Toute ressemblance avec une situation présente n'est pas le fruit du hasard tant certains comportements humains sont "éternels" à travers les siècles.
Saint Simon, 1675/1755, a écrit dans ses "Mémoires" :
« On voit de quel funeste poison est un premier ministre à un royaume, soit par intérêt, soit par aveuglement. Quel qu’il soit, il tend avant tout et aux dépens de tout à conserver, affermir, augmenter sa puissance; par conséquent son intérêt ne peut être celui de l’Etat qu’autant qu’il peut concourir ou être compatible avec le sien particulier. Il ne peut donc chercher qu’à circonvenir son maître, à fermer tout accès à lui, pour être le seul qui lui parle et qui soit le maître de donner aux choses et aux personnes le ton et la couleur qui lui convient, et pour cela se rendre terrible et funeste à quiconque oserait dire au roi le moindre mot qui ne fût pas de la plus indifférente bagatelle. Cet intérêt de parler seul et d’être écouté seul lui est si cher et si principal qu’il n’est rien qu’il n’entreprenne et qu’il n’exécute pour s’affranchir là-dessus de toute inquiétude. L’artifice et la violence ne lui coûtent rien pour perdre quiconque lui peut causer la moindre jalousie sur un point si délicat et pour donner une si terrible leçon là-dessus que nul sans exception ni distinction n’ose s’y commettre. Par même raison, moins il est supérieur en capacité et en expérience, moins veut-il s’exposer à consulter, à se laisser remplacer par délégation de pouvoir, à choisir sous lui de bons ministres, soit pour le dedans, soit pour le dehors. Il sent que, ayant un intérêt autre que celui de l’Etat, il réfuterait mal les objections qu’ils pourraient lui faire, parce que son opposition à les admettre viendrait de cet intérêt personnel qu’il veut cacher; c’est pour cette raison, et par crainte d’être démasqué, qu’il ne veut choisir que des gens bornés et sans expérience, qu’il écarte tout mérite avec le plus grand soin, qu’il redoute les personnes d’esprit, les gens capables d’expérience; d’où il en résulte qu’un gouvernement de premier ministre ne peut être que pernicieux. »
"Comparaison n'est pas raison" avons-nous l'habitude de dire. Mais quand je suis tombé par hasard sur l'article ci-dessous je n'ai pas pu m'empêcher de penser que ce qui est dit de la Corse pourrait être dit aussi du Lot-et-Garonne. D'autant plus que le Front National s'il fait de très bons résultats aux dernières élections présidentielles en Corse en fait aussi en Lot-et-Garonne. Voici un extrait d'une analyse de la situation présente en Corse:
Depuis 40 ans que Jean-Yves Torre travaille la terre de l’île de Beauté, il a vu les campagnes tomber dans l’abandon. Alors que la Corse nationaliste est secouée de soubresauts racistes, le paysan rappelle que l’indépendance se conquiert d’abord par la souveraineté alimentaire.
Vico (Corse-du-Sud), reportage
Les montagnes verdoyantes plongent dans le bleu azur de la Méditerranée. Sous le soleil d’hiver, la mer scintille comme la neige sur les sommets. Jean-Yves Torre habite dans le creux de la pente, sur des terres squattées qu’il a défrichées à la main après 130 ans d’absence humaine. Autour de la ferme, la broussaille partout, mêlée de buis et de chênes verts. « Ah, ça ! on ne peut pas imaginer que des personnes vivaient ici auparavant », s’exclame le paysan au milieu de son champ.
Pourtant, sous les ronces, il a retrouvé d’antiques aires à blé, des ruines, « en bas, il y avait une école de 80 gamins au début du XXe siècle. Depuis mon installation, j’en ai vu, des gens partir, abandonner la terre ». Les Corses ont déserté les campagnes pour les villes, répétant l’inexorable refrain de l’exode rural. 80 % d’entre eux vivent dans les grandes agglomérations et, sur les 20 % restants qui s’agrippent aux montagnes, la plupart sont des personnes âgées.
« Le Corse ne fait plus vivre la campagne »
C’est un credo pour Jean-Yves, une certitude. « On a déjà été autonomes, l’île ne dépendait pas de la métropole en 1760 », affirme t-il. Des centaines d’hectares de seigle étaient cultivés, la Castagniccia, dans le nord du pays, comptait 80 personnes au kilomètre carré, vivant de châtaignes et d’élevage. Aujourd’hui, cette zone est complètement vide, atteignant tout juste six habitants au kilomètre carré. Les Agriates, à l’ouest de Bastia, constituaient aussi un immense verger où poussaient figuiers, oliviers, citronniers depuis des siècles, avant de devenir une garrigue désolée, battue par les vents.
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Colibri Cx
« Confiance, confiance encore, confiance toujours ! ». C’est par ces mots que le général Delestraint conclut ses adieux à ses compagnons d’armes, au mois de juillet 1940, à Caylus. Alors même que la défaite est actée, son discours est une exhortation ferme à rejeter toute « mentalité de chien battu ou d’esclave ».
Quelques mois plus tard, conformant ses actes à ses paroles, il prend la tête de l’Armée secrète. Arrêté, torturé puis déporté, il meurt au camp de Dachau, le 19 avril 1945, moins de trois semaines avant la victoire, dont il a été l’un des artisans les plus actifs.
Ce qui m’a toujours frappé dans cette recommandation du général Delestraint, c’est d’abord ce qu’il ne dit pas. Il ne dit ni « en qui », ni « en quoi » avoir confiance. A ses yeux, le plus important est, avant tout, cet état d’esprit singulier – cet « optimisme de volonté » - qui choisit de voir la plus infime parcelle de lumière au cœur des ténèbres les plus noires.
La confiance, c’est le refus de la résignation. C’est le contraire du fatalisme, l’antithèse du défaitisme. Et, en même temps, il y a dans la confiance une forme d’abandon. Agir sans s’abandonner, c’est faire preuve d’orgueil. S’abandonner sans agir, c’est se laisser aller.
Choisissons, donc, d’agir comme si tout dépendait de nous, mais sachons reconnaître que tel n’est pas le cas. Autrement dit, si toute notre foi, tout notre engagement et notre détermination sont nécessaires, ils sont à jamais insuffisants pour envisager la victoire. La vraie confiance réconcilie confiance en soi et confiance en l’autre.
La confiance en soi, d’abord. Vertu essentielle qui se construit dès l’enfance. Vertu qui naît des obstacles surmontés. C’est le cas dans les stages d’aguerrissement, que certains d’entre vous ont vécus. Ils vous révèlent vos capacités réelles qui dépassent, de beaucoup, ce que vous auriez pu imaginer. La confiance en soi est un moteur. Elle libère les énergies et encourage à l’action. Les fausses excuses tombent. Tout ce dont je suis capable devient possible !
La confiance dans l’autre, ensuite. Celle par laquelle je reconnais que je ne peux pas tout ; que le salut passe autant par mon camarade, mon chef, mon subordonné que par moi-même. Par cette confiance, je m’assume dépendant. Cette reconnaissance est le ciment de nos armées. La confiance mutuelle fait notre unité, en même temps que notre assurance. C’est elle qui fait dire au capitaine de Borelli, considérant ses légionnaires : « Par où pourrions-nous bien ne pas pouvoir passer ? ».
La confiance dans le subordonné est, particulièrement, féconde. On a pris l’habitude de lui donner un nom savant : la subsidiarité ; mais ça ne change rien. Comme chef d’état-major des armées, je mesure chaque jour davantage à quel point je suis dépendant de l’action de chacune et de chacun d’entre vous. Seul, je ne peux rien. Ensemble, rien n’est impossible !
Je terminerai par une recommandation. Parce que la confiance expose, il faut de la lucidité. Méfiez-vous de la confiance aveugle ; qu’on vous l’accorde ou que vous l’accordiez. Elle est marquée du sceau de la facilité. Parce que tout le monde a ses insuffisances, personne ne mérite d’être aveuglément suivi. La confiance est une vertu vivante. Elle a besoin de gages. Elle doit être nourrie jour après jour, pour faire naître l’obéissance active, là où l’adhésion l’emporte sur la contrainte.
Général d’armée Pierre de Villiers
Photo mise gratuitement à notre disposition par Dominique Fadom, Castejalousain de coeur depuis toujours.