Suzanne Andrieu.

Rédigé par yalla castel - - 3 commentaires

Suzanne Andrieu a été pendant de nombreuses années professeur d'Anglais à l'Ecole Normale d'Instituteurs d'Agen. Elle est décédée le samedi 4 févier 2017 dans sa 88 ième année. Voici un des textes lu lors de la cérémonie religieuse au Centre Jean XXIII d'Agen ce jour:

 

Ecoute plus souvent

Les Choses que les Etres.

La Voix du Feu s’entend,

Entends la Voix de l’Eau.

 

Ecoute dans le Vent

Le Buisson en sanglots :

C’est le Souffle des ancêtres.

 

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :

Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire

Et dans l’ombre qui s’épaissit.

 

Les Morts ne sont pas sous la Terre :

Ils sont dans l’Arbre qui frémit,

Ils sont dans le Bois qui gémit,

Ils sont dans l’Eau qui coule,

Ils sont dans l’Eau qui dort,

Ils sont dans la Case, ils sont dans la Foule :

Les Morts ne sont pas morts.

 

 

Ecoute plus souvent

Les Choses que les Etres.

La Voix du Feu s’entend,

Entends la Voix de l’Eau.

 

Ecoute dans le Vent

Le Buisson en sanglots :

C’est le Souffle des Ancêtres morts,

Qui ne sont pas partis

Qui ne sont pas sous la Terre

Qui ne sont pas morts.

 

 

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :

Ils sont dans le Sein de la Femme,

Ils sont dans l’Enfant qui vagit

Et dans le Tison qui s’enflamme.

 

Les Morts ne sont pas sous la Terre :

Ils sont dans le Feu qui s’éteint,

Ils sont dans les Herbes qui pleurent,

Ils sont dans le Rocher qui geint,

Ils sont dans la Forêt,

ils sont dans la Demeure,

Les Morts ne sont pas morts.

 

 

Ecoute plus souvent

Les Choses que les Etres.

La Voix du Feu s’entend,

Entends la Voix de l’Eau.

 

Ecoute dans le Vent

Le Buisson en sanglots,

C’est le Souffle des Ancêtres.

 

 

Il redit chaque jour le Pacte,

Le grand Pacte qui lie,

Qui lie à la Loi notre Sort,

Aux Actes des Souffles plus forts

Le Sort de nos Morts qui ne sont pas morts,

Le lourd Pacte qui nous lie à la Vie.

La lourde Loi qui nous lie aux Actes

 

Des Souffles qui se meurent

Dans le lit et sur les rives du Fleuve,

Des Souffles qui se meuvent

Dans le Rocher qui geint et dans l’Herbe qui pleure.

Des Souffles qui demeurent

 

Dans l’Ombre qui s’éclaire et s’épaissit,

Dans l’Arbre qui frémit, dans le Bois qui gémit

Et dans l’Eau qui coule et dans l’Eau qui dort,

 

Des Souffles plus forts qui ont pris

Le Souffle des Morts qui ne sont pas morts,

Des Morts qui ne sont pas partis,

Des Morts qui ne sont plus sous la Terre.

 

 

Ecoute plus souvent

Les Choses que les Etres.

La Voix du Feu s’entend,

Entends la Voix de l’Eau.

 

Ecoute dans le Vent

Le Buisson en sanglots,

C’est le Souffle des Ancêtres.

 

Birago Diop (1906-1989)
 

 

La neige neige.

Rédigé par yalla castel - - 3 commentaires

La neige fée,la neige magicienne

Viendras-tu demain soir faire rire Malik ?

La glace s'amuse avec les enfants,

la fontaine fera glisser les professeurs,

les jambes se casseront,

les élèves s'entasseront

dans une étude surchauffée

en regardant le ciel.

La neige neige. La neige,

viendra-t’elle réchauffer

le porte-monnaie des marchands de rêve,

de ski, de glissades

d'enfances retrouvées

aux couleurs fluo.

La neige,la neige arrive

qui trace des étoiles

sous les pattes des rouges-gorges,

La neige émerveillée, la neige subreptice.

Oh! mon guetteur de neige qui n'est pas là !

Lisse la neige tisse ,tisse la neige

ton voile déchiré tisse tisse tes flocons

de lune émiettée,
voltige ,voltigette de flocons.

Je t'attends ,ne me laisse pas

toute seule demain

avec toutes mes responsabilités

car ils font comme si j'étais une grande personne

et je ne suis qu'une guetteuse de neige.

MC.

Bûche toi de là.

Rédigé par yalla castel - - 10 commentaires

Comment parler à une bûche après une journée fatigante?

Ce n’était pas une bûche de Noël, moins goûtue. Je me suis pourtant trouvée là, à tenter de soulever une bûche pour entretenir un feu, à 21h33. La bûche était lourde, mes petits pieds, légers et tremblants à l’idée de mourir sous le poids de celle-ci (oui mes pieds ont rêvé de mourir autrement). Avec mes bras dépourvus de force, j’ai poussé la bûche en essayant de ne pas me brûler. Un amas de flammes et d’énormes étincelles ont propulsé une vague de chaleur sur mon visage. Saisie par une sueur froide, je me suis dit : « Oui, c’est la fin. Si cette bûche roule et se retrouve chaude, bouillante et lovée sur mes pieds. Ce sera la fin. Je vais hurler.»

Finalement la bûche s’est calée en se disant « Oh, je me ravise, pas trop envie d’embêter cet enfant aux soucis déjà multiples ».

De mon côté, je me suis mise à lui parler, au début c’était simplement pour lui rappeler sa fonction première, c'est-à-dire brûler pour me réchauffer. Mais après j’ai craché ce que je portais sur le cœur :

« Quoi toi, là-bas ? Roule pour voir !! Toi tu n’as pas grand-chose à faire, tu es née, tu as poussée, stoïque au milieu d’une forêt à profiter de la bise, de la pluie rafraichissante à regarder les randonneurs gambader ! Autrefois, tu portais des feuilles, tu étais recouverte de belles feuilles vertes, c’était le bon vieux temps hein ? Mais après quoi ? Toi aussi aujourd’hui tu es dans la mouise et tu finiras poussière ! Mais moi, vois-tu je finirai également poussière, et moi aussi mon cycle de vie n’est pas simple ! Tu as grandi dans la pollution que ces hommes ont créée ! Mais figure toi que les choses et les gens me polluent la vie, beaucoup trop ! Moi aussi, chaque jour, je ne sais plus comment avancer, je ne sais plus comment grandir et sortir de cette panade incroyable ! Que tu sois un morceau de bois ou de chair, il y a toujours quelqu’un qui tentera de te pourrir la vie! Alors mademoiselle la bûche ? On fait moins la maline ? »

La bûche a fumé, était-ce un soupir de compassion, un « Qu’est- ce que tu veux que j’y fasse ? Peut-être te réchauffer le cœur avec les flammes que j’alimente ? »

J’ai répondu: "Oui Bûche, réchauffe moi le cœur, je vais te raconter de belles histoires, pour nous réconforter."

Inés Bourgeois.

Coup de coeur du mois.

Rédigé par yalla castel - - 1 commentaire

 La ronde des mois

Janvier prend la neige pour châle ;
Février fait glisser nos pas ;
Mars de ses doigts de soleil pâle,
Jette des grêlons aux lilas.

Avril s’accroche aux branches vertes ;
Mai travaille aux chapeaux fleuris ;
Juin fait pencher la rose ouverte
prés du beau foin qui craque et rit.

Juillet met les oeufs dans leurs coques
Août sur les épis mûrs s’endort ;
Septembre aux grands soirs équivoques,
Glisse partout ses feuilles d’or.

Octobre a toutes les colères,
Novembre a toutes les chansons
Des ruisseaux débordant d’eau claire,
Et Décembre a tous les frissons.

Rosemonde Gérard

Extrait du blog d'Ismène Fleury dont le titre est une invitation au voyage: "Le vent dans les steppes".

Son blog est riche de présentations de livres et de BD. Chaque blogon se termine par une note musicale qui contribue aussi aux charmes de son blog.

http://leventdanslessteppes.blogspot.fr/2017/01/2017-annee-durable.html

Vieillir en beauté.

Rédigé par yalla castel - - 1 commentaire

Vieillir en beauté, c’est vieillir avec son cœur;
Sans remord, sans regret, sans regarder l’heure;
Aller de l’avant, arrêter d’avoir peur;
Car, à chaque âge, se rattache un bonheur.

 

Vieillir en beauté, c’est vieillir avec son corps;
Le garder sain en dedans, beau en dehors.
Ne jamais abdiquer devant un effort.
L’âge n’a rien à voir avec la mort.

 

Vieillir en beauté, c’est donner un coup de pouce
À ceux qui se sentent perdus dans la brousse,
Qui ne croient plus que la vie peut être douce
Et qu’il y a toujours quelqu’un à la rescousse.

 

Vieillir en beauté, c’est vieillir positivement.
Ne pas pleurer sur ses souvenirs d’antan.
Être fier d’avoir les cheveux blancs,
Car, pour être heureux, on a encore le temps.

 

Vieillir en beauté, c’est vieillir avec amour,
Savoir donner sans rien attendre en retour;
Car, où que l’on soit, à l’aube du jour,
Il y a quelqu’un à qui dire bonjour.

 

Vieillir en beauté, c’est vieillir avec espoir;
Être content de soi en se couchant le soir.
Et lorsque viendra le point de non-recevoir,
Se dire qu’au fond, ce n’est qu’un au revoir.

Poème a été écrit par Ghyslaine Delisle, une québécoise née en janvier 1932.

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