Sache, que j’ai parfois des moments d’angoisse. On en a tous je le sais bien. Mais cette angoisse est profonde, elle encercle mon cœur comme une liane qui pousse vite et contre laquelle je ne peux lutter. Cette angoisse se mêle souvent à de la mélancolie, de la tristesse, un soupçon de peur sur un avenir incertain. Il ne faut pas vivre dans le futur, il faut le construire. Il ne faut pas vivre dans le passé, ni l’oublier mais s’en servir pour grandir. Il faut vivre le présent, même s’il n’est pas glorieux, il faut le vivre et tout faire pour qu’il devienne bonheur.
Sache petit être que si parfois ou même souvent tu es en difficulté, que toi aussi tu as peur et tu voudrais crier fort pour que quelqu’un entende, quelque part ta détresse, tu n’es pas seul. Beaucoup de personnes ont envie de crier, car nous avons tous notre petit baluchon qui pèse de plus en plus lourd lorsque les années passent.
Alors si jamais tu roules dans un endroit paumé, que tu as ce baluchon dans ton coffre, ta tête ou ton cœur. Si jamais ta voiture peine, que ton cœur peine aussi, arrêtes toi et crie. Là, au milieu du champ de maïs, au milieu du champ de tournesols dont la chaleur fait fondre ton baluchon…crie. Parce que c’est un soulagement et même si tu en a envie, tu as le droit de verser une larme ou deux parce que ça n’est pas être lâche, ça n’est pas anormal, ni étrange, ni fou ou inadéquat, c’est juste humain.
Bonne nuit et à bientôt petit être.
Inés Bourgeois.
Casteljaloux, c'est la ville aux 1001 souvenirs.
Petite fille, Casteljaloux c'était la rue du Chalet avec son altéa dans lequel j'ai voulu grimper un jour. Ma robe d'alors en est revenue toute verte.
La rue du Chalet c'est aussi le voisin qui a tué mon seul et unique chat mais ce n'est que bien plus tard que j'ai su qu'il l'avait utilisé comme cible pour s'entraîner à la carabine à air comprimé.
La rue du Chalet, c'est aussi la voisine avec laquelle j'allais jouer, sans crainte de se faire accrocher par une voiture ou de se faire enlever.
La rue du Chalet, c'est aussi la boulangerie du Point du Jour où parfois le dimanche nous allions chercher les baguettes fraîches et les croissants au beurre, les meilleurs de tout Casteljaloux.
A suivre...
Guimaï.
Petite route noire dans la forêt. Elle relie deux villages et nous sommes en voiture. Nous, c'est à dire, mes deux petits-enfants Cathia et Nathanaël, six et neuf ans, et moi-même.Nous allons au théâtre et déjà la magie opère. Nous ne savons pas très bien où le spectacle a lieu, la route est bordée de grands arbres, il pleut, tout est silencieux, il fait nuit.
Voilà, c'est ici, nous y sommes. Quelques voitures, un peu de lumière, deux personnes attardées devant une petite porte. On ne nous attend pas:
-"Bonsoir, vous n'avez pas réservé?"
- "Heu...non, je viens de voir l'annonce ..."
- "Mais c'est complet... vous venez de loin? "
-"Quelques kilomètres...on pourrait peut-être se serrer...un peu...non?"
-" Restez là quelques minutes, nous attendons trois ou quatre personnes, si elles ne viennent pas, c'est bon."
-" Merci, nous attendons".
En moi, je pense que les personnes en question ne viendront pas. Les enfants, regard interrogatif attendent calmement.
Nous entrons. La salle est exigüe. De celles des tout petits villages de campagne. Quelques personnes sont même debout. La scène est bien délimitée, éclairée. Un léger décor; une musique évoque les flôts. Nous voilà au bord de la mer, sur une plage. Un vieux pêcheur ou chiffonnier trimbale. Une barque, de très vieux objets échoués, un très ancien cahier. Mystère.
Le vieux cahier, c'est le journal d'Eléonore. Celle-ci apparaît. S'ensuit par un jeu subtil, fin, dynamique et enjoué le déroulement du voyage initiatique en mer d'Eléonore et de son mari. Jolie petite épopée. Joies du départ, moments de tendresse, de tranquillité, de tempêtes, péripéties diverses et accalmie. Ont-ils accosté quelque part? Ont-ils fait naufrage?
Le chiffonnier se retrouve seul, éperdu...Les souffles sont retenus et la petite Cathia laisse couler ses larmes...
Moment d'évasion, de rêve, d'aventure et de poésie.
Et moi, je me dis qu'au sein du brouhaha ambiant, des multiples gesticulations de tous ordres et de l'électronique emberlificotant, existent des comédiens qui mettent tout leur coeur et leur savoir-faire à raconter une histoire à quelques enfants et adultes réunis au milieu d'une sombre forêt. Contentement à la pensée que tant que ce presque-rien persistera à mouvoir et émouvoir, il nous sera possible d'espérer.
C'est peut-être aussi cela la joie de Noël.
Brigitte Papleux
Certains ont le désert à leur porte. Chez nous c’est la Lande. La vraie lande, sableuse et quasiment dénuée de toute vie humaine.
A perte de vue, du sable et de la forêt. De ce sable noir qui vient vous colorer les pieds et les jambes dès que vous le foulez. Ce sable noir qui n’accepte que le maïs, les asperges et les arbres.
Et puis, cette forêt d’acacias, de chênes, de fougères, de bruyère mais surtout de pins. Elle sent bon, c’est elle la vie dans ce pays. Elle abrite quelques gros gibiers bien sûr mais peut-être autant de secrets.
Les secrets de ces vieux résiniers et bergers qui peuplaient autrefois la Lande mais aussi secrets de tous ceux qui s’y sont cachés pour éviter le pire pendant les maudites guerres.
Cette lande, je n’y vis pas sinon je serais encore plus sauvage qu’aujourd’hui, mais je l’aime. Un peu de sa sève coule dans mes veines. Je suis toujours heureuse de venir la respirer.
Ecoutez, sentez, regardez et vous verrez que malgré ses airs inhospitaliers, elle sait se montrer agréable….
Guimaï
Impossible de voir cette « fête » comme un évènement joyeux. Pas de bonbon ni de citrouille grimaçante.
Je scrute la route humide pendant que mes pensées grésillent aussi fort que la radio. Les mains sur le volant, je pense à vous, mes Absents.
Mes Absents dont la présence me réchauffe un peu chaque jour.
Vous êtes dans ces petites gouttes de pluie glissant sur le pare-brise. Vous êtes sans doute ces feuilles jaunissantes qui s’envolent sur des chemins terreux.
Vous êtes ces arbres aux branches alambiquées et fines, laissant les rayons du soleil vous traverser.
Mes Absents, au regard bienveillant d’une nature automnale.
Inès Bourgeois