Lavaur (2)
Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaireOrgue de Lavaur
L'orgue de la cathédrale de Lavaur a été construit entre 1874 et 1876 par Aristide Cavaillé-Coll, dans un buffet sans doute construit en 1523 par Nicolas Bachelier ( Qui réalisa aussi le buffet du grand orgue de Saint Bertrand de Comminges ).
En 1963, le facteur Edmond Costa effectue des travaux de restauration et des modifications. L'instrument fit l'objet d'une restauration entre 1984 et 1993 par Michel Giroud.
Le buffet de l'orgue remonte à un instrument commandé par l’évêque Simon de Beausoleil et sans doute construit en 1523. On n’en connait pas le facteur même si certaines sources l’attribuent au facteur italien Giovanni Torriano (Jehan Torrian) originaire de Venise. Mais ce dernier ne survécut guère à la construction de l’orgue de l’église Notre- Dame des Tables de Montpellier en 1506/1508, ce qui rend cette attribution improbable.
Le buffet en bois polychrome est attribué au sculpteur et charpentier toulousain Nicolas Bachelier en 1523. Là aussi, des doutes subsistent car ce sculpteur ne serait arrivé dans la région qu’en 1535. Toujours est-il que ce buffet exceptionnel est un chef d’œuvre de l’art de la Renaissance. Il s’étage sur trois niveaux structurés, au premier desquels se déroule une frise de médaillons ornés de bustes à l’antique. Certaines sources notent l’intervention en 1699/1700 d’un facteur du nom de Charles Richard. De cette époque daterait l’ajout d’un positif de dos. Celui-ci aurait été supprimé lors de la reconstruction par Cavaillé-Coll. Deux joues finement sculptées ont alors été ajoutées par le menuisier Imbert et encadrent le buffet.
La console est indépendante, tournée vers la nef, et fermée par un couvercle incliné.
Les claviers ont les naturelles plaquées d'ivoire et les feintes en ébène. Les tirants de jeux, munis de porcelaine, sont disposés en gradins de part et d'autre des claviers. Les accouplements et appels se font par pédales à accrocher.
Plaque en palissandre, incrusté de laiton, de Cavaillé-Coll.
(Source: https://inventaire-des-orgues.fr/detail/orgue-lavaur-eglise-saint-alain-fr-81140-lavau-stalai1-t/)
Dimanche 16 avril 2023
Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaireLe pansement Schubert
Rédigé par yalla castel - - 4 commentairesClaire Oppert est née à Paris en 1966. Elle est une violoncelliste renommée. Elle a fait des études universitaires. Elle a écrit en 2020 un livre qui raconte sa participation en tant que musicienne dans des soins à des malades très malades au sein d'équipes médicales parisiennes. En voici un extrait qui permet de comprendre le titre de son livre et ce qu'elle fait pour soigner par la musique des personnes en grandes souffrances.
Avril 2012. Paris, Korian Jardins d'Alesia.
Les feuilles du grand chêne devant les fenêtres de l'EHPAD, l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, tremblent de lumière, dans la clarté du printemps.
A l'étage des résidents déments, la porte de la salle commune que l'on nomme Espace est grande ouverte.
C'est curieux le terme espace. Je cherche dans le dictionnaire la définition de ce mot: étendue qui embrasse l'univers, vide interplanétaire, intersidéral et intergalactique.
En entrant dans l'Espace, j'éteins la télé. Chaque lundi c'est comme un rite.
La télé reste allumée toute la journé, pourtant personne ne la regarde. En s'éteignant, elle fait un bruit singulier de machine avalée, et laisse toujours quelques traces grises dans le silence.
L'étage des vingt et un résidentes déments est protégé. Il s'appelle même unité de vie protégée. L'ascenseur est à code. Je l'oublie toujours quand j'arrive devant. C'est drôle.
Dans un coin de l'Espace, une femme hurle et se débat. Deux infirmières s'agitent autour d'elle, la maintenant fermement pour l'empêcher de tomber de son fauteuil, tout en parant ses attaques.
Elles doivent absolument refaire le pansement de Mme Kessler. La plaie de son bras droit est purulente.
Je ne peux deviner son visage caché par le profil des infirmières aux sourcils froncés et aux gestes tendus. Lorsqu'elle cesse de crier, elle tente de les mordre.
Je ne sais pas ce qui me pousse à m'arrêter devant elle. Je ne prononce pas une parole. Je m'assieds et lui joue au violoncelle le ttème de l'andante du Trio op 100 de Schubert.
Il se passe trois secondes à peine, deux mesures peut-être, et son bras se détend. Il s'abandonne d'un coup. Les cris cessent, le calme revient dans la pièce. Je peux observer alors son visage, regard étonné, et à ses lèvres une ébauche de sourire.
Je joue peu ce jour-là, tant le pansement est rapide. C'est plus qu'une surprise, comme un prodige. Je vois les infirmières sourire à leur tour, l'une d'elles rit même et me dit: "Il faudra absolument revenir pour le pansement Schubert".
C'est joliment tourné, tout à fait adéquat. L'expression est née ainsi et elle est restée par la suite.
Quand je m'éloigne, je sais déjà qu'il s'est passé quelque chose d'essentiel. Je suis confrontée pour la première fois à l'évidence d'un résultat de soulagement radical d'une personne douloureuse. Et quand, un an plus tard, je mets au point sur plus d'une centaine de patients en fin de vie, à l'unité de soins palliatifs de l'hôpital Sainte-Périne à Paris, le protocole du Pansement de Schubert" expérimenté spontanément à l'Espace des déments, le médecin chef du service à cette formule brève et éloquente: "10 minutes de Schubert=5 mg d'Oxynorm". (1)
Il y aura Schubert, mais aussi Bach, Mozart, Beethoven, Brahms, Rachmaninov, des aires de Puccini et Verdi, des chansons de Piaf, Cloclo, Sardou, Adamo, Johnny, des valses et des tangos, des chants juifs, arabes et africains, du folklore breton, irlandais, du flamenco, des musiques de films, du gospel, du jazz, du rock, du pop, du métal!
La même semaine, je reviens deux fois pour accompagner le pansement de Mme Kessler, avec des résultats identiques. Il n'y a pas d'autre manière de soulager sa douleur. Elle est assise dans son fauteuil toute droite, avec son bras offert aux soins et, tandis que je joue pour elle en boucle le thème de l'andante du Trio op.100 de Schubert, la lumière sur son visage est si intense qu'elle irradie en un flot étincelant toute la pièce, les infirmières et moi-même. Dehors le chêne aux larges branches en reçoit lui aussi abondamment. C'est du moins ce qu'il me semble, quand je le salue en partant.
Source: Pages 9, 10 et 11 du livre de Claire Oppert qui a pour titre "Le pansement Schubert" chez Denoël.
(1) Oxynorm: antalgique apparenté à la morphine indiqué dans le traitement des douleurs cancéreuses sévères
Quelle chance
Rédigé par yalla castel - - Aucun commentairehttps://www.youtube.com/watch?v=9cbkYq_LtFc&t=10s