Capharnaüm un film qui ne laisse pas indifférent

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Révolté par son sort, un enfant des quartiers pauvres de Beyrouth veut attaquer ses parents en justice. Un saisissant mélodrame, entre réalisme et romanesque, signé Nadine Labaki ("Caramel"). 

Zain, âgé d’une douzaine d’années, veut intenter un procès à ses parents. Il ne leur pardonne pas sa vie de misère dans les bidonvilles de Beyrouth, ni la vente de sa sœur de 11 ans à un homme plus âgé. Après s’être échappé du foyer familial, l’adolescent rencontre Rahal, une Éthiopienne qui l’héberge en échange de la garde de son bébé, Yonas. Mais quand, à l’expiration de ses papiers, la jeune femme est arrêtée par les autorités libanaises, les deux enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes. S’ensuivent des mois d’errance dans les rues de Beyrouth où Zain se bat pour garder Yonas en vie.

(Source: le texte de présentation du film sur le site d'Arte)

Manif devant l'Odyssée

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C'était aujourd'hui de 16h30 à 17h30  dehors en plein air sur le parking devant le cinéma de Casteljaloux.

Trente sept personnes y ont participé pour demander la ré ouverture du Cinéma et signer une pétition de soutien à cette demande. (Trois cents personnes à Agen, des dizaines de personnes devant les autres cinémas du Lot-et-Garonne.)

Certaines personnes étaient là aussi pour demander la ré ouverture de tout ce qui n'est pas essentiel.

Une sono a permis à la Madame la Présidente de l'association qui gère le cinéma municipal l'Odyssée de prendre la parole en public.

Des jeux de reconnaissance de musiques de films ont été proposés aux personnes présentes.

Deux élus de la municipalité étaient présents ainsi que Monsieur Raymond Girardi président de la Communauté des Communes.

Le texte de François Morel a été lu au micro et très applaudi. Le voici en version papier:

 

"Je me souviens, le premier confinement, je ne l’avais pas mal pris. Il avait fait beau, on mangeait dehors. Je dinais à heure fixe, ça me changeait. Je réussissais à perdre du poids. J’écrivais. J’ai travaillé mais de manière différente. J’ai regardé des séries. Et puis surtout, j’ai profité de mes proches. Ce fut une parenthèse pas désagréable. Tous les soirs à 20h, comme tout le monde, j’applaudissais le personnel hospitalier. Je me disais que ce n’était pas si mal un pays qui, plutôt que son économie, privilégiait notamment la vie de ses vieux.

Le deuxième confinement, j’ai moins aimé. D’abord, plutôt que vers le printemps, on allait vers l’hiver. On était un peu démoralisé. On se demandait combien de temps ça allait durer, s’ils allaient bientôt réussir à trouver un vaccin. Le soir, à 20h, on n’applaudissait personne. C’est pas quand on met les radiateurs qu’on va ouvrir les fenêtres en grand.

Le troisième confinement, c’est là que l’explosion de la vente des chiens a explosé. C’était encore le meilleur moyen de justifier les promenades en forêt. Ceux qui n’avaient pas les moyens de s’acheter un chien s’achetaient juste une laisse. Quand ils croisaient des gendarmes, ils se mettaient à courir la laisse à la main en criant Sultan ! Sultan ! Reviens ! Reviens Sultan, reviens !

Le quatrième confinement, c’était l’anniversaire de la mort de Samuel Paty. Certains ont eu l’idée, (ça partait d’une bonne intention),  d’applaudir tous les soirs à 20H les professeurs des écoles, des collèges, des lycées. Ça a fait des polémiques. Certains ont pensé que ça pouvait passer pour une provocation.

Le cinquième confinement, je ne m’en souviens plus trop. Je crois que j’ai commencé à boire le premier jour et je suis resté torché pendant les six semaines. Je buvais. Parfois, je vomissais pour faire de la place. Puis je rebuvais…

C’est surtout à partir du sixième confinement que j’ai repris du poids.

Je me souviens que entre le septième et le huitième confinement, je ne suis même pas sorti de chez moi, j’avais perdu l’habitude. 

Pendant le neuvième confinement, en ouvrant la fenêtre, j’ai le voisin d’en face qui travaille dans le BTP qui m’a crié « Vu votre nouvelle silhouette, vous devriez peut-être faire élargir vos portes au cas où vous auriez envie de ressortir de chez vous entre les deux prochains confinements. « De quoi je m’occupe ? » j’ai répondu en refermant la fenêtre.

Le dix-septième confinement, je me souviens, on a regardé plein de films, des vieux trucs, des comédies sentimentales. Les enfants étaient quand même étonnés, ils ne comprenaient pas quand ça finissait bien, pourquoi le monsieur et la dame, se sentaient obligés de se frotter la bouche l’une contre l’autre, parfois même de sortir la langue en guise de contentement ? « C’est dégueulasse, ils disaient, c’est pas hygiénique et puis ça sert à rien… » 

On ne leur répondait pas trop, on avait peur de passer pour des parias, on avait de la nostalgie…

Voilà. J’arrive bientôt à mon vingt-troisième confinement. D’une certaine manière, ça passe vite la vie confinée quand on est dans la torpeur. 

Pour les jeunes, on est des dinosaures. Ils nous demandent « Mais avant quand ça n’existait pas les confinements, qu’est-ce que vous pouviez bien faire toute la journée à traîner dehors ? Et pourquoi vous étiez obligés d’être en présentiel pour prendre un apéro avec des potes alors qu’avec Zoom c’est tellement plus pratique ?» 

On fait comme si on n’entend pas. 

On attend la nuit pour pouvoir faire des rêves de baisers, de poignées de mains, d'étreintes, de terrasses, de cinémas, de théâtres. Nos rêves d’aujourd’hui, c’était le quotidien d’hier."

L'époque

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"Pendant deux ans, de novembre 2015 à mai 2017, Mathieu Bareyre et Thibaut Dufait, son ingénieur du son, ont arpenté les rues de Paris pour y capter l'esprit de "l'époque". Chaque nuit, inlassablement, ils ont interrogé des jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans." (...)

" "L’Époque" ne raconte pas une histoire. Il ne raconte pas non plus l'Histoire." (...)

" "L’Époque" filme des fragments poétiques de nuit. C'est ce qui fait sa beauté. C'est ce qui fait aussi sa limite. Au son de Nekfeu et de Vivaldi, "L’Époque" est une accumulation kaléidoscopique de courtes saynètes, de rencontres improbables, sans autre fil conducteur que celui de cette nuit et des substances euphorisantes qu'on y consomme. Parmi toutes ces silhouettes s'en distingue une, inoubliable. Sous ses couches de vêtements, on hésite sur son sexe. Rose a la langue bien pendue, un humour à toute épreuve. Française d'origine africaine, elle vomit les contrôles d'identité à répétition qui foulent au pied sa citoyenneté. Place de la République, face aux CRS impassibles, ce Gavroche du vingt-et-unième siècle a les traits d'une Marianne en colère."

Source: http://www.allocine.fr/film/fichefilm-262956/critiques/spectateurs/

Ce film d'une heure trente m'a confirmé ce que je ressens depuis longtemps maintenant: dans notre pays il n'existe pas une jeunesse mais des jeunesses différentes. Ces jeunesses sont minoritaires dans le pays, dans la pyramide des âges. Il y a beaucoup de jeunes en difficultés même dans des milieux favorisés. Les causes des difficultés sont multiples. Notre pays ne semble pas beaucoup se préoccuper des jeunesses qui sont notre futur et nos bâtons de vieillesse. Ils ont du mal à faire "leur trou", à trouver une place dans notre société, à accéder à des postes de responsabilités.

jfs

Au bord du monde

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En 2017, Alice Gapail, jeune étudiante lot-et-garonnaise, demandait aux responsables de CFM Radio 47 de faire un stage dans notre radio associative locale. Et c'est là que nous nous sommes rencontrés. Aujourd'hui dans le cadre du programme d'étude Erasmus (1), Alice Gapail est actuellement  en Estonie. Elle prépare une licence de science politique et journalisme.Voici ce qu'elle a écrit en 2017 sur un film qui lui tenait à coeur et qui reste malheureusement d'actualité:

A Paris, la nuit, dans la rue, le métro, sous les ponts ou le périphérique, le réalisateur Claus Drexel (2) a tenté d’établir les portraits d’une dizaine de sans-abris, afin que face à la caméra ils racontent leur vie au bord de la société.

 Un long-métrage sur les sans-abris, pourquoi ?

« Au bord du monde », film aux multiples distinctions notamment présenté à Cannes en 2013 et nommé pour le prix Louis-Delluc, est sorti en 2014. Sur le modèle d’un documentaire, il s’agit avant tout de laisser la parole aux sans-abris, et ce sans commentaires afin de n’entendre que leur voix. C’est donc de bon cœur que 13 d’entre eux s’expriment en toute liberté sur la vie et le monde qui les entoure.

Durant 98 minutes, pas de misérabilisme ni de trash mais de la sincérité. Il ne s’agit pas d’un film militant mais humaniste, le but étant de remettre au centre de l’image des individus habituellement relégués au bord du monde.

Telle une longue épopée de nuit, à Paris, ce long métrage est l’occasion d’une remise en question, l’occasion de rencontrer des personnalités oubliées.

On les voit partout, mais on ne les entend nulle part

« Au bord du monde » c’est tout d’abord un film qui aborde le regard des autres. Dans l’ombre, les sans-abris sont souvent vus tels des « parasites » pour la société. Mais la plupart des gens oublient qu’en fait ils sont des êtres humains, des personnes dotées de sensibilité. Pourtant, certains détournent le regard, sont gênés en leur présence : pourquoi ?

« La société n’accepte pas la pauvreté. Ils sont terrifiés à l’image que cela leur renvoie d’eux-mêmes. Nous ignorer, c’est se protéger quelque part » confie Pascal, l’un des sans-abris interrogés.

Humiliation, infantilisation, perte de la dignité et de la confiance en soi, les sans-abris sont délaissés, comme s’ils n’avaient jamais existé.

Deux. C’est le nombre de fois où l’on parle d’eux pendant l’année : l’été, puis l’hiver. Le reste du temps, on fait comme s’ils n’existaient pas car les regarder, voir la vérité serait trop inconfortable.

« Les gens ne sont plus solidaires entre eux » avance Michel, Sans Domicile Fixe. Démonstration d’un individualisme grandissant, le film montre comment nous oublions progressivement l’autre. Comment nous nous octroyons le droit de le considérer comme inférieur, encouragés par notre indifférence égoïste.

Ce sont des naufragés de la société

Quelques habits, un duvet et parfois une tente : c’est tout ce qu’il leur reste.

Christine, à la rue depuis 4 ans confie : « J’ai tout perdu. Mes papiers, mes habits, la photo de mes enfants. J’avais un appartement et du jour au lendemain je me suis retrouvée dans la rue. Aujourd’hui, je ne sais pas quoi faire, je suis résignée ». Chacun de ces mots soulèvent des questions sans réponses : pourquoi sont-ils là ? n’ont-ils rien fait pour empêcher cela ? pourquoi restent-ils sans rien faire, à attendre ?

Claus Drexel exprimait à ce propos que jamais il ne leur posait l’une de ces questions, ne voulant d’aucune façon les embrasser, les diminuer. Il cite alors :

« La rupture avec la société est une bascule dans un autre monde.

Comment s’est-elle produite ? Comment a-t-elle eu lieu ?

Nul ne s’en souvient. C’est comme une autre naissance… »

(George Orwell)

Avant d’ajouter : « Je fais cela pour rencontrer la personne. Ces derniers m’intriguent. Ce qu’il s’est passé avant, je n’en ai pas grand-chose à faire. »

Face à la misère ambiante : quelques aides telles que les Restos du Cœur, la Croix rouge, des associations, mais rien qui ne leur permette de vivre décemment.

L’espérance de vie d’un SDF en France est de 48 ans. Les conditions de vie dans lesquelles ils évoluent sont à l’origine de ce chiffre alarmant. Pas d’hygiène, pas de nourriture, pas d’eau potable, c’est un retour à l’Age de pierre. Le sommeil, lui aussi est perturbé et difficile à trouver, certains ne dormant que quelques heures par nuit.

Marco explique quant à lui que :  « Le plus dur c’est l’hiver, on essaie de trouver des endroits isolés. On a pris nos habitudes et c’est le monde à l’envers, le mauvais rythme. On fait notre vie en fonction du froid , on dort très peu ».

Alors quand le soir nous rentrons dans nos maisons, eux restent seuls et ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Une bataille entre l’esprit et le corps s’impose, souvent. Le corps voudrait abdiquer mais l’esprit lutte, toujours. « Car c’est humain de ne pas vouloir mourir ». Christine déclare « être surprise de se réveiller l’hiver ». Avant, elle pensait « qu’aucun être humain ne pouvait survivre à ça ».

Durant l’hiver 2016, ce sont 501 sans-abris qui sont morts dans les rues. La moyenne d’âge était de 49,6 ans. Et 11 étaient des mineurs dont 6 avaient moins de 5 ans. Des chiffres alarmants, dénonciateurs d’une grande problématique restant, en vain, non résolue.

La vie dans le rue : toute une organisation 

Afin de se nourrir les sans-abris ne comptent pas exclusivement sur la manche, celle-ci n’étant pas pratiquée par tous et constituant un trop faible « revenu ».

Généralement, les invendus sont la première source d’alimentation des SDF. Wenceslas explique : « Vers 4-5 heures du matin je dois partir de l’endroit où j’ai passé la nuit. C’est juste avant que les gens partent travailler. Ensuite, je vais faire les poubelles des restaurants». Si de nombreuses personnes l’ignorent, c’est parce que la police s’assure que l’ensemble des lieux concernés soient libérés avant 6 heures. Une pratique qui dénonce à la fois la considération de la société envers ces derniers, ainsi que le manque de moyens pour leur venir en aide.

Dans la rue, il y a également une hiérarchie. Celle-ci peut être établie en fonction de différents critères : le logement, pouvant avoir plusieurs formes (Le squat, la cabane, la tente et ensuite le duvet), la propreté, qui est un facteur très important pour certains d’entre eux, ou encore la manche. L’un des SDF interrogés explique : « Faire la manche est aussi une humiliation. C’est donc une étape à franchir, tout le monde ne fait pas la manche ».

On se réconforte dans les souvenirs

Les souvenirs constituent souvent le premier des réconforts face à la solitude de la rue. Certains avancent aussi  : « Le bonheur ce n’est plus le matériel , c’est la nature, les situations tranquilles, les animaux, les espaces verts. »

D’autres expliquent : « La foi aide beaucoup et surtout, sourire malgré la difficulté ».

Leur situation fait que la plupart d’entre eux comprennent ce que d’autres ne comprendront jamais : « Le bonheur c’est l’amour, les amis, la santé. Le reste est sans importance ».

Le réalisateur explique avoir voulu filmer de nuit durant tout le documentaire afin d’imager la solitude de ces personnes, ainsi que le coté « fantomatique » de leur existence, de Paris la nuit. Il a décidé de réaliser ce documentaire dans la ville lumière afin de souligner le contraste entre sa beauté et la misère de ces gens, afin que le message soit plus fort, plus puissant.

Jamais il n’a filmé en contre plongé, mais toujours près du sol, à leur niveau afin d’éviter d’avoir « un regard d’en haut vers en bas ». Le but étant justement que le spectateur se mette à leur niveau. Le but étant, qu’ils rencontrent ces personnes et qu’ensemble ils s’assoient « Au bord du monde ».

 Alice Gapail.

 

(1) Le programme Erasmus (EuRopean Action Scheme for the Mobility of University Students), généralement appelé Erasmus, est un programme d'échange d'étudiants et d'enseignants entre les universités, les grandes écoles européennes et des établissements d'enseignement à travers le monde entier.

 

(2) Claus Drexel, né le 24 juin 1968, est un scénariste, réalisateur et metteur en scène allemand, travaillant majoritairement en France.

Soif (1)

Rédigé par yalla castel - - 2 commentaires

"Tout le plaisir des jours est en leurs matinées."

Amélie Nothomb dans son dernier livre "Soif" page 63

Mais aussi en leurs fins de journées au bord d'une rivière...

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