De la France éternelle

Rédigé par yalla castel - - 2 commentaires

Joseph a 71 ans. Il a été maçon - tailleur de pierres pendant 45 ans. Son père était maçon - tailleur de pierres. Son fils est maçon - tailleur de pierres.

 

Comme beaucoup de femmes et d'hommes de sa génération il a quitté très jeune son village natal, son département natal pour aller travailler en ville, dans un département voisin plus riche que celui qui a été le berceau de sa famille pendant plusieurs générations.

 

Dès qu'il a pu mettre un peu d'argent de côté, il a racheté à un vieil oncle une maison où il a passé une partie de son enfance dans un village de l'Aveyron aux portes de l'Aubrac.

 

Elle était en très mauvais état et pour ce qui est du confort du monde moderne vraiment d'une autre époque.

 

Patiemment et sans compter son temps, Joseph a restauré de ses propres mains ce bien familial centenaire pour en faire une très belle résidence secondaire en respectant son cachet initial. Elle est parfaitement intégrée au paysage. Elle est surtout très fonctionnelle et "moderne": eau froide eau chaude à l'évier, chauffage efficace avec un  vieil insert récupéré dans une déchetterie, salle de bains, wc intérieurs. Epaisse isolation aux plafonds et sous les toits. Pour les murs nul besoin d'isolation vu leur épaisseur et la qualité des pierres utilisées pour la reconstruction. Tous les arbres trop près de la maison ont été abattus par sécurité avant même que de grandes tornades refassent leur apparition dans notre pays. Ils ont été transformés en bois de chauffage.

 

Joseph nous a invité à venir passer le week-end pascal dans son petit paradis terrestre.

 

Nous avons fait connaissance avec Elisabeth, 75 ans, sa compagne depuis 28 ans. Tous deux font partie d'une génération qui ne se raconte pas. Les épreuves de la vie qu'ils ont traversées avant de se connaître et depuis qu'ils se connaissent, il n'en sera pas question durant notre séjour chez eux. Ils ont appris dès leur enfance qu'il fallait être dur au travail et dur à la peine. Ne jamais se plaindre, ne jamais geindre.

 

Joseph est droit, physiquement, moralement, comme les pierres d'angle de sa maison. Il peut sembler rugueux de caractère comme les pierres des murs qu'il a remis d'équerre. Mais en fait il est lisse de paroles comme certaines belles pierres taillées qu'il a récupérées et ré-utilisées à bon escient. Il ne dit de mal de personne. Les événements extérieurs semblent glisser sur lui.

 

La télé est allumée dans la cuisine mais le son est baissé. Les images du monde rentrent dans son univers familial mais ne semblent pas l'atteindre, le concerner. Il est d'un autre monde: celui de l'Aveyron immuable, éternel depuis des millénaires.

 

Joseph et Elisabeth n'ont pas pour autant des coeurs de pierre. Ils sont depuis leurs jeunes années bénévoles dans un grand club sportif bien connu dans le milieu du rugby. Ils continuent  régulièrement de  "donner la main" pour faire vivre et rayonner ce sport qu'ils aiment et qui les réunit encore avec passion.

 

Nous avons passé un week-end pascal très calme et enrichissant, loin du tumulte du monde d'aujourd'hui.

Joseph et Elisabeth ne sont pas des personnages médiatiques. Ils ne font pas la une des journaux et des émissions télés. Ils n'en existent pas moins. Avec beaucoup d'autres Joseph et Elisabeth de France ils sont les racines toujours vivaces de nos régions au riche passé et au présent porteur d'avenir.

 

Hier aujourd'hui demain

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

Le point de vue de Bahram Saleh, président de la République d’Irak.

Dans son livre « Les vérités cachées de la guerre d’Algérie » aux éditions Fayard, Jean Sévilla fait la citation suivante: « Nous allons vers un Diên Biên Phu diplomatique ». Page 222. Remarque faite par Robert Lacoste le 8 mai 1958.

Plus loin dans le livre cette expression reviendra sous les deux formes suivantes: « Diên Biên Phu politique » et « Diên Biên Phu intellectuel ».

Ces trois remarques peuvent-elles s’appliquer à la situation présente de notre pays? à la situation présente en Algérie? Au Moyen Orient?

Depuis 1961 la télévision n’a pas cessé de prendre de l’importance dans notre vie et l’horreur, la violence, la barbarie y sont banalisées à longueur de journées, de semaines, de mois, d’années.

Nous nous habituons à tout. Surtout si ça arrive aux autres

Nous nous sommes habitués aux accidents de voitures, du travail, aux violences conjugales, aux cancers de plus en plus nombreux, aux suicides, aux états de guerre permanents de certains pays où les premières victimes sont les civils.

Nous nous sommes habitués à la troisième guerre mondiale en morceaux dans laquelle nous sommes entrés depuis 1989.

Nous sommes souvent habités par un grand sentiment d’impuissance devant le cours des événements tragiques du monde d’aujourd’hui.

Certains d’entre nous en mourront.

Beaucoup survivront.

Les êtres humains ont la vitalité du chiendent.

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