Jean-François Sadys : Bernadette Lacroix quel est votre métier ?
Bernadette Lacroix: Je suis agricultrice productrice de légumes cultivés en plein champ.
JFS:Depuis quand l'exercez-vous?
BL: Depuis 2012 en double activité (formatrice en mathématiques dans un Centre de Formation Apprentis Agricoles) et agricultrice sur la propriété de mes parents. Depuis 2020 je me consacre uniquement à la production de légumes.
JF:Où l'exercez-vous?
BL: A Antagnac aux lieux dits « Jacquet » et « La tapy de bas ».
JF:Que produisez-vous?
BL: Principalement tomates, haricots filets et grains, asperges, aubergines, poivrons, courgettes, melons à confiture, potirons à peaux vertes, butternut, courges spaghettis, citrouilles galeuses, citrouilles longues. Tomates, citrouilles et melons et certaines variétés de haricots grains sont issues de mes propres graines .
JF:Sur quelle surface?
BL: 6000 m2.
JF:Organisée comment?
BL: Je n’ai pas de serres ni de tunnel plastique je travaille en plein champ.
JF:Sur quels principes?
BL: Je n’ai pas d’agrément Bio mais je n’utilise pas de produits chimiques de synthèse. J’utilise la bouillie bordelaise sur les tomates et pommes de terre. Je fume la terre avec le fumier de vache du voisin, avec les fientes de nos volailles (canards poules oies). Parfois je complète avec de l’engrais organique bio.
JF: Quel regard portez-vous sur l'année 2024?
BL: Une année compliquée. Trop de pluie au printemps et trop longtemps. Un été sec et court.
JF: Quelle politique agricole souhaitez-vous pour notre pays dans les années à venir?
BL: Une politique qui reconnaisse le travail fait par les agriculteurs paysans qui respectent la terre.
JF: De quels syndicats agricoles vous sentez-vous proche?
BL: Je suis adhérente à la Confédération Paysanne.
JF: Comment voyez-vous l’avenir?
BL: Pour moi dans deux ans je suis à la retraite, je continuerai un peu en tant que cotisante solidaire. Plus généralement comme je constate qu’il y de plus en plus de jeunes qui s’installent sur des surfaces à taille humaine et avec une conscience écologique, j’espère qu’il y aura des femmes et des hommes politiques pour les aider et pour encourager ce mouvement de retour à la terre, de préservation de la nature et du vivant.
JF: Comment peut-on vous rencontrer pour de vrai?
BL: Sous la halle du marché de Casteljaloux le mardi et le samedi matin. En me laissant un message vocal ou écrit sur mon téléphone portable professionnel : 07 68 04 16 47. Vous pouvez aussi consulter mon site commun avec ma soeur fait par mon mari Bruno Lacroix (graphiste illustrateur à la main mais aussi assisté par ordinateur).
CH: Au Plantey sur la commune de Labastide Castel Amouroux. Lot-et-Garonne. En gascon « Plantey » désigne le lieu où l’on plante.
JF:Que produisez-vous?
CH: Je produis des légumes bio de saisons en plein champ et au sein de deux serres froides pour l’hiver et le printemps.
JF:Sur quelle surface?
CH: 3000 m2 en plein sol et 230 m2 sous serre.
JF:Organisée comment?
CH: Mes jardins sont divisés en parcelles. Un verger qui produit des fruits pour la première année: pommes, poires, brugnons, pêches, coings pour notre consommation personnelle car les arbres sont encore jeunes.
Le jardin est situé sur un coteau argilo-calcaire. A l’intérieur du verger sont installées des buttes en lasagnes que je greline (1) . La production est très diversifiée: légumes annuels et perpétuels: fenouil, ail, artichaut, topinambour, oseille, sauge, thym….
Un autre jardin d’une surface de 2000 m2 pour la culture des pommes de terre, des haricots, des poireaux, des patates douces, des courgettes se situe en amont du coteau, en lisière d’une haie champêtre. Huit buttes permanentes entourant une mare sont réservées à la production de légumes perpétuels et de petits fruits. En son centre une petite serre de 230 m2 abrite les cultures de printemps et les pommes de terre nouvelles. Elle est entourée d’artichauts Macau. Tous ces légumes sont parsemés de fleurs comestibles ou répulsives pour lutter contre certains parasites. Le tout cultivé en rotation et association de cultures.
JF:Sur quels principes?
CH: Mes techniques culturales s’appuient sur les principes de l’agriculture paysanne et de l’agroécologie.
JF: Quel regard portez-vous sur l'année 2024?
CH: 2024 a été une année maraichère très pluvieuse. L’implantation des légumes d’été a été très tardive et a demandé plus de temps de travail nécessitant une adaptabilité quasi quotidienne. 2024 a aussi été marqué par la colère de nombreux agriculteurs qui revendiquent une baisse du prix des carburants, un retour de l’autorisation des pesticides et le maintien du glyphosate qui n’aurait aucune alternative. L’arrêt des monocultures et du labour ne seraient-ils pas le salut de l’avenir?
JF: Quelle politique agricole souhaitez-vous pour notre pays dans les années à venir?
CH: Je souhaite une politique agricole qui maintienne une agriculture paysanne. Je souhaite que la PAC ne soit pas considérée comme le seul revenu d’un agriculteur. Je souhaite que la biodiversité et l’agriculture bio soient les piliers de notre agriculture, de notre santé et de celle de la planète.
JF: De quels syndicats agricoles vous sentez-vous proche?
CH: De la Confédération paysanne dont je serai candidate aux prochaines élections professionnelles en Lot-et-Garonne.
JF: Comment voyez-vous l’avenir?
CH: L’avenir sera celui de tous les citoyens en faveur du respect du vivant tant sur le plan politique qu’économique et social où chacun puisse intégrer un de ces plans afin d’en être le garant, d’être un lanceur d’alerte, un initiateur d’idées nouvelles. Ce qui implique que notre démocratie soit participative et respecte les minorités.
CH: On peut me rencontrer sur le marché de Casteljaloux le samedi matin et à la ferme du « Plantey » 47 250 Labastide Castel Amouroux le mardi soir pour la vente des paniers de légumes commandés.
Il nous arrive d’entendre cette formule : nos politiques ne sont pas à la hauteur. C’est évident dans le cas de l’écologie, puisque rien ou si peu n’est fait par le gouvernement pour enrayer la machine infernale. Mais sa responsabilité, tout comme celle des multinationales et du fameux 1 %, n’est (presque) plus à prouver.
Clément Sénéchal s’attelle ici à comprendre les autres causes, plus discrètes, qui conduisent l’écologie politique à l’échec : celles qui s’enracinent dans son propre camp. Structurellement, l’écologie, fruit de l’environnementalisme, s’est constituée comme une cause des élites. Dès les années 1970, ses militants, les ONG et certains politiques ont fait d’elle un objet de lutte pour privilégiés, morcelable, négociable et, surtout, profitable. Et, ce faisant, ils et elles ont réduit la lutte à une mise en scène, une morale abstraite, éloignée des citoyens et des citoyennes.
Ces acteurs de l’écologie B.C.B.G., s’ils ne cessent de marteler les constats scientifiques, se montrent nettement moins diserts sur leur propre échec. Pour construire les victoires de demain, il est pourtant nécessaire de regarder les impasses de cette « écologie du spectacle » bien en face. Un essai fort, qui pose enfin des mots sur une évidence politique.
Diplômé de sociologie et de philosophie politiques, expert des enjeux climatiques, Clément Sénéchal a été porte-parole dans une grande ONG environnementale pendant plusieurs années.
Voici le contenu du livre:
Introduction
PARTIE 1 : L'environnementalisme moderne : naissance d'un spectacle
Chapitre 1 – Mythologie d’un échec
Chapitre 2 – Baleines grandeur nature
Chapitre 3 – L’arche des bobos
PARTIE 2 : L’environnementalisme contemporain, ou l’impuissance organisée
Chapitre 4 – L’écologie contre elle-même
Chapitre 5 – Les écocitoyens face aux insurgés
Chapitre 6 – Le monde d’après pour plus tard
Chapitre 7 – Dilettantisme électoral
PARTIE 3 : La mort de l’environnementalisme
Chapitre 8 – La stratégie perdante de la transition
Chapitre 9 – Les nouveaux victorieux