Bakhita

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"Les mots dans le journal célèbrent ce qui s'est passé le 1er novembre 1911. Le premier bombardement aérien de l'Histoire. Quatre grenades à fragmentation lancées d'une main par le pilote Gavotti au-dessus de la Libye. Personne alors ne se doute que cette guerre, courte et à la victoire facile, va réveiller le nationalisme dans les Balkans, car personne jamais ne voit venir les catastrophes humaines qui l'une après l'autre prennent leur place dans le monde, se succèdent pour perpétuer l'ensauvagement et le désastre commun. Les premières années du XXe siècle préparent la Grande Guerre, mais les conflits sont lointains et les morts ont peu d'importance. Il s'agit de désert et de colonies."

Extrait de "Bakita" de Véronique Olmi chez Albin Michel, page 373.

Douce France, cher pays de leur adolescence.

Rédigé par yalla castel - - 4 commentaires

Je pourrais raconter l’ado qui se fait voler son téléphone portable par des ados roms de son quartier que sa mère aide au sein d’une association de bénévoles. Je pourrais raconter le jeune père d’un enfant franco marocain qui m’accuse de racisme parce que j’ai tenu tête à son fils et puis à lui ensuite. Mais je préfère raconter le jeune homme de dix sept ans quittant l’Indochine pour venir étudier en France grâce à une bourse d’état. C’était avant la guerre d’Indochine. Il n’est jamais revenu vivre dans son pays. Il est devenu médecin, psychothérapeute, acupuncteur, karatéka, président d’un club d’arts martiaux. Il est une des personnes qui ont participé à la création d’une très belle station thermale moderne en zone rurale. Il est propriétaire d’une très belle maison. Les pièces sont remplies de tableaux de peinture contemporaine accrochés au mur et de très belles photos faites par des professionnels. Il dit qu’il a été gaulliste toute sa vie. C’est aujourd’hui un homme âgé qui a fait campagne pour Alain Juppé. Il dit qu’il est taoïste. Que son idéal de vie c’est de finir seul détaché de tout. Il a beaucoup aimé les femmes et notre douce France cher pays de son adolescence et de sa vie de jeune homme. Il a fait sa vie « chez nous » . Il a contribué à la richesse et à la prospérité de notre pays en y travaillant beaucoup.

Je pourrais raconter la file de voitures qui a brûlé un soir de 14 juillet pas loin de la maison de mes parents. Mais je préfère raconter Bernard tout jeune prêtre en « poste » dans un pays d’Afrique francophone en 1981. A plusieurs reprises il va prendre en charge des nouveaux nés qui n’ont plus de mère et de père et les confier à des familles d’accueil catholiques de leur pays d’origine. Il va trouver dans son carnet d’adresses des personnes en France pour financer les frais d’éducation de ses enfants sur place. L’un d’entre eux va se révéler être une excellente élève. A l’adolescence elle vient à ses frais en France faire ses études. Elle rate de peu le concours d’infirmières mais réussit celui d’aide soignante. Elle paye ses études, son loyer, sa nourriture en travaillant dans des pizzerias, en faisant des ménages chez des Africaines de France, et du baby sitting. Elle cherche actuellement du travail d’aide-soignante. Elle a pour projet de mettre de l’argent de côté pour retenter le concours d’infirmières et financer ses études par elle-même. Elle trouve notre pays magnifique même si elle y a souvent pleuré depuis qu’elle y est. Elle ne veut pas revenir en Afrique. Elle se fait souvent traiter de « Bounty » ce gâteau noir en dehors et blanc en dedans. Ce week-end dernier elle découvrait la Touraine en vélo. Elle est plus française que moi. Elle a une très bonne opinion de notre pays. Et pour rien au monde elle ne voudrait vivre ailleurs. Elle aime la France et notre « way of life ».

Colibri Cx.


 

Revue de blog du mois de Mai 2017.

Rédigé par yalla castel - - 8 commentaires

Nous avons retenu ce mois-ci un article publié par Syvie Blanchet à la fin du mois d'avril sur son blog "Venir d'ailleurs, grandir ici". Il a pour titre "Sans papiers mais tranquille."

En voici des extraits:

"Madame F et son mari sont tous deux handicapés, l’un au plan moteur, handicap de naissance, l’autre au plan sensoriel, handicap acquis. Ils vivent en France depuis plusieurs années. A leur arrivée, ils ont déposé une demande d’asile, qui a été rejetée. Ils se sont en conséquence retrouvés sans papiers. Sans papiers donc sans ressources aucune. Et sans certitude quant à la possibilité de faire évoluer leur situation. (...) L’histoire de madame F, que je ne connais donc que par bribes, est à la fois très singulière et très générale.Très singulière parce qu’étant née handicapée, madame F a toujours été en butte à des moqueries et à des tracasseries. Très singulière aussi parce que n’ayant pas eu d’enfant d’un premier mari, elle a été tenue pour stérile et mise au ban par sa belle-famille . Elle aura par la suite, avec son second mari, deux magnifiques enfants mais qu’importe ! Très générale cependant aussi parce que les tracasseries liées à sa personne se sont entremêlées avec d’autres. Durant la guerre, son père aurait collaboré avec une ethnie ennemie : lui-même et sa descendance ne pouvaient, à ce titre, qu’être proscrits. A-t-il réellement collaboré ? Je n’en sais évidemment rien. Je sais seulement que dans les cas de guerres civiles, il en faut peu pour subir de telles accusations : je me souviens bien d’un monsieur, également ressortissant de l’ex-Yougoslavie, qui avait dû fuir après avoir été mis au ban. Son crime, expliquait-il, était d’avoir été garagiste. Et d’avoir, à ce titre, réparé des voitures appartenant à des personnes de toutes les communautés présentes dans la ville où il habitait ! (...) Aujourd’hui, même sans papiers, même sans ressources, monsieur et madame F s’estiment « tranquilles ». Tranquilles parce que leur attitude et leur force de caractère forcent le respect de ceux qui croisent leur route, de sorte qu’ils sont tant soit peu soutenus et de sorte qu’ils sont convenablement traités partout où ils passent. Monsieur et madame F ont, en France, loin des leurs, loin de tout ce qui faisait leur vie, enfin trouvé respect et sécurité. C’est, manifestement, la seule chose qui à leurs yeux compte : ils ne cherchaient pas, ils n’espéraient pas un quelconque Eldorado : ils cherchaient juste un endroit où vivre sans avoir quotidiennement peur . Aujourd’hui, ils sont sans papiers. Mais ils n’en sont pas moins « tranquilles »."

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