Vamos a la playa

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

Photo Marion Sadys

Biscarrosse Plage, vendredi 21 mai 2021, il est 16h30;  il pleut, une pluie fine et froide. Personne dans les rues. Personne sur la plage. Peu de voitures circulent dans la ville fantôme. 

Biscarrosse Plage, samedi 22 mai , 10h30, quelques voitures circulent de-ci, de-là. Il pleut moins mais le vent souffle. Quelques personnes montent en voiture sur la dune de la plage Nord et regardent l'état de la mer. Les vagues sont belles. Il y a un peu de monde dans la rue commerçante. 

Biscarrosse Plage, dimanche 23 mai, 16h, il fait un soleil magifique. Mes enfants et petits enfants veulent aller à la plage avec ma jeune soeur et ses enfants et petits enfants. Ils sont excités comme les puces de mer sur la plage de sable fin. 

Le parking de la plage Sud est rempli de voitures. Il me faut en faire plusieurs fois le tour pour finir par trouver une place. Je monte à pied en haut de la dune. Je m'installe sur mon fauteuil pliant près du poste de secours. Deux personnes âgés y sont déjà installées. Nous respectons la distance recommandée entre nous. Les terrasses du restaurant de bord de mer sont pleines de monde ainsi que les chaises longues face à l'Océan. La plage est noire de monde. Mille ou deux milles personnes  profitent de l'instant présent.

J'aperçois les miens qui ont posé leurs affaires et leur parasol près du véhicule de secours des maîtres nageurs sauveteurs. 

Je laisse mon esprit vagabonder. Je me revois enfant sur cette plage avec ma soeur en 1961. Je mesure combien Biscarrosse Plage a changé depuis. Je laisse remonter en moi les souvenirs de mes parents et grands-parents et de leurs amis tous décédés aujourd'hui. Je les entends en moi, je les sens près de moi dans le souffle vivifiant du vent qui vient de l'Océan. Je les cherche à l'horizon. Je repense à l'adolescent et au jeune homme que j'ai été. Je me souhaite encore quelques printemps, quelques étés, quelques automnes avant que vienne mon tour de rejoindre les absents d'aujourd'hui. 

Et puis soudain à 17h15 des personnes se lèvent de leur serviette et se massent autour du véhicule d'intervention rapide au bord de l'eau. Il se passe quelque chose mais je ne vois rien. La foule qui entoure les maîtres nageurs sauveteurs comme les abeilles autour de la reine mère  me masque tout. J'entends les radios du poste de secours qui s'animent et je comprends qu'un bébé dauphin vient de s'échouer sur la plage. Les secouristes demandent l'aide du jet ski qui tracte la planche de secours. Il est au-delà des vagues. Il flotte comme un gros bouchon au milieu des surfeurs en attente de la bonne vague. Il rejoint rapidement la plage. Plusieurs personnes l'entourent, le remettent en position nez vers le large, le maintiennent en ligne de flottaison. Deux jeunes maîtres nageurs prennent le dauphin dans leur bras et le placent sur la planche de secours. 

Soudain tout s'est arrêté. Nous oublions le conflit israélo-palestinien, la guerre en Syrie, le covid, le confinement, le chomage , le terrorisme, les migrants qui meurent en mer, les incertitudes des lendemains qui déchantent. Nous sommes pris dans une émotion collective. Le dauphin va-t-il se laisser sauver? Vont-ils arriver à le ramener en eau profonde? Le temps semble se ralentir, s'allonger. Puis le jet ski s'éloigne de la plage à vitesse lente. Les deux jeunes maîtres nageurs sont allongés de chaque côté du dauphin prenant soin que ses nageoires ne s'abîment pas. Les vagues sont franchies en douceur. Le dauphin laisse faire. Ils s'éloignent au loin là où ils n'y a plus de vagues  écumeuses. Ils le libèrent. L'opération a réussi. Nous sommes contents. Nous nous parlons entre nous. Pourquoi il est venu s'échouer là? Est-il malade? Peut-il survivre coupé des siens? Ses appels au secours seront-ils entendus par les siens? Nos yeux restent fixés sur le grand large. Le temps passe. Il ne revient pas vers nous. Nous espérons qu'il vivra une longue vie de dauphin. 

Biscarrosse plage, dimanche 23 mai 2021, 18h, la plage commence à se vider. C'est une belle fin de journée. Les personnes qui remontent la dune pour rejoindre leurs voitures semblent heureuses et apaisées. Quelques jeunes enfants pleurent de fatigue. Très peu de personnes portent un masque. 

Biscarrose plage, lundi 24 mai 2021, 14h, il fait froid, il y a du vent, il pluviote un peu. Nous commençons à charger les voitures. Demain nos enfants travaillent, nos petits enfants ont école. Nous nous souhaitons une bonne semaine à venir à tous, nous nous promettons de nous revoir tous ensemble "aux beaux jours " de l'été qui peine à venir.

Points de vues non essentiels d'un non essentiel

Rédigé par sadys - - Aucun commentaire

A l’approche de mes soixante-dix ans et après un an de covid, j’avoue que je n’avais pas vu du tout venir la crise des gilets jaunes ni celle du covid 19. Je n’ai pas vu venir non plus les divisions des gauches et les divisions des droites dans notre pays. Par contre dès 1989 j’ai pressenti la montée en puissance du Front national/Rassemblement national. 

 

Depuis que je suis enfant je n’ai pas compté le nombre de fois où des personnes intelligentes et cultivées m’ont affirmé que si tout allait mal dans notre pays c’était la faute des communistes, des socialistes, des  francs maçons, des juifs et de la CGT. 

 

Aujourd’hui ce discours n’étant plus d’actualité, un nouveau discours fait son apparition: si tout va mal c’est la faute aux islamo-facistes, aux islamo-gauchistes et aux migrants. Cela permet d’oublier qu’avant les interventions militaires en Afghanistan Al Qaïda n’existait pas, avant les interventions militaires en Irak Daesch n’existait pas, avant les interventions militaires en Libye la Turquie, membre de l’Otan, ne se permettait pas d’intervenir militairement hors de ses frontières. 

 

« Arrivée la guerre, le diable agrandit son enfer. »  En Syrie, au Liban c’est l’enfer. Et les principales victimes sont les civils.

 

( Si nous remontons plus loin dans le temps, dans l’Egypte de Nasser, les frères musulmans étaient en prison. )

 

Les migrants sont souvent montrés du doigt. Tout val mal à cause d’eux. Pourtant aucun d’eux ne dirigent de mairies, de conseils départementaux, régionaux. Ils ne sont pas présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat. Ils ne contrôlent aucune banque, aucune entreprise. Ils ne sont pas les parasites de nos sociétés riches. Ils sont trop souvent encore une main d’oeuvre taillable et corvéable à merci qui fait le travail que nous ne voulons plus faire ni faire faire à nos enfants et petits enfants. 

 

Dans la guerre menée contre le Covid, je n’aime pas la notion d’activités essentielles et non essentielles. Surtout quand il s’agit d’activités faites non pas par des robots mais par des êtres humains. Il y aurait donc des personnes essentielles et d’autres pas? Ce n’est pas ce que mes parents et grands parents m’ont appris. 

 

Le confinement je le perçois non pas comme une solution mais comme un problème. C’est parce que nous sommes confinés dans des villes de plus en plus grandes et de plus en plus polluées que nous nous contaminons. C’est parce que nous sommes de plus en plus confinés dans des groupes scolaires de plus en plus grands, dans les bus, les tramways, les trains bondés de monde que nous nous contaminons.

 

Nous ne parvenons pas à produire nos masques, nos vaccins. Et c’est toujours notre faute si l’épidémie progresse: c’est parce que nous nous comportons mal, que nous ne sommes pas assez disciplinés. Ce discours devient lassant, mensonger, malhonnête. 

 

Dans sa sagesse une grande majorité d’entre nous ne dit rien, ne casse rien, ne se révolte pas, fait ce qu’on lui demande de faire,  évitant ainsi d’ajouter des problèmes aux problèmes en cours. 

 

Le monde d’aujourd’hui a des côtés obscurs mais aussi des côtés lumineux. Beaucoup de personnes essayent de faire face, de s’organiser, explorent de nouvelles manière de vivre. Ce n’est pas parce qu’ils ne passent pas à la télé qu’ils n’existent pas.

 

La vie finira par l’emporter une fois encore.

 

« Les temps sont mauvais? Soyons bons et les temps seront bons, car nous sommes le temps. » (Saint Augustin)

 

 

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