De la justice restaurative.

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

La première fois que j'ai lu ces deux mots ensemble "justice restaurative", je me suis demandé ce que cela pouvait bien dire d'autant plus que je bloquais sur le mot restaurant pardon restaurative. En fait il faut entendre justice réparatrice, restauratrice.

En voici une définition : "La Justice restaurative traite des conflits de nature à engendrer des répercussions graves (d’ordre personnel, familial et plus largement social) sur les personnes qui en sont les victimes ou les auteurs, leur entourage et les communautés auxquelles ils appartiennent. Elle a pour objectif d’offrir la possibilité à l’ensemble de ces personnes de prendre une part active dans la recherche et la mise en œuvre des solutions susceptibles de leur permettre de reprendre le cours de leur vie (restauration) le plus apaisé possible. Elle offre une authentique réponse de Justice, en complémentarité avec la Justice pénale." Trouvée sur le site suivant: http://www.justicerestaurative.org/fr/article/generalites-sur-la-justice-restaurative

La lecture de ce lien permet d'aller plus loin que cette brève présentation d'aujourd'hui et de comprendre de ce que pourrait être la justice de demain.

Il est interdit d'interdire d'interdire

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

Dans leur livre "Trois amis en quête de sagesse", Christophe André, Alexandre Jollien, Mathieu Ricard affirment que "Toute forme de publicité visant des mineurs devrait simplement être interdite, que ce soit pour des jouets ou des boissons sucrées." 

 

Voici des extraits de leurs écrits qui permettent de comprendre le pourquoi de leur affirmation:

 

"Nous devrions commencer l'apprentissage du dépouillement avec les enfants. Il faudrait déjà avoir la décence de ne pas les conditionner à devenir accros à la consommation."

 

Le PDG de "General Mills" est  cité comme contre exemple de ce qu'il convient de ne pas faire:

 

"Quand il s'agit de cibler des consommateurs en bas âge, nous suivons le modèle "du berceau  à la tombe". Nous pensons que nous devons attraper les enfants très tôt, puis les conserver toute la vie."

 

Matthieu Ricard s'interroge: comment apprendre la simplicité aux enfants? Il raconte: "Dans notre jeune âge, à la saison des cerises, nous étions tous dans les arbres à nous régaler. Aujourd'hui les cerises restent sur les branches. Les enfants ne grimpent plus aux arbres. Ils sont généralement devant leurs ordinateurs. Entre 1997 et 2003, le pourcentage des enfants de 9 à 12 ans qui passent du temps dehors à jouer ensemble (...) a chuté de moitié. Les jeux sont de plus en plus solitaires, virtuels, violents, dénués de beauté, d'émerveillement, d'esprit de camaraderie et de plaisirs simples."

 

Christophe André est malgré ces remarques plus optimiste. Il écrit: "Les cadeaux que nous faisons à nos enfants nous servent à nous déculpabiliser du temps que nous ne passons pas avec eux. Le mieux que nous puissions faire pour nos enfants, c'est encore une fois d'être un modèle. Si nous achetons tous les six mois une nouvelle montre, si nous faisons les soldes comme des fous, si la sortie au supermarché est la sortie familiale du week-end, qu'est-ce que nous leur envoyons comme message? Mais j'ai de l'espoir parce que je pense que l'espèce humaine est intelligente, adaptative, et je vois que cette nouvelle génération d'enfants qui a grandi dans un environnement rempli d'objets, de jouets, de fringues, commence à s'immuniser contre la consommation. Les enfants que je connais bien -mes filles, mes neveux, les enfants d'amis proches- ont sinon une méfiance du moins une espèce d'indifférence ou d'autonomie croissante par rapport au fait de posséder, et au fond ils donnent ce qu'ils possèdent plus facilement que nous le faisions. J'ai le sentiment  qu'à un moment donné cette société d'hyper consommation,qui attise nos désirs et crée des désirs factices, va finir par sécréter dans nos cerveaux des anticorps de manière assez naturelle. Nous voyons émerger de plus en plus ces économies parallèles, ces économies du partage où au lieu d'acheter nous empruntons - une tronçonneuse par exemple à un voisin. Nous pourrions  bien évoluer vers des modèles qui vont s'imposer où les enfants se prêteront leurs jouets, leurs livres."

 

Alexandre Jollien quant à lui nous appelle au dépouillement, à posséder un peu moins. Il nous invite à nous "demander ce qui est essentiel, à apprendre à faire le ménage, les courses: c'est sur le terrain de la vie quotidienne que s'inaugurent les progrès. Nous pouvons considérer le supermarché comme un immense terrain d'exercice pour discerner nos véritables besoins. A force de chercher le bonheur là où il ne se trouve pas, nous passons à côté de l'essentiel. Rien n'est plus précieux qu'un mode de vie dépouillé, qui nous aide à nous rendre disponibles à la joie et à la paix. Et si nous commencions par mettre un peu d'ordre dans nos vies le plus simplement du monde?

 

 

Quand les blés sont sous la grêle

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

Quand les blés sont sous la grêle fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles au cœur du commun combat

Certains pensent que les Français sont des veaux, massivement crétins et lâches. En début de semaine un militant de gauche déçu que son candidat ne soit pas élu m’a qualifié de blaireau, expression qu’il utilise souvent à l’encontre de celles et ceux qui ne partagent pas ses convictions. Face aux dangers nous nous divisons. Nous n’arrivons pas à trouver un minimum de points d’accord. C’est dommage. Notre pays mérite mieux.

Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Tous deux adoraient la belle prisonnière des soldats
Lequel montait à l’échelle et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Qu’importe comment s’appelle cette clarté sur leur pas
Que l’un fut de la chapelle et l’autre s’y dérobât
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles des lèvres du cœur des bras
Et tous les deux disaient qu’elle vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles au cœur du commun combat

Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Du haut de la citadelle la sentinelle tira
Par deux fois et l’un chancelle l’autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Ils sont en prison Lequel a le plus triste grabat
Lequel plus que l’autre gèle lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Un rebelle est un rebelle deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l’aube cruelle passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Répétant le nom de celle qu’aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
Il coule, il coule, il se mêle à la terre qu’il aima
Pour qu’à la saison nouvelle mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel celui qui n’y croyait pas
L’un court et l’autre a des ailes de Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
le double amour qui brûla
L’alouette et l’hirondelle la rose et le réséda

Louis Aragon
Mars 1943

Fin des guerres ou guerres sans fin?

Rédigé par yalla castel - - 6 commentaires

Les guerres d’aujourd’hui, appelées parfois guerres humanitaires ou guerres atypiques ou guerres hybrides ou conflits basse tension parce qu’il n’y a pas d’embrasement général, font toujours des victimes civiles malgré les frappes chirurgicales et le souci affiché par les militaires professionnels de ne pas faire de morts inutiles.

Il n’y a pas de manifestations de masse et d’ampleur contre les guerres en cours.

Sans doute parce que ces guerres sont faites au nom de la liberté, de la défense de notre civilisation, de la lutte contre le terrorisme et parce que les militaires qui se font tuer sont des professionnels, pas des soldats du contingent. Sans doute parce que les victimes « comptent » peu au regard des 7 milliards d’êtres humains qui peuplent la Terre.

Soldat reste de nos jours encore le plus vieux métier du monde. Et un métier d’avenir.

Beaucoup de personnes affirment qu’il y a toujours eu des guerres et qu’il y aura toujours des guerres. Le conflit israélo-palestinien qui dure maintenant depuis 70 ans, la guerre contre le terrorisme qui dure maintenant depuis 17 ans, leur donnent raison. Allons-nous vers une nouvelle forme de guerre de 100 ans ?

Pour toutes ces raisons et d’autres encore que j’ai oubliées ou pas perçues, rares sont les personnes qui affirment que nous devrions arrêter de faire la guerre et chercher d’autres moyens d’éviter les conflits. Quelques détails de l’histoire contemporaine font pourtant espérer un avenir sans guerre.

Ghandi a mené l’Inde vers l’Indépendance sans déclencher une guerre contre l’Angleterre. Martin Luther King Jr a défendu l’émancipation des Noirs sans entrer en guerre contre les Blancs. Nelson Mandéla a mis fin à l’apartheid sans déclencher une guerre civile. L’ex-Urss a mis fin au communisme sans provoquer un bain de sang. L’IRA a renoncé à la lutte armée, l’ETA a déposé les armes ainsi que le FNLC.

Ces détails de l’Histoire contemporaine m'ont donné l'envie de lire  Stanley Hauerwas. Il affirme que le temps est venu d’abolir la guerre comme le 19 ième siècle a aboli l’esclavage.

Il s'en explique dans un livre qui a pour titre "L'Amérique, Dieu et la guerre" publié chez Bayard dans la collection "Labor et fides". L'auteur est né en 1940 au Texas. Il est de religion méthodiste. Il est théologien et professeur de droit. Il vit et enseigne aux USA.

Son livre de 450 pages est composé de trois parties:

1. L'Amérique et la guerre.

2. La liturgie de la guerre.

3. La différence écclésiale.

A l'intérieur de ces trois parties voici quelques titres de chapitres: Le Dieu de l'Amérique, Pourquoi la guerre est une nécessité pour l'Amérique, Un appel à abolir la guerre, Martin Luther King Jr et la non violence chrétienne, La Pentecôte: apprendre les langages de la paix, Au-delà des frontières: l'Eglise est mission.

Ce livre est une invitation faite aux croyants du monde entier: cessez de vous tuer les uns les autres. Préparez la paix, abolissez la guerre, parlez-vous!

 

 

Morceaux choisis

"Voir "L'Amérique, Dieu et la guerre" traduit en français est pour moi une surprise, dont je suis fier, ainsi qu'un léger motif d'inquiétude. (...) Je suis un peu inquiet car j'ignore comment ce livre sera reçu en France." (Page 13)

"J'aime l'Amérique et j'aime être américain. (...) Mais je suis chrétien. Je ne puis méconnaître le fait que le christianisme américain n'a pas été ce qu'il aurait dû être dans la mesure où l'Eglise n'a pas su distinguer entre le Dieu de l'Amérique et le Dieu que nous vénérons en tant que chrétiens." (Page 78)

"Mais, chers concitoyens, la guerre que nous menons, nous ne la menons pas seulement pour nous-mêmes; elle concerne tout le genre humain. En mettant  fin à l'esclavage ici nous ouvrons les portes de fer dans le monde entier et nous libérons les opprimés. Et ce n'est pas tout. En sauvant la république, nous sauverons la civilisation." (Charles Summer, cité page 102)

"Que le XXI ième siècle soit pour la guerre ce que le XIX ième a été pour l'esclavage, le siècle de son abolition, et que les chrétiens soient à l'avant-garde d'une telle réalisation." (Page 131)

"La guerre est une force qui nous donne un sens". (Chris Hedges, correspondant de guerre, cité page 164)

"Il faudra peut-être que coulent des rivières de sang avant que nous accédions à notre liberté, mais ce sang doit être le nôtre." (Gandhi cité page 236)

"Le vrai pacifisme n'est pas une soumission irréaliste au pouvoir du mal. Il est plutôt une manière courageuse de se confronter au mal à l'aide du pouvoir de l'amour, grâce à la conviction qu'il vaut mieux être celui qui subit la violence que celui qui l'inflige." (Martin Luther King Jr cité page 239)

"Je pense que l'une des grandes frustrations de l'existence est que  nous passons notre temps à tenter d'achever ce que qui est inachevable. (...) L'existence n'est qu'une suite de rêves irréalisés." (M.L.King Jr cité page 252)

"Les auteurs de l'Ancien Testament pensaient que les êtres vulnérables méritaient une attention spéciale. Ils voyaient clairement que la veuve, l'orphelin, le résident étranger et le pauvre ne sont pas seulement sujets à l'injustice mais qu'ils sont, de façon disproportionnée, les victimes de celle-ci". (Page 283)

"La justice ne sera possible que lorsque les riches et les puissants seront guéris de leur attachement aux richesses et au pouvoir." (Page 286)

"On ne devrait jamais traiter des personnes, des êtres humains comme s'ils avaient moins de valeur qu'ils n'en possèdent; on ne devrait jamais les traiter avec un manque de respect, ne jamais les avilir." (Wolterstorff cité page 293)

"Le plus grand antidote à la violence est la conversation, le fait d'énoncer nos craintes, d'écouter les craintes des autres et de découvrir ainsi dans ce partage de nos vulnérabilités le commencement d'un espoir." ( Jonathan Sacks cité page 299)

"L'universalisme (...) ne constitue pas une conception adaptée à la situation humaine. Une culture globale peut susciter beaucoup de bonnes choses, mais, du point de vue de Sacks , de telles cultures, surtout quand elles prennent la forme d'empires, font beaucoup de mal parce qu'elles se révèlent incapables de reconnaître les différences." (Page 302)

"Notre capacité partagée de faire le mal est infiniment plus grande que notre capacité à faire le bien." (Bauman cité page 314)

"Notre humanité dépend de notre capacité à nous parler les uns aux autres." (Page 318)

"La position morale des chrétiens paraîtra toujours déraisonnable, fondée comme elle est sur la vertu de l'espérance." (Page 330)

"Le pardon est la capacité à laisser aller, et sans lui nous mettons à mort ce que nous aimons. Tout pardon répare quelque chose de brisé dans ce monde fracturé." (Page 338)

"L'Eglise du futur devra tirer sa force morale non de sa présence internationale mais de sa prétention à représenter les gens dans leur situation locale et distincte des ramifications mondiales de leur existence en tant que membres du marché global. (...) L'Eglise du futur reposera, comme le deuxième concile du Vatican l'avait prévu, entre les mains des évêques. Ce seront les évêques plutôt que la papauté qui mettront en question la prétention du marché mondial à représenter et à épuiser le monde humain." (Page 348)

" La loi du marché dépouille les travailleurs d'un travail productif, condamne les forces laborieuses à la privation économique et aggrave les inégalités de fortune et de revenu telles que les sociétés se tranforment en tissus de groupes d'intérêts antagonistes et rivaux. " (Page 360)

Fil RSS des articles de cette catégorie