Toute ressemblance...

Rédigé par yalla castel - - 1 commentaire

Toute ressemblance avec une situation présente n'est pas le fruit du hasard tant certains comportements humains sont "éternels" à travers les siècles.

Saint Simon, 1675/1755, a écrit dans ses "Mémoires" :

« On voit de quel funeste poison est un premier ministre à un royaume, soit par intérêt, soit par aveuglement. Quel qu’il soit, il tend avant tout et aux dépens de tout à conserver, affermir, augmenter sa puissance; par conséquent son intérêt ne peut être celui de l’Etat qu’autant qu’il peut concourir ou être compatible avec le sien particulier. Il ne peut donc chercher qu’à circonvenir son maître, à fermer tout accès à lui, pour être le seul qui lui parle et qui soit le maître de donner aux choses et aux personnes le ton et la couleur qui lui convient, et pour cela se rendre terrible et funeste à quiconque oserait dire au roi le moindre mot qui ne fût pas de la plus indifférente bagatelle. Cet intérêt de parler seul et d’être écouté seul lui est si cher et si principal qu’il n’est rien qu’il n’entreprenne et qu’il n’exécute pour s’affranchir là-dessus de toute inquiétude. L’artifice et la violence ne lui coûtent rien pour perdre quiconque lui peut causer la moindre jalousie sur un point si délicat et pour donner une si terrible leçon là-dessus que nul sans exception ni distinction n’ose s’y commettre. Par même raison, moins il est supérieur en capacité et en expérience, moins veut-il s’exposer à consulter, à se laisser remplacer par délégation de pouvoir, à choisir sous lui de bons ministres, soit pour le dedans, soit pour le dehors. Il sent que, ayant un intérêt autre que celui de l’Etat, il réfuterait mal les objections qu’ils pourraient lui faire, parce que son opposition à les admettre viendrait de cet intérêt personnel qu’il veut cacher; c’est pour cette raison, et par crainte d’être démasqué, qu’il ne veut choisir que des gens bornés et sans expérience, qu’il écarte tout mérite avec le plus grand soin, qu’il redoute les personnes d’esprit, les gens capables d’expérience; d’où il en résulte qu’un gouvernement de premier ministre ne peut être que pernicieux. »

 

On ne voit bien qu'avec le coeur.

Rédigé par yalla castel - - 359 commentaires

La vie dans la rue, « Au bord du monde ».

Du 27 au 30 juillet 2017, se tenait la deuxième édition du Festival international du journalisme vivant à Couthures-sur-Garonne, dans le Sud-Ouest. Cette année parrainé par la cantatrice Barbara Hendrix, le festival s’est déroulé durant 4 jours. Son but : aborder plusieurs thématiques de société à travers des films, des débats, diverses interventions journalistiques et politiques, des témoignages ainsi que des animations.

Dans ce cadre, le réalisateur Claude Drexel est venue prendre la parole afin de présenter son film, « Au bord du monde ».

A Paris, la nuit, dans la rue, le métro, sous les ponts ou le périphérique, il a tenté d’établir les portraits d’une dizaine de sans-abris, afin que face à la caméra ils racontent leur vie au bord de la société.

 Un long-métrage sur les sans-abris, pourquoi ?

« Au bord du monde », film aux multiples distinctions notamment présenté à cannes en 2013 et nommé pour le prix Louis-Delluc, est sortie en 2014. Sur le modèle d’un documentaire, il s’agit avant tout de laisser la parole aux sans-abris, et ce sans commentaires afin de n’entendre que leur voix. C’est donc de bon cœur que 13 d’entre eux s’expriment en toute liberté sur la vie et le monde qui les entoure.

Durant 98 minutes, pas de misérabilisme ni de trash mais de la sincérité. Il ne s’agit pas d’un film militant mais humaniste, le but étant de remettre au centre de l’image des individus habituellement relégués au bord du monde.

Telle une longue épopée de nuit, à Paris, ce long métrage est l’occasion d’une remise en question, l’occasion de rencontrer des personnalités oubliées.

« On les voit partout, mais on ne les entend nulle part »

« Au bord du monde » c’est tout d’abord un film qui aborde le regard des autres. Dans l’ombre, les sans-abris sont souvent vus tels des « parasites » pour la société. Mais la plupart des gens oublient qu’en fait ils sont des êtres humains, des personnes dotées de sensibilité. Pourtant, certains détournent le regard, sont gênés en leur présence : Pourquoi ?

« La société n’accepte pas la pauvreté. Ils sont terrifiés à l’image que cela leur renvoie d’eux-mêmes. Nous ignorer, c’est se protéger quelque part » confie Pascal, l’un des sans-abris interrogés.

Humiliation, infantilisation, perte de la dignité et de la confiance en soi, les sans-abris sont délaissés, comme s’ils n’avaient jamais existé.

Deux. C’est le nombre de fois où l’on parle d’eux pendant l’année : l’été, puis l’hiver. Le reste du temps, on fait comme s’ils n’existaient pas car les regarder, voir la vérité serait trop inconfortable.

« Les gens ne sont plus solidaires entre eux » avance Michel, Sans Domicile Fixe. Démonstration d’un individualisme grandissant, le film montre comment nous oublions progressivement l’autre. Comment nous nous octroyons le droit de le considérer comme inférieur, encouragés par notre indifférence égoïste.

« Ce sont des naufragés de la société »

Quelques habits, un duvet et parfois une tente : c’est tout ce qu’il leur reste.

Christine, à la rue depuis 4 ans confie : « J’ai tout perdu. Mes papiers, mes habits, la photo de mes enfants. J’avais un appartement et du jour au lendemain je me suis retrouvée dans la rue. Aujourd’hui, je ne sais pas quoi faire, je suis résignée ». < Chacun de ces mots soulèvent des questions sans réponses : pourquoi sont-ils là ? n’ont-ils rien fait pour empêcher cela ? pourquoi restent-ils sans rien faire, à attendre ?

Claude Drexel exprimait à ce propos que jamais il ne leur posait l’une de ces questions, ne voulant d’aucune façon les embrasser, les diminuer. Il cite alors :

« La rupture avec la société est une bascule dans un autre monde.

Comment s’est-elle produite ? Commet a-t-elle eu lieu ?<

Nul ne s’en souvient. C’est comme une autre naissance… »

George Orwell

Avant d’ajouter : « Je fais cela pour rencontrer la personne. Ces derniers m’intriguent. Ce qu’il s’est passé avant, je n’en ai pas grand-chose à faire. »

Face à la misère ambiante : quelques aides telles que les restos du cœur, la croix rouge, des associations, mais rien qui ne leur permette de vivre décemment.

L’espérance de vie d’un SDF en France est de 48 ans. Les conditions de vie dans lesquelles ils évoluent sont à l’origine de ce chiffre alarmant. Pas d’hygiène, pas de nourriture, pas d’eau potable, c’est un retour à l’Age de pierre. Le sommeil, lui aussi est perturbé et difficile à trouver, certains ne dormant que quelques heures par nuit.

Marco explique quant à lui que :  « Le plus dur c’est l’hiver, on essaie de trouver des endroits isolés. On a pris nos habitudes et c’est le monde à l’envers, le mauvais rythme. On fait notre vie en fonction du froid et plus de nous, on dort très peu ».

Alors quand le soir nous rentrons dans nos maisons, eux restent seuls et ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Une bataille entre l’esprit et le corps s’impose, souvent. Le corps voudrait abdiquer mais l’esprit lutte, toujours. « Car c’est humain de ne pas vouloir mourir ». Christine déclare « être surprise de se réveiller l’hiver ». Avant, elle pensait « qu’aucun être humain ne pouvait survivre à ça ».

Durant l’hiver 2016, ce sont 501 sans-abris qui sont morts dans les rues. La moyenne d’âge était de 49,6 ans. Et 11 étaient des mineurs dont 6 avaient moins de 5 ans. Des chiffres alarmants, dénonciateurs d’une grande problématique restant, en vain, non résolue.

La vie dans le rue : Toute une organisation 

Afin de se nourrir les sans-abris ne comptent pas exclusivement sur la manche, celle-ci n’étant pas pratiquée par tous et constituant un trop faible « revenu ».

Généralement, les invendus sont la première source d’alimentation des SDF. Wenceslas explique : « Vers 4-5 heures du matin je dois partir de l’endroit où j’ai passé la nuit. C’est juste avant que les gens partent travailler. Ensuite, je vais faire les poubelles des restaurants». Si de nombreuses personnes l’ignorent, c’est parce que la police s’assure que l’ensemble des lieux concernés soient libérés avant 6 heures. Une pratique qui dénonce à la fois la considération de la société envers ces derniers, ainsi que le manque de moyens pour leur venir en aide.

Dans la rue, il y a également une hiérarchie. Celle-ci peut être établie en fonction de différents critères : Le logement, pouvant avoir plusieurs formes (Le squat, la cabane, la tente et ensuite le duvet), la propreté, qui est un facteur très important pour certains d’entre eux, ou encore la manche. L’un des SDF interrogés explique : « Faire la manche est aussi une humiliation. C’est donc une étape à franchir, tout le monde ne fait pas la manche ».

« On se réconforte dans les souvenirs »

Les souvenirs constituent souvent le premier des réconforts face à la solitude de la rue. Certains avancent aussi  : « Le bonheur ce n’est plus le matériel , c’est la nature, les situations tranquilles, les animaux, les espaces verts. »

D’autres expliquent : « La foi aide beaucoup et surtout, sourire malgré la difficulté ».

Leur situation fait que la plupart d’entre eux comprennent ce que d’autres ne comprendront jamais : « Le bonheur c’est l’amour, les amis, la santé. Le reste est sans importance ».

Le réalisateur explique avoir voulu filmer de nuit durant tout le documentaire afin d’imager la solitude de ces personnes, ainsi que le coté « fantomatique » de leur existence, de Paris la nuit. Il a décidé de réaliser ce documentaire dans la ville lumière afin de souligner le contraste entre sa beauté et la misère de ces gens, afin que le message soit plus fort, plus puissant.

Jamais il n’a filmé en contre plongé, mais toujours près du sol, à leur niveau afin d’éviter d’avoir « un regard d’en haut vers en bas ». Le but étant justement que le spectateur se mette à leur niveau. Le but étant, qu’ils rencontrent ces personnes et qu’ensemble ils s’assoient « Au bord du monde ».

 

Alice Gapail.

 

Comparaison n'est pas raison mais...

Rédigé par yalla castel - - 4 commentaires

"Comparaison n'est pas raison" avons-nous l'habitude de dire. Mais quand je suis tombé par hasard sur l'article ci-dessous je n'ai pas pu m'empêcher de penser que ce qui est dit de la Corse pourrait être dit aussi du Lot-et-Garonne. D'autant plus que le Front National s'il fait de très bons résultats aux dernières élections présidentielles en Corse en fait aussi en Lot-et-Garonne. Voici un extrait d'une analyse de la situation présente en Corse:

Depuis 40 ans que Jean-Yves Torre travaille la terre de l’île de Beauté, il a vu les campagnes tomber dans l’abandon. Alors que la Corse nationaliste est secouée de soubresauts racistes, le paysan rappelle que l’indépendance se conquiert d’abord par la souveraineté alimentaire.

- Vico (Corse-du-Sud), reportage

Les montagnes verdoyantes plongent dans le bleu azur de la Méditerranée. Sous le soleil d’hiver, la mer scintille comme la neige sur les sommets. Jean-Yves Torre habite dans le creux de la pente, sur des terres squattées qu’il a défrichées à la main après 130 ans d’absence humaine. Autour de la ferme, la broussaille partout, mêlée de buis et de chênes verts. « Ah, ça ! on ne peut pas imaginer que des personnes vivaient ici auparavant », s’exclame le paysan au milieu de son champ.

Pourtant, sous les ronces, il a retrouvé d’antiques aires à blé, des ruines, « en bas, il y avait une école de 80 gamins au début du XXe siècle. Depuis mon installation, j’en ai vu, des gens partir, abandonner la terre ». Les Corses ont déserté les campagnes pour les villes, répétant l’inexorable refrain de l’exode rural. 80 % d’entre eux vivent dans les grandes agglomérations et, sur les 20 % restants qui s’agrippent aux montagnes, la plupart sont des personnes âgées.

 « Le Corse ne fait plus vivre la campagne »

C’est un credo pour Jean-Yves, une certitude. « On a déjà été autonomes, l’île ne dépendait pas de la métropole en 1760 », affirme t-il. Des centaines d’hectares de seigle étaient cultivés, la Castagniccia, dans le nord du pays, comptait 80 personnes au kilomètre carré, vivant de châtaignes et d’élevage. Aujourd’hui, cette zone est complètement vide, atteignant tout juste six habitants au kilomètre carré. Les Agriates, à l’ouest de Bastia, constituaient aussi un immense verger où poussaient figuiers, oliviers, citronniers depuis des siècles, avant de devenir une garrigue désolée, battue par les vents.

Lire la suite ici...

Colibri Cx

De la Confiance.

Rédigé par yalla castel - - 1 commentaire

« Confiance, confiance encore, confiance toujours ! ». C’est par ces mots que le général Delestraint conclut ses adieux à ses compagnons d’armes, au mois de juillet 1940, à Caylus. Alors même que la défaite est actée, son discours est une exhortation ferme à rejeter toute « mentalité de chien battu ou d’esclave ».

Quelques mois plus tard, conformant ses actes à ses paroles, il prend la tête de l’Armée secrète. Arrêté, torturé puis déporté, il meurt au camp de Dachau, le 19 avril 1945, moins de trois semaines avant la victoire, dont il a été l’un des artisans les plus actifs.

Ce qui m’a toujours frappé dans cette recommandation du général Delestraint, c’est d’abord ce qu’il ne dit pas. Il ne dit ni « en qui », ni « en quoi » avoir confiance. A ses yeux, le plus important est, avant tout, cet état d’esprit singulier – cet « optimisme de volonté » - qui choisit de voir la plus infime parcelle de lumière au cœur des ténèbres les plus noires.

La confiance, c’est le refus de la résignation. C’est le contraire du fatalisme, l’antithèse du défaitisme. Et, en même temps, il y a dans la confiance une forme d’abandon. Agir sans s’abandonner, c’est faire preuve d’orgueil. S’abandonner sans agir, c’est se laisser aller.

Choisissons, donc, d’agir comme si tout dépendait de nous, mais sachons reconnaître que tel n’est pas le cas. Autrement dit, si toute notre foi, tout notre engagement et notre détermination sont nécessaires, ils sont à jamais insuffisants pour envisager la victoire. La vraie confiance réconcilie confiance en soi et confiance en l’autre.

La confiance en soi, d’abord. Vertu essentielle qui se construit dès l’enfance. Vertu qui naît des obstacles surmontés. C’est le cas dans les stages d’aguerrissement, que certains d’entre vous ont vécus. Ils vous révèlent vos capacités réelles qui dépassent, de beaucoup, ce que vous auriez pu imaginer. La confiance en soi est un moteur. Elle libère les énergies et encourage à l’action. Les fausses excuses tombent. Tout ce dont je suis capable devient possible !

La confiance dans l’autre, ensuite. Celle par laquelle je reconnais que je ne peux pas tout ; que le salut passe autant par mon camarade, mon chef, mon subordonné que par moi-même. Par cette confiance, je m’assume dépendant. Cette reconnaissance est le ciment de nos armées. La confiance mutuelle fait notre unité, en même temps que notre assurance. C’est elle qui fait dire au capitaine de Borelli, considérant ses légionnaires : « Par où pourrions-nous bien ne pas pouvoir passer ? ».

La confiance dans le subordonné est, particulièrement, féconde. On a pris l’habitude de lui donner un nom savant : la subsidiarité ; mais ça ne change rien. Comme chef d’état-major des armées, je mesure chaque jour davantage à quel point je suis dépendant de l’action de chacune et de chacun d’entre vous. Seul, je ne peux rien. Ensemble, rien n’est impossible !

Je terminerai par une recommandation. Parce que la confiance expose, il faut de la lucidité. Méfiez-vous de la confiance aveugle ; qu’on vous l’accorde ou que vous l’accordiez. Elle est marquée du sceau de la facilité. Parce que tout le monde a ses insuffisances, personne ne mérite d’être aveuglément suivi. La confiance est une vertu vivante. Elle a besoin de gages. Elle doit être nourrie jour après jour, pour faire naître l’obéissance active, là où l’adhésion l’emporte sur la contrainte.

Général d’armée Pierre de Villiers

 

Fil RSS des articles