Navalny (2)

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Extrait de "Réforme", hebdomadaire protestant d'actualité, du 22/02/2024, page 6.

Navalny nait  en 1976. Son père est militaire, et il reçoit une éducation dans la modestie patriotique. Sa grand-mère, russe orthodoxe, va à l’église à Tchernobyl. (...). Il a dix ans lors de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, dont l’horreur n’a cessé d’être recouverte par le mensonge, et c’est probablement le point de départ de l’avocat et journaliste Alexeï Navalny. Il a vingt-trois ans quand Poutine arrive au pouvoir, et très tôt dans les années 2000 il comprend l’importance d’Internet et des réseaux sociaux, où il acquiert une importante notoriété à la fois dans l’éloge de la Russie éternelle et dans la dénonciation des injustices et corruptions du système Poutine, dont il démontre sans ambages, faits, chiffres et images à l’appui, les détournements gigantesques de fonds publics. Il lance sa fondation anticorruption en 2011, et dénonce les fraudes électorales massives. Après son empoisonnement, en 2021, il a encore le culot de publier sur Internet un film intitulé "Un Palais pour Poutine". En 2022, depuis sa prison, il écrit que la guerre en Ukraine est un cauchemar causé par un papy dément : « Ne soyons pas “contre la guerre”. Luttons contre la guerre. »

Navalny, c’est cela : à la fois l’immense courage physique de ne pas céder devant la brutalité du régime, et l’intelligence morale de démanteler le mensonge, de briser avec véhémence toute censure et autocensure, de ne cesser de chercher le vrai.(...)  En l’absence même de l’État russe, je veux dire d’un véritable État constitutionnel, Navalny demeurait un citoyen. Un citoyen refusant la peur physique comme la paresse intellectuelle. C’est cela, un citoyen démocrate, un citoyen même sans État.

Olivier Abel, philosophe et théologien

Source: 

https://www.reforme.net/opinions/2024/02/21/le-combat-de-navalny-est-aussi-le-notre/

Il y a urgence

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 En 2019, le Pape François a écrit ou fait écrire un livre qui a pour titre "Quand vous priez, dites notre père"(1). Le Pape Benoît XVI y est cité page 76.

"Donner à manger aux affamés est un impératif éthique pour l'Eglise universelle. Le droit à l'alimentation de même que le droit à l'eau revêtent un rôle important pour l'acquisition d'autres droits. Il est donc nécessaire que se forme une conscience solidaire qui considère que l'alimentation et l'accès à l'eau comme des droits universels de tous les êtres humains, sans distinction ni discrimination."

Nous pouvons y ajouter le droit au logement.

Plusieurs associations françaises affirment que plus de 2000 mineurs dorment dans les rues de nos grandes villes. Il arrive que des enfants de deux/trois ans dorment avec leurs parents dans des voitures. C'est peu pour un pays de 67 000 000 d'habitants. Mais c'est beaucoup trop dans un pays où il y a plus de trois millions de logements inoccupés selon l'Inesee.( Institut national de la statistique et des études économiques. )

Plusieurs associations en France s'efforcent de venir en aide aux mineurs qui dorment dehors.

En région parisienne "Hors la Rue" existe depuis 2004. L'objectif est d'accompagner les enfants et adolescents étrangers en danger dans le but de « favoriser et rendre effectif l’accès au droit des mineurs étrangers en danger dans un contexte migratoire ». Association de terrain avant tout, Hors la rue mène des tournées dans les rues de Paris et de proche banlieue pour repérer les jeunes en situation de danger (mineurs non accompagnés, primo-arrivants, jeunes en famille en mendicité, mineurs présumés victimes de traite des êtres humains (TEH) et créer un lien de confiance. En complément de cette action, Hors la rue dispose d’un centre de jour situé à Montreuil, dans lequel les jeunes disposent d’un accompagnement socio-éducatif et d’un suivi dans leurs démarches vers le droit commun : protection de l'enfance par les services départementaux, scolarisation, logement, accès à la santé. L'association mène également des actions de sensibilisation et de plaidoyer afin de favoriser une meilleure prise en charge des enfants étrangers en danger par les pouvoirs publics, afin que tous les enfants aient enfin le droit à une vie d'enfant.

https://horslarue.org/lassociation/presentation/

En Lot-et-Garonne existe  l'association "Entr'aidetoit".

Les bénévoles aident et accompagnent des personnes, des familles en situation de précarité pour leur permettre d'accéder à un logment, à des soins de santé, à l'éducation. Cette association type loi 1901déclarée en préfecture participe aux réseaux de solidarité déjà existants et contacte tous les partenaires compétents pour améliorer les conditions de vie des personnes et des mineurs en difficultés. 

Containers de bateau.

Plusieurs entreprises en France transforment des containers de bateaux en logement. Il y a aussi dans les grands villes des bureaux, des friches industrielles qui peuvent être transformés en logements. Vivre dans la rue et de la rue n'est pas une fatalité. Il y a urgence de lutter conter les nouvelles formes de misère et de détresses. Nous pouvons le faire. 

(1) "Quand vous priez, dites Notre Père", bayard édition, ISBN 978-2-227-49381-0, prix: 14,90 €.

Jean Claude Davenne (3)

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Sur son site internet la Fesu snuipp 47 a publié un entretien de Jean Claude Davenne avec la Ligue de l'enseignement. Le voici ci-dessous:

Je viens d’une famille très modeste qui vivait à Monbahus, petit village retiré, au nord du département. Nous n’avions pas de voiture et j’ai vécu jusqu’à l’âge de 15 ans dans cet endroit où il ne s’organisait des activités qu’autour de l’école qui avait une Amicale Laïque. Dans ce village, le côté religieux était très présent et l’école privée catholique bien implantée. Elle avait toutefois la même importance que l’école laïque. J’ai tout de même fait mon catéchisme, quoique la religion ne fut pas au centre de mon éducation, ni des préoccupations de ma famille.

Mon père était ouvrier menuisier dans une toute petite entreprise où ils étaient deux, le patron et lui. Il ne gagnait pas beaucoup d’argent et n’était pas toujours payé à temps. Mais dans cette famille modeste, j’ai vécu une enfance heureuse et j’ai fait de nombreuses découvertes à travers l’école, avant d’aller au collège public de Casseneuil pour lequel je n’ai pas de souvenirs particuliers en dehors de ce que l’on doit apprendre. J’étais en pension du fait que mes parents n’avaient pas le permis de conduire (nous étions d’ailleurs nombreux dans ce cas). Et puis, parce que des professeurs m’ont aidé à choisir, j’ai passé le concours d’entrée à l’Ecole Normale. A l’époque, il existait des professeurs qui faisaient un peu de social et qui sentaient que certains élèves avaient du potentiel. Ils savaient que je n’étais pas mauvais à l’école, que je pouvais poursuivre après le collège mais que je ne ferais pas d’études supérieures parce que nous étions quatre dans une famille avec peu de moyens. Ils m’ont incité à passer le concours d’entrée à l’Ecole Normale, ce que j’ai fait en troisième, sans guère d’espoir, d’autant que je savais qu’il y avait une classe spéciale au collège qui était constituée d’élèves qui préparaient le concours ; alors je n’avais pas trop d’illusions.

Mais je l’ai eu, et cela a été un changement total d’univers pour moi, parce que nous étions en 1969, donc après Mai 68... Ce qui était formidable, surtout, c’était l’ouverture culturelle. Il y avait un ciné-club, nous faisions des sorties au théâtre... J’ai découvert également la FOL qui organisait ce que je n’ai jamais revu depuis. Durant la première semaine de cours, il n’y avait pas d’enseignants et la FOL proposait des activités dans le but premier de permettre aux élèves de faire connaissance. Nous avons vécu une semaine formidable, avec des ateliers de théâtre, de cinéma qui permettaient de voir la FOL autrement qu’à travers des discours, mais autour d’activités qui nous passionnaient.

C’est là que je suis rentré « dans le bain », que je me suis tourné vers l’audiovisuel, d’abord par intérêt personnel. Tout le reste m’intéressait aussi, mais j’étais particulièrement attiré par le cinéma. L’audiovisuel se mettait en place. Au départ, c’était des diaporamas, des photos, du son, sans lien. Et puis j’ai fait des stages départementaux de formation où j’ai rencontré des gens qui étaient militants à la FOL. Cela m’a donné envie d’aller plus loin et donc j’ai fait de la formation audiovisuelle.

J’ai rencontré l’UFOLEIS, Marcel Desvergnes, ou d’autres gens comme lui et j’ai compris que j’avais des actions à mener là. C’est comme cela que je suis entré dans le milieu de l’animation et de la FOL. Quand je suis revenu de coopération, j’ai été mobile un temps, parce que, pour les jeunes qui débutaient comme moi, il n’y avait pas de poste fixe disponible. Il nous était donné des postes intéressants, des classes de transition, mais comme il y avait un poste qui se libérait à la FOL... je l’ai pris.

J’ai alors été responsable du service UFOLEIS, à la suite de Jacques Riche. J’étais arrivé à une époque où cela « bougeait » beaucoup. L’UFOLEIS faisait du prêt de matériel et du prêt de documents pédagogiques aux enseignants. A ce moment-là, le CDDP (Centre Département de Documentation Pédagogique) a pris de l’ampleur et nous avons été beaucoup plus sur le terrain, en lien avec d’autres services. La transversalité fonctionnait bien à la FOL, nous venions en complémentarité. Au départ nous allions aux Assemblées Générales des associations. Nous nous partagions le travail, avec les autres délégués, à la réunion hebdomadaire. Cela m’impressionnait parce que c’est là que je me suis aperçu que c’était très disparate, les associations étaient très diversifiées. Celles qui nous invitaient voulaient travailler avec nous.

Le Conseil Général, à ce moment-là, aidait beaucoup la FOL dans tous les domaines mais, au début des années quatre-vingt, tout a changé ; un premier coup nous a été porté. La FOL gérait beaucoup de centres de loisirs dans le département, les subventions y arrivaient et, brusquement, ce fut l’arrêt total. Mais ce n’était que le début car cela a continué, de façon assez radicale. Mon poste a été un des premiers à disparaître en 1987, durant la première cohabitation.

Concernant l’audiovisuel, nous avions maintenu les stages départementaux qui se faisaient le week-end. Il y a eu de moins en moins de participants et ils ont périclité. Il y avait aussi les ciné-clubs (66 lorsque je suis arrivé), quand je suis parti il en restait très peu. Il y en avait beaucoup dans les collèges et les lycées et, lorsque l’internat a disparu, les ciné-clubs ont cessé. Un épisode vidéo a suivi. Au début, nous faisions des stages surtout photos (argentiques à l’époque, diaporama, son, cinéma super 8), mais, à partir du moment où le ciné-club a disparu, nous avons essayé de renouveler l’activité cinéma.

C’est comme cela qu’est arrivé Cinéma Chez Nous qui, au départ, consistait à organiser une manifestation par an sur un secteur : Marmande, Casteljaloux, Duras et aussi dans le canton de Tournon. C’était dur, nous n’avions pas accès à tous les films de la distribution commerciale parce que nous n’étions pas un cinéma fixe. Ceux que nous arrivions à avoir étaient souvent des films très difficiles et vouloir développer le cinéma en milieu rural avec des films d’un abord compliqué, ce n’était pas gagné.

C’est comme cela que nous sommes arrivés, petit à petit, en allant voir des maires, à créer ce réseau qui, à l’époque, était régional. Nous avions Cinécole et déjà nous faisions, à Agen, des projections de films en plein air. Ensuite, nous avons mis en place Cinéma Chez Nous et, au départ, nous projetions les films comme nous pouvions. Je suis allé moi-même en projeter certains et je me souviens notamment d’un soir où j’étais intervenu à Duras. D’habitude, cela fonctionnait bien mais, cette fois-là, il faisait très froid et personne n’était venu. Il n’y avait que le curé. J’ai donc naturellement annoncé que, vu qu’il faisait si froid et qu’il n’y avait personne, j’allais partir. Mais non... Le curé voulait voir le film ! Alors, j’ai tout monté et lorsque le film a été terminé, personne n’était là pour m’aider à plier le matériel que j’ai dû charger seul dans ma voiture dont le coffre ne fermait pas. Je vous laisse imaginer le retour sur Agen avec le coffre partiellement ouvert, le froid qui rentrait ainsi que les fumées d’échappement qui m’obligeaient à ouvrir les vitres pour les évacuer, faisant ainsi encore plus rentrer le froid. Et de Duras à Agen, il y a quand même une heure et demie de route !

Pour la vidéo, nous avons aussi essayé beaucoup de choses, notamment avec les premiers caméscopes noir et blanc à bande. Le matériel coûtait cher et nous ne savions pas, à ce moment-là, que la vidéo allait évoluer très rapidement. Nous avions acheté avec l’aide de la Région du matériel de montage semi-professionnel « trois- quarts de pouce ». Il a été très vite dépassé par le VHS et ce n’était plus possible de gérer cette activité ; l’aventure a donc été courte. D’autant que sont arrivées tout de suite des structures privées qui avaient pour fonctionner des moyens bien plus importants que les nôtres, sans avoir pour autant les mêmes objectifs.

Nous avions des idées, comme par exemple avec Cinéma Chez Nous, nous nous étions dit que cela serait bien de réaliser un petit film sur le village et de le projeter avant le film commercial. Mais nous n’avions pas les moyens financiers d’appliquer nos idées.

Nous faisions aussi du prêt de matériel notamment les projecteurs de cinéma 16 millimètres, mais ce n’était pas toujours évident car les gens, sachant plus ou moins s’en servir, ils revenaient souvent dans des états improbables. Nous avions aussi des accessoires de théâtre et des projecteurs lumière ; l’action à ce niveau-là était très importante.

Ensuite, en 1987, j’ai quitté ce poste et, très vite, je suis arrivé à St-Pierre-de-Clairac où je suis resté 17 ans dans une école à deux classes. Je me suis senti bien dans cette école qui était proche de Radio Bulle où je me suis le plus investi. La radio, c’est quelque chose qui demande un gros investissement. A l’époque, j’ai été vice- président auprès de Louis Chevalier ; ensuite, je suis devenu président. C’était compliqué parce qu’il y avait quand même toute l’histoire de la radio à porter et je m’y suis fatigué. Nous avons eu pas mal de départs et puis des personnes se sont lassées. Nous avons fini à très peu, c’est devenu lourd à porter. J’ai donc arrêté parce que je n’en pouvais plus. La radio, c’était faire des émissions, les préparer à l’avance, y être, gérer, pallier le manque de bénévoles... Et puis c’était le moment où nous étions le plus reconnus, le moment où il y avait le plus de demandes. J’ai donc complètement arrêté pour ne plus me consacrer qu’à l’école parce que je n’avais pas l’énergie pour les deux.

En 2009, j’ai décidé de faire ma dernière année de classe et de prendre ma retraite. Mais comme j’avais peur de la coupure, pour ne pas qu’elle soit trop brutale, je suis entré, un an avant mon départ, aux Montreurs d’Images. J’étais jusque-là un simple adhérent mais j’ai décidé de m’y impliquer davantage. Je suis donc aujourd’hui trésorier de l’association et je compte m’y investir encore plus.

S’il fallait faire le point sur mon engagement, je dirais que j’étais déjà dans l’équipe audiovisuelle de la FOL en 1972 avant même d’y être délégué. J’étais dans l’équipe de bénévoles autour de Jacques Riche, avec Louis Chevalier, André Jourdes et d’autres... Depuis, je me sens toujours militant. Alors c’est normal pour moi de continuer aujourd’hui et je pense que je continuerai tant que je pourrai, parce que je suis ainsi, cela fait partie de moi.

Source: le site internet de la Fesu snuipp 47.

 

 

Un goûter-concert pour partager avec le Cameroun

Rédigé par sadys - - Aucun commentaire

Sur la photo Anne Lyse et Nien aujourd'hui. Orpheline en danger de mort par dénutrition grave voici l'enfant pleine de vie qu'elle est devenue maintenant.

En 1820, un prêtre du Lot, le père Jean Liausu crée la congrégation des Filles de Jésus de Vaylats. Depuis, les religieuses œuvrent pour pallier aux carences d’éducation et de soin en milieu rural en France et dans les pays où elles sont implantées. Elles ouvrent des écoles et forment des infirmières. Elles ne sont pas cloîtrées. Elles vivent dans nos vies dont elles partagent joies et souffrances.

Sœur Anna Nguyen est née, elle, en 1983 dans la région du nord Vietnam à environ 300 kms de Hanoï. Elle est arrivée en France le 14 décembre 2005 pour entrer chez les sœurs Filles de Jésus du couvent de Vaylats dans le Lot-et-Garonne. Elle a été accueillie à Casteljaloux par Bernadette, Madeleine et Marie Joseph, religieuses avec qui elle a vécu en communauté pendant sa période d’aspirante. Elle apprend le Français chez nous et passe son permis de conduire durant sa période casteljalousaine.

En mission au Cameroun,

En 2010 elle est envoyée au Cameroun où elle poursuit sa formation religieuse et une formation professionnelle d’infirmière. Les religieuses Filles de Jésus lui confient des responsabilités dans des centres d’accueil d’enfants, d’adultes malades et de personnes âgées. Elle a aujourd’hui la responsabilité d’aider des enfants et des ados sur le plan scolaire. Nien a été responsable du centre de santé de Karna dans le Nord du Cameroun. Maintenant elle est responsable d'un foyer d'étudiants.

Le dimanche 26 novembre 2023, nous nous sommes réunis au nouveau presbytère de Casteljaloux pour un concert-goûter partagé au profit de sœur Nien. Une partie musicale a été assurée par Michel Queyreur et Maurice Vendé pour un concert à dominante chants et musique « country ».  Un goûter partagé après le concert nous a permis de faire connaître l’œuvre de sœur Nien qui a passé deux ans à Casteljaloux dans son chemin de vie vers son engagement religieux. Ce moment joyeux s’est terminé par une collecte pour l’aider à financer la scolarité d’enfants et d’adolescents dont elle a la charge au Cameroun. La somme collectée durant ce concert-goûter sera intégralement reversée à Sœur Nien. 

Jean François Sadys, rédacteur Journal Paroissial, Casteljaloux(47)

 

 

 

Nouvelles de Syrie

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

Lettre d’Alep No 47 (22 octobre 2023) KHALAS !

Chers amis,
Vous recevrez cette lettre à un moment absolument critique pour la région du Moyen- Orient. Depuis deux semaines, nous assistons à un déferlement de violence incroyable, une violence qui risque de s’étendre.

Beaucoup d’amis de l’étranger, nous demandent : « quel est l’impact de cette guerre sur votre quotidien à Alep ? »

Que répondre ? Encore une fois, aujourd’hui à l’aube, l’aéroport d’Alep et celui de Damas ont été bombardés pour la nième fois.
Khalas, ça suffit ! ça suffit d’être constamment attaqué, menacé, apeuré. Jusqu’à quand tout cela va-t-il durer ?

Cette semaine, et à l’invitation du Patriarche latin, nous avons vécu une journée de jeune et de prière pour la paix.

Nous, les Maristes Bleus, avons participé à cette journée en animant des moments de réflexion et de prière.

Lors d’une de ces réunions de partage sur la situation dans laquelle nous vivons en ce moment et les répercussions des évènements de Gaza sur notre vie, une institutrice dit : « Je me demande sérieusement pourquoi avoir des enfants, si c’est pour leur faire vivre ce que nous vivons aujourd’hui ? ».
Plusieurs autres ont exprimé leur fatigue. Khalas !
Khalas est une expression pour dire ça suffit, Basta ! on en a marre, nous ne voulons plus écouter ces nouvelles, nous ne voulons plus regarder les scènes de violence, de sang, de mort, d’explosions, de destruction ! Nous ne pouvons plus !
Rares sont les médias qui rapportent en toute vérité et objectivité la réalité !

Une autre institutrice donne une réponse révélatrice de l’état d’âme : « Je désire qu’il y ait une guerre mondiale et qu’on en finisse. Et que je meurs s’il le faut ! »

Sur l’impact de ce que nous vivons sur une possible décision d’émigration, toutes à l’unanimité ont répondu par un oui massif. « Nous voulons quitter toute la région » !

Ce tableau est un échantillon du sentiment de toute une population, qui a vécu la guerre, le Covid 19, les sanctions économiques, le tremblement de terre et depuis quelques jours, cette escalade de violence. Actuellement, nous sommes dans une
situation d’attente et d’observation minutieuse de ce qui passe dans la région et dans le pays.

Si on s’attarde à parler de la situation régionale, c’est qu’elle n’est pas uniquement régionale ; elle touche aux valeurs universelles et aux droits humains les plus élémentaires. Le monde continue à avoir deux poids, deux mesures. La victime est transformée en bourreau qu’il faut anéantir, faire disparaitre de la terre, brûler dans l’enfer des bombes, déplacer massivement…

Comment semer l’Espérance dans une société fragilisée, une société qui ne cesse de s’appauvrir, une société qui lutte pour survivre, une société qui n’a plus la force de se lever ?

Dans mon carnet de bord, j’écrivais le 15 septembre passé : « Il est 6h00 du matin…

Je ne sais pas pourquoi, cette nuit, je n’ai pas pu bien dormir. Beaucoup d’images déferlent dans ma tête. Elles reflètent les personnes et les situations que j’ai pu rencontrer depuis que nous avons repris les activités le 4 septembre.
Mes pensées vont vers les personnes âgées qui, cette nuit encore, ont subi les effets de la canicule sans aucun moyen de se rafraîchir… L’électricité manque. A peine 2 heures par jour…Les sanctions sont là… NOUS SOMMES PUNIS…Comme si le climat ne suffisait pas, les sanctions viennent peser lourdement sur notre quotidien…Nous sommes obligés de subir la dévaluation galopante de notre monnaie locale…Tout renchérit d’un jour à l’autre….

Je pense à tous les parents dont les enfants commencent une nouvelle année scolaire. Les fournitures et les scolarités sont tellement chères qu’elles peuvent représenter, pour un seul enfant, plus de la moitié du salaire annuel des parents.

Mes pensées vont aussi vers les jeunes. Oui, tous ces jeunes qui n’ont dans la tête qu’une seule idée : quitter le pays pour aller n’importe où, n’importe comment, mais le plus tôt possible. L’espoir et l’inquiétude sont deux sentiments dominants…D’une part, étudier pour réussir et obtenir un diplôme et d’autre part, quoi faire par la suite ? Chercher à quitter le pays ou faire le service militaire obligatoire. Beaucoup de jeunes se disent « perdus”. Ils ont besoin d’un accompagnement psychologique en vue d’un discernement définitif…Que faire ? quel conseil apporter ? Où trouver les ressources économiques nécessaires pour émigrer ou lancer son propre projet …Une jeunesse en crise, perdue, à la recherche d’un avenir loin de la guerre et de la misère…Ce n’est pas du tout facile. Il est déjà très difficile d’obtenir le passeport, alors que dire du visa ?

Les médias nous ont montré ces jours-ci les images du déferlement de migrants à Lampedusa. En une nuit, plus de 7000 personnes sont arrivées sur les côtes de cette île ? Sommes-nous conscients de ce drame humanitaire ? Les médias retiennent, comme symbole du visage humanitaire, l’image d’un carabinier qui tente de rassurer une petite fille.

Comment dire aux « grands » de ce monde, que nous vivons sur une autre planète ? La planète des sanctions ! C’est inhumain, impardonnable, révoltant ! Nous n’acceptons pas que le monde soit indifférent. Nous refusons d’être traités en misérables. Nous voulons récupérer notre dignité d’hommes et de femmes vivant dans ce vingt et unième siècle. Nous voulons être réintroduits dans la communauté internationale ».

Nous, les Maristes Bleus, ne baissons pas le bras. Nous cherchons par tous les moyens à soutenir les plus démunis.

Cette année, nous avons accueilli plus de 40 nouveaux enfants dans notre projet éducatif « Je Veux Apprendre ». Les 120 enfants du projet proviennent de milieux défavorisés et d’une pauvreté atteignant la misère.

Les institutrices et éducateurs ont bénéficié de plusieurs sessions de formation pédagogique durant le mois de septembre. Depuis le 2 octobre, les voix des enfants, leurs sourires, leur joie remplissent les salles de classe et la cour.
Seeds, notre projet de soutien psychologique, s’est développé, accueillant plus d’enfants en bas âge dans le programme « Bamboo » et plus de femmes dans le programme « Ghosn = Branche », programme destiné uniquement au soutien psychologique des femmes.

Le projet « Pain Partagé » assure à plus de 250 personnes âgées le repas chaud quotidien. Le nombre de bénéficiaires dépassant les 80 ans ne cesse de croitre.
Comme le courant électrique n’est fourni que deux à trois heures par jour, nous avons installé des batteries et des lampes LEDs et un inverter à toutes ces personnes âgées pour qu’elles ne restent dans l’obscurité après le coucher du soleil et pour que la télévision puisse rompre leur solitude.

Pour les personnes âgées alitées et grabataires, nous distribuons des couches en quantité suffisante.

Récemment, nous avons organisé une sortie pour tous les bénéficiaires de Pain Partagé qui pouvaient se déplacer. Ce fut une journée inoubliable, remplie de chants traditionnels, de danses et de souvenirs. Les bénévoles de la cuisine avaient préparé un repas traditionnel (Hrissé). Avant de partir, quelqu’un a dit : « Aujourd’hui, j’ai pu manger avec beaucoup de joie car je n’étais pas seul à prendre le repas ».

Dans notre dernière lettre, nous parlions du « Zelzal » avec son lot de destruction et de peur mais l’autre face du séisme a été la grande générosité des amis et des organisations internationales. Leur aide nous a permis de continuer à distribuer mensuellement à 1100 familles un Panier Alimentaire très riche en denrées.
Suite au séisme, nous avons initié un nouveau projet d’aide pour l’achat et la distribution de meubles et d’appareils électro-ménagers aux familles ayant perdu les leurs, suite au tremblement de terre.

Au moment de recevoir le panier, une dame était en larmes : elle nous explique que depuis plusieurs jours, elle n’avait plus une goutte d’huile d’olive à la maison. Il faut noter que le prix de l’huile d’olives (essentiel pour les orientaux) a tellement augmenté qu’il n’est plus abordable pour beaucoup de familles.

Nous constatons, au fil des jours, l’extrême pauvreté dans laquelle se trouvent tant et tant de familles. Jusqu’à quand, pourrions-nous subvenir au besoin d’une population dont 82% vit sous le seuil de la pauvreté ?

Comme les modules 1 et 2 du projet « Formation Professionnelle » se terminent, nous nous apprêtons à lancer 2 nouveaux modules à la fois. Dans chaque module, 20 jeunes apprentis vont apprendre pendant 2 ans un métier en travaillant chez un professionnel.

D’autre part, nous continuons, à travers des Micros- Projets, à aider des jeunes adultes à lancer leur propre projet. Comme pour la formation professionnelle, Ils sont accompagnés et soutenus.

Les sessions de formation du MIT sont très appréciées. Pour une session de 24 participants, nous avons une liste de plus de 130 candidats.

Le programme « Développement de la Femme » offre à 60 femmes réparties en deux groupes deux sessions de formation par semaine. Là aussi, comme dans tous nos projets, la liste d’attente est très grande.

« Coupe et Couture » a célébré une journée « Open Day » pour toutes les femmes qui ont suivi ses sessions depuis le début du projet en 2017. Plus d’une centaine de dames ont répondu à l’invitation et ont passé une demi-journée ensemble avec des concours et des moments de partage.

Le projet d’Aide Médicale est très estimé et valorisé en ces temps si difficiles. Tous les jours, des dizaines de personnes sont soutenues pour un traitement, une opération chirurgicale ou des médicaments. Cette aide devient de plus en plus nécessaire devant la hausse indescriptible des soins médicaux et des prix des médicaments.

Nous avons pu distribuer des couches pour des enfants. Combien de parents nous demandent de les aider pour leurs enfants d’un âge avancé mais qui, suite au tremblement de terre, ont repris leur incontinence nocturne.

« Goutte de Lait » reste un projet très important pour les enfants de moins de 8 ans. Pour les nouveau-nés, leur besoin mensuel de 6-8 boîtes de lait spécial pour nourrisson coûte plus que le salaire mensuel de leurs parents.

Heartmade poursuit et développe son activité et multiplie les produits pour arriver à l’autofinancement. Vingt femmes y trouvent un emploi en créant, à partir de restes de tissus, des habits pour dames.

« Hope » continue à attirer beaucoup de personnes en quête d’apprentissage de l’anglais. Tous les bénéficiaires montrent un intérêt très grand à étudier l’anglais et à suivre les 3 niveaux qu’offre le projet pour améliorer leur C.V.

Le projet « Loyer » continue à soutenir les familles qui ont beaucoup de difficultés à payer leur loyer vu la hausse vertigineuse des prix.

Le projet « Soutien Scolaire » aide les parents d’enfants et de jeunes à payer les scolarités ou des sessions dans des centres spécialisés. Un enfant de douze ans, accompagné de sa maman, est venu demander une aide pour reprendre ses études en expliquant qu’un jour, il a dû abandonner l’école pour aller travailler et aider sa famille dont le papa était gravement malade. Nous croyons que, comme lui, tant d’autres méritent un avenir meilleur.

Pour terminer, réfléchissons ensemble aux paroles du Saint Père lors de son déplacement à Marseille, le 23 septembre passé :

« … En effet, le véritable mal social n’est pas tant l’augmentation des problèmes que le déclin de la prise en charge. Qui aujourd’hui est proche des jeunes livrés à eux- mêmes, proies faciles de la délinquance et de la prostitution ? Qui est proche des personnes asservies par un travail qui devrait les rendre plus libres ? Qui s’occupe des familles effrayées, qui ont peur de l’avenir et de mettre au monde de nouvelles créatures ? Qui écoute les gémissements des personnes âgées isolées qui, au lieu d’être valorisées, sont parquées dans la perspective faussement digne d’une mort douce, en réalité plus salée que les eaux de la mer ? Qui pense aux enfants à naître, rejetés au nom d’un faux droit au progrès, qui est au contraire une régression de l’individu ? Qui regarde avec compassion au-delà de ses frontières pour entendre les cris de douleur qui montent d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient ? Combien de personnes vivent plongées dans la violence et souffrent de situations d’injustice et de persécution ! »

Chers amis,
Avec Vous, hommes et femmes de bonne volonté, nous ne voulons pas baisser les bras et nous résigner.
Vous êtes notre voix !
Vous êtes notre cri !
Vous êtes notre espoir !
Nous comptons sur vous pour qu’ensemble nous changions le monde afin qu’il soit plus juste, plus digne, plus humain.
Dimanche 22 octobre 2023

Frère Georges Sabe

Chers amis,
Vous voudrez bien trouver ci-joint 47ème lettre d’Alep reçue de Nabil Antaki, écrite par Frère Georges Sabé co-responsables avec Leyla Antaki des Maristes bleus d’Alep. Pas de commentaires bien sûr, mais tellement de souffrances et de travail sans relâche, pour soulager la pauvreté et la misère qui ne cessent de s’accroître. Vous pouvez envoyer vos dons par chèque à l’ordre de l’œuvre d’Orient à mon adresse : Françoise Parmentier – 9, avenue Raymond Poincaré 75 116 Paris – Un reçu fiscal vous est envoyé directement par l’œuvre d’Orient. Soyez chaleureusement remerciés de votre générosité.
Bien à vous. Françoise Parmentier.

 

 

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