De l'adolescence

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"L'adolescence est un âge où la perception de soi est mise à mal. Cela s'explique peut-être ainsi: bien souvent, l'enfance est un royaume où l'on est le centre du monde. Sans le vouloir, les parents gonflent de manière disproportionnée l'égo de leur progéniture. Ils accourrent au moindre besoin, jugent génial n'importe quel gribouillage et s'extasient sur des chorégraphies ridicules. Bref, l'enfant a le sentiment d'être touché par la grâce, et se fracasse lamentablement, ensuite, dans la vérité de l'adolescence: il n'est que lui. Il y aurait sûrement beaucoup moins de crises pubertaires si l'on plongeait les humains dès le plus jeune âge dans une réalité moins narcissique. (...) L'adolescent pense craindre l'avenir, alors qu'il souffre de la disparition du passé."

David Foenkinos dans "La famille Martin" chez Gallimard, nrf, page 76

Toussaint 2020

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Parfois les absents sont là

Plus intensément là

 

Mêlant au dire humain

 

Au rire humain

 

Ce fond de gravité

 

Que seuls

 

Ils sauront conserver

 

Que seuls

 

Ils sauront dissiper

 

Trop intensément là

 

Ils gardent silence encore.

 

François Cheng

 

Un moyen

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L'avion, ce n'est pas une fin, c'est un moyen.
Ce n'est pas pour l'avion que l'on risque sa vie.
Ce n'est pas non plus pour sa charrue que le paysan laboure.
Mais, par l'avion, on quitte les villes et leurs comptables, et l'on retrouve une vérité paysanne.
On fait un travail d'homme et l'on connaît des soucis d'homme.
On est en contact avec le vent, avec les étoiles, avec la nuit, avec le sable, avec la mer.
On ruse avec les forces naturelles.
On attend l'aube comme le jardinier attend le printemps.
On attend l'escale comme une Terre promise,
et l'on cherche sa vérité dans les étoiles.
 
Saint Exupéry
 
 

Gabriela Mistral

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Trois arbres tombés sont restés au bord du sentier.
Oubliés du bûcheron, ils s'entretiennent,   
fraternellement serrés, comme trois aveugles.

Le soleil couchant verse
son sang vif dans les troncs éclatés,
les vents emportent le parfum de leur flanc ouvert.

L'un, tout tordu, tend un bras immense,
frissonnant de feuillage, vers l'autre
et ses blessures sont pareilles à des yeux pleins de prière.

Le bûcheron les a oubliés.
La nuit viendra. Je resterai avec eux.

Je recueillerai dans mon cœur
leurs douces résines, elles me tiendront lieu de feu.
Muets, pressés les uns contre les autres,
que le jour nous trouve monceau de deuil.

Poème traduit de l’espagnol par Claude Couffon

Source: https://www.franceculture.fr/emissions/poeme-du-jour-avec-la-comedie-francaise/paysage-de-patagonie-trois-arbres

Le progrès

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"Le progrès ne résout rien en définitive; il complique même souvent les problèmes, bien qu'il soit en même temps un progrès... Le chirurgie la plus élaborée ne supprime pas la mort. Le psychanalyse ne résout pas l'angoisse humaine et n'en épuise pas les manifestations toujours rejaillissantes. " L'expansion" soulève de nouveaux conflits. L'humanité moderne, si solidaire dans la perception réciproque, présente un visage plus contrasté que jamais dans l'histoire: les gens qui crèvent littéralement de faim dans les bidonvilles à côté des philosophes, sociologues et magnats de la culture, dans la banlieue d'une grande ville où se côtoient le soir, (...) les voitures de luxe et l'insupportable misère..."
 
Marc Oraison dans "Tête dure" pages 16/17 aux éditions du Seuil.
 
 
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