A lire et faire lire sans modération

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"Promenade autour d'Hoan Kiem" est un livre de Philippe Mary. Jean est le personnage fil conducteur de ce roman historique.  Son père, Français de Normandie, perd dans un bombardement anglo-américain une partie importante de sa famille. Il se retrouve un peu perdu à la libération. Il erre un peu paumé dans un pays ravagé par 5 ans de guerre. Il finit par s'engager dans l'armée française. Il participe à la guerre d'Indochine. Et c'est dans ce pays qu'il rencontre une jeune femme. Ils se marient. Ils ont des enfants. La guerre d'Indochine terminée: retour en France. Jean y naît, y grandit, va à l'école. Très vite s'installe en lui un sentiment de différence avec les enfants de son âge. Il n'est pas tout à fait pareil. Il est très "eurasien". En dedans et au dehors, il y a en lui de la France et de l'Indochine. Le livre est donc une quête d'identité, un chemin de réconciliation avec les siens appartenant à deux mondes différents, deux cultures différentes. J'ai aimé dans ce livre les faits historiques rapportés par l'auteur, les descriptions des êtres humains emportés par les tourmentes de l'Histoire. Ce livre n'est pas un règlement de compte, il n'y a pas les bons et les méchants. Il y a des hommes et des femmes qui font face des deux côtés à des drames historiques. Ils choisissent la liberté de s'aimer malgré tout, de se sauver mutuellement. Jean sauve la vie d'une jeune femme qui plus tard sauve le jeune homme qui l'a sauvée. A eux deux, ils ne sombrent pas dans l'inhumanité des guerres. Ils sont emportés par la tourmente des événements qui leur échappent mais ils sauvent leurs âmes. Ils fabriquent de la vie, de l'espoir, de l'espérance. La vie l'emporte sur tout. Parce qu'ils ont choisi la liberté de s'aimer. Et ont su s'y tenir jusqu'à leur dernier souffle. Ce livre est bon pour le moral. Il nous invite à porter un autre regard sur le monde d'hier et d'aujourd'hui. A lire et faire lire sans modération.

 

Colibri Cx

 

L'écriture

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Elle est plutôt fine et aime être fluide. Elle est parfois colorée, parfois gaie ou alors bien triste.

Elle est d'humeur changeante mais elle n'est pas dérangeante. Au contraire elle est très accommodante car parfois elle accepte que d'autres de son espèce se mêlent à elle pour partager un rêve, un projet, une envie.

Elle aime soulager, elle aime émouvoir, elle aime recevoir car elle sait que parfois il n'y a qu'elle pour garder des secrets et rendre les cœurs légers quand les journées sont un peu trop éprouvantes.

Elle est celle qui permet de se souvenir des années plus tard.

Elle peut parfois être tremblante mais elle reste ma meilleure alliée.

Laurence Sadys

 

Lettre à Diognète

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Lettre à Diognète mais surtout lettre ouverte à mes enfants et petits enfants qui s’interrogent souvent entre eux et parfois m’interrogent . Mais pourquoi fréquente-t-il des chrétiens et va-t-il maintenant parfois à la messe ? L’un d’entre vous a affirmé que j’avais peur de la mort qui se rapproche de moi. Et que cela me rapprochait donc de Dieu. Un autre d’entre vous m’a fabriqué une croix en bois très primitive et l’a accroché au mur de ma cuisine. L’une d’entre vous m’affirme régulièrement qu’elle ne croit pas en Dieu et me demande régulièrement si j’y crois à chacune de ses visites. Mes chers enfants, mes chers petits enfants, ce n’est pas un coup de folie qui me ramène vers l’Église catholique ni une expérience mystique ni une soudaine révélation divine ni une apparition. Non c’est tout simplement une lassitude des écrans de télé, d’ordi, de smartphone qui nous présentent le monde d’aujourd’hui et de demain de manière très négative. Je cherche un supplément d’âme à la vie d’aujourd’hui que je ne trouve pas non plus chez Leclerc, Intermarché et Pyrénées Bricolage. Mes chers enfants, mes chers petits enfants voici venu le temps pour moi de commencer à vous laisser des messages écrits pour plus tard quand je ne serai plus là. Voici celui d’aujourd’hui :

« Les Chrétiens ne sont distingués du reste des hommes ni par leurs pays, ni par leur langage, ni par leur manière de vivre ; ils n'ont pas d'autres villes que les vôtres, d'autre langage que celui que vous parlez ; rien de singulier dans leurs habitudes ; seulement ils ne se livrent pas à l'étude de vains systèmes, fruit de la curiosité des hommes, et ne s'attachent pas, comme plusieurs, à défendre des doctrines humaines. Répandus, selon qu'il a plu à la Providence, dans des villes grecques ou barbares, ils se conforment, pour le vêtement, pour la nourriture, pour la manière de vivre, aux usages qu'ils trouvent établis ; mais ils placent sous les yeux de tous l'étonnant spectacle de leur vie toute angélique et à peine croyable. Ils habitent leur cités comme étrangers, ils prennent part à tout comme citoyens, ils souffrent tout comme voyageurs.

Pour eux, toute région étrangère est une patrie, et toute patrie ici-bas est une région étrangère

Comme les autres, ils se marient, comme les autres, ils ont des enfants, seulement ils ne les abandonnent pas. Ils ont tous une même table, mais pas le même lit. Ils vivent dans la chair et non selon la chair. Ils habitent la terre et leur conversations est dans le ciel. Soumis aux lois établies, ils sont par leurs vies, supérieurs à ces lois. Ils aiment tous les hommes et tous les hommes les persécutent. Sans les connaître, on les condamne. Mis à mort, ils naissent à la vie. Pauvres, ils font des riches. Manquant de tout, ils surabondent. L'opprobre dont on les couvre devient pour eux une source de gloire ; la calomnie qui les déchire dévoile leur innocence. La bouche qui les outrage se voit forcée de les bénir, les injures appellent ensuite les éloges. Irréprochables, ils sont punis comme criminels et au milieu des tourments ils sont dans la joie comme des hommes qui vont à la vie. Les Juifs les regardent comme des étrangers et leur font la guerre. Les Grecs les persécutent, mais ces ennemis si acharnés ne pourraient dire la cause de leur haine. Pour tout dire, en un mot, les chrétiens sont dans le monde ce que l'âme est dans le corps : l'âme est répandue dans toutes les parties du corps.

Les chrétiens sont dans toutes les parties de la Terre

L'âme habite le corps sans être du corps, les chrétiens sont dans le monde sans être du monde. L'âme, invisible par nature, est placée dans un corps visible qui est sa demeure. Vois les chrétiens pendant leur séjour sur la Terre, mais leur culte qui est tout divin, ne tombe pas sous les yeux. La chair, sans avoir reçue aucun outrage de l'esprit, le déteste et lui fait la guerre, parce qu'il est ennemi des voluptés. Ainsi le monde persécute les chrétiens, dont il n'a pas à se plaindre, parce qu'ils fuient les plaisirs. L'âme aime la chair qui la combat et les membres toujours soulevés contre elle. Ainsi les chrétiens n'ont que de l'amour pour ceux qui ne leur montrent que de la haine. L'âme, enfermée dans le corps, le conserve ; les chrétiens enfermés dans ce monde comme dans une prison, empêchent qu'il ne périsse. L'âme immortelle habite un tabernacle périssable ; les chrétiens, qui attendent la vie incorruptible des cieux, habitent comme des étrangers les demeures corruptibles d'ici-bas. L'âme se fortifie par les jeûnes, les chrétiens se multiplient par les persécutions : le poste que Dieu leur a confié est si glorieux, qu'ils regardent comme un crime de l'abandonner. »

André Lugardon


 

(L’Épître à Diognète est une lettre d’un auteur chrétien anonyme qui date de la fin du II ième siècle. Il s’agit d’un écrit adressé à Diognète, un païen, pour démontrer la nouveauté radicale du christianisme.)


 


 

Le sommeil

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"On me dit qu'il y a des hommes qui ne dorment pas. "Je n'aime pas celui qui ne dort pas", dit Dieu. "Le sommeil est l'ami de l'homme. Le sommeil est l'ami de Dieu. Le sommeil est peut-être ma plus belle création. Et moi-même je me suis reposé le septième jour. Celui qui a le coeur pur dort. Et celui qui dort a le coeur pur. C'est le grand secret d'être infatigable comme un enfant. D'avoir comme un enfant cette force dans les jarrets. Ces jarrets neufs, ces âmes neuves. Et de recommencer tous les matins, toujours neuf, comme la jeune, comme la neuve Espérance."

"Or on me dit qu'il y a des hommes qui travaillent bien et qui dorment mal. Quel manque de confiance en moi. C'est presque plus grave que s'ils travaillaient mal mais dormaient bien."

"Comme l'enfant se couche innocent dans les bras de sa mère, ainsi ils ne se couchent pas innocents dans les bras de ma Providence. Ils ont le courage de travailler, ils n'ont pas le courage de ne rien faire. Les malheureux, ils ne savent pas ce qui est bon. Ils gouvernent très bien leurs affaires pendant le jour. Mais ils ne veulent pas m'en confier le gouvernement pendant la nuit. Comme si je n'étais pas capable d'en assumer le gouvernement pendant une nuit."

"Celui qui ne dort pas est infidèle à l'Espérance."

Charles Péguy, 1873/1914.

Extraits du "Porche du Mystère de la Deuxième Vertu".

 

 

Fin des guerres ou guerres sans fin?

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Les guerres d’aujourd’hui, appelées parfois guerres humanitaires ou guerres atypiques ou guerres hybrides ou conflits basse tension parce qu’il n’y a pas d’embrasement général, font toujours des victimes civiles malgré les frappes chirurgicales et le souci affiché par les militaires professionnels de ne pas faire de morts inutiles.

Il n’y a pas de manifestations de masse et d’ampleur contre les guerres en cours.

Sans doute parce que ces guerres sont faites au nom de la liberté, de la défense de notre civilisation, de la lutte contre le terrorisme et parce que les militaires qui se font tuer sont des professionnels, pas des soldats du contingent. Sans doute parce que les victimes « comptent » peu au regard des 7 milliards d’êtres humains qui peuplent la Terre.

Soldat reste de nos jours encore le plus vieux métier du monde. Et un métier d’avenir.

Beaucoup de personnes affirment qu’il y a toujours eu des guerres et qu’il y aura toujours des guerres. Le conflit israélo-palestinien qui dure maintenant depuis 70 ans, la guerre contre le terrorisme qui dure maintenant depuis 17 ans, leur donnent raison. Allons-nous vers une nouvelle forme de guerre de 100 ans ?

Pour toutes ces raisons et d’autres encore que j’ai oubliées ou pas perçues, rares sont les personnes qui affirment que nous devrions arrêter de faire la guerre et chercher d’autres moyens d’éviter les conflits. Quelques détails de l’histoire contemporaine font pourtant espérer un avenir sans guerre.

Ghandi a mené l’Inde vers l’Indépendance sans déclencher une guerre contre l’Angleterre. Martin Luther King Jr a défendu l’émancipation des Noirs sans entrer en guerre contre les Blancs. Nelson Mandéla a mis fin à l’apartheid sans déclencher une guerre civile. L’ex-Urss a mis fin au communisme sans provoquer un bain de sang. L’IRA a renoncé à la lutte armée, l’ETA a déposé les armes ainsi que le FNLC.

Ces détails de l’Histoire contemporaine m'ont donné l'envie de lire  Stanley Hauerwas. Il affirme que le temps est venu d’abolir la guerre comme le 19 ième siècle a aboli l’esclavage.

Il s'en explique dans un livre qui a pour titre "L'Amérique, Dieu et la guerre" publié chez Bayard dans la collection "Labor et fides". L'auteur est né en 1940 au Texas. Il est de religion méthodiste. Il est théologien et professeur de droit. Il vit et enseigne aux USA.

Son livre de 450 pages est composé de trois parties:

1. L'Amérique et la guerre.

2. La liturgie de la guerre.

3. La différence écclésiale.

A l'intérieur de ces trois parties voici quelques titres de chapitres: Le Dieu de l'Amérique, Pourquoi la guerre est une nécessité pour l'Amérique, Un appel à abolir la guerre, Martin Luther King Jr et la non violence chrétienne, La Pentecôte: apprendre les langages de la paix, Au-delà des frontières: l'Eglise est mission.

Ce livre est une invitation faite aux croyants du monde entier: cessez de vous tuer les uns les autres. Préparez la paix, abolissez la guerre, parlez-vous!

 

 

Morceaux choisis

"Voir "L'Amérique, Dieu et la guerre" traduit en français est pour moi une surprise, dont je suis fier, ainsi qu'un léger motif d'inquiétude. (...) Je suis un peu inquiet car j'ignore comment ce livre sera reçu en France." (Page 13)

"J'aime l'Amérique et j'aime être américain. (...) Mais je suis chrétien. Je ne puis méconnaître le fait que le christianisme américain n'a pas été ce qu'il aurait dû être dans la mesure où l'Eglise n'a pas su distinguer entre le Dieu de l'Amérique et le Dieu que nous vénérons en tant que chrétiens." (Page 78)

"Mais, chers concitoyens, la guerre que nous menons, nous ne la menons pas seulement pour nous-mêmes; elle concerne tout le genre humain. En mettant  fin à l'esclavage ici nous ouvrons les portes de fer dans le monde entier et nous libérons les opprimés. Et ce n'est pas tout. En sauvant la république, nous sauverons la civilisation." (Charles Summer, cité page 102)

"Que le XXI ième siècle soit pour la guerre ce que le XIX ième a été pour l'esclavage, le siècle de son abolition, et que les chrétiens soient à l'avant-garde d'une telle réalisation." (Page 131)

"La guerre est une force qui nous donne un sens". (Chris Hedges, correspondant de guerre, cité page 164)

"Il faudra peut-être que coulent des rivières de sang avant que nous accédions à notre liberté, mais ce sang doit être le nôtre." (Gandhi cité page 236)

"Le vrai pacifisme n'est pas une soumission irréaliste au pouvoir du mal. Il est plutôt une manière courageuse de se confronter au mal à l'aide du pouvoir de l'amour, grâce à la conviction qu'il vaut mieux être celui qui subit la violence que celui qui l'inflige." (Martin Luther King Jr cité page 239)

"Je pense que l'une des grandes frustrations de l'existence est que  nous passons notre temps à tenter d'achever ce que qui est inachevable. (...) L'existence n'est qu'une suite de rêves irréalisés." (M.L.King Jr cité page 252)

"Les auteurs de l'Ancien Testament pensaient que les êtres vulnérables méritaient une attention spéciale. Ils voyaient clairement que la veuve, l'orphelin, le résident étranger et le pauvre ne sont pas seulement sujets à l'injustice mais qu'ils sont, de façon disproportionnée, les victimes de celle-ci". (Page 283)

"La justice ne sera possible que lorsque les riches et les puissants seront guéris de leur attachement aux richesses et au pouvoir." (Page 286)

"On ne devrait jamais traiter des personnes, des êtres humains comme s'ils avaient moins de valeur qu'ils n'en possèdent; on ne devrait jamais les traiter avec un manque de respect, ne jamais les avilir." (Wolterstorff cité page 293)

"Le plus grand antidote à la violence est la conversation, le fait d'énoncer nos craintes, d'écouter les craintes des autres et de découvrir ainsi dans ce partage de nos vulnérabilités le commencement d'un espoir." ( Jonathan Sacks cité page 299)

"L'universalisme (...) ne constitue pas une conception adaptée à la situation humaine. Une culture globale peut susciter beaucoup de bonnes choses, mais, du point de vue de Sacks , de telles cultures, surtout quand elles prennent la forme d'empires, font beaucoup de mal parce qu'elles se révèlent incapables de reconnaître les différences." (Page 302)

"Notre capacité partagée de faire le mal est infiniment plus grande que notre capacité à faire le bien." (Bauman cité page 314)

"Notre humanité dépend de notre capacité à nous parler les uns aux autres." (Page 318)

"La position morale des chrétiens paraîtra toujours déraisonnable, fondée comme elle est sur la vertu de l'espérance." (Page 330)

"Le pardon est la capacité à laisser aller, et sans lui nous mettons à mort ce que nous aimons. Tout pardon répare quelque chose de brisé dans ce monde fracturé." (Page 338)

"L'Eglise du futur devra tirer sa force morale non de sa présence internationale mais de sa prétention à représenter les gens dans leur situation locale et distincte des ramifications mondiales de leur existence en tant que membres du marché global. (...) L'Eglise du futur reposera, comme le deuxième concile du Vatican l'avait prévu, entre les mains des évêques. Ce seront les évêques plutôt que la papauté qui mettront en question la prétention du marché mondial à représenter et à épuiser le monde humain." (Page 348)

" La loi du marché dépouille les travailleurs d'un travail productif, condamne les forces laborieuses à la privation économique et aggrave les inégalités de fortune et de revenu telles que les sociétés se tranforment en tissus de groupes d'intérêts antagonistes et rivaux. " (Page 360)

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