Assez mentir

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https://www.lantieditorial.fr/episode/avec-la-chine-la-guerre-grise-a-commence/

" En l'an 740 avant notre ère, l'armée de Sparte envahit la petite Messénie. Ce fut une guerre acharnée, sans pitié, où les deux petites nations perdirent dans les massacres le tiers de leur population, le reste étant décimé par les famines et les épidémies. Après vingt ans de guérilla dans les montagnes, les derniers Messéniens se rendirent, épuisés. Mais Sparte ne valait guère mieux.

Sur leurs terres ravagées, il s'ensuivit un demi-siècle de paix fourbue, pendant laquelle les deux nations lentement relevaient leurs ruines. "Plus jamais ça!", disaient les survivants, qui conservaient de trop d'horreurs un souvenir atterré. La vie dans l'archipel redevenait aimable et douce. La guerre fut oubliée. Les jeunes nés après elle, et qui n'en avait rien connu, refusaient d'y penser: pour eux c'était le Déluge, la préhistoire. Ils plaisantaient ce qui restait des anciens combattants parce que, borgnes, boiteux ou perclus, ils devenaient vieux et radoteurs.

 Il y avait eu, après la saignée, énormément de naissances. La Messénie put se refaire une armée, nombreuse et dynamique. Quand elle fut assez forte, elle trouva l'appui d'Argos et de l'Arcadie et, par surprise, fondit sur Sparte. Ce fut une guerre acharnée, sans pitié, où les deux nations perdirent dans les massacres le tiers de leur population, le reste étant décimé par la famine et les épidémies. Après quelques années de carnages mutuels, les Messéniens, épuisés, durent se rendre. Mais Sparte était ravagée.

Il s'ensuivit un demi-siècle de paix dans l'archipel. "Plus jamais ça!", disaient les survivants qui conservaient de trop d'horreurs un souvenir atterré. La vie redevint aimable et douce. La guerre fut oubliée. Les jeunes, nés après elle et qui n'en avaient rien connu, refusaient d'y penser. Pour eux c'était le Déluge. Ils plaisantaient les radotages des anciens combattants et préféraient commenter, de loin, la révolte des Perses contre les Mèdes, leurs victoires sur l'empire lydien, sur Babylone, sur l'Egypte, sur l'Inde et admiraient ses conquérants farouches. Lesquels fondirent sur eux sans prévenir. Ce fut une belle tuerie. La guerre dura quarante ans, acharnée, sans pitié. Les armées fondaient comme du beurre, ruinant les populations, que décimèrent les famines et les épidémies. A la fin toutefois, les Perses épuisés renoncèrent, vaincus successivement à Marathon, à Salamine et à Platée. Athènes était glorieuse, mais non moins épuisée.

Il s'ensuivit, avec Périclès, vingt ans de paix dans l'archipel. La vie y redevint aimable et douce. On oublia la guerre, ses désastres et ses dévastations. "Plus jamais ça!", disaient encore les vieux, mais les jeunes, qui n'en avait rien connu, refusaient d'y penser et s'en moquaient éperdument. Salamine et Platée, pour eux c'était le Déluge. Ils plaisantaient les anciens combattants - avant de se précipiter, à leur tour, dans une nouvelle tuerie.

 Et caetera. Et caetera et caetera.

Vercors in "Assez mentir" aux Editions Ramsay 

Nesrine Slaoui

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Nesrine Slaoui nait au Maroc et arrive en France à l'âge de trois ans.

Elle grandit dans un quartier populaire d’Apt dans le Vaucluse. Sa mère travaille comme femme de ménage, son père comme maçon. Sa mère veut « offrir les meilleures chances » à sa fille, qui, très bonne élève, sait dès la première année de collège, au moment de la mort de deux adolescents électrocutés après une course-poursuite avec la police de Clichy-sous-Bois, qu'elle veut devenir journaliste sur une chaîne de télévision.

Elle est la première de la famille à obtenir son baccalauréat en 2012. Elle intègre une classe préparatoire en sciences politiques à Avignon, puis elle est reçue en master à Sciences Po Paris ; d'après ce que lui aurait dit un de ses camarades de classe, c'est « parce que c’est une femme rebeu et qu’elle est jolie ».

Elle explique alors comprendre qu'« aucun diplôme ne gomme ses origines » étrangères et sociales.

Elle est diplômée de Sciences-Po Paris en 2018.

Lire la suite sur le lien suivant:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nesrine_Slaoui

Référence de son livre: "Illégitimes" chez Fayard. ISBN: 978-2-213-71779-1

L'illusion politique

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« L’illusion politique » de Jacques Ellul, 1965:

L’homme du xxe siècle est persuadé que la politique peut résoudre tous ses problèmes. Le citoyen charge la politique d’organiser la société pour que celle-ci devienne idéale. La politique est efficace en matière d’organisation de la vie sociale : bureaucratie, administration, économie… mais la politique ne permet pas de répondre aux besoins profonds de l’Homme, à savoir : le problème moral, le problème éthique, le problème du sens de la vie ou celui de la responsabilité devant la liberté… Jacques Ellul montre que c’est parce que nous refusons de prendre nos responsabilités personnelles devant la liberté (et, finalement, parce que nous ne voulons pas vraiment être libres) que nous demandons à l’État de nous donner ce que nous voulons. C’est parce que nous ne voulons pas faire l’effort de chercher ce qu’est le bien, le vrai et le juste que nous demandons à l’administration de le chercher pour nous. L’homme préfère être le serviteur du « plus froid des monstres froids » plutôt que d’assumer pleinement sa liberté. Il se déshumanise au profit de l’État, plaçant sa foi dans la politique, qui, au bout du compte, n’a pas le pouvoir de ses ambitions.

L’illusion est définie comme suit : perception fausse, jugement erroné, opinion fausse, apparence trompeuse, en dehors de la réalité. Le politique serait « la direction du groupement politique que nous appelons État ou l’influence que l’on exerce sur cette direction ». Ce qu’on appelle "politique’" serait donc la capacité de gérer la question humaine dans la société. Insinuer l’illusion politique, c’est remettre en question la possibilité effective pour la politique de répondre aux besoins de l’homme. Le livre se compose de huit parties et commence par une introduction. Ellul avait fait une courte expérience politique : « à la Libération, il a été adjoint au maire de Bordeaux pendant six mois ». Il doit alors signer trente lettres par jour, sur des questions qu’il ne maîtrise pas, et dont la décision est orientée par les rapports des cabinets des techniciens. On peut donc imaginer la situation d’un ministre du gouvernement qui doit signer trois cents lettres par jour…. C’est ainsi qu’il prend conscience de « l’illusion politique », à laquelle il consacrera un livre portant ce titre, sacrilège à l’époque du "tout politique". C’est à ce moment qu’Ellul se retire de la vie politique, au sens total du terme : il ne mettra plus les pieds dans un bureau de vote.

Ce livre s’inscrit dans la critique de la société technicienne, car pour Ellul, c’est la technique qui réduit le politique au spectacle. Ellul employa le terme "spectacle" dans son ouvrage Propagandes, en 1962, soit cinq ans avant qu’elle n’apparaisse chez Guy Debord (La société du spectacle, Paris, Buchet/Chastel, 1967).

 

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