Le Pérou chez nous

Rédigé par yalla castel - - 4 commentaires

Le samedi 9 mars 2024 nous étions invités par le CCFD Terre Solidaire du Lot-et-Garonne à assister à une messe en l'Eglise de Tonneins célébrée par le père Philippe d'Halluin, le père John Hennessy, les diacres René Borie et Bernard Biasiori, aumônier du CCFD Terrre Solidaire 47.

La messe terminée nous nous sommes tous retrouvés dans une pièce du presbytère pour partager un bol de soupe (à volonté) une pomme (à volonté) de l'eau ( à volonté), des tartines de pain (à volonté).

Une fois terminé notre repas de Carême nous nous sommes installés dans une salle plus vaste équipée d'un grand écran, d'un projecteur relié à un ordinateur pour projeter le diaporama construit par Alberto Vilchez.

En France pour un an , Alberto (31 ans) est volontaire international au CCFD Terre Solidaire et à la Coopération Catholique (DCC) . Il est fils de paysan de la région de Cajamarca , au nord du plateau andin. Il a fait des études de philosophie et d'Education. Il est professeur de catéchèse et organisateur de programmes sociaux. Ses origines familiales sont à la fois andine et amazonienne. 

A l'aide d'un diaporama il nous a présenté en Français et parfois en Espagnol les cultures , les croyances , les spiritualités de ses 2 communautés . Il a souligné leurs liens très forts à la nature : la terre mère est considérée comme sacrée et doit être respectée en tant que telle : c'est la “pachamama ”. Elle abrite et engendre le vivant qu'il soit humain, animal, fleuve, rivière, forêt, plantes. Il nous a parlé de "cosmogonie' (cosmos : le monde et gonia : la procréation, la naissance ) c'est à dire le système qui décrit la formation de l'univers.

Dans la culture inca, la feuille de coca joue un rôle essentiel : elle combat la faim, la soif, la fatigue, le mal d'altitude , les douleurs diverses et donne du courage au travail. Consommée traditionnellement, elle est un élément fondamental pour les peuples andins.

Alberto se sent chrétien avant tout et rejette les affirmations confessionnelles identitaires. Il pense que les religions chrétiennes doivent accepter « l’inculturation » (1) , après une évangélisation forcée au XVI ieme siècle, elles s'intègrent maintenant dans la multiplicité socio-culturelle des populations hétérogènes de ce pays (47 langues reconnues au Pérou) .

Il considère que la théologie de la libération qui est née dans les années 70 a permis à l'Eglise de s'engager aux côtés des plus pauvres mais a parfois poussé certains vers la lutte armée pour combattre les injustices, ce qu’il déplore.

Il nous place devant cette question lancinante : Le Pérou est chrétien à 92% mais c'est un pays extrêmement corrompu ce qui est paradoxal.

L’expression de la foi chrétienne et catholique en particulier est très vivante et colorée. Défilés dans les rues pour Pâques, cultes mariales par exemple.

Dans la société péruvienne, ces pèlerinages et défilés religieux sont tellement tolérés que des déviations sont faites pour les véhicules et les transports en commun pour ne pas gêner ces manifestations religieuses dans l'espace public.

Alberto accorde enfin une grande importance à un mot qu’il prononce en français à plusieurs reprises : la tolérance, vertu qu’il juge essentielle en France comme au Pérou: un grand respect pour les différentes formes de spiritualité bien ancrées dans ce pays. Il se considère toujours, même s'il est aujourd'hui professeur comme un “paysan” attaché à la terre de son pays qui sont ses racines profondes.

Le Pérou compte 34 millions d'habitants, la capitale Lima est la plus grande ville du pays où se concentre 11 millions d'habitants alors qu'il y a des territoires ruraux excentrés , peu peuplés et très pauvres.Les paysans doivent chaque jour se préoccuper de leur nourriture quotidienne.

Son territoire est composé de paysages variés : la côte, la zone andine et la zone amazonienne. C'est un pays avec une grande diversité biologique, ethnique, sociale, économique.Rappelons que la richesse spirituelle du Pérou ne doit pas nous faire oublier aussi ses richesses naturelles. Il dispose d'importantes ressources naturelles: dans le domaine minier, il est le 2ème producteur mondial de cuivre. Le pays possède des mines d'argent, d'or, d'étain. Il y a des gisements de gaz naturel. Le secteur agricole est important au Pérou qui se place dans le marché alimentaire mondial en premier exportateur de myrtilles, d'asperges, de bananes bio et de quinoa. Il est aussi un important exportateur de raisins, paprika, mangues et avocats. Et un grand producteur de pommes de terre et d'ananas.

Le niveau de vie des Péruviens dans l'ensemble reste faible à cause d'une mauvaise répartition des richesses naturelles du pays dont ne profite pas l'ensemble de la population. La déforestation, l'accaparemnt des terres par de grandes compagnies et le commerce illégal sont des fléaux. Le CCFD Terre Solidaire soutient des assocations partenaires ( notemment l'Institut Bartolomé de Las Cazas) dans la reconnaissance des droits des indiens et la défense de leur terre “pachamama”.

 

C'est le Pérou!

(1) inculturation : inscription du message de l'Evangile dans une culture .

( langage,architecture,liturgie,organisation de l'Eglise etc ....)

 

Texte collectif écrit par trois participants à cette rencontre.

Les fruits amers de la révolution française

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 « La loi Le Chapelier, promulguée en France le 14 juin 1791, est une loi interdisant tout groupement professionnel, que ce soit de gens de métier, les « maîtres », ou de leurs ouvriers et apprentis. Elle se concentre sur les associations d’ouvriers, interdisant de fait les syndicats ou autres revendications collectives. » 

Elle a mis en grandes difficultés beaucoup de « petites gens ». Elle a provoqué de la misère dans notre pays. 

Cliquer pour accéder à loi-le-chapelier-cgt.pdf

 

Sécheresses, canicules, agricultures intensives

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Lac artificiel créé en 1981 pour l'irrigation des cultures en Lot-et-Garonne et alimenté par trois ruisseaux.

Le texte ci-dessous a été écrit par Marie-Christine Lemardeley Cunci. Il figure en page XV de l'introduction au volume de la Pléïade consacré aux romans de John Steinbeck (1902/1968). Ce qui est décrit résonne avec notre époque, avec le réchauffement climatique, avec les phénomènes migratoires, avec notre modèle agricole. Rien de nouveau sous le soleil? 

Rendre compte de la crise et critiquer le progrès

La Grande Dépression a déterminé le désir de Steinbeck de témoigner. L'arrivée massive d'ouvriers agricoles pour la cueillette des fruits en Californie, à partir de 1935,  alerte l'écrivain sur un phénomène migratoire inédit. Ces cohortes venaient des grandes plaines de l'Oklahoma, du Kansas, de l'Arkansas et du Texas - zone que l'on appelait Dust Bowl (littéralement: le "bassin de poussière"). La désertification était due à un phénomène de sécheresse climatique, aggravé par la mécanisation de l'agriculture. La concentration des terres agricoles se fit aux dépens des petits exploitants, contraints de partir. C'est à ce peuple de saisonniers que s'intéressent les enquêtes journalistiques et les trois premiers romans de Steinbeck retenus dans ce volume. ("En un combat douteux", "Des souris et des hommes", "Les raisins de la colère").

Source: Bibliothèque de la Pléiade, John Steinbeck, romans, nrf,Gallimard, février 2023, imprimé en France.

 

John Steinbeck

Le prix Nobel de littérature en 1962 et le succès de certains de ses livres, Des souris et des hommes, les Raisins de la colère, ont longtemps valu à Steinbeck une réputation égale à celle de Faulkner et d'Hemingway, ses contemporains. (...) . Steinbeck est probablement l'un des meilleurs romanciers régionalistes américains. C'est son principal, voire son unique mérite. Son histoire est un peu celle du paysan corrompu par la ville. Steinbeck le fruste, le romancier de l'élémentaire, de l'immanence absolue n'aurait jamais dû quitter son village qui l'inspire si bien. Il connaît parfaitement cette « grande vallée » de Salinas, en Californie, qui descend vers le Pacifique, à 200 km au sud de San Francisco, avec ses champs fertiles, ses immenses ranches et les pêcheurs mexicains de Monterey. C'est là qu'il est né, en 1902, d'une famille très simple d'origine irlandaise : père fonctionnaire, mère institutrice. C'est là qu'il a ses « racines »,. (...) Son génie simple, c'est de regarder, d'entendre, de sentir la terre, les hommes et les bêtes de Salinas, sans omettre un détail.(...). Si Steinbeck avait accepté la pente naturelle de son talent, ce serait une sorte de Giono de la Californie.(...)

Source:  D. H. Lawrence, dictionnaire Larrousse. 

Rencontre paysanne

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"L'Angélus" tableau peint par Jean-François Millet.

Nous avons rencontré dernièrement Yves Guibert, trésorier de l'association "Solidarité Paysans Aquitaine" Il apporte un accompagnement solidaire aux agriculteurs en difficultés. Nous lui avons posé les questions suivantes: 

 

Jean-François Sadys: Yves Guibert, bonjour, quelle est la situation actuelle du monde agricole français?

Yves Guibert: Bonjour, le nombre de fermes françaises est en baisse constante. Cent milles ont disparu en dix ans. Il n'y a pas de perspectives d’amélioration. La baisse devrait s’accentuer dans les prochaines années. Les terres libérées s’en vont très majoritairement à l’agrandissement des exploitations existantes au détriment de l’installation de nouveaux paysans.

Des fermes de plus en plus grandes cela ne veut pas dire amélioration des revenus pour beaucoup d’entre elles. De nombreuses causes expliquent cette situation.

Les aléas climatiques liés au réchauffement de la planète sont en augmentation. Des gels ravageurs ont lourdement impacté vignes et vergers, des grêles intenses ont détruit des cultures. La sécheresse et les températures caniculaires ont fait chuter les rendements.

Les crises sanitaires sont très présentes en Aquitaine: grippe aviaire avec abattage massif de volailles, tuberculose bovine, là encore avec abattage de troupeaux entiers.

Les crises économiques s'y ajoutent: la crise viticole, la surproduction se traduit par un effondrement des prix du tonneau pour qui arrive à vendre. Crise de croissance de l’agriculture biologique, la production augmente mais le marché est en baisse, 1/3 du lait et des œufs bio vendus à perte sur le marché conventionnel.

La guerre en Ukraine a provoqué une très forte augmentation du prix des fournitures (engrais, carburants, aliments du bétail). L’élevage est touché de plein fouet.

Les mécanismes d’aides calamités et des assurances existent mais les indemnisations partielles, les payements tardifs et le coût trop élevé des assurances n’arrivent pas à préserver les plus touchés.

JFS: Pourquoi "Solidarité Paysans" ?

Y.G: Des paysans ont fait le constat, il y a plus de vingt ans, des drames humains dans le monde agricole. De là est née l’idée d’un accompagnement solidaire par des paysans pour des paysans. Un réseau national s’est structuré. Quatre vingt salariés dont plusieurs juristes, un millier de bénévoles, accompagnent plus de trois milles familles paysannes en France. En Aquitaine, deux salariés et une vingtaine de bénévoles accompagnants actifs apportent leur aide à plus de 130 familles paysannes.

JFS: Quelle est l'éthique et mode d’intervention de "Solidarité Paysan"?

YG: Nous répondons à toute demande sans aucune considération d’appartenances syndicales, sans aucune considération d’opinions politiques, philosophiques ou religieuses. L’unique règle est que la demande soit formulée directement par les personnes concernées.Nos interventions sont totalement gratuites, avec garantie de confidentialité.Elles se font dans le respect des personnes et de leurs choix.L’accompagnement est systématiquement fait en tandem, un salarié et un bénévole, ou deux bénévoles. Les bénévoles sont essentiellement des agriculteurs retraités. Cet accompagnement de pair à pair permet d’établir un climat de confiance mutuelle. Il est fondamental et fait toute l’originalité de notre action.

JFS: De qui est reconnue "Solidarité Paysans"?

YG: L’association est reconnue auprès des tribunaux dans le cadre de l’accompagnement des procédures judiciaires et auprès des préfectures.  Nous réalisons des audits sur les fermes en difficultées. Nous sommes présents dans les structures intervenant autour du mal être agricole.L'association est reconnue d’intérêt général, nos donateurs privés bénéficient de 66 % de crédits d’impôts sur les dons, 60 % pour les entreprises. 

JFS: D'où proviennent vos financements?

YG: Nous ne demandons aucune participation aux accompagnés, souvent leur situation est si dégradée qu’ils n’ont plus le minimum vital. Il nous faut trouver des soutiens pour assurer la rémunération de nos salariés, l’indemnisation des frais kilométriques, la formation de nos équipes et un minimum de moyens et outils de communication.

Nous bénéficions de l’aide du Conseil Régional, des départements de la Gironde et de la Dordogne, des Mutualités Sociales Agricoles de Gironde, Dordogne et Lot-et-`Garonne , de l’agence régionale de santé (ARS), de trois collectivités locales dont la communauté d’agglomération d’Agen.

Cela ne suffit pas à couvrir nos charges et la tendance est à une baisse des soutiens publics, nous développons l’appel aux dons via la plateforme Helloasso :

https://www.helloasso.com/associations/solidarite-paysans-aquitaine

ou par chèque au siège de notre association :

"Solidarité Paysans Aquitaine"

 2 bis rue du 8 mai 1945

33540 Sauveterre de Guyenne.

Tous les dons bénéficient du crédit d’impôt.

Ces soutiens sont indispensables à la poursuite de notre action en faveur des plus démunis du monde agricole.

JFS: Quel bilan et quel avenir pour l'association dont vous êtes le trésorier ?

YG: "Solidarité Paysans Aquitaine" est récente en Lot et Garonne. Quinze familles sont suivies. Six bénévoles actifs interviennent sur le département et les départements limitrophes. On constate, depuis début 2022, une forte augmentation des appels Aquitains. Ils ont plus que doublé par rapport à la moyenne des dix dernières années. Les situations sont plus complexes, plus dégradées. Ils concernent tous types de productions et de tailles de ferme. Au-delà des aspects techniques et financiers, le plus important, c’est l’humain. Ce sont des familles en souffrance, on n’est jamais à l’abri du drame. Plus de trois cents suicides d'agriculteurs sont identifiés chaque année en France.

Nous sommes les seuls à intervenir totalement gratuitement mais surtout notre intervention prend d’abord en compte les personnes. Nous ne sommes pas là pour juger. Nous sommes d’abord là pour écouter, nouer le dialogue. Notre présence, en tant que bénévoles agriculteurs retraités ou actifs, facilite l’échange, la mise en confiance. Le seul fait de pouvoir exprimer ses problèmes peut aider chacun dans un couple à mieux comprendre l’autre, à lever des non dits. Éclaircir la situation c’est aller à la découverte de solutions.

Appelés assez tôt les espoirs de redressement sont importants. Appelés trop tard c’est beaucoup plus compliqué au plan économique mais il reste au moins la possibilité de préserver l’humain et l’aider à s’en sortir dignement.

C’est un engagement très motivant où la seule bonne volonté ne suffit pas, raison pour laquelle, nous mettons en place un important programme de formations.

Nous avons besoin de nouveaux bénévoles du monde agricole et pas seulement. Nous recherchons des personnes ayant une bonne maîtrise comptable, des aptitudes à nous aider en matière de communication.

N’hésitez pas à parler de nous, à nous faire connaître. Pour ceux qui seraient concernés, n’hésitez pas à nous appeler, mieux vaut trop tôt même s’il n’est jamais trop tard.

JFS: Merci d'avoir répondu à nos questions.

YG: Merci de nous les avoir posées. :-)

 

Propos recueillis par Jean-François Sadys

 

 

Pour joindre "Solidarité Paysans Aquitaine":

 

solidarite.paysans.aquitaine@orange.fr

 

Tel : 06 59 08 57 39 et 07 68 47 88 30

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