CH: Au Plantey sur la commune de Labastide Castel Amouroux. Lot-et-Garonne. En gascon « Plantey » désigne le lieu où l’on plante.
JF:Que produisez-vous?
CH: Je produis des légumes bio de saisons en plein champ et au sein de deux serres froides pour l’hiver et le printemps.
JF:Sur quelle surface?
CH: 3000 m2 en plein sol et 230 m2 sous serre.
JF:Organisée comment?
CH: Mes jardins sont divisés en parcelles. Un verger qui produit des fruits pour la première année: pommes, poires, brugnons, pêches, coings pour notre consommation personnelle car les arbres sont encore jeunes.
Le jardin est situé sur un coteau argilo-calcaire. A l’intérieur du verger sont installées des buttes en lasagnes que je greline (1) . La production est très diversifiée: légumes annuels et perpétuels: fenouil, ail, artichaut, topinambour, oseille, sauge, thym….
Un autre jardin d’une surface de 2000 m2 pour la culture des pommes de terre, des haricots, des poireaux, des patates douces, des courgettes se situe en amont du coteau, en lisière d’une haie champêtre. Huit buttes permanentes entourant une mare sont réservées à la production de légumes perpétuels et de petits fruits. En son centre une petite serre de 230 m2 abrite les cultures de printemps et les pommes de terre nouvelles. Elle est entourée d’artichauts Macau. Tous ces légumes sont parsemés de fleurs comestibles ou répulsives pour lutter contre certains parasites. Le tout cultivé en rotation et association de cultures.
JF:Sur quels principes?
CH: Mes techniques culturales s’appuient sur les principes de l’agriculture paysanne et de l’agroécologie.
JF: Quel regard portez-vous sur l'année 2024?
CH: 2024 a été une année maraichère très pluvieuse. L’implantation des légumes d’été a été très tardive et a demandé plus de temps de travail nécessitant une adaptabilité quasi quotidienne. 2024 a aussi été marqué par la colère de nombreux agriculteurs qui revendiquent une baisse du prix des carburants, un retour de l’autorisation des pesticides et le maintien du glyphosate qui n’aurait aucune alternative. (???) L’arrêt des monocultures et du labour ne seraient-ils pas le salut de l’avenir?
JF: Quelle politique agricole souhaitez-vous pour notre pays dans les années à venir?
CH: Je souhaite une politique agricole qui maintienne une agriculture paysanne. Je souhaite que la PAC ne soit pas considérée comme le seul revenu d’un agriculteur. Je souhaite que la biodiversité et l’agriculture bio soient les piliers de notre agriculture, de notre santé et de celle de la planète.
JF: De quels syndicats agricoles vous sentez-vous proche?
CH: De la Confédération paysanne dont je serai candidate aux prochaines élections professionnelles en Lot-et-Garonne.
JF: Comment voyez-vous l’avenir?
CH: L’avenir sera celui de tous les citoyens en faveur du respect du vivant tant sur le plan politique qu’économique et social où chacun puisse intégrer un de ces plans afin d’en être le garant, d’être un lanceur d’alerte, un initiateur d’idées nouvelles. Ce qui implique que notre démocratie soit participative et respecte les minorités.
CH: On peut me rencontrer sur le marché de Casteljaloux le samedi matin et à la ferme du « Plantey » 47 250 Labastide Castel Amouroux le mardi soir pour la vente des paniers de légumes commandés.
Il nous arrive d’entendre cette formule : nos politiques ne sont pas à la hauteur. C’est évident dans le cas de l’écologie, puisque rien ou si peu n’est fait par le gouvernement pour enrayer la machine infernale. Mais sa responsabilité, tout comme celle des multinationales et du fameux 1 %, n’est (presque) plus à prouver.
Clément Sénéchal s’attelle ici à comprendre les autres causes, plus discrètes, qui conduisent l’écologie politique à l’échec : celles qui s’enracinent dans son propre camp. Structurellement, l’écologie, fruit de l’environnementalisme, s’est constituée comme une cause des élites. Dès les années 1970, ses militants, les ONG et certains politiques ont fait d’elle un objet de lutte pour privilégiés, morcelable, négociable et, surtout, profitable. Et, ce faisant, ils et elles ont réduit la lutte à une mise en scène, une morale abstraite, éloignée des citoyens et des citoyennes.
Ces acteurs de l’écologie B.C.B.G., s’ils ne cessent de marteler les constats scientifiques, se montrent nettement moins diserts sur leur propre échec. Pour construire les victoires de demain, il est pourtant nécessaire de regarder les impasses de cette « écologie du spectacle » bien en face. Un essai fort, qui pose enfin des mots sur une évidence politique.
Diplômé de sociologie et de philosophie politiques, expert des enjeux climatiques, Clément Sénéchal a été porte-parole dans une grande ONG environnementale pendant plusieurs années.
Voici le contenu du livre:
Introduction
PARTIE 1 : L'environnementalisme moderne : naissance d'un spectacle
Chapitre 1 – Mythologie d’un échec
Chapitre 2 – Baleines grandeur nature
Chapitre 3 – L’arche des bobos
PARTIE 2 : L’environnementalisme contemporain, ou l’impuissance organisée
Chapitre 4 – L’écologie contre elle-même
Chapitre 5 – Les écocitoyens face aux insurgés
Chapitre 6 – Le monde d’après pour plus tard
Chapitre 7 – Dilettantisme électoral
PARTIE 3 : La mort de l’environnementalisme
Chapitre 8 – La stratégie perdante de la transition
Chapitre 9 – Les nouveaux victorieux
Le CCFD Terre Solidaire du Lot-et-Garonne nous invite à assister à la projection du film "Bienveillance paysanne" au cinéma l'Odyssée de Casteljaloux le Jeudi 14 novembre 2024 à 20h30.
Ce film est un bel hommage au métier de paysanne et de paysan. L’intention de ce documentaire est de promouvoir une agriculture plus respectueuse de l’environnement, des bêtes et des humains. Circuits courts, agroforesterie, passage en bio, agriculture durable, sont les thématiques abordées. Le message est positif et laisse entendre qu’il est possible de produire différemment.
En fin de projection des bénévoles du CCFD Terre Solidaire et de l'ONG AVSF nous inviteront à échanger nos impressions sur ce film et sur les thèmes abordés dans ce documentaire.
Francis Macary sera présent parmi nous. Il est Ingénieur agronome. Il est également correspondant régional Nouvelle-Aquitaine pour l’ONG AVSF (Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières,) laquelle œuvre depuis un demi-siècle dans 22 pays en Asie, Afrique, Amérique latine et centrale, pour le soutien de l’agriculture paysanne et le respect du droit des paysannes-paysans sur leurs terres.
Il répondra à nos questions.
Nous terminerons notre rencontre par des soupes partagées.
"L'Histoire est aujourd'hui révisée et inventée par des personnes qui ne veulent pas du vrai passé mais seulement d'un passé qui leur convient."
Citation d'Eric Hobsbawm faite par Benoît Bréville dans son article "Le Grand court-circuit" publié dans le supplément du Monde Diplomatique qui a pour tire "Manuel d'autodéfense intellectuelle".
Voici un extrait de cet article:
"Dans cette bataille pour façonner le débat autour d'un récit conforme à leurs intérêts, ceux qui détiennent les grands moyens de communication disposent d'un arsenal redoutable. Parce que leur principal pouvoir consiste à cadrer l'espace des discussions les médias s'emploient à maintenir "hors cadre" certaines pages succeptibles de ternir l'image des démocraties libérales.
Qui se souvient en Occident de la réticence des Etats-Unis à combattre le nazisme? De la responsabilité de Churchill dans la famine au Bengale, trois millions de morts? Du massacre de centaines de milliers de communistes en Indonésie avec l'aval de Paris et de Washington? Du soutien frénétique des milieux libéraux à la dictature d'Auguste Pinochet? De celui de Jules Ferry à l'écrasement de la Commune?
Benoît Bréville cite Marc Ferro:
"La société impose souvent des silences à l'Histoire et ces silences sont autant l'Histoire que l'Histoire."