Le site maitron-en-ligne reprend, parfois dans une version enrichie et avec de l’iconographie, la totalité des 225 709 notices publiées dans l’ensemble du Maitron version papier, y compris les volumes spécialisés et les cédéroms.
L’ensemble des notices correspondant aux cinq premières périodes du Maitron, de 1789 à 1968, y compris les notices inédites ou enrichies qui viendront s’y ajouter à l’avenir, sont en libre accès depuis le 5 décembre 2018.
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Le dimanche 29 mai 2005, les Français votaient «Non» au référendum sur le Traité constitutionnel européen (TCE). Il s'agit d'un événement capital dans l'Histoire de notre pays.
Normalien, agrégé de philosophie, Jean-Loup Bonnamy est spécialiste de géopolitique et de philosophie politique. Il vient de publier, avec Renaud Girard, Quand la psychose fait dérailler le monde (collection «Tracts», Gallimard, 3,90 €), où il critique le confinement, propose une stratégie sanitaire alternative, annonçait la seconde vague ainsi que la nécessité d'armer les hôpitaux pour y faire face.
Il faut d'abord remettre ce vote dans le contexte politique français. Trois ans plus tôt, au printemps 2002, le Président sortant Jacques Chirac est réélu. Contre toute attente, il n'a pas eu à affronter au second tour son Premier Ministre, le socialiste Lionel Jospin, mais le leader du Front National, Jean-Marie Le Pen. Or, à peine réélu, Jacques Chirac ne tire pas les leçons du fort vote lepéniste. Sur les conseils d'Alain Juppé, il décide de créer un parti unique à droite, l'UMP, en fusionnant le parti gaulliste (le RPR), le parti centriste (l'UDF, malgré le refus de François Bayrou) et le parti libéral (Démocratie libérale, d'Alain Madelin). En faisant cela, il coupa encore un peu plus son mouvement de ses racines gaullistes et de son ancrage populaire. Bien loin de renforcer la droite, cette fusion l'a considérablement affaiblie sur le long terme. De plus, alors que le vote lepéniste exprimait une demande de frontières, de souveraineté et d'autorité, le Président nomme à Matignon Jean-Pierre Raffarin, un libéral, adepte de la communication, qui préfère une « gouvernance » aseptisée au souffle de l'Histoire et que Les Guignols de l'Info surnomment « El Gringo » en raison de son passé de commercial pour une grande marque de café. Installé à Matignon, Raffarin montre qu'il ne sera pas un Premier Ministre social en refusant le traditionnel « coup de pouce » donné au SMIC. Très vite, Raffarin s'enlise et est éclipsé par deux membres de son Gouvernement, « les fauves » (pour reprendre le titre du film que Patrick Rotman a consacré à leur rivalité) : le Ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, et le Ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin. Omniprésent, hyper-médiatique, dynamique, en rébellion contre Jacques Chirac, Sarkozy mène la guerre contre l'insécurité, multipliant les déplacements sur le terrain et les formules choc (dont le fameux « karcher »). Flamboyant, lyrique, épique, passionné de géopolitique et de poésie, biographe de Napoléon, chiraquien convaincu, Villepin se fait applaudir à la tribune de l'ONU pour son opposition à la Guerre en Irak voulue par les États-Unis.
"Coupe du Monde de football en Russie, en 2018. Jeux Olympiques d’Hiver en Chine, en 2022. Coupe du Monde de football au Qatar dans six semaines. Pour compléter le quarté magnifique, et alors que les initiatives de boycott se multiplient face à un événement qui piétine autant les droits humains qu’il méprise les défis écologiques, voilà que l’on annonce l’attribution des Jeux Asiatiques d’Hiver de 2029… à l’Arabie Saoudite. Non contents de se dérouler dans un pays dont le régime foule au pied les droits des femmes et assassinent ses opposants, ces jeux d’hiver se dérouleront au bord de la Mer Rouge. Après la climatisation des stades, l’enneigement du désert, le bras d’honneur est d’ampleur et il est assumé."
La télé ce n’est pas que cela mais c’est aussi cela:
« La télévision, média de la superficialité par excellence, est une grande productrice de ces débats simplificateurs et stériles. Elle participe à la diffusion, dans la société, d’un mode de fonctionnement binaire dévastateur qui constitue le meilleur moyen d’éviter toute structuration et tout développement de la pensée. Ce fonctionnement est une extraordinaire machine à abêtir. »
Vincent Cheynet – né en 1966 – Le choc de la décroissance, 2008, page 187
Autres morceaux choisis:
« Dans leur volonté de « forger l’opinion », nos responsables politiques se croient en effet obligés de répondre par une intervention médiatique à chaque fait divers qui suscite l’émotion populaire. Dans un accord presque parfait avec les grands médias (pour qui c’est sans doute de l’audimat assuré), ils prennent position sur tout et n’hésitent pas à crédibiliser leurs interventions et les mesures qu’ils sont amenés à proposer avec une surenchère de chiffres, utilisés le plus souvent hors du contexte dans lequel ils ont été produits. »
Lorraine Data – Le grand trucage, 2009, page 174
« Les mass media qui nous conditionnent, loin d’élargir les perspectives, les ont rétrécies ou fermées. »
Maurice Genevoix – 1890-1980 – Bestiaire sans oubli, 1971
« Le gros appareil médiatique -surtout audiovisuel et numérique-, sans cervelle ni pilote, n’a plus rien à voir avec le journalisme. Combien de potins, de ragots, de « buzz » aussi stupides les uns que les autres (…) ? Combien de supputations sans lendemain et de rumeurs sans autre intérêt que d’alimenter un bruit de fond ? »
Jean-Claude Guillebaud – né en 1944 – écrivain, essayiste et journaliste français
« Les médias adorent relayer ces grandes causes associant tout et chacun sans déranger rien ni personne. Le consensus « humanitaire » a la même utilité que les « débats » entre journalistes. Ils brassent du vent pour détourner l’orage. »
Serge Halimi – Né en 1955 – Les nouveaux chiens de garde, 2005, page 14