De l'enchaînement des peurs

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Il y a d'abord eu la peur de la grippe H1N1. Et un premier appel à une vaccination générale. Puis il y a eu la peur de la maladie de la vache folle et la crainte qu'elle se transmette aux humains. Il y a eu la peur de la grippe aviaire et la crainte qu'elle se transmette à l'homme. Il y a eu la peur du Covid qui n'a pas été une simple grippette. Il y a depuis quelques années maintenant la peur du grand remplacement, la peur de l'Islam. Au moment où j'écris ces lignes montent la peur d'être envahis, submergés par les migrants venus d'Afrique. La peur du réchauffement climatique gagne du terrain. Mon Dieu le ciel va finir par nous tomber sur la tête. Toutes ces peurs successives sont déprimantes, démoralisantes, déstabilisantes. Elles portent atteintes au tissu social, à notre intégrité mentale. Elles menacent nos modes de vie, de penser, d'aimer. (Ne parlons même pas de la guerre Ukraine-Russie.)

En antidote je propose ce qui suit:

PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX CORINTHIENS

"J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante.

J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien.

J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien.

L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ;

 il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ;

il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ;

il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout.

L’amour ne passera jamais. Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée.

En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles.

Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé.

Quand j’étais petit enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant.

Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu.

Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité."

Du livre de Ben Sira le Sage (27, 30 – 28, 7)

« Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis »

"Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur est passé maître. Celui qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur ; celui-ci tiendra un compte rigoureux de ses péchés. Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis. Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ? S’il n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses péchés à lui ? Lui qui est un pauvre mortel, il garde rancune ; qui donc lui pardonnera ses péchés ? Pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort, et demeure fidèle aux commandements. Pense aux commandements et ne garde pas de rancune envers le prochain, pense à l’Alliance du Très-Haut et sois indulgent pour qui ne sait pas."

 

Le mariage d'Agnès et Guillaume

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Le mariage de la pierre et du végétal dans la cour du château de Cantecor à Gaujac, 47.

Danièle et Pierre-Olivier Lafage ont été longtemps enseignants de l'Institution Sainte Marie de Casteljaloux. Ils sont décédés trop jeunes ainsi que leur fille Claire-Marie mais ils restent très présents dans nos coeurs et nos souvenirs. Agnès, leur seconde fille, et Guillaume se sont mariés à Montpouillan le samedi 9 septembre 2023. A l'occasion de leur mariage un texte de Kalil Gibran a été lu, un extrait du livre "Le Prophète". Cet auteur est né au Liban en 1883 et mort au USA en 1931. Il était chrétien, écrivain, poète et peintre. Le texte choisi par les jeunes mariés est un dialogue entre Altmitra, une jeune femme et le Prophète. Dans une première partie il y a des généralités sur l'Amour et dans la deuxième partie il est question de l'Amour dans un couple. Voici l'extrait lu ce jour-là aux invités présents:

Alors Almitra dit "Parle nous de l’Amour."

Et il leva la tête et posa son regard sur le peuple, et un silence tomba. Et d’une voix puissante, il dit:

Quand l’amour vous fait signe de le suivre, suivez-le,

Bien que ses chemins soient rudes et escarpés.

Et lorsqu’il vous étreint de ses ailes, abandonnez-vous,

Bien que l’épée cachée dans ses pennes puisse vous blesser.

Et quand il parle, croyez en lui,

Bien que sa voix puisse briser vos rêves, comme le vent du nord dévaste le jardin.

[...]

L’Amour ne donne rien que lui-même et il ne prend rien que de lui-même.

L’amour ne possède ni ne peut être possédé,

Car l’amour suffit à l’amour.

 

Si vous aimez, vous ne direz pas “Dieu est dans mon cœur”, mais plutôt “Je suis dans le cœur de Dieu”.

Et ne pensez pas que vous pourrez diriger le cours de l’amour car l’amour, s’il vous en trouve digne, dirigera vos cours.

 

L’amour n'a pour seul désir que s’accomplir.

 

Mais si vous aimez et que vous devez avoir des désirs, que vos désirs soient ceux-ci:

 

Fondre et couler comme un ruisseau qui chante sa mélodie à la nuit.

Connaître la douleur d’un trop plein de tendresse.

Etre blessé par votre propre idée de l’amour;

Et saigner de votre plein gré et avec joie.

Se réveiller à l’aube avec des ailes au coeur et des actions de grâce pour cette nouvelle journée d’amour;

Se reposer à l’heure de midi et méditer sur les transports amoureux;

Rentrer chez soi à la tombée du jour avec reconnaissance;

Et s’endormir alors avec une prière au cœur pour le bien-aimé et un chant de louanges sur les lèvres.

 

Alors Almitra parla de nouveau et demanda: "Qu’en est-il du Mariage, maître ? "

 

Et il répondit en disant:

 

Vous êtes nés ensemble et ensemble vous resterez à jamais.

Vous resterez ensemble quand les ailes blanches de la mort dissiperont vos jours;

Oui vous resterez ensemble  jusque dans la mémoire silencieuse de Dieu.

 

Mais laissez des espaces dans votre unité.

Et laissez les vents célestes danser entre vous.

 

Aimez-vous l’un l'autre, mais de l’amour ne faites pas des chaînes:

Qu’il soit plutôt une mer se mouvant entre les rives de vos âmes.

Remplissez vos coupes l’un  pour l’autre mais ne buvez pas dans une seule coupe.

Donnez  du pain l’un à l’autre mais ne mordez pas dans le même morceau.

Chantez et dansez ensemble, et soyez joyeux mais que chacun puisse être seul,

Comme sont seules les cordes du luth alors qu’elles vibrent d’une même musique.

Donnez vos coeurs, mais pas la garde l’un de l’autre.

Car seule la Vie peut contenir vos cœurs dans sa main.

Restez l’un avec l’autre, mais pas trop près l’un de l’autre:

Car les piliers du temple sont éloignés entre eux,

Et le chêne et le cyprès ne poussent pas dans l’ombre l’un de l’autre.

 

Khalil Gibran

VACANCES = NE RIEN FAIRE

Rédigé par yalla castel - - 1 commentaire

Vacances = ne rien faire. Si ce n'est lire, lire, lire et re-lire.

Suggestion de lecture: 

Christian Bobin est né le 24 avril 1951 au Creusot en Saône-et-Loire. Il est mort le 23 novembre 2022 à Chalon-sur-Saône, d'un cancer foudroyant. Il est enterré à Marciac dans le Gers. C'est un écrivain et poète français. Il se fait connaître du grand public en 1992 avec "Le Très-Bas", livre consacré à saint François d’Assise.

Voici des extraits des écrits de Christian Bobin.

"A quoi reconnaît-on les gens fatigués. A ce qu'ils font des choses sans arrêt. A ce qu'ils rendent impossible l'entrée en eux d'un repos, d'un silence, d'un amour. Les gens fatigués font des affaires, bâtissent des maisons, suivent une carrière. C'est pour fuir la fatigue qu'ils font toutes ces choses, et c'est en fuyant qu'ils s'y soumettent. Le temps manque à leur temps. Ce qu'ils font de plus en plus, ils le font de moins en moins. La vie manque à leur vie."  (Une petite robe de fête)

"Lire c'est débroussailler dans son âme un chemin que les ronces et les arbres effondrés ont depuis longtemps recouvert puis avancer jusqu'à découvrir un château en ruine dont les fougères sont les princesses et les liserons les sentinelles. Une légende est attachée à ce château jadis construit par un seigneur si bon  qu'il n'a voulu laisser son nom nulle part. Lire c'est rechercher ce nom dans les livres mais aussi dans les fleurs ou sur les visages: partout où passe une douceur si grande que nulle explication ne peut en être donnée." Prisonnier au berceau )

"Et c'est quoi au juste prier? C'est faire silence. C'est s'éloigner de soi dans le silence. Peut-être est-ce impossible. Peut-être ne savons-nous pas prier comme il faut: toujours trop de bruit à nos lèvres, toujours trop de choses dans nos coeurs. Dans les églises personne ne prie, sauf les bougies. Elles perdent tout leur sang. Elles dépensent toute leur mèche. Elles ne gardent rien pour elles, elles donnent tout ce qu'elles sont et ce don passe en lumière."  ( Une petite robe de fête )

"Il nous faut naître deux fois pour vivre un peu, ne serait-ce qu'un peu. Il nous faut naître par la chair et ensuite par l'âme. Les deux naissances sont comme un arrachement. La première jette le corps dans le monde, la seconde balance l'âme jusqu'au ciel." ( La plus que vive )

"Ceux que j'aime, je ne leur demande que d'être libres de moi et ne me rendre jamais compte de ce qu'ils font ou de ce qu'ils ne font pas, et bien sûr, de ne jamais exiger une telle chose de moi. L'amour ne va qu'avec la liberté. La liberté ne va qu'avec l'amour."  ( L'épuisement )

Oeuvres de Christian Bobin

61 Romans et essais. 11 ouvrages de Poésie

Les livres les plus connus de Christian Bobin

"La plus que vive". "Une petite robe de fête". "La part manquante."  "Le très-bas". "La folle allure". "Le muguet rouge". 

Prier avec Blaise Pascal (1)

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

Divertissement/diversion, une manière de gouverner le monde d'aujourd'hui?

« Les hommes n’ayant pu guérir de la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser. La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement, et cependant c’est la plus grande de nos misères. Car c’est cela qui nous empêche principalement de songer à nous, et qui nous fait perdre insensiblement. Sans cela nous serions dans l’ennui, et cet ennui nous pousserait à chercher un moyen plus solide d’en sortir, mais le divertissement nous amuse et nous fait arriver insensiblement à la mort ».

Source: Prier avec Blaise Pascal par Louis Frouart aux éditions Nouvelle Cité page 21

Si tu savais c'est merveilleux

Rédigé par sadys - - Aucun commentaire

Marie-Christine Barrault est une actrice française née à Paris en 1944. Elle est la nièce de Jean-Louis Barrault et de Madeleine Renaud. Elle a été mariée à Daniel Toscan du Plantier. Ils ont eu ensemble un garçon et une fille. Puis elle s'est ensuite mariée avec Roger Vadim. Ils ont vécu ensemble de 1990 à 2000. Elle était présente au dernier souffle de vie de Roger Vadim. Elle affirme que cette mort d'un être cher qu'elle a pu accompagner jusqu'au bout a été pour elle vécue comme une grâce reçue de Dieu.

"Les vivants ferment les yeux des morts. Les morts ouvrent les yeux des vivants." (Père Jean Moubourquette *)

"Si tu savais c'est merveilleux" est le titre du dernier livre écrit par Marie-Christine Barrault. En voici un extrait:

"J'ai quatorze ans lorsque mon père meurt. Mon frère Alain, seize. Abasourdie, je regarde le cercueil descendre en bringuebalant dans cette fosse au Père Lachaise. Une fosse aussi triste et tellement moins profonde que celle qui se creuse chez moi depuis l'enfance. Rectangulaire et bien dessinée, la sépulture du cimetière parisien ne déborde ni à droite ni à gauche, les pompes funèbres ont bien fait les choses. La béance qui m'habite depuis toujours, elle, n' a ni contour ni forme. c'est le manque cruel de mon père.Cette crevasse ne s'est pas ouverte au décès de Max-Henri Barrault, tant s'en faut: sa mort n'est que le dernier coup de pioche dans une terre déjà fouillée jusqu'aux entrailles.

Il faut avouer qu'en la matière, ma mère a bien fait les choses.

Elle était si belle, Marthe. Toujours élégante. Devant nos yeux éblouis, elle descend de l'autocar comme une reine, chaque jeudi en fin de matinée. Avec notre grand-mère, Alain et moi l'attendons à l'arrêt de Yerres. La déesse descend des cieux parisiens pour venir en banlieue s'enquérir de ses enfants, lèvres effleurées sur notre joue ou notre front, regard noisette, effluves d'un parfum délicat. J'ai trois ans. Puis cinq, puis huit. Et toujours le même rituel. Celle que nous appelons maman, avec laquelle je n'ai aucun souvenir de vie commune, déjeune avec nous, soupire d'un air agacé sous les reproches larvés de sa mère, écoute patiemment nos récitations. Après le goûter, nous retournons à l'arrêt de bus en tenant sa main blanche. Elle remet à sa mère quelques billets. Puis remonte dans sa calèche, vers une vie dont nous ignorons tout."

Alain et Marie-Christine ont peu connu leur père. Elle écrit plus loin dans le livre:

"Mais qui comblera le mal du père?"

"Qui comblera l'absence vertigineuse de nos pères?"

 

Jean-François Sadys

 

* Prêtre, psychologue, auteur et conférencier de renommée internationale, le père Jean Monbourquette s’est fait particulièrement connaître grâce à ses écrits en matière de développement personnel et de deuil, ayant rédigé une vingtaine de livres.

Décédé le 28 août 2011 à l’âge de 77 ans, Jean Monbourquette a abondamment contribué à l’évolution des mentalités à l’égard de la spiritualité. Ayant suscité beaucoup de scepticisme au départ, ses travaux sur les rapports entre la psychologie et la spiritualité, notamment la dynamique du deuil et l’accompagnement des mourants, sont désormais largement reconnus.

(Source: https://chairemonbourquette.umontreal.ca/a-propos/jean-monbourquette/)

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