Soirée Migrants d'ici et de là-bas à Aiguillon.

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire
Soirée réussie: la salle de cinéma d'Aiguillon était comble le vendredi 1 er février 2019 dès 20h.
 
Sur scène un homme seul avec sa contrebasse débute la soirée en racontant des histoires vraies de migrants, hisstoires qui finissent souvent mal.
 
Dans la salle de cinéma deux comédiens professionnels  circulent entre les sièges, les allées, la scène. Ils jouent, pour l'un, le rôle d'un homme venu d'ailleurs; pour l'autre, le rôle d'un homme d'ici. Tous deux sont perdus et ne se comprennent pas. L'homme venu d'ailleurs est perdu dans notre monde, l'homme d'ici est un peu perdu en lui-même et dérangé par cet homme qu'il ne comprend pas et qu'il ressent comme une menace venu perturber son mode de vie et son confort personnel. Il faut attendre la fin du spectacle pour voir poindre une lueur d'espérance et de  compréhension entre eux.
 
Le spectacle terminé l'homme à la contrebasse nous lit une longue liste de personnes et d'associations qui se démènent pour venir en aide aux migrants. Il nous fait ainsi la démonstration que nous ne vivons pas complètement dans un monde d'humains aux coeurs de pierre.
 
Sont montés ensuite sur scène un groupe de migrants d'origine soudanaise et irakienne. Ils ont témoigné de leur parcours pour venir en France et de leur situation actuelle. Un silence profond a envahi la salle de cinéma.
 
Lorsqu'ils ont eu terminé leurs témoignages une responsable régionale du CCFD Terre Solidaire a pris la parole pour nous faire un bref et précis exposé sur la situation mondiale des migrations par continents. Rien que des faits et la réalité des faits.
 
Lorsqu'elle a eu terminé son intervention nous nous sommes tous retrouvés dans une grande salle remplie de tables couvertes de pâtisseries et autres douceurs à partager tous ensemble. Ce dernier moment de la soirée a permis les échanges entre nous et d'approcher et rencontrer les migrants présents ce soir là parmi nous.
 
Une soirée réussie et bien organisée. Bravo au CCFD Terre Solidaire du Lot-et-Garonne de cette initiative.
 

Ce que nous devons défendre

Rédigé par yalla castel - - 6 commentaires

J'écris ce matin sur Yalla Castel
Non pas ce que nous devons combattre
Mais ce que nous devons défendre:
Les plaisirs de la vie.
Le vin qu'on boit avec les camarades.
L'amour.
Le feu en hiver.
La rivière fraîche en été.
La viande et le pain de chaque repas.
Le refrain que l'on chante en marchant sur la route.
Le lit où l'on dort.
Le sommeil, sans réveils en sursaut, sans angoisse du lendemain.
Le loisir.
La liberté de changer de ciel.
Le sentiment de la dignité et beaucoup d'autres choses
Dont on refuse la possession aux hommes.

Robert Desnos.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Desnos

J'ajoute ce matin sur Yalla Castel ce que Robert Desnos pensait que nous penserions un jour de lui:

« Ce que j'écris ici ou ailleurs n'intéressera sans doute dans l'avenir que quelques curieux espacés au long des années. Tous les vingt-cinq ou trente ans on exhumera dans des publications confidentielles mon nom et quelques extraits, toujours les mêmes. Les poèmes pour enfants auront survécu un peu plus longtemps que le reste. J'appartiendrai au chapitre de la curiosité limitée. Mais cela durera plus longtemps que beaucoup de paperasses contemporaines. »

Et pour le mot de la fin parce qu'il aimait Paul Eluard, voici une citation de ce dernier:

"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur, voilà tout."

Dis-leur que j'existe...

Rédigé par yalla castel - - 2 commentaires

Ce matin là était un dimanche matin. Le dimanche 27 janvier 2019 . L'écran digital de ma voiture indiquait 9h52.

Je venais de quitter l'épicerie de Giroussens dans le Tarn. Je venais de m'engager sur la nationale Rabastens/Graulhet/Lavaur. Je me trouvais en haut de la côte d 'où il est possible de voir parfois les Pyrénées. Ce matin là ce n'était pas le cas. Le ciel était noir de gros nuages pluvieux. Dehors il pleuvait une pluie froide, de la neige fondue. Au fond de la grande ligne droite, j 'ai aperçu quelqu'un faisant du stop devant un abri bus de ramassage scolaire.

J'ai ralenti pour me donner le temps de mieux voir qui était l'auto-stoppeur. Un arabe, la trentaine, en forme physiquement, plus fort que moi apparemment. Un islamiste? un terroriste? un djihadiste? M'est revenu alors soudain en mémoire un autre dimanche matin vieux de trois ou quatre ans sur la même route, au même endroit: une voiture arrêtée sur la bas côté avec un homme au bord de la route  agitant de la main un bidon d'essence vide. Je m'étais arrêté. C'était un couple de jeunes roumains avec deux enfants dans la voiture dont un malade. Ils me l'avaient "joué"à l'affectif, l'émotionnel. "Nous allons tomber en panne d'essence. Notre enfant est malade. Nous n'avons plus assez de carburant pour arriver à l'hôpital de Toulouse". Je lui avais dit: "Ok je vais vous aider, suivez-moi." Et nous avions terminé notre rencontre à la station d'essence d'une grande surface fort heureusement remplie de monde ce matin là. Après une négociation financière honorable et épique pour les deux parties concernées le jeune couple et l'enfant "malade" étaient repartis avec un peu d'essence... vers un ailleurs meilleur?

Mais revenons à notre jeune auto-stoppeur d'aujourd'hui. Je me suis arrêté à sa hauteur. J'ai ouvert la vitre électrique. Je lui ai demandé où il voulait aller. Lavaur m'a-t-il répondu. Cela tombait bien. C'est justement là où j'allais. J'ai déverrouillé les portières. Il est monté devant à mon côté. Son visage était souriant, ses yeux pétillants, son français très compréhensible. Je ne me suis pas senti en danger. Nous avons repris la route. Je lui ai fait remarquer qu'il portait un foulard bleu autour du cou. Il m'a répondu : "Oui un chèche". Je lui ai demandé : "Vous êtes Touareg? d'Algérie? du Mali? du Niger? ". Il m'a dit: "Berbère touareg du sahara occidental". J'ai alors ajouté : " Ah! Sarahoui! Un destin tragique pour votre peuple. " Je me suis alors présenté. Je lui ai rapidement raconté ce que nous essayons de faire pour les Sarahouis dans le cadre du CCFD Terre Solidaire.

Il m'a alors fait plusieurs commentaires  exprimant son tourment par rapport aux conséquences néfastes pour son peuple des prises de position du roi du Maroc et de l'Arabie saoudite. Il regrettait le temps de la présence espagnole. Il m'a affirmé d'ailleurs qu'il possédait un livret de famille espagnol.

Comme nous rentrions dans Lavaur je lui ai demandé où il voulait que je le laisse. Il m'a proposé de venir prendre un café avec lui dans un bar ouvert le dimanche matin. Je l'ai remercié. Je lui ai expliqué que j'étais descendu en ville acheter des épices pour cuisiner des restes de poulet frit. Je ne voulais pas trop m'attarder, midi approchant. Il m'a conseillé un endroit où les acheter. Nous nous sommes quittés avec en ce qui me concerne l'impression d'avoir passé un bon moment.

Malgré le mauvais temps météorologique de ce matin là, malgré la tourmente internationale qui monte, il y avait du soleil, du beau temps et de la chaleur humaine dans notre rencontre éphémère. J'ai ce matin là agréablement oublié la peur de l'inconnu qu'il y avait en moi au départ de notre rencontre imprévue.

Fil RSS des articles