La France de notre enfance (1)

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

Voici une description de la France de notre enfance dans les années 50/60:

"La France était immense et composée de populations distinctes par leur nourriture et leurs façons de parler, arpentée en juillet par les coureurs du Tour dont on suivait les étapes sur la carte Michelin punaisée au mur de la cuisine. La plupart des vies se déroulaient dans le même périmètre d'une cinquantaine de kilommètres. Quand s'élevait à l'église le grondement vainqueur du cantique Chez nous soyait reine on savait que chez nous désignait là où l'on habitait, la ville,L'exotisme commençait à la grande ville la plus proche. Le reste du monde était irréel. Les plus instruits ou qui aspiraient à l'être s'inscrivaient aux conférences de Connaissance du monde. Les autres lisaient Sélection du Reader's Digest  ou Constellation , "le monde vu en français". La carte postale envoyée de Bizerte par un cousin qui y faisait son service militaire plongeait dans une sidération rêveuse.

Paris représentait la beauté et la puissance, une totalité mystérieuse, effrayante, dont chaque rue figurant dans journal ou citée par la réclame, boulevard Barbès, rue Gazan, Jean Mineur 116 avenue des Champs Elysées, excitait l'imagination. Les gens qui y avaient vécu, ou qui s'y étaient seulement rendus en excursion, avaient vu la tour Eiffel, étaient auréolés de supériorité. Les soirs d'été, à la fin des longues journées poussiéreuses des vacances, on allait à l'arrivée du train express regarder ceux qui étaient allés ailleurs et descendaient avec des valises, des sacs d'achats du Printemps, les pèlerins rentrant de Lourdes. Les chonsons évoquant les régions inconnues, le Midi, les Pyrénées, les Fandango du pays basque, Montagnes d'Italie, Mexico donnaient du désir. Dans les nuages du couchant bordés de rose, on voyait des maharadjahs et des palais indiens. On se plaignait aux parents, "on ne va jamais nulle part!", ils répondaient avec étonnement "Où veux-tu aller, tu n'es pas bien là où tu es?"

Annie Ernaux, "Les années", pages 37/38, édition Gallimard NRF.

ISBN 978-2-07-077922-2

Que devons-nous garder du monde d'avant le confinement?

Rédigé par yalla castel - - 16 commentaires

A cette question posée sur Facebook, Messenger et par mails, voici vos réponses par ordre d'arrivée:

- Rien !!!!!

 

- La sécurité sociale pour tous. Les retraites.

 

- Faut virer les Français.

 

- Tout est à revoir ... absolument tout.

 

- Pas de panique !.... rien ne changera (hélas) sauf en cas d'effondrement économique total (ce qui est fort possible).

 

- La liberté d’aller où bon nous semble.

 

- La conscience de l'Humain, j'aurais envie de dire de notre humanitude, de notre condition à la fois fragile et résistante.

 

- L'Amour pour de vrai.

 

- Que le meilleur j'espère. 

 

- Pas grand chose... Fukushima, Tchernobyl, Hiroshima, Nagasaki, Rwanda, Daesh, terrorisme, wall street, subprime, sida, agent orange, famines, etc... Bon pas grand chose ça veut dire qu’il y en a quand même : solidarité, progrès, générosité, arts, espérance.

 

-Les visites des enfants, les calins avec les petits enfants, les embrassades.Les visites dans les Ehpads, ma belle mère, 98 ans, est atteinte du covid. Elle est seule dans un Ehpad de Pontoise.

 

- L'amitié basée sur la confiance et l'indulgence. Le pardon qui permet d'être libre. La sécurité sociale quand elle nous rend égaux devant les problèmes de santé. Notre église quand sa porte est ouverte à tous. Le bonjour que l'on dit à l'inconnu qui passe.

 

- Chez nous ou dans le monde ? Dans le monde il y a énormément de choses. Des initiatives privées ou d'état. Le système éducatif et sanitaire Cubains, le droit au bonheur du Bouthan, l'emprisonnement des banquiers en Islande, le rapport à la Terre des Amérindiens, Marinaleda en Espagne, Emmaüs Lescar à Pau, les technologies en Corée du Sud, la philosophie, la poésie, les arts en général, l'union libre, l'étude des fonds marins, la musique, les chants grégoriens, les cuisines du monde, l'humour et la dérision.

 

- Peut- être les "outils" qui auront servi à le traverser?

 

- Il y a beaucoup de choses à garder , à mon sens . Et si on disait plutôt : que devons-nous laisser du monde d'avant le confinement?

 

- Un peu de numérique. Au cas où on serait encore coincés dans deux mois.

 

- Les radios publiques, la 4, les SCOP, les associations d'entraide.

 

- Le chant des oiseaux, les coccinelles et les papillons, la beauté des fleurs, les orchestres symphoniques et les orchestres de musique de chambre, les harmonies et tous les musiciens amateurs.

 

- A titre collectif, bien sûr tout ce qui a contribué à atténuer les trop fortes inégalités ainsi que les injustices. Tout ce qui a apporté humanisme et solidarités connaissant malheureusement toutes les régressions du moment . Peut-être cette épreuve permettra d'ouvrir les yeux de tous ceux qui s'étaient endormis.

 

- A titre plus individuel, nous devons garder en nous tous les amours et amitiés vraies et sincères qui ont participé à notre passage sur cette pauvre planète malmenée. Nous devons garder notre capacité à réprouver tous les actes portés par le besoin de posséder richesses et pouvoir au détriment du bien être collectif. Nous devons donc garder en nous la capacité de nous révolter et de résister. Nous devons garder notre besoin d'émerveillement du monde qui nous entoure et donc tout mettre en oeuvre pour le préserver des vautours qui continuent de le détruire à des fins purement mercantiles, égoïstes . Facile à dire ou à écrire, plus difficile à concrétiser.

 

- Selon moi, le sens du travail, pour se remettre vite à la tâche et se battre pour éviter le marasme complet qui, encore une fois, atteindrait prioritairement les plus faibles et les moins armés pour résister à ce séisme économique autant que sanitaire.

 

- Les crèches parentales, parce que c'est juste génial.

 

- Personnellement le confinement ne me pose aucun problème. Ce n'est pas le fait seulement  de vivre dans une maison avec un jardin assez grand pour m'y reposer; ressourcer;  c'est de ne pas être obligée d'aller faire mes courses quotidiennes, de risquer peut-être d'avoir la tentation d'acheter autre chose que ce que l'on a besoin, qui ne sont pas indispensables. Le monde d'avant  était trop individuel ;  cette pandémie  tout a coup nous permets de nous tourner vers les autres,  nous prenons de nos nouvelles  par téléphone, par mails; surtout des  plus fragiles, des plus agés, on ne vit plus en égoïste. Si on pouvait avoir changé!!!  On ne roule plus en voiture sans aucune raison pour avaler des kms, pourquoi faire? Et si ça permettait de  retrouver l'essentiel peut-être ?

 

- Il faut garder la sécurité sociale qui est notre lien de solidarité.

 

- Toujours privilégier la relation humaine , c'est à dire la fraternité, la solidarité , l'entr'aide , comme elles ont été magnifiquement réalisées à l'occasion de la pandémie , l'aide aux plus démunis pour établir plus de justice .

 

- Beaucoup de lucidité et de vigilance.

 

- La révolution. (Oui mais laquelle?)

 

- La famille.

 

- Que devons-nous garder du monde d'avant le confinement? Les amis.

 

 

Du confinement et de la distanciation sociale

Rédigé par yalla castel - - 6 commentaires
En fait nous sommes confinés non pas parce que quelques Français se comportent mal mais parce qu’il n’y a pas de masques, de gants, de vêtements de protection, de tests de dépistage, de respirateurs, de lits de réa en nombre suffisant.
 
Ce qui me surprend depuis le début de la crise c’est que je ne l ‘ai pas vue venir. Ce qui me surprend c’est ma passivité, j’avale tout ce qui passe en boucles sur toutes les chaînes de télé. Je fais tout ce qu’il m’est demandé de faire. Car c’est sûr cette fois-ci je vais mourir. Je suis dans la tranche d’âge de ceux qui meurent. J’ai toutes les caractéristiques des personnes qui meurent: homme vieux, obèse, diabétique.
 
Tous les matins je suis étonné d’être encore là. Je guette mes moindres éternuements, je surveille les courants d’air dans la maison, les déplacements d’air de mon ombre quand je suis dans le jardin.
 
Je tonds la pelouse deux fois par jour par tout petits carrés pour faire durer l’activité longtemps. Je tonds avec des lunettes de plongée et je me fais des masques avec des serviettes de table. C’est pas le moment d’attraper un rhume des foins ni de faire une allergie aux pollens.
 
Mes enfants et petits enfants ne viennent plus me voir: ils me considèrent comme une bombe humaine capable de les tuer. Je m’interdis d’aller les voir car je ne veux pas qu’ils tombent malades par ma faute.
 
Nous vivons une époque formidable. Mais tragique pour les personnes qui meurent et pour leur famille qui ne peuvent les accompagner au moment du mauvais passage.
 
Ainsi soit-il.
 
(Que faut-il garder en priorité du monde d'avant le confinement? De quoi aurons-nous besoin en priorité quand nous sortirons du confinement?)
 
 

Revue de blogs avril 2020 (2)

Rédigé par yalla castel - - 3 commentaires

Nous avons reçu ce matin le lien suivant:

Michel Croz

Une analyse de plus sur la situation présente? Oui mais pas que... En voici un bref extrait:

"Depuis les débuts de la Modernité, l’axe majeur qui a orienté les politiques est celui qui va du local vers le global. C’est ce qu’on appelle la mondialisation, ou la globalisation.

Il y a deux sous catégories dans cette mondialisation : la mondialisation-moins et la mondialisation-plus.

Cette mondialisation est critiquée de toute part aujourd’hui par les tenants d’un retour au Local.

Il y a deux sous-catégories dans ce Local : le local-moins et le local-plus."

La suite à lire ici...

Bonne confination à vous tous, bonne lecture.

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