Les sapins

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~~ Les sapins ~~( Apollinaire ) - Le blog de Marielle

 

Les sapins en bonnets pointus
De longues robes revêtus
Comme des astrologues
Saluent leurs frères abattus
Les bateaux qui sur le Rhin voguent

Dans les sept arts endoctrinés
Par les vieux sapins leurs ainés
Qui sont de grands poètes
Ils se savent prédestinés
À briller plus que des planètes

À briller doucement changés
En étoiles et enneigés
Aux Noëls bienheureuses
Fêtes des sapins ensongés
Aux longues branches langoureuses

Les sapins beaux musiciens
Chantent des noëls anciens
Au vent des soirs d’automne
Ou bien graves magiciens
Incantent le ciel quand il tonne

Des rangées de blancs chérubins
Remplacent l’hiver les sapins
Et balancent leurs ailes
L’été ce sont de grands rabbins
Ou bien de vieilles demoiselles

Sapins médecins divaguants
Ils vont offrant leurs bons onguents
Quand la montagne accouche
De temps en temps sous l’ouragan
Un vieux sapin geint et se couche

Guillaume Apollinaire, Rhénanes, Alcools, 1913

Les yeux.

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Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux,
Et le soleil se lève encore.

Les nuits, plus douces que les jours,
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours,
Et les yeux se sont remplis d'ombre.

Oh ! qu'ils aient perdu leur regard,
Non, non, cela n'est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible ;

Et comme les astres penchants
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent.

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.


René-François Sully Prudhomme.

Nauplie, Grèce.

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Impérissables colonnes

De chair et de pierres

Passe le temps qui se fige

 

Brigitte Papleux

 

 

 

 

Fragrance d'un père.

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Quand je croise ta bouteille de parfum dans la rue je crois que c’est toi.
Je crois que c’est toi sur le trottoir qui marche aisément, magistralement, chemise blanche et pantalon chino beige. Quelle classe… surtout avec ce parfum.
Cette bouteille de parfum dont j'aime caresser le verre sculpté et froid… Ce bel objet olfactif. Ce flacon posé sur la commode que j'ouvre de temps en temps et repose avec précaution. Juste le temps de se souvenir.
Cette senteur…un peu enivrante, qui monte soudainement à la tête et puis s’apaise comme la force d’un brutal souvenir qui vient, et s’en va, s’estompe.
Cette odeur de parfumerie qui me renvoie aux dimanches matins, avant de partir chez Papi et Mamie.
Ces jours de fête où tu te faisais beau, nous montions dans la voiture et puis la journée passait. Le temps a passé.
Mais la bouteille, j’en fais quoi puisque tu n’en sors pas ?
 
Inès Bourgeois.
 
 

Je voudrais être une Africaine.

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Je voudrais être une africaine

aller les pieds nus, les seins hauts,

la bouche charnue et hautaine

je voudrais être une africaine.

 

Je voudrais avoir ta peau d'ombre

ce brun qui brille dans la nuit.

 

 

La cruche que l'on porte...eau

esclave au port de souveraine

je voudrais être une africaine

 

J'aurais mon enfant dans le dos

ou tétant … et toujours on rit,

dansant, chantant, parlant sa vie,

mystique que le rythme entraîne,

je voudrais être une africaine

avoir ta peau couleur de nuit.

 

Marie-Chrystine

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