Dépression et vie spirituelle

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Tableau de Pierre Soulages (1919/2022)

Notre société serait une société dépressive. Bien des signes confirment ce sombre diagnostic: peur de l’avenir, conditions de vie stressantes, chômage et crise économique, consommation excessive de tranquillisants et d’euphorisants. A un moment de leur vie, nombre d’entre nous traversent l’épreuve de la dépression. 

 

Au-delà de ces aspects psychologiques, corporels ou sociologiques, la dépression touche cependant une dimension plus intime de la personne. Pascal évoquait en son temps le « bon usage des maladies ». Serait-il possible que s’ouvre, au creux même de la souffrance, un chemin d’espérance, une voie spirituelle? 

 

L’auteur du livre « Dépression et vie spirituelle » est Jean-François Catalan, psychologue, jésuite. Il a une longue expérience de l’accompagnement des personnes en difficulté psychologique.

 

Il a aussi publié « Expérience spirituelle et Psychologie » ainsi que « L’homme et sa religion ». Publiés chez l’éditeur « Desclée de Brouwer ».

 

 

 

Morceaux choisis de son livre 

 

« L’aube se lève. La nuit va enfin s’achever, une nuit bien pénible et bien longue! Des heures ont passé avant qu’on puisse trouver le sommeil, un sommeil fréquemment interrompu, souvent agité, parfois peuplé de cauchemars, de rêves étranges, désagréables. Au réveil, la bouche est amère, le corps ankylosé… On émerge difficilement d’un sommeil pénible et nullement reposant… L’aube se lève: encore un jour à vivre et, déjà, la conviction qu’on n’en sortira pas, que les heures, une fois de plus, passeront dans une sorte de vide! » (Pages 13/14)

 

Dans son son livre  « Dépression et vie spirituelle » (ISBN 2-220-03798-3) Jean-François Catalan cite Martin Luther King à la page 126:

 

 

« Dans notre monde actuel, comme dans la parabole évangélique, l’obscurité profonde de la nuit est troublée par un coup frappé à la porte. Le voyageur découragé demande trois pains: le pain de la foi, le pain de l’espérance, le pain de l’amour… Ayant frappé à la porte de son ami, il reçoit une parole impatiente: « Ne m’importune pas! » … Malgré sa déception, l’homme continue de frapper… Il persuade enfin son ami d’ouvrir la porte… Minuit est une heure éprouvante, où il est difficile de garder la foi! Ce qu’un chrétien peut dire de plus réconfortant c’est qu’aucune nuit ne dure longtemps, ne dure toujours! Le voyageur épuisé par la nuit et qui demande du pain en réalité désire l’aurore.  Notre message éternel d’espérance c’est que l’aurore viendra! La foi en l’aurore naît de la foi en la bonté et la justice de Dieu. Celui qui croit cela sait que les contradictions de la vie ne sont ni finales ni définitives. Il peut traverser la nuit noire avec la conviction radieuse que toutes les choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu! Même les nuits les plus privées d’étoiles peuvent annoncer l’aube de quelque grand achèvement. »

 

Petit mot d'Etty Hillesum

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Etty Hillesum est née en 1914 dans une famille juive hollandaise athée. Alors que sa famille, ses frères, elle-même n'étaient pas des juifs religieux, ne se sentaient pas vraiment juifs, alors que par trois  fois elle aurait pu quitter la Hollande - pour l'Angleterre, pour le Canada, pour l'Australie - au fur et à mesure des persécutions des "siens", elle va rejoindre dans des camps de transit celles et ceux qui vont partir vers la mort. Elle a décidé en conscience de les accompagner vers les chambres à gaz et les fours crématoires. Elle va alors se comporter  comme si elle n'allait jamais mourir. Elle va s'identifier au Christ. Ne pas tuer, ne pas faire tuer, témoigner par écrit, résister. Répondre au mal par le bien a été son choix de 1940 à 1943.

L'Histoire a retenu le nom d'Etty Hillesum et pas ceux de ses bourreaux.

Elle n'avait pas d'autres armes que son âme, une belle âme.

"La vie est une chose merveilleuse et grande, après la guerre nous aurons à construire une monde entièrement nouveau et, à chaque nouvelle exaction, à chaque nouvelle cruauté, nous devrons opposer un petit supplément d'amour et de bonté à conquérir sur nous-mêmes. Nous avons le droit de souffrir, mais non de succomber à la souffrance. Et si nous survivons à cette époque indemne de corps et d'âme, d'âme surtout, sans amertume, sans haine, nous aurons aussi notre mot à dire après la guerre. Je suis peut-être une femme ambitieuse: j'aimerais bien avoir un tout petit mot à dire." 

Etty Hillesum est décédée en 1943 à Auschwitz à l'âge de 29 ans.

Rencontre paysanne

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"L'Angélus" tableau peint par Jean-François Millet.

Nous avons rencontré dernièrement Yves Guibert, trésorier de l'association "Solidarité Paysans Aquitaine" Il apporte un accompagnement solidaire aux agriculteurs en difficultés. Nous lui avons posé les questions suivantes: 

 

Jean-François Sadys: Yves Guibert, bonjour, quelle est la situation actuelle du monde agricole français?

Yves Guibert: Bonjour, le nombre de fermes françaises est en baisse constante. Cent milles ont disparu en dix ans. Il n'y a pas de perspectives d’amélioration. La baisse devrait s’accentuer dans les prochaines années. Les terres libérées s’en vont très majoritairement à l’agrandissement des exploitations existantes au détriment de l’installation de nouveaux paysans.

Des fermes de plus en plus grandes cela ne veut pas dire amélioration des revenus pour beaucoup d’entre elles. De nombreuses causes expliquent cette situation.

Les aléas climatiques liés au réchauffement de la planète sont en augmentation. Des gels ravageurs ont lourdement impacté vignes et vergers, des grêles intenses ont détruit des cultures. La sécheresse et les températures caniculaires ont fait chuter les rendements.

Les crises sanitaires sont très présentes en Aquitaine: grippe aviaire avec abattage massif de volailles, tuberculose bovine, là encore avec abattage de troupeaux entiers.

Les crises économiques s'y ajoutent: la crise viticole, la surproduction se traduit par un effondrement des prix du tonneau pour qui arrive à vendre. Crise de croissance de l’agriculture biologique, la production augmente mais le marché est en baisse, 1/3 du lait et des œufs bio vendus à perte sur le marché conventionnel.

La guerre en Ukraine a provoqué une très forte augmentation du prix des fournitures (engrais, carburants, aliments du bétail). L’élevage est touché de plein fouet.

Les mécanismes d’aides calamités et des assurances existent mais les indemnisations partielles, les payements tardifs et le coût trop élevé des assurances n’arrivent pas à préserver les plus touchés.

JFS: Pourquoi "Solidarité Paysans" ?

Y.G: Des paysans ont fait le constat, il y a plus de vingt ans, des drames humains dans le monde agricole. De là est née l’idée d’un accompagnement solidaire par des paysans pour des paysans. Un réseau national s’est structuré. Quatre vingt salariés dont plusieurs juristes, un millier de bénévoles, accompagnent plus de trois milles familles paysannes en France. En Aquitaine, deux salariés et une vingtaine de bénévoles accompagnants actifs apportent leur aide à plus de 130 familles paysannes.

JFS: Quelle est l'éthique et mode d’intervention de "Solidarité Paysan"?

YG: Nous répondons à toute demande sans aucune considération d’appartenances syndicales, sans aucune considération d’opinions politiques, philosophiques ou religieuses. L’unique règle est que la demande soit formulée directement par les personnes concernées.Nos interventions sont totalement gratuites, avec garantie de confidentialité.Elles se font dans le respect des personnes et de leurs choix.L’accompagnement est systématiquement fait en tandem, un salarié et un bénévole, ou deux bénévoles. Les bénévoles sont essentiellement des agriculteurs retraités. Cet accompagnement de pair à pair permet d’établir un climat de confiance mutuelle. Il est fondamental et fait toute l’originalité de notre action.

JFS: De qui est reconnue "Solidarité Paysans"?

YG: L’association est reconnue auprès des tribunaux dans le cadre de l’accompagnement des procédures judiciaires et auprès des préfectures.  Nous réalisons des audits sur les fermes en difficultées. Nous sommes présents dans les structures intervenant autour du mal être agricole.L'association est reconnue d’intérêt général, nos donateurs privés bénéficient de 66 % de crédits d’impôts sur les dons, 60 % pour les entreprises. 

JFS: D'où proviennent vos financements?

YG: Nous ne demandons aucune participation aux accompagnés, souvent leur situation est si dégradée qu’ils n’ont plus le minimum vital. Il nous faut trouver des soutiens pour assurer la rémunération de nos salariés, l’indemnisation des frais kilométriques, la formation de nos équipes et un minimum de moyens et outils de communication.

Nous bénéficions de l’aide du Conseil Régional, des départements de la Gironde et de la Dordogne, des Mutualités Sociales Agricoles de Gironde, Dordogne et Lot-et-`Garonne , de l’agence régionale de santé (ARS), de trois collectivités locales dont la communauté d’agglomération d’Agen.

Cela ne suffit pas à couvrir nos charges et la tendance est à une baisse des soutiens publics, nous développons l’appel aux dons via la plateforme Helloasso :

https://www.helloasso.com/associations/solidarite-paysans-aquitaine

ou par chèque au siège de notre association :

"Solidarité Paysans Aquitaine"

 2 bis rue du 8 mai 1945

33540 Sauveterre de Guyenne.

Tous les dons bénéficient du crédit d’impôt.

Ces soutiens sont indispensables à la poursuite de notre action en faveur des plus démunis du monde agricole.

JFS: Quel bilan et quel avenir pour l'association dont vous êtes le trésorier ?

YG: "Solidarité Paysans Aquitaine" est récente en Lot et Garonne. Quinze familles sont suivies. Six bénévoles actifs interviennent sur le département et les départements limitrophes. On constate, depuis début 2022, une forte augmentation des appels Aquitains. Ils ont plus que doublé par rapport à la moyenne des dix dernières années. Les situations sont plus complexes, plus dégradées. Ils concernent tous types de productions et de tailles de ferme. Au-delà des aspects techniques et financiers, le plus important, c’est l’humain. Ce sont des familles en souffrance, on n’est jamais à l’abri du drame. Plus de trois cents suicides d'agriculteurs sont identifiés chaque année en France.

Nous sommes les seuls à intervenir totalement gratuitement mais surtout notre intervention prend d’abord en compte les personnes. Nous ne sommes pas là pour juger. Nous sommes d’abord là pour écouter, nouer le dialogue. Notre présence, en tant que bénévoles agriculteurs retraités ou actifs, facilite l’échange, la mise en confiance. Le seul fait de pouvoir exprimer ses problèmes peut aider chacun dans un couple à mieux comprendre l’autre, à lever des non dits. Éclaircir la situation c’est aller à la découverte de solutions.

Appelés assez tôt les espoirs de redressement sont importants. Appelés trop tard c’est beaucoup plus compliqué au plan économique mais il reste au moins la possibilité de préserver l’humain et l’aider à s’en sortir dignement.

C’est un engagement très motivant où la seule bonne volonté ne suffit pas, raison pour laquelle, nous mettons en place un important programme de formations.

Nous avons besoin de nouveaux bénévoles du monde agricole et pas seulement. Nous recherchons des personnes ayant une bonne maîtrise comptable, des aptitudes à nous aider en matière de communication.

N’hésitez pas à parler de nous, à nous faire connaître. Pour ceux qui seraient concernés, n’hésitez pas à nous appeler, mieux vaut trop tôt même s’il n’est jamais trop tard.

JFS: Merci d'avoir répondu à nos questions.

YG: Merci de nous les avoir posées. :-)

 

Propos recueillis par Jean-François Sadys

 

 

Pour joindre "Solidarité Paysans Aquitaine":

 

solidarite.paysans.aquitaine@orange.fr

 

Tel : 06 59 08 57 39 et 07 68 47 88 30

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