Vivre, aimer, s'émerveiller

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"Il est possible que le monde moderne soit une sorte d'entreprise anonyme de destruction de nos forces vitales - sous le prétexte de les exalter. Il détruit notre capacité à être attentif, rêveur, lent, amoureux, notre capacité à faire des gestes gratuits, des gestes que nous ne comprenons pas. Il est possible que ce monde moderne, que nous avons fait surgir et qui nous échappe de plus en plus, soit une sorte de machine de guerre impavide. Les livres, la poésie, certaines musiques peuvent nous ramener à nous-mêmes, nous redonner des forces pour lutter contre cette forme d'éparpillement. La méditation, la simplicité, la vie ordinaire : voilà qui donne des forces pour résister. Le grand mot est celui-là : résister. ''
"l'art de vivre consiste à garder intact le sentiment de la vie et à ne jamais déserter le point d'émerveillement et de sidération qui seul permet à l'âme de voir".

Christian Bobin

 

Paysan de Dieu

Rédigé par yalla castel - - 1 commentaire

"Paysan de Dieu" est un livre que je n'ai pas lu. Il m'a été conseillé par un paroissien de Notre Dame de l'Avance. (Lot-et-Garonne). Voici ce qu'écrit la maison d'édition Albin Michel qui l'a publié:

"François Cassingena-Trévedy, retiré au cœur de l’Auvergne après des décennies de vie monacale en abbayes bénédictines, nous livre ici un journal de bord singulier, rythmé autant par "les  travaux et les jours " d’un peuple de hautes terres – celui du plateau du Cézallier dans le Cantal – que par la succession des fêtes de l’année liturgique. 

Au fil des pages, le lecteur comprend qu’il y a ici adéquation, sinon équivalence, entre le temps ordinaire des tâches les plus humbles, soumises aux aléas des saisons et des bêtes, et le temps liturgique qui élève l’âme par ses rites et ses chants. L’étable apparait alors "aussi sacrée que l’église", la traite devient un "exercice cultuel", et la bouse "la matière d’un poème"

Aucune provocation dans ces formules surprenantes, seulement le vécu d’un moine qui a choisi de s’engager dans la condition paysanne, comme jadis la philosophe Simone Weil avait voulu embrasser la condition ouvrière. Ce faisant, il participe par son écriture poétique à la promotion d’un monde rural aujourd’hui éprouvé, et à la réhabilitation du nom de "paysan" qu’il va jusqu’à attribuer à ce "Dieu caché" auquel il destine quotidiennement ses mélodies grégoriennes."

Pour celles et ceux qui peuvent se connecter sur internet il est possible de voir et d'écouter frère François Cassingena-Trévedy sur You tube en version courte sur le lien suivant:

https://www.youtube.com/watch?v=YeLFWu86w4s

En version plus longue sur le lien suivant:

https://www.youtube.com/watch?v=kSoAT0YBfiY

 

Parlons Histoire.

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

"Le Monde diplomatique" vient de publier un numéro spécial qui a pour titre "Manuel d'autodéfense intellectuelle, Histoire". ( Format 20 x 27 cm – Nombre de pages : 132. Prix 14 €)

Voici la présentation qui nous en est faite sur le site internet du journal:

À propos de cette revue voici la présentation qui en est faite:

Occulter, récrire, glorifier, diaboliser ou même inventer, mentir : omniprésente dans le débat public, l’histoire est la proie de toutes les manipulations. On lui fait justifier des guerres, disqualifier des adversaires, souder des identités collectives… Pour combattre ces instrumentalisations, Le Monde diplomatique publie un Manuel d’autodéfense intellectuelle qui s’attaque aux grandes idées reçues sur le passé en nourrissant une ambition à la fois vaste et simple : connecter le désir de savoir avec les outils de la connaissance utilisés par les chercheurs.

 

Voici quelques titres d'articles:


. « Churchill, soldat de la liberté »

. « La gauche adore les islamistes »

. « Le peuple a élu Hitler »

. « L’Occident défend les droits humains »

. « Antisionisme = antisémitisme »

. « Faire l’Europe, c’est faire la paix »

. « L’extrême droite, rempart contre le terrorisme »

. « Si les ricains n’étaient pas là, vous seriez tous en Germanie »

« Les sanctions, ça marche »

Cette revue est faite aussi de cartes, d'encadrés thématiques, de documents d’archives, de bêtisiers.

Il y des "démontages" de textes, d’images, de cartes.

Ce numéro spécial du Monde diplomatique est une boîte à outils pour apprendre à porter un regard critique sur les références au passé. 

  

Lu sur Facebook hier matin

Rédigé par yalla castel - - 2 commentaires

Christophe Clavé a dit un jour :

 

La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple, imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps.

La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de l’expression.

 

Supprimer le mot «mademoiselle» est non seulement renoncer à l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une petite fille et une femme il n’y a rien.

 

Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée.

Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des mots sur les émotions.

Sans mot pour construire un raisonnement, la pensée complexe chère à Edgar Morin est entravée, rendue impossible.

 

Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.

L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges Orwell dans « 1984 » à Ray Bradbury dans « Fahrenheit 451 » qui ont relaté comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en réduisant et tordant le nombre et le sens des mots.

Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée sans mots.

Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du conditionnel ? Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur ? Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative, sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que ce qui pourrait advenir soit advenu ? Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd’hui, ce serait celui, adressé aux parents et aux enseignants : faites parler, lire et écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.

Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée. Parce que dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses «défauts», abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain. Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la pensée de la beauté.

 

Pour en savoir plus sur Christophe Clavé:

 

https://www.editions-pantheon.fr/rencontre-avec/christophe-clave/

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