces tours féodales dressées face à face le long des frontières, et dont il faut sans cesse, le jour, la nuit, emplir les entrailles dévorantes de minerai, de charbon, afin que ruisselle au bas la coulée du métal. Eux aussi, leur insatiable appétit exige qu’on jette au feu, sans relâche, dans la paix, dans la guerre, et toutes les richesses du sol, et tous les fruits du travail, et les hommes, oui, les hommes mêmes, par troupeaux, par armées, tous précipités pêle-mêle dans la fournaise béante, afin que s’amassent à leurs pieds les lingots, encore plus de lingots, toujours plus de lingots… Oui, voilà bien leur emblème, leurs armes parlantes, à leur image. Ce sont eux les vrais hauts fourneaux ! » (page 163).

Ainsi, ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pas pourquoi ils mourraient. Il en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l’ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels.

Ces maîtres de l’heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes : des usines, des banques, des journaux. Michel Corday nous montre comment ils usèrent de ces trois machines à broyer le monde. Il me donna, notamment, l’explication d’un phénomène qui m’avait surpris non par lui-même, mais par son excessive intensité, et dont l’histoire ne m’avait pas fourni un semblable exemple : c’est comment la haine d’un peuple, de tout un peuple, s’étendit en France avec une violence inouïe et hors de toute proportion avec les haines soulevées dans ce même pays par les guerres de la Révolution et de l’Empire. Je ne parle pas des guerres de l’ancien régime qui ne faisaient pas haïr aux français les peuples ennemis. Ce fut cette fois, chez nous, une haine qui ne s’éteignit pas avec la paix, nous fit oublier nos propres intérêts et perdre tout sens des réalités, sans même que nous sentions cette passion qui nous possédait, sinon parfois pour la trouver trop faible.

Michel Corday montre très bien que cette haine a été forgée par les grands journaux, qui restent coupables, encore à cette heure, d’un état d’esprit qui conduit la France, avec l’Europe entière, à sa ruine totale. « L’esprit de vengeance et de haine, dit Michel Corday, est entretenu par les journaux. Et cette orthodoxie farouche ne tolère pas la dissidence ni même la tiédeur. Hors d’elle, tout est défaillance ou félonie. Ne pas la servir c’est la trahir. »

Vers la fin de la guerre, je m’étonnais devant quelques personnes de cette haine d’un peuple entier comme d’une nouveauté que l’on trouvait naturelle et à laquelle je ne m’habituais pas. Une dame de beaucoup d’intelligence et dont les mœurs étaient douces assura que si c’était une nouveauté, cette nouveauté était fort heureuse. « C’est, dit-elle, un signe de progrès et la preuve que notre morale s’est perfectionnée avec les siècles : la haine est une vertu ; c’est peut-être la plus noble des vertus. »

Je lui demandais timidement comment il est possible de haïr tout un peuple :

— Pensez, madame, un peuple entier c’est grand… Quoi ? Un peuple composé de millions d’individus, différents les uns des autres, dont aucun ne ressemble aux autres, dont un nombre infiniment petit a seul voulu la guerre, dont un nombre moindre encore en est responsable, et dont la masse innocente en a souffert mort et passion. Haïr un peuple, mais c’est haïr les contraires, le bien et le mal, la beauté et la laideur. »

Quelle étrange manie ! Je ne sais pas trop si nous commençons à en guérir. Je l’espère. Il le faut. Le livre de Michel Corday vient à temps pour nous inspirer des idées salutaires. Puisse-t-il être entendu ! L’Europe n’est pas faite d’États isolés, indépendants les uns des autres. Elle forme un tout harmonieux. En détruire une partie, c’est offenser les autres.

Notre salut c’est d’être bons Européens. Hors de là, toute est ruine et misère.

Salut et fraternité,

Anatole FRANCE.

Lettre publiée dans le journal L’Humanité du 18 juillet 1922.

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