Christiane Singer est né en 1943 à Marseille. Elle meurt à Vienne en 2007. Elle a écrit une vingtaine de livres en Français. Elle est reconnue comme une personne de sensibilité chrétienne attachant de l'importance à la recherche d'une vie spirituelle intérieure.
En 2006, elle apprend de son médecin qu'il lui reste six mois à vivre. Elle a un cancer qui se soigne, s'accompagne mais ne se guérit pas. Elle va durant cette période écrire le journal de sa fin de vie publié sous le titre "Derniers fragments d'un long voyage". Elle meurt à 64 ans.
Voici un extrait de son livre "Où cours-tu? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi?":
"Il est difficile au milieu du brouhaha de notre "civilisation" qui a le vide et le silence en horreur d'entendre la petite phrase qui, à elle seule, peut faire basculer une vie: "Où cours-tu?" De mode en mode, de nouveauté en nouveauté, d'innovation en innovation, de catastrophe du jour en catastrophe du jour - "Rien n'est plus vieux que le journal d'hier" (Paul Valéry) - nous voilà fouettés en avant comme des cerceaux! Slogans, rythmes, musiques de fond, logorrhée sournoise d'une radio toujours branchée, cris, appels nous incitant à courir plus vite, à laisser derrière nous les tombereaux de déchets, d'immondices que nous produisons sans répit. Sans projet de civilisation, sans vision, nous ne faisons qu'amplifier la sono et foncer. (...) En courant l'homme moderne tente d'esquiver la légion des fantômes.(...) Il est essentiel de prendre soin de ce ciel qui est en nous, invisible aux autres, de ce sanctuaire qui la vie nous a édifié et que peuplent tous les intercesseurs, les messagers, ceux qui, de façon multiple, nous ont inspirés, conduits vers le meilleur de nous-mêmes. (...) L'esprit ne nous rencontre jamais sous cellophane. Il a toujours un visage, un son de voix, un nom, une odeur. Il passe de regard en regard, de sourire en sourire."
Pages 9/10 de "Où cours-tu? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi?" de Christiane Singer, collection "Le livre de poche". ISBN 978-2-253-15595-9. Prix: 7,70 €.
Voici quelques titres de ses ouvrages: "Les cahiers d'une hypocrite", "Eloge du mariage, de l'engagement et autres folies", “La guerre des filles”, “La mort viennoise”, "N'oublie pas les chevaux écumants du passé", “Les sept nuits de la reine”, "Seul ce qui brûle".
Citations:
"La vraie liberté c'est de pouvoir toute chose sur soi". (Montaigne)
"Un beau soir l'avenir s'appelle le passé. C'est alors qu'on se tourne et qu'on voit sa jeunesse." (Aragon)
"La mort , ce serait un rêve si, de temps en temps, on pouvait ouvrir un oeil. " (Jules Renard)
"L'amour nous rend vulnérable et fragile" (Grand Corps Malade)
Le Coureau, Lot-et-Garonne, photo Michel Queyreur.
Ce soir-là, je téléphonais à un de mes cousins et amis et je sentais que je le dérangeais mais qu'il n'osait pas me le dire .
-« Où es-tu ?, qu'est-ce que tu fais ? »
-« Je suis au restaurant et je mange une brrrrouillade de truffes »
Comme nous sommes de Narbonne, il roule les rr .
La brouillade de truffes est un plat très savoureux qui ne peut pas attendre
-« Bises, je te rappelle plus tard »
A d'autres moments, il aurait été très content d 'entendre ma voix mais là ce n'était pas le moment, ce n'était pas le lieu.
Cette anecdote nous est restée accompagnée d'un grand éclat de rire .
….....
Un soir de printemps où le jardin embaume de vie et d'espoirs, juste avant de me coucher, je vais fermer mon ordinateur pour la nuit.
Un message apparaît : Le responsable des Restos du Cœur nous annonce le. décès de l'un d'entre nous, un des bénévoles les plus jeunes toujours prêt à plaisanter avec tous, mort subite.
Cette triste nouvelle m'aurait seulement fait de la peine si je l'avais apprise à un autre moment.
Par contre, je n'en ai pas dormi de la nuit et ma journée du lendemain a été gachée
De la même manière, la télé déverse ses tombereaux de catastrophes tous les soirs, souvent pendant le repas.
Triple nuisance : le moral des téléspectateurs en berne, le repas plus ou moins gâché, et l'impossibilité pour les convives d'échanger ce qu'ils ont sur le cœur.
Manger en silence peut être un répit , un moment accordé à la communication avec soi-même.
A l'abbaye du Rivet nous mangions parfois en silence, j'y passais quelques jours de repos. Aucun moyen moderne de communication.
Pour remercier les sœurs, je suis allée acheter des fleurs pour la chapelle à la ville la plus proche.Au monastère du Rivet, la plupart des visages reflétaient le calme,la sérénité . En ville les habitants avaient des visages tendus, anxieux . A voir la mine triste des habitants, j'ai cru qu'une catastrophe que j'ignorais était arrivée dans cette ville.
Pas du tout,
ils portaient seulement sur leurs visages tous les malheurs du monde qu'ils avaient vus à la télé, et
c'était il y a quelques années.
Le monde de la communication a encore beaucoup évolué, pour ne pas en être victime, il nous faut vraiment « un supplément d'âme » et beaucoup de silence.
Marie-Christine Queyreur
Tableau de Jérôme Bosch, "L'Enfer".
Et surtout pourquoi Dieu n'intervient pas quand le mal est horrible, insupportable ?
Ces deux questions les hommes se la posent probablement depuis la nuit des temps à chaque catastrophe effroyable, à chaque guerre effroyable, à chaque révolution meurtrière, à chaque attentat, à chaque crime.
Voltaire y a répondu d'une manière simple: "Ce qui excuse Dieu c'est qu'il n'existe probablement pas". Il y a des personnes qui sont convaincus que Dieu n'a pas créé l'homme mais que l'homme a créé Dieu.
En vieillissant je trouve que ce qui excuse Dieu c'est qu'il n'existe pas dans le coeur de beaucoup d'humains et pire parfois: quand il s'y trouve il sert à justifier des comportements inhumains.
Comment le mal ? Ou comment le mal fait mal ?
Quand est-ce que l'homme se pose la question du mal et de Dieu qui ne ferait rien contre le mal?
C'est surtout quand le mal arrive que l'homme fait appel à Dieu. Il fait appel pour être consolé du mal.
Quand tout va bien, on oublie souvent d'appeler Dieu.
Dieu nous laisse libre de l'appeler et lui de répondre si nous l'appelons.
Nous pouvons l'appeler pour nous empêcher de faire le mal ou s'il est fait, pour nous consoler du mal.
Saint Paul a écrit : « Je ne comprends rien à ce que je fais : ce que je veux, je ne le fais pas et le mal que je ne veux pas, je le fais. (...) Vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l'accomplir, puisque le bien que je veux, je ne le fais pas et le mal que je ne veux pas, je le fais » (Romains 7,15.18-19).
Saint Augustin a écrit: : « Quand on en vient aux peines des enfants, je
suis, je l'avoue, dans un grand embarras et je ne sais que répondre. Ne sont-
ils pas abattus par les maladies, déchirés par les douleurs, torturés par la faim
et la soif, affaiblis dans leurs membres, privés de l'usage de leurs sens, tour-
mentés par les esprits immondes ? Dieu est bon, Dieu est juste, Dieu est tout-
puissant, nous n'en pouvons douter sans folie, mais qu'on nous dise alors pour
quel juste motif les enfants sont condamnés à souffrir tant de maux. »
Citations:
"Ce qui commence mal finit mal." (Euripide)
"On ne guérit pas le mal par le mal." (Hérodote)
"Si le mal répond au mal quand s'arrêtera le mal?" (Anonyme)
"A force du mal tout ira bien." (Proverbe français)