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Claudine Onfray-ménez

Jacques Noyer
3 décembre, 11:35
Dimanche 2 Décembre 2018, au petit matin
J’ai trouvé !

J’ai trouvé ce que l’Eglise de France devrait dire devant cette insurrection des fins de mois que nous connaissons.

Elle devrait annoncer qu’on ne fêtera pas Noël cette année. Le 25 décembre sera un jour comme un autre. Rien dans les églises : pas d’office, pas de crèche, pas d’enfants. On va revenir aux dimanches ordinaires car l’Avent n’aura pas lieu.
Elle dira que notre peuple n’est pas dans un état d’esprit qui lui permet de fêter Noël. Le cri de désespoir qui le traverse est incompatible avec le mystère de Noël, avec l’espérance de l’Avent, avec l’accueil d’un enfant étranger.

Je suis peut-être vieux jeu mais je me souviens des Noël de mon enfance. Il n’y avait pas que les fins de mois qui étaient difficiles. Mais à Noël on oubliait tout pour se réjouir de ce qu’on avait. Les familles les plus modestes se retrouvaient avec le peu qu’elles avaient. Dans la nuit, les pauvres se sentaient riches du toit sur leur tête, du repas amélioré de leur assiette, de la bûche supplémentaire qui chauffait la maison et surtout de la chance d’avoir un papa, une maman, des frères et sœurs qui s’aimaient. On échangeait des petits riens qui étaient pleins de choses. On allait voir le Jésus de la Crèche, l’enfant démuni, étranger, dont la seule richesse était l’amour que nous lui manifestions. Et on prenait conscience qu’il y avait plus pauvres que nous, des ouvriers sans travail, des enfants sans papa, des familles sans maison. Et s’il restait un peu de gâteau on allait en donner une part au voisin malheureux.

Qu’on rappelle à notre société qu’il y a des pauvres qui ont difficulté à vivre, voilà qui va bien à Noël. Qu’on dise aux nantis que les pauvres ont des droits, qu’on redise le projet d’un monde plus juste pour tous, voilà qui s’accorde bien à Noël.
Mais ce que j’entends, n’est pas l’amour des pauvres, le souci de ceux qui n’ont rien, l’amour qui appelle au partage et à la justice.

J’entends une population qui a peur de devenir pauvre, une population qui n’aime pas les pauvres. Tout le monde se dit pauvre pour avoir le droit de crier ! Les pauvres riches sont obligés de quitter le pays puisqu’on les gruge. Les pauvres pauvres ferment leur maison à plus pauvres qu’eux. J’ai connu un pays pauvre qui se pensait assez riche pour accueillir le pauvre. Je vois un pays riche qui se dit trop pauvre pour ouvrir sa porte à moins riche que lui.
Voilà sans doute bien des années que Noël est devenu le lieu de cette mutation. On invite l’enfant à désirer tous les biens de la terre et il se croit tout puissant jusqu’au moment où la limite de l’appétit ou de l’argent va faire de lui un frustré. On voulait en faire un riche comblé et il se retrouve un pauvre déçu.

Le Père Noël est devenu beaucoup trop riche et ne peut plus s’arrêter à l’étable où vient de naître l’Enfant-Dieu. Il me vient l’envie de lui arracher la barbe et de bloquer son traîneau au carrefour ! Pardon, je deviens violent. Empêchez moi de faire un malheur !

Y a trop de tout

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Y a trop de bateaux de plaisance dans les ports. Y a trop de voitures dans les villes et sur les autoroutes. Y a trop de tout dans les magasins. Y a trop de monde au bord de la mer l'été. Y a trop de monde à la montagne l'hiver. Y a trop de tout partout. Mais y a aussi partout trop de personnes qui ont trop de rien.

Y a pas assez de fraternité.

Colibri Cx

Témoignage de Marie-Noëlle Salvat (3)

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Joseph a aussi le sens de l'humour. Il aime rire et me faire rire. Deux mondes se sont ouverts et se sont offerts l'un à l'autre.

1. le sien qui a évolué depuis nos premières lettres. Sa mère Lina vient le voir. Le consulat de France que j'ai relancé n'a pas laissé le dossier au placard. Il a la double nationalité. Sa mère est guadeloupéenne. De nouveaux avocats, compétents, dévoués, après qu'il ait fait appel, ont perçu toutes les lacunes et les invraisemblances du procès. Il m'avait écrit: "Le jury a été manipulé de façon à me faire passer pour un monstre." Et tant d'autres éléments encore qui améliorent sa vie et lui permettent de supporter l'horreur de sa condition. Dernièrement sévices graves sur son co-détenu voisin de cellule. Il en a perdu la tête. Joseph a été pris en charge par un médecin pour s'en remettre.

2. le mien car je l'associe à ma vie. Il partage mes occupations et préoccupations, familiales et universelles à travers les actions du CCFD Terre Solidaire et de l'ACAT auxquelles je participe bénévolement, à travers le récit des évènements vécus par mes proches.

C'est fou de voir comment Joseph se préoccupe des personnes dont je lui parle. Il montre beaucoup d'empathie. Il prie. Il me charge de transmettre ses messages aimants.

Je corresponds depuis quelques mois avec Lina, sa maman. Elle est très profondémenet chrétienne. Elle m'a écrit que sans la foi et l'amour de Dieu elle se serait écroulée. Elle m'appelle "ma soeur en Christ". C'est une humble femme extraordinairement effacée et courageuse. Elle a élevé 6 garçons. Elle a des petits enfants.

Oui ma famille s'est élargie. Certains de mes proches et des membres de ma famille, sans lui écrire car ils ne maîtrisent pas assez l'Anglais, ont adopté Joseph comme un des leurs. Il le sait et il le leur rend bien.

Je nous confie à vos prières.

Marie Noëlle

Mes références:

Saint Vincent de Paul: "Les pauvres sont nos maîtres."

Notre pape François: "Pourquoi eux et pas moi?"  Déclaration faite aux journalistes après sa visite à des prisonniers à qui il a lavé les pieds. L'une de ses premières initiatives après son entrée en fonction.

Saint Exupéry, dans le livre Le petit Prince: "Tu es responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé."

Témoignage de Marie-Noëlle Salvat (2)

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Il nous faut beaucoup de patience, à l'un et à l'autre, ne pas avoir peur des chocs provoqués par les demandes ou par les silences d'un homme qui traverse l'obscurité.

Très vite, dans nos premiers échanges, Joseph m'avait dit: "Je suis un homme maintenant; celui que j'étais je ne savais plus qui j'étais." Plus tard: "Vous pouvez me demander n'importe quoi sur moi et je vous répondrai." Je lui ai dit: "Si vous le voulez, racontez-moi un moment que vous aimez de votre enfance." Il m'a répondu: "Je ne peux pas vous parler de mon enfance mais vous pouvez garder ces photos (c'était sur du papier photo très ancien) si elles vous plaisent, ou me les renvoyer." Il a noté au dos: "Ma mère, très courageuse, voyez comme elle est belle avec son tablier de serveuse pour gagner sa vie et celle de sa famille. Là, c'est mon frère aîné qui l'a aidée quand mon père l'a laissée." Autre photo: "Là, c'est mon jeune frère et le vilain petit canard -moi- à la fête foraine." (A dix ou douze ans) "Et là c'est encore le vilain petit canard avec ma petite et mignonne nièce ( trois ans) sur les genoux." (Il est ado)

Cette patience qui conduit à une confiance inconditionnelle nous l'avons ou plutôt nous la cultivons au rythme parfois irréguliers de nos courriers, très denses, fluctuant à cause des évènement de part et d'autre, variant de quinze jours à un mois maximum.

Au fil des mois, nous échangeons ce qu'il est possible d'écrire de nos vies, de notre regard sur l'état du monde; ma vie ordinaire avec ses failles et ses joies, sa vie dans des conditions inhumaines. Isolement dans une cellule très étroite où il réussissait pour ne pas devenir fou à organiser ses journées. Sorties toutes les 48h pour deux heures de "promenades" dans une grande cage à ciel ouvert avec les autres prisonniers. Parfois longues semaines de "lock down" . Enfermement total pendant des périodes variables, un mois quelquefois, totalement arbitraire. Privation d'eau chaude. Et j'en passe! Bruit parfois insupportable d'autres prisonniers qui perdent la tête. Rumeurs d'exécution. Obligation de jeter le courrier reçu. Par peur du feu. Il ne peut conserver qu'un minimum de lettres, photos, cartes postales.

Il m'avait écrit dès le début: "Soyez mes yeux et mes oreilles." Ce que je me suis efforcée de faire. Il insistait aussi sur la réciprocité de la correspondance. Et nous étions bien d'accord. C'est ainsi que nous avons poursuivi nos échanges écrits.

La bécasse (2)

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... suite et fin...

Notre marche reprend, j'ai mal aux jambes, je n'arrive plus à le suivre avec autant d'entrain. J'irais bien l'attendre dans la voiture mais je suis perdue, complétement dépendante de son bon vouloir malheureusement.

Pourtant ici et là, il me semble reconnaître un arbre, une branche tordue. Mais non, je dois me tromper, avec tous les pas que nous avons fait jusqu'à présent il est impossible que nous soyons resté sur le même secteur!

Tout à coup, j'ai oublié toutes mes douleurs car j'entends les feuilles qui s'envolent pour laisser place à une magnifique bécasse. Cette fois-ci il épaule et tire. C'est sûr il l'a eue! Pourtant impossible de la retrouver malgré le flair aiguisé de Resma. Dubitatifs et résignés, nous reprenons notre marche en pensant "Nous ne sommes vraiment pas couillus!"

Devant nous, encore des fientes qui montrent que les lieux où nous sommes sont ou ont été habités.

Toute la matinée notre marche est rythmée par le grelot de notre jeune setter anglais. Quand nous ne l'entendons plus, nous nous arrêtons, aux aguets nous aussi.

A nouveau le silence, Resma est à l'arrêt. Fla, fla, fla, fla! La chienne ne bouge toujours pas et attend que le patron prouve ce dont il est capable.

Le tir résonne dans la forêt et dans tout mon corps. Quelques plumes retombent après le bruit sourd produit par la chute de la mordorée.

Sans faire ni une ni deux, Resma se remet à courir, le museau au ras du sol à la recherche de la bécasse. Il ne lui faudra que quelques secondes pour la ramener dans sa gueule au pied du patron.

Un peu à l'écart, j'observe la scène et me demande qui de la chienne ou du patron est le plus heureux.

Chacun à leur façon, ils n'ont de cesse de se congratuler.

Le patron, fier, félicite sa chienne et la carresse tout en lui laissant sentir l'oiseau.

La chienne, fière, renifle et lèche l'oiseau.

Une grande complicité les unit à ce moment là. Je serais presque jalouse de ne pas partager leur bonheur que je ne suis pas sûre de très bien comprendre.

Après plusieurs heures dans les bois, il est enfin temps de rentrer. Arrivés à la voiture, une surprise nous attend. La bécasse blessée mais introuvable était venue finir ses jours aux pieds de la voiture!!!

Finalement, le patron comme la chienne avaient doublement de quoi être fiers d'eux en cette fin de matinée!

Guimaï

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