Enfants sans parents

Rédigé par yalla castel - - 1 commentaire

Destinés aux enfants dont le père a été tué ou blessé pendant la guerre, la qualité de pupille de la nation a été instaurée en France le 27 juillet 1917.

 

Bilan de la première guerre mondiale en France: 1,35 millions d’hommes tués, 600 000 veuves de guerre, 986 000 orphelins. La loi du 27 juillet 1917 adopte les orphelins dont le père , la mère ou le soutien de famille a été tué ou déclaré disparu.

 

En Belgique, le 16 mars 1915, le Comité National de Secours et d’Alimentation crée l’Oeuvre nationale des orphelins de guerre pour venir en aide aux enfants qui ont perdu leurs parents à cause de la guerre. Des « Foyers des orphelins » ont été crées pour mettre les enfants à l’abri de la misère et leur assurer une éducation.

 

En Russie, la révolution ne va pas épargner les enfants. En 1922, 4 500 000 enfants russes n’ont ni père ni mère ni famille les prenant en charge. Des bandes d'orphelins errants, les bespryzorniki, vont sillonner les routes de Russie pendant des années. La famine de 1920-1921 fait elle-même plusieurs millions de morts parmi des paysans déjà très éprouvés par la guerre et par la violence des collectes forcées. L'épidémie très meurtrière de typhus ajoute au drame. 

 

Durant la guerre civile d’Espagne, les Républicains évacuent 30 000 enfants sans leurs parents des zones de combats vers des pays comme la France, la Belgique, le Mexique, l’Urss, le Royaume Uni, la Suisse.Une fois la guerre civile terminée et gagnée par Franco celui-ci va faire adopter par son gouvernement des lois permettant le placement d’enfants de Républicains dans des institutions religieuses catholiques et l’adoption de ces enfants par des familles franquistes. Afin qu’ils reçoivent une bonne éducation qui les mette définitivement à l’abri du communisme. Le juge Garzon qui a enquêté sur eux dans les années 2000 estime leur nombre à 30 960.

 

A la fin de la seconde guerre mondiale, les combats entre l’Armée rouge et l’Armée allemande sont d’une grande violence en Allemagne de l’Est. Des milliers d’enfants fuient les villes, errent sur les routes de campagne en direction de la Lituanie livrés à eux-mêmes en mode survie par tous les moyens possibles. A partir de 1991 les Historiens s’intéressent à ce qu’ils ont vécu. Il leur a été donné le nom « d’enfants loups ».

 

Au Japon, à la fin de la seconde guerre mondiale, les orphelins sont très peu pris en charge par la société japonaise. Leurs conditions de vie sont très dures. Il y a peu de place pour eux dans les orphelinats. Leur nombre est estimé par certains historiens à plus ou moins 125 000. Il leur est reproché d'avoir survécu à la guerre. Mais le sort des orphelins japonais abandonnés en Chine dans les territoires occupés par l'armée japonaise a été encore plus dur après la défaite du Japon.

 

Les êtres humains ont fait beaucoup de progrès en 2000 ans mais nous ne sommes toujours pas parvenus à supprimer les guerres, à épargner les civils et les enfants. 

 

Si nous voulons la paix ne serait-il pas temps de préparer la paix?

 

Le premier janvier 2002, lors de la journée mondiale de la paix, le pape Jean Paul II avait affirmé: « Il n’y a pas de paix sans justice. Il n’y a pas de justice sans pardon. »

 

Sources consultées: 

 

https://www.centenaire.org/fr/espace-scientifique/societe/les-orphelins-de-la-grande-guerre-et-la-loi-du-27-juillet-1917

 

https://www.rtbf.be/14-18/thematiques/detail_orphelins-en-14-18-la-guerre-en-heritage?id=8275150

 

https://www.laliberte.ch/dossiers/histoire-vivante/articles/le-drame-des-enfants-loups-allemands-344730

 

https://wikirouge.net/wr/index.php?title=Guerre_civile_russe&mobileaction=toggle_view_desktop#Bilan_et_cons.C3.A9quences

 

https://journals.openedition.org/ccrh/3530

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Enfant-loup_(Seconde_Guerre_mondiale)

 

https://fr.euronews.com/2020/08/16/l-enfer-des-orphelins-rejetes-par-le-japon-apres-la-guerre

 

https://www.francetvinfo.fr/monde/chine/en-chine-le-terrible-destin-des-orphelins-de-guerre-japonais_3064929.html

Tonneins et le protestantisme

Rédigé par yalla castel - - 1 commentaire

Lu hier après-midi le texte ci-dessous à l'intérieur du temple protestant de Tonneins, Lot-et-Garonne:

 

1530: Tonneins-dessus et Tonneins-dessous deviennent protestantes.

1562: A cause de leur conversion les villes sont pillées par Blaise de Monluc.

1572: Les seigneurs tonneinquais sont victimes de la Saint Barthélémy.

1598: Lors de la promulgation de l'Edit de Nantes, la population, entre 3000 et 4000 "âmes" est entièrement protestane. Elle est soutenue par Henri IV. Tonneins devient "Place de mariage" puis "Place de sureté".

1621: Louis XIII n'accepte pas le protestantisme, "cet Etat dans l'Etat" et engage des opérations militaires. Il demande la soumission des villes tonneinquaises.

1622: Le Sieur de la Force, Seigneur protestant de Tonneins-dessus défend les villes assiégées par le Duc d'Elbeuf.

Août 1622: Tonneins-Dessus et Tonneins-Dessous sont pillées, rasées puis brulées par l'Armée Royale.

1624: Les Tonneinquais reconstruisent leurs villes avec deux temples.

1685: Louis XIV révoque l'Edit de Nantes. Il ordonne aux protestants d'abjurer leur foi. Les Pasteurs sont expulsés, des Tonneinquais abjurent, d'autres sont emprisonnés, envoyés aux galères ou s'exilent.

1685-1787: Malgré les "dragonnades" les protestants tentent de se réunir clandestinement pour vivre leur foi dans des "lieux de désert". (Aux Curguts, Muraillet, Mondet...) Les fidèles plantent un pin parasol devant leur maison indiquant aux pasteurs un abri sûr.

1787: L'Edit de Tolérance redonne une existence civile aux protestants, leurs mariages sont reconnus, leurs enfants ne sont plus considérés comme illégitimes.

1789: L'Assemblée constituante reconnaît la liberté de conscience, de culte et admet les non-catholiques à tous les emplois civils et militaires. Création d'un cimetière communal à Tonneins et à Unet où les protestants peuvent être inhumés.

1806: L'ancien couvent des Picpus devient Temple de Tonneins par décret impérial.

1817: Création de plusieurs écoles, d'une Société de Secours Mutuels.

1849: Création de l'orphelinat.

1880: Construction de ce temple.

1914: Les deux pasteurs tonneinquais sont mobilisés.

1928: Création de la maison de retraite Escouet par l'Armée du Salut.

1938: Les protestants Tonneinquais (Réformés et Evangéliques) créent une seule église.

1940-45: Accueil de victimes juives par les paroissiens et les institutions.

1970: Refondation des Eclaireuses et Eclaireurs Unionistes de France.

1985: Refondation de l'Entraide Protestante.

1995-2001: Entière rénovation de ce temple.

 

 

Entendu et vu à la télé

Rédigé par yalla castel - - 3 commentaires

Hier soir sur Antenne 2 le documentaire "Nous  paysans" a évoqué le sort des récoltes en France à l'été 1914 et a rappelé la déclaration de René Viviani. Voici le texte de son discours:

 

«Aux Femmes françaises,

La guerre a été déchaînée par l’Allemagne, malgré les efforts de la France, de la Russie, de l’Angleterre pour maintenir la paix. A l’appel de la Patrie, vos pères, vos fils, vos maris se sont levés et demain ils auront relevé le défi.

Le départ pour l’armée de tous ceux qui peuvent porter les armes, laisse les travaux des champs interrompus: la moisson est inachevée le temps des vendanges est proche. Au nom du gouvernement de la République, au nom de la nation tout entière groupée derrière lui, je fais appel à votre vaillance, à celle des enfants que leur âge seul, et non leur courage, dérobe au combat. Je vous demande de maintenir l’activité des campagnes, de terminer les récoltes de l’année, de préparer celles de l’année prochaine. Vous ne pouvez pas rendre à la patrie un plus grand service.
Ce n’est pas pour vous, c’est pour elle que je m’adresse à votre cœur.

Il faut sauvegarder votre subsistance, l’approvisionnement des populations urbaines et surtout l’approvisionnement de ceux qui défendent la frontière, avec l’indépendance du pays, la civilisation et le droit.

Debout, donc, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie! Remplacez sur le champ du travail ceux qui sont sur le champ de bataille. Préparez-vous à leur montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés!

Il n’y a pas, dans ces heures graves, de labeur infime. Tout est grand qui sert le pays. Debout! à l’action! à l’œuvre! Il y aura demain de la gloire pour tout le monde.

Vive la République Vive la France»

Pour le Gouvernement de la République: Le président du Conseil des ministres, René Viviani.

6 Août 1914

De la liberté

Rédigé par yalla castel - - 1 commentaire

 

Photo de termitières

Extrait du discours du Général De Gaulle prononcé le 25 novembre 1941 à Oxford.

« […] Il faut convenir, en effet, que dans l’époque moderne, la transformation des conditions de la vie par la machine, l’agrégation croissante des masses et le gigantesque conformisme collectif qui en sont les conséquences battent en brèche les libertés de chacun. Dès lors que les humains se trouvent soumis, pour leur travail, leurs plaisirs, leurs pensées, leurs intérêts, à une sorte de rassemblement perpétuel ; dès lors que leur logement, leurs habits, leur nourriture, sont progressivement amenés à des types identiques ; dès lors que tous lisent en même temps la même chose dans les mêmes journaux, voient, d’un bout à l’autre du monde, passer sous leurs yeux, les mêmes films, entendent simultanément les mêmes informations, les mêmes suggestions, la même musique, radiodiffusées ; dès lors qu’aux mêmes heures, les mêmes moyens de transport mènent aux mêmes ateliers ou bureaux, aux mêmes restaurants ou cantines, aux mêmes terrains de sport ou salles de spectacle, aux mêmes buildings, blocks ou courts, pour y travailler, s’y nourrir, s’y distraire ou s’y reposer, des hommes et des femmes pareillement instruits, informés, pressés, préoccupés, vêtus, la personnalité propre à chacun, le quant-à-soi, le libre choix, n’y trouvent plus du tout leur compte. Il se produit une sorte de mécanisation générale, dans laquelle, sans un grand effort de sauvegarde, l’individu ne peut manquer d’être écrasé.

Et d’autant plus que les masses, loin de répugner à une telle uniformisation, ne laissent pas, au contraire, d’y pousser et d’y prendre goût. Les hommes de mon âge sont nés depuis assez longtemps pour avoir vu se répandre, non point seulement l’obligation, mais encore la satisfaction de l’existence agglomérée.

Porter le même uniforme, marcher au pas, chanter en chœur, saluer d’un geste identique, s’émouvoir collectivement du spectacle que se donne à elle-même la foule dont on fait partie, cela tend à devenir une sorte de besoin chez nos contemporains. Or, c’est dans ces tendances nouvelles que les dictateurs ont cherché et trouvé le succès de leurs doctrines et de leurs rites. Assurément, ils ont réussi d’abord parmi les peuples qui, dans l’espoir de saisir la domination sur les autres, ont adopté d’enthousiasme l’organisation des termitières. Mais il ne faut pas se dissimuler que l’évolution elle-même offre à l’ordre dit nouveau d’extraordinaires facilités et à ses champions de chroniques tentations.

Si complète que puisse être, un jour, la victoire des armées, des flottes, des escadrilles des nations démocratiques, si habile et prévoyante que se révèle ensuite leur politique vis-à-vis de ceux qu’elles auraient cette fois encore, abattus, rien n’empêchera la menace de renaître plus redoutable que jamais, rien ne garantira la paix, rien ne sauvera l’ordre du monde, si le parti de la libération, au milieu de l’évolution imposée aux sociétés par le progrès mécanique moderne, ne parvient pas à construire un ordre tel que la liberté, la sécurité, la dignité de chacun y soient exaltées et garanties, au point de lui paraître plus désirables que n’importe quels avantages offerts par son effacement. On ne voit pas d’autre moyen d’assurer en définitive le triomphe de l’esprit sur la matière. Car, en dernier ressort, c’est bien de cela qu’il s’agit […]. »

La retirada

Rédigé par yalla castel - - 1 commentaire

"La Retirada, ce terme n'est pas assez fort pour désigner ce qu'ont enduré les républicains espagnols, durant leur "retraite" du 29 janvier au 13 février 1939, point final de la guerre d'Espagne commencée en 1936.

C'était il y a soixante-dix ans.

A la vieille de la Seconde Guerre Mondiale, après la défaite de l'Ebre, les troupes franquistes venaient de s'emparer de Barcelone.

Durant les premiers jours de février 1939, près d'un demi-million de personnes traînant une simple valise ou un pauvre baluchon se jetèrent sur les routes et les chemins traversant les Pyrénées, parfois à dos de mulet, dans la neige et le froid.

 

Tous les points de passage sont concernés: le col du Perthus comme la route de Cerbère. Par crainte de débordement, les autorités françaises font appel à des gardes mobiles et à des tirailleurs sénégalais. Des convois de réfugiés partent en direction du Boulou, une petite station thermale reconvertie en camp de triage. Ils ne peuvent pas imaginer qu'ils vont se retrouver dans des camps.

Les réfugiés savaient, par les articles des derniers journaux publiés en Catalogne, que le chef du gouvernement français, Edouard Daladier, avait fait partie du Front populaire dirigé par Léon Blum. Ils s'imaginaient  qu'on parlait Espagnol à Perpignan, dans cette France qui se disait la meilleure alliée de la Republica.

Le gouvernement de l'époque panique face à l'un des premiers grands exodes des temps modernes. Prises de court pour "héberger" les réfugiés, les autorités ouvrent un premier camp à la hâte sur la plage d'Argelès. Le premier "camp de concentration" dans la France des droits de l'homme.

77 000 réfugiés sont internés au camp d'Argelès-sur-Mer, dont un grand nombre de volontaires des Brigades internationales. Des baraques sont sommairement construites en bord de mer, sur des terres marécageuses. Il y a des épidémies de gale et de typhus; les enfants meurent pas dizaines.

Plus loin, apparaissent les barbelés des camps de Barcarès, Rivesaltes, Agde, Bram et Saint-Cyprien. Au total, trois prisons et quinze camps d'internement. Le terme de "camp de concentration" peut choquer, il est pourtant couramment utilisé dans les documents administratifs de l'époque. "Le camp d'Argelès-sur-Mer ne sera pas un lieu pénitentiaire mais un camp de concentration. Ce n'est pas la même chose", déclare en 1939 le ministre de l'intérieur Albert Sarrault. Il lâche surtout cette phrase devenue historique, le 1 er février de la même année, au Perthus: " C'est bien simple, les femmes et les enfants, on les reçoit; les blessés, on les soigne; les valides, on les renvoie."

Voilà ce qu'offre la France à ces étrangers qui semblent représenter une menace. Mais quelle menace?

Le danger est pourtant ailleurs avec Hitler.

La presse se déchaîne contre ce déferlement des "hordes rouges et des bandits de grand chemin tentant d'échapper au glaive du justicier", sur le vieil air de la "France aux Français".

La haine de l'étranger est à l'oeuvre.

Seuls les journaux de gauche comme Le  Populaire, L'Humanité, Ce soir et la presse anarchiste, tous favorables à la République espagnole, demandent que l'on accueille dignement "les combattants de la liberté". Ils se font l'écho de l'appel lancé par diverses personnalités, telles que François Mauriac, Henri Bergson, Paul Valéry et Léon Jouhaux, afin que "la France accepte de soulager l'épouvantable misère des populations espagnoles refoulées vers les frontières". En vain.

Les officiers des gardes mobiles regardent avec mépris cette armée en retraite, cette "canaille marxiste" qui chante L'Internationale.

Ils ignorent encore que, quelques mois plus tard, ils connaîtront le même sort face aux blindés allemands."

Source: LA RETIRADA aux éditions Actes Sud, 2009; ré éditée en 2020.

 

 

 

 

Fil RSS des articles de cette catégorie