De la lecture qui soigne les bleus de l'âme

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" Arrêtez de vous poser en victime. Oui  vous l'avez été, d'un terrible accident, mais ce n'est pas en vous vautrant dans ce statut de victime que vous vous en sortirez. Qui viendra vous plaindre? Personne. Parce que ça n'avance à rien. Les autres aiment les gens positifs et joyeux, parce que les gens positifs et joyeux leur font du bien. Ceux qui se plaignent sans arrêt ne font pas de bien. Ils ne font pas de mal  mais ils ne font pas de bien."

Agnès Ledig, "Pars avec lui", page 79, chez Albin Michel.

Pourquoi lire? Pourquoi écrire?

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Pour comprendre. Pour se faire comprendre.

Non ridere, non lugere, neque detestari, sed intelligere.
 
Ne pas se moquer, ne pas se lamenter, ne pas détester, mais comprendre.
 
 

Petite vie d'Edith Stein

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Edith Stein est née le 12 ocobre 1891 à Breslau dans une famille juive allemande. Elle a été déportée au camp d'Auswitch le 2 août 1942 et gazée le 9 août.

Bernard Sezé lui a consacré un livre. Il a pour titre "Petite vie d'Edith Stein" publié aux éditions Desclée de Brouwer. Référence ISBN 9 782220 053271.

Il s'est intéressé à la vie intellectuelle brillante de cette jeune femme. Elle a fréquenté de grands philosophes de son temps. Elle a écrit des ouvrages philosophiques encore lus de nos jours. 

Mais Bernard Sezé s'est surtout intéressé à son parcours spirituel. Après avoir lu la vie de Sainte Thérése, elle va s'engager sur un chemin de vie qui va la conduire au Carmel. Sa jeune soeur en fera de même. Sa mère, juive pieuse, en sera profondément meurtrie .

Au cours de la seconde guerre mondiale, Edith Stein et sa soeur se réfugient dans un couvent aux Pays-Bas. Elles y seront arrêtées et mouront en déportation.

Convertie au christianisme, Edith Stien n'a jamais voulu se désolidariser du peuple juif. Jusqu'à sa dernière semaine de vie elle a informé par écrit sa hiérarchie des persécutions et des crimes commis contre les juifs.

Bernard Sesé affirme dans son livre que l'extermination des juifs s'est faite dans l'indifférence générale. Il ressort de son livre que des êtres humains ont fait tout leur possible pour sauver les deux soeurs. Des êtres humains ont été indifférents à leur sort. Des êtres humains les ont gazées.

Pourquoi remuer le passé  aujourd'hui puisqu'il est passé?

Parce qu'il faut bien reconnaître que des centaines de milliers d'Iraniens et d'Irakiens sont morts pendant sept ans de guerre dans une indifférence générale. Dix millions de personnes sont mortes pendant les dernières vingt années de conflits armés en République Démocratique du Congo dans  une indifférence générale. Des milliers de Palestiniens meurent depuis 70 ans dans une indifférence générale. Plusieurs centaines de millions d'êtres humains meurent tous les ans de misère dans une indifférence générale.

Ainsi sont les êtres humains, capables du pire et du meilleur.

Le covid 19 vient de nous rappeler que nous sommes tous mortels. La mort n'arrive pas qu'aux autres. Le temps est peut-être venu d'accorder enfin plus d'importance à la vie des autres, de tous les autres?

Mais qu'en pensez-vous?

La France de notre enfance (3)

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" Tout ce qui se trouvait dans les maisons avait été acheté avant la guerre. Les casseroles étaient noircies, démanchées, les cuvettes désémaillées, les brocs percés, colmatés avec des pastilles vissées dans le trou.  Les manteaux étaient retapés, les cols des chemise retournés, les vêtements du dimanche passés au tous-les-jours. Qu'on arrête pas de grandir désespérait les mères, obligées de rallonger les robes d'une bande de tissu, d'acheter des chaussures une pointur au-dessus, trop petites un an après. Tout devait faire de l'usage, le plumier, la boîte de peinture Lefranc et le paquet de petits-beure Lu. Rien ne se jetait. Les seaux de nuit servaient d'engrais au jardin, le crottin ramassé ddans la rue après le passage d'un cheval à l'entretien des pots de fleurs, le journal à envelopper les légumes, séchèr l'intérieur des chaussures mouillées, s'essuyer aux cabinets. On vivait dans la rareté de tout."

"Les Années", pages 38/39 d'Annie Ernaux.

La France de notre enfance (1)

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Voici une description de la France de notre enfance dans les années 50/60:

"La France était immense et composée de populations distinctes par leur nourriture et leurs façons de parler, arpentée en juillet par les coureurs du Tour dont on suivait les étapes sur la carte Michelin punaisée au mur de la cuisine. La plupart des vies se déroulaient dans le même périmètre d'une cinquantaine de kilommètres. Quand s'élevait à l'église le grondement vainqueur du cantique Chez nous soyait reine on savait que chez nous désignait là où l'on habitait, la ville,L'exotisme commençait à la grande ville la plus proche. Le reste du monde était irréel. Les plus instruits ou qui aspiraient à l'être s'inscrivaient aux conférences de Connaissance du monde. Les autres lisaient Sélection du Reader's Digest  ou Constellation , "le monde vu en français". La carte postale envoyée de Bizerte par un cousin qui y faisait son service militaire plongeait dans une sidération rêveuse.

Paris représentait la beauté et la puissance, une totalité mystérieuse, effrayante, dont chaque rue figurant dans journal ou citée par la réclame, boulevard Barbès, rue Gazan, Jean Mineur 116 avenue des Champs Elysées, excitait l'imagination. Les gens qui y avaient vécu, ou qui s'y étaient seulement rendus en excursion, avaient vu la tour Eiffel, étaient auréolés de supériorité. Les soirs d'été, à la fin des longues journées poussiéreuses des vacances, on allait à l'arrivée du train express regarder ceux qui étaient allés ailleurs et descendaient avec des valises, des sacs d'achats du Printemps, les pèlerins rentrant de Lourdes. Les chonsons évoquant les régions inconnues, le Midi, les Pyrénées, les Fandango du pays basque, Montagnes d'Italie, Mexico donnaient du désir. Dans les nuages du couchant bordés de rose, on voyait des maharadjahs et des palais indiens. On se plaignait aux parents, "on ne va jamais nulle part!", ils répondaient avec étonnement "Où veux-tu aller, tu n'es pas bien là où tu es?"

Annie Ernaux, "Les années", pages 37/38, édition Gallimard NRF.

ISBN 978-2-07-077922-2

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