Réparer les vivants: quand la mort devient source de vie.

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

Simon Limbres avait 17 ans lorsque c'est arrivé. Il était un adolescent comme les autres, l'accident l'a rendu différent. Au petit matin il était parti accompagné de ses deux amis Chris et Johan, sans savoir qu'il ne reviendrait jamais : que ce jour là, ce matin là serait le dernier.

Épuisés par leur escapade nocturne, les trois surfeurs rentrent après leur session bercés par le bruit des vagues au loin. Leurs paupières sont lourdes : incontrôlable sensation de fatigue et puis... l'accident surgit de nulle part.

Ils étaient trois, mais la mort a décidé de n'emporter que lui. Simon n'était pas attaché, elle l'a choisi, il ne se réveillera pas.

Une incommensurable sensation de frissons acharnés s'empare de nos corps du début jusqu'à la fin du film. Durant 104 minutes nous comprenons que la vie est un leurre. Nous saisissons à quel point nous n'avons aucun contrôle sur notre destinée. Juste un instant d’inattention et tout disparaît : pas de seconde chance, la vie bascule et nous échappe sans la moindre culpabilité. Alors notre corps est délaissé, abandonné.

Simon est l'incarnation même de cette injustice pourtant si réelle sur laquelle nous n'avons aucune emprise.

Plus que la mort d'un individu, c'est l’effondrement de tout un entourage auquel nous assistons. L'anéantissement intérieur des parents n'est que compassion ponctuée d'une douleur oppressante pour le public, impuissant devant la détresse physique et émotionnelle que dégagent ces êtres en peine. Alors nous ressentons au plus profond de nous-même un océan de tristesse déchiré par des vagues de sanglots déchaînées.

Simon s'est endormi, et dans sa nuit éternelle laisse un vide impossible à combler. Spectateur d'une acceptation des plus difficiles face au voyage sans fin de leur fils, nous assistons à une épreuve insoutenable pour les parents. Un sentiment affligeant nous soulève au dessus de nos sièges, nous emmenant à visiter la plus sombre des aventures.

Si ce film véhicule des sensations absolument éprouvantes, il n'en est pas moins envoûtant, le spectateur ne pouvant se détourner de ces personnages à l'humanité dévoilée par un déferlement d'émotions.

Ces passions douloureuses sont lissées par des métaphores qui les mettent en valeur à la perfection : pour chaque scène une façon de filmer adaptée. Chaque plans ont été soigneusement sélectionnés afin de mettre en exergue la beauté des sensations escomptées. Alors l'océan devient émotion, larme, et confusion. L’énergie qu'il dégage est celle qu'avait Simon, celle de la colère de ses parents, mais aussi celle de Claire qui se bat tous les jours pour rester en vie.

La douce mélodie du piano accompagne de la plus belle des façons ces vagues de poésie, animées par l'amour infini, le chagrin et la compassion.

Si la tristesse est dominante, la joie est aussi de la partie se mêlant parfaitement à son oxymore.

Dans ce film, la mort entraîne la vie et la vie entraîne la mort. Simon est parti à jamais, et dans sa fuite précipitée donne une chance absolue à Claire : celle de vivre. Le deuil est alors accessible à travers ce don, à travers cette « magie scientifique ».

Chaque personnage du film est important. Tous à leur façon ils incarnent un message de paix et d’espoir. Leur essence même n'est qu’apaisement émanent d'un altruisme sans limite.

 

« Réparer les vivants », c'est un bulle d'émotions fortes et humaines dans laquelle nous sommes plongés le temps d'une heure ou deux. Alors, nous ne sommes plus seulement spectateurs mais acteurs, mêlant nos propres sentiments avec ceux des personnages. Aujourd'hui, l’âme du film est nôtre tant nous sommes liés à cette histoire qui pourrait être vraie demain.

«Réparer les vivants » c'est simplement du grand art sans artifices : il vous transporte au premier regard et éveille en vous un semblant de réflexion.

Alice Gapail.

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