Prendre le temps

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« Je vais prendre le temps de poser mon regard sur les choses de tous les jours et les voir autrement. Ces choses que chaque matin je croise sans voir. Toutes ces choses familières que je côtoie à longueur de jour, de mois, d’année.

Je vais prendre le temps de voir l’étrangeté des arbres, ceux de mon jardin, ceux du parc voisin qui, le crépuscule venu, bruissent de mystère.

Je vais prendre le temps de poser mon regard sur les êtres que j’aime, de regarder autrement les miens, celles et ceux qui me sont le plus proches et que, parfois, je ne vois même plus, je n’entends plus. Tant le souci de mes affaires, de mon travail parasite mon cœur et mon corps.

Oui je vais prendre le temps de les découvrir, de me laisser surprendre encore et toujours par ceux que j’aime. 

Oui je vais prendre le temps de Te rencontrer aussi, Toi mon Dieu, au-delà des mots, des formules et des habitudes.

Oui je vais aller à Ta rencontre comme au désert et Tu me surprendras mon Dieu. 

Oui je vais prendre le temps de Te rencontrer autrement. 

On peut retrouver ses soucis au bout du monde et les perdre au pas de sa porte. 

Les vacances, c’est laisser sa terre en jachère, en repos, pour se préparer aux grands labours d’automne. Ainsi soit-il. »

Père Robert Riber (1935-2013)

La faucheuse

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La faucheuse est passée et je vais récolter ce que j’ai semé.

C’est une histoire comme y en a des milliers mais c’est aussi la mienne et je vais vous la raconter.

Nous sommes une fratrie de 4 enfants, une fille et 3 garçons, dont les prénoms commencent tous par la lettre V et c’est ma fierté.

Nos parents c’est dans les fleurs qu’ils ont fait leur métier et je comptais leur succéder.

Ils n’étaient pas aisés mais on partait en vacances tous les étés.

Ils nous ont appris le respect la confiance le travail et la fierté.

Les études n’étaient pas notre tasse de thé mais il fallait apprendre un métier.

J’ai choisi le paysage et l’élagage.

J’avais 20 ans et lorsque j’ai vu la machine se retourner sur moi j’ai compris que pour les miens c’est le ciel qui allait s’écrouler.

La faucheuse est passée et je vais récolter ce que j’ai semé

Les amis ne pleurez pas je suis là.

La mort n’existe pas.

Je vous soutiens de mes mains.

Je vous serre dans mes bras.

Vous ne me voyez pas et ne m’entendez pas.

Papi vient vers moi, il est parti 5 ans avant, je suis rassuré.

Il m’emmène dans une pièce où des gens parlent et rient, il me dit

C’est ta famille.

Je suis fatigué, je me repose et papi se retire; il revient peu de temps après avec mamie partie 8 jours après moi.

Un nouveau coup dur pour les miens

La faucheuse est passée et je vais récolter ce que j’ai semé.

Une personne en blanc se présente à moi et je suis ébloui.

Elle me passe le film de ma vie.

Il y a des choses dont je ne suis pas fier et c’est par ça qu’elle va commencer.

Elle ne me reproche rien et je suis là avec mes regrets.

Puis elle me sourit et me passe d’autres films plus à mon avantage.

J’ai toujours aidé mes amis et su aimer parents et amis

Elle s’écarte et me fait signe d’avancer et me dit j’ai des projets pour toi.

Alors c’est donc ça il suffit d’aimer son prochain sa famille.

Toutes les religions nous le disaient et on n’avait pas percuté.

Aimer c’est s’assurer un destin vers l’au-delà.

La faucheuse est passée et je vais récolter ce que j’ai semé.

Aujourd’hui je me fais un devoir de veiller sur les miens jusqu’à ce que la faucheuse me les emmène et je serai là pour les accueillir.

Ici le temps n’existe pas et la souffrance non plus.

Une chose est sûre notre destin de l’au-de là sera le reflet de nos actes de notre vivant.

Cette histoire vous l’avez aimé ou bien détesté, peu importe, je veux croire que l’au-delà ressemble à ce que je vous ai raconté et c’est pour nous parents endeuillés une thérapie: il vaut mieux chanter que pleurer notre enfant disparu.

Patrick et Chantal Gaubant parents de Vincent (1999/2021).

Point de vue Juin 2024

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Une fois de plus Mathilde est scandalisée. Un ancien champion devenu chanteur qui vante les qualités d'un slip, un vieux crooner à la vue basse qui s'affiche pour une pub de lunettes, une star de cinéma sur le retour qui fait la promotion d'un emprunt bancaire... Sans parler des mêmes et d'autres de leurs collègues qui affichent leurs opinions politiques à la veille de chaque consultation électorale. Lorsque son acteur préférée a dévoilé la couleur de son bulletin de vote, pourtant le même que le sien, il a cessé de l'intéresser.

A l'inverse, nous assistons de plus en plus à la politique spectacle. Le show biz envahit notre démocratie jusqu'à la première dame qui est au moins autant une star des médias avec toutes les dimensions people et jet set que cela entraîne.. Et son président de mari ne lui cède rien en ce domaine. Le paraître envahit tout. Sans parler du sport. Tous les ados des banlieues et d'ailleurs n'ont comme plan de carrière que de devenir un jour footballeur. Pas pour le sport. Non. Pour l'argent. 

France, ta démocratie et ta morale foutent le camp. Comment avec ça apprendre à nos enfants le goût de l'effort, de l'étude et la fierté du travail bien fait?

On a glissé de l'esprit d'appartenance à un destin commun, d'un "Tous pour un, un pour tous" vers un individualisme forcené. "Tout pour moi, rien pour les autres". Que faire  pour sonner le réveil de cette fascination du "toujours plus" avant de tomber dans l'abîme? Je ne sais pas. Alors on aimerait croire en Dieu et s'en remettre à lui.

Source: "Le petit journal de Lot-et-Garonne" du mercredi 19 au mardi 25 juin 2024, N° 998 en page 2

La machine à cauchemars

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"La peinture de Goya nous apprend que les monstres sont partout. Ils se tapissent parmi les inquisiteurs, les militaires, les sorcières, les vieilles croyances ou les modernes espérances; dans le rire, dans les paroles de chansons, dans les fêtes, sous la lune et en plein jour.  La peinture de Goya nous apprend que, quoi qu'il arrive, l'humanité produit et produira du monstrueux, qu'elle est une machine à cauchemars. C'est effrayant, mais la peinture de Goya nous apprend aussi à l'admettre, à nous montrer lucides sur notre part d'ombre. (...) Dans sa plus célèbre gravure, Goya dessine un homme accablé à son secrétaire, assailli par des rapaces nocturnes. L'estampe est titrée en espagnol "El sueño de la gazon produce monstruos". Le terme "sueño" est ambivalent. Il peut vouloir dire que le sommeil de la raison engendre des monstres (...). Mais "sueño" peut aussi vouloir dire que le rêve de la raison engendre des monstres."

Source: "Les yeux de Mona" de Thomas Schlesser chez Albin Michel pages 168/169.

Henri Gougaud

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"Les larmes sont la pluie de l'âme. Elles lavent toutes les crasses. "

Henri Gougaud

Voir sur https://citations.ouest-france.fr/citation-henri-gougaud/larmes-sont-pluie-ame-lavent-110422.html

Henri Gougaud, né en 1936 à Carcassonne, est un écrivain, un poète, un conteur et un chanteur français mais aussi occitan. Né d'un père cheminot et d'une mère institutrice, Henri Gougaud prépare une licence de lettres à Toulouse. En 1962, il monte à Paris, au bout de six mois il est engagé à La Colombe où il chante ses propres textes. Il est notamment parolier pour Juliette Gréco, Jean Ferrat et Marc Ogeret. Producteur de radio, romancier et conteur, il dirige également les collections La Mémoire des sources et Contes des sages aux éditions du Seuil. (Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Henri Gougaud de Wikipédia en français).

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