Se réformer ou mourir

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

“Se réformer ou mourir” est un livre des éditions Salvator. Voici ce que cette maison d'édition écrit pour présenter l' ouvrage qui donne la paroles à 7 théologiennes d'aujourd'hui.

 

"Une barque prête à couler, une barque qui prend l'eau de toute part..." On se souvient des propos du cardinal Joseph Ratzinger, au chemin de croix du Colisée le 25 mars 2005, peu avant la mort de Jean Paul II. Reprenant l'image classique de la barque de Pierre, le futur Pape Benoît XVI évoquait à travers cette allusion transparente son inquiétude sur la situation présente de l'Eglise. Près de deux décennies plus tard, force est de reconnaître que celle-ci se trouve affrontée à une tempête hors du commun, particulièrement perceptible dans nos pays occidentaux à l'instar de la France. Affaiblie déjà par la sécularisation de nos sociétés, la baisse de la pratique religieuse, la raréfaction des vocations et l'effacement de nombre de cadres institutionnels, celle-ci fait face désormais à la crise des abus sexuels et spirituels. Devant une telle conjonction de facteurs défavorables, une telle tempête d'une telle intensité, nombreux sont ceux qui, mêmes chrétiens, s'interrogent. L'Eglise a-t-elle un avenir? Comment sortir d'une telle impasse? Comment garder un peu d'espérance, alors qu'on souligne le caractère "systématique" des abus, que certains parlent d'une “crise terminale”, voire d'une véritable “implosion” du catholicisme?" (Pages 7 et 8)

Voici une courte présentation de chacune des 7 théologiennes invitées par les éditions Salvator à s'exprimer librement dans ce livre de 182 pages.

 

Laure Blanchon:

Sœur ursuline de l’Union Romaine. Docteur en théologie. Professeure en théologie dogmatique et pratique. Titulaire de la Chaire Jean Rodhain.

Membre de l’équipe de théologiens qui accompagne le Réseau Saint Laurent. Membre de La Pierre d’Angle – Fraternité Quart Monde et animatrice de la fraternité de Beaugency (diocèse d’Orléans).

Membre de la Société internationale de théologie pratique et du comité de rédaction de la revue Lumen Vitae.

Coordinatrice de la Commission de réécriture des Constitutions des Ursulines de l’Union Romaine.

Formatrice au Centre Angèle Merici.

 

Isabelle de la Garanderie:

Agrégée de Lettres modernes et enseignante en lycée de banlieue.
Doctorante en théologie dogmatique au Centre Sèvres.
Vierge consacrée du diocèse de Nanterre.
Master de littérature française (Paris IV-Sorbonne) / Licence canonique en théologie fondamentale et dogmatique (Centre Sèvres).

 

Véronique Margron:

Prieure provinciale des Sœurs de la charité dominicaines de la Présentation depuis 2014, théologienne moraliste et présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France depuis 2016. Elle est doyenne de la faculté de théologie de l'université catholique de l'Ouest à Angers de 2004 à 2010.

 

Anne Marie Pelletier:

Agrégée de lettres modernes et docteur en sciences des religions. Professeur des universités, elle a enseigné successivement à Paris-X et à l’université de Marne-la-Vallée. En 1999, elle participe au Symposium sur « L’interprétation de la Bible dans l’Église », à Rome. De 2001 à 2013, elle a été chargée d’enseignement à l’Institut européen des sciences des religions. Jusqu’en 2022, elle a enseigné l’Écriture et l’herméneutique au Collège des Bernardins à Paris et au Centre Sèvres – Facultés jésuites. Depuis des années, elle est conviée dans le monde monastique pour diverses formations et pour y donner des retraites.

Lucetta Scaraffia:

Elle est une historienne et journaliste italienne. Elle est professeur associé d'histoire contemporaine à l'Université de Rome « La Sapienza » . Elle collabore avec les journaux "Avenire ", "Il Foglio ", "Corriere della Sera " et "L'Osservatore Romano." Elle est conseillère au Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation.

Anna Soupa:

Pour les catholiques qui ne me connaissent pas, mais qui croient à la bonne santé de la Sainte Église catholique et Romaine et à la vertu d’obéissance inconditionnelle qu’elle impose à ses troupes, je suis le diable. Et je suis même la preuve qu’il existe, puisque je répands une odeur de soufre dans une si sainte maison. (...)

Mais pour d’autres catholiques qu’une structure obsolète accable, je suis un tout petit, petit, coin de ciel bleu. Une figure de résistance, d’espérance peut-être, qui dit non quand elle pense devoir dire non et qui essaie de ne pas céder à la peur, ce fléau dont nos esprits sont si souvent affligés.

Enfin, pour ceux qui se questionnent sur la place des religions, je suis celle qui leur évitera des jugements trop tranchés. Eh oui, il existe des cathos qui préfèrent Jésus à ses saints !

Marie-Jo Thiel:

Elle est titulaire d'un doctorat en médecine et d'un doctorat en théologie catholique.

Elle est la directrice du Centre européen d'enseignement et de recherche en éthique (CEERE) à Strasbourg, depuis sa création en septembre 2005 et jusqu'à 2022.

Elle a reçu en 2008, le premier prix de l'enseignement et de la recherche en éthique.

De janvier 2011 à janvier 2016, elle a été membre du Groupe européen d'éthique des sciences et des nouvelles technologies (GEE). Le 15 novembre 2022, l'Université de Fribourg-CH lui a décerné un doctorat honoris causa 4pour l'ensemble de ses travaux et en particulier ceux concernant la lutte contre les abus sexuels ds l'Eglise catholique.

 

Morceaux choisis

“Le scandale des abus sur les religieuses et des avortements qui en ont été la conséquence a porté atteinte à l'image du prêtre, en associant à cet effondrement même des prêtres irréprochables et honnêtes.”(Lucetta Scaraffia pages 18/19)

“Nous sommes à nouveau ramenés aux fondamentaux de la vie religieuse qui ne sont rien d'autre que de mettre le mieux possible ses pas dans ceux du Christ. (...) Jésus est d'abord crucifié par les siens, par le peuple dont il est issu, par la foule et les grands prêtres, à l'instar des personnes victimes de ceux qui auraient dû avoir soin d'elles.” (Véronique Margron, page 47)

“Pourquoi le diaconat féminin reste-t-il toujours problématique, alors qu'il a été l'objet de multiples questionnements et travaux, qui le légitiment même dans une version à définir en adéquation avec le présent de l'Eglise? Pourquoi , plus généralement, au temps du synode sur l'Amazonie, la voix des femmes amazoniennes, avec leurs demandes directement inspirées de l'expérience de terrain a-t-elle trouvé finalement un écho aussi limité? Pourquoi, encore et toujours, ce soupçon que toute requête des femmes serait une recherche de pouvoir, alors que les hommes d'Eglise sont restés indemnes de ce reproche?” (Anne Marie Pelletier, pages 62 et 63)

“La voix des femmes dénonçant les discriminations de genre et les inégalités de fait dont elles sont victimes depuis la nuit des temps, atteint aujourd'hui la sphère publique et les parvis de l'Eglise. Elle témoigne d'une émancipation en marche et devenue irréversible (...) et de la lutte contre les injustices qui leur sont faites parce qu'elles sont femmes. (...) L'enjeu pour l'Eglise est aujourd'hui devenu crucial: se réformer ou mourir!” (Marie Jo Thiel, page 82)

"Ce qu'est le sensus fidei : croire au flair de tous les fidèles. (...) Chaque fidèle a quelque chose à dire et à partager parce qu'il dispose de ce qu'on appelle le "sensus fidei", le sens de la foi." (Isabelle de la Garanderie, page 118)

"Dans le contexte actuel, il n'est pas toujours facile de s'afficher publiquement comme chrétiens, tant à cause des résistances du milieu que la honte que nous portons depuis le rapport de la CIASE. Cela instille une pente à l'entre-soi et à l'autoréférentialité, avec un risque réel de repli communautariste. En effet, dans nos assemblées, il y a peu souvent d'altérité sociale, une grande homogénéité d'âges et de sensibilités ecclésiales, une culture inconsciente de la connivence et de l'entre-soi, vécues dans une peur du dehors et une recherche de confirmation mutuelle. Tout cela constitue une entrave pour la crédibilité de l'Eglise et de sa mission." (Laure Blanchon, page 138)

"Devant l'ampleur des matières à réforme, j'en privilégierai deux. Ce sont l'inclusion et l'inculturation. L'inclusion est une priorité. L'Eglise est la maison commune, celle de tous; les sacrements ne sont pas pour les purs, mais pour ceux qui en ont besoin. (...) la priorité absolue de Jésus est le refus de l'exclusion, quelle qu'elle soit. (...) L'autre voie à suivre pour une réforme est que l'Eglise apprenne à écouter le monde où elle vit." ( Anne Soupa, pages 157 et 167)

"Se réformer ou mourir" - Salvator Diffusion- ISBN: 978-2-7067-2415-2

Prix: 18,80 €

 

Le Pérou chez nous

Rédigé par yalla castel - - 4 commentaires

Le samedi 9 mars 2024 nous étions invités par le CCFD Terre Solidaire du Lot-et-Garonne à assister à une messe en l'Eglise de Tonneins célébrée par le père Philippe d'Halluin, le père John Hennessy, les diacres René Borie et Bernard Biasiori, aumônier du CCFD Terrre Solidaire 47.

La messe terminée nous nous sommes tous retrouvés dans une pièce du presbytère pour partager un bol de soupe (à volonté) une pomme (à volonté) de l'eau ( à volonté), des tartines de pain (à volonté).

Une fois terminé notre repas de Carême nous nous sommes installés dans une salle plus vaste équipée d'un grand écran, d'un projecteur relié à un ordinateur pour projeter le diaporama construit par Alberto Vilchez.

En France pour un an , Alberto (31 ans) est volontaire international au CCFD Terre Solidaire et à la Coopération Catholique (DCC) . Il est fils de paysan de la région de Cajamarca , au nord du plateau andin. Il a fait des études de philosophie et d'Education. Il est professeur de catéchèse et organisateur de programmes sociaux. Ses origines familiales sont à la fois andine et amazonienne. 

A l'aide d'un diaporama il nous a présenté en Français et parfois en Espagnol les cultures , les croyances , les spiritualités de ses 2 communautés . Il a souligné leurs liens très forts à la nature : la terre mère est considérée comme sacrée et doit être respectée en tant que telle : c'est la “pachamama ”. Elle abrite et engendre le vivant qu'il soit humain, animal, fleuve, rivière, forêt, plantes. Il nous a parlé de "cosmogonie' (cosmos : le monde et gonia : la procréation, la naissance ) c'est à dire le système qui décrit la formation de l'univers.

Dans la culture inca, la feuille de coca joue un rôle essentiel : elle combat la faim, la soif, la fatigue, le mal d'altitude , les douleurs diverses et donne du courage au travail. Consommée traditionnellement, elle est un élément fondamental pour les peuples andins.

Alberto se sent chrétien avant tout et rejette les affirmations confessionnelles identitaires. Il pense que les religions chrétiennes doivent accepter « l’inculturation » (1) , après une évangélisation forcée au XVI ieme siècle, elles s'intègrent maintenant dans la multiplicité socio-culturelle des populations hétérogènes de ce pays (47 langues reconnues au Pérou) .

Il considère que la théologie de la libération qui est née dans les années 70 a permis à l'Eglise de s'engager aux côtés des plus pauvres mais a parfois poussé certains vers la lutte armée pour combattre les injustices, ce qu’il déplore.

Il nous place devant cette question lancinante : Le Pérou est chrétien à 92% mais c'est un pays extrêmement corrompu ce qui est paradoxal.

L’expression de la foi chrétienne et catholique en particulier est très vivante et colorée. Défilés dans les rues pour Pâques, cultes mariales par exemple.

Dans la société péruvienne, ces pèlerinages et défilés religieux sont tellement tolérés que des déviations sont faites pour les véhicules et les transports en commun pour ne pas gêner ces manifestations religieuses dans l'espace public.

Alberto accorde enfin une grande importance à un mot qu’il prononce en français à plusieurs reprises : la tolérance, vertu qu’il juge essentielle en France comme au Pérou: un grand respect pour les différentes formes de spiritualité bien ancrées dans ce pays. Il se considère toujours, même s'il est aujourd'hui professeur comme un “paysan” attaché à la terre de son pays qui sont ses racines profondes.

Le Pérou compte 34 millions d'habitants, la capitale Lima est la plus grande ville du pays où se concentre 11 millions d'habitants alors qu'il y a des territoires ruraux excentrés , peu peuplés et très pauvres.Les paysans doivent chaque jour se préoccuper de leur nourriture quotidienne.

Son territoire est composé de paysages variés : la côte, la zone andine et la zone amazonienne. C'est un pays avec une grande diversité biologique, ethnique, sociale, économique.Rappelons que la richesse spirituelle du Pérou ne doit pas nous faire oublier aussi ses richesses naturelles. Il dispose d'importantes ressources naturelles: dans le domaine minier, il est le 2ème producteur mondial de cuivre. Le pays possède des mines d'argent, d'or, d'étain. Il y a des gisements de gaz naturel. Le secteur agricole est important au Pérou qui se place dans le marché alimentaire mondial en premier exportateur de myrtilles, d'asperges, de bananes bio et de quinoa. Il est aussi un important exportateur de raisins, paprika, mangues et avocats. Et un grand producteur de pommes de terre et d'ananas.

Le niveau de vie des Péruviens dans l'ensemble reste faible à cause d'une mauvaise répartition des richesses naturelles du pays dont ne profite pas l'ensemble de la population. La déforestation, l'accaparemnt des terres par de grandes compagnies et le commerce illégal sont des fléaux. Le CCFD Terre Solidaire soutient des assocations partenaires ( notemment l'Institut Bartolomé de Las Cazas) dans la reconnaissance des droits des indiens et la défense de leur terre “pachamama”.

 

C'est le Pérou!

(1) inculturation : inscription du message de l'Evangile dans une culture .

( langage,architecture,liturgie,organisation de l'Eglise etc ....)

 

Texte collectif écrit par trois participants à cette rencontre.

Navalny (2)

Rédigé par yalla castel - - 1 commentaire

Extrait de "Réforme", hebdomadaire protestant d'actualité, du 22/02/2024, page 6.

Navalny nait  en 1976. Son père est militaire, et il reçoit une éducation dans la modestie patriotique. Sa grand-mère, russe orthodoxe, va à l’église à Tchernobyl. (...). Il a dix ans lors de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, dont l’horreur n’a cessé d’être recouverte par le mensonge, et c’est probablement le point de départ de l’avocat et journaliste Alexeï Navalny. Il a vingt-trois ans quand Poutine arrive au pouvoir, et très tôt dans les années 2000 il comprend l’importance d’Internet et des réseaux sociaux, où il acquiert une importante notoriété à la fois dans l’éloge de la Russie éternelle et dans la dénonciation des injustices et corruptions du système Poutine, dont il démontre sans ambages, faits, chiffres et images à l’appui, les détournements gigantesques de fonds publics. Il lance sa fondation anticorruption en 2011, et dénonce les fraudes électorales massives. Après son empoisonnement, en 2021, il a encore le culot de publier sur Internet un film intitulé "Un Palais pour Poutine". En 2022, depuis sa prison, il écrit que la guerre en Ukraine est un cauchemar causé par un papy dément : « Ne soyons pas “contre la guerre”. Luttons contre la guerre. »

Navalny, c’est cela : à la fois l’immense courage physique de ne pas céder devant la brutalité du régime, et l’intelligence morale de démanteler le mensonge, de briser avec véhémence toute censure et autocensure, de ne cesser de chercher le vrai.(...)  En l’absence même de l’État russe, je veux dire d’un véritable État constitutionnel, Navalny demeurait un citoyen. Un citoyen refusant la peur physique comme la paresse intellectuelle. C’est cela, un citoyen démocrate, un citoyen même sans État.

Olivier Abel, philosophe et théologien

Source: 

https://www.reforme.net/opinions/2024/02/21/le-combat-de-navalny-est-aussi-le-notre/

Navalny (1)

Rédigé par yalla castel - - 2 commentaires

Extrait du journal "Réforme", hebdomadaire protestant d'actualité, du 22/02/2024, page 6.

La mort d’Alexeï Navalny, son lâche assassinat en prison, est un événement qui nous ébranle, nous épouvante et nous donne à penser. Bien sûr, c’est la déclaration par Poutine d’une guerre totale. Mais qu’est-ce qui nous étonne ? Ce n’est pas cette exécution, qui apparaît rétrospectivement comme tellement prévisible, sinon fatale. C’est sans doute la force d’âme de celui qui s’est levé face à cette fatalité devant laquelle d’ordinaire on se plie, d’avance résignés. Pourtant l’étonnement demeure : il n’était pas un dissident, quittant son pays pour dénoncer de l’extérieur ce qui s’y passe !

Pourquoi Navalny a-t-il renoncé à une vie normale pour oser ainsi entrer en politique ? C’est cela qui nous donne à penser : au contraire, juste après un empoisonnement mortel, il est retourné en Russie, pour s’y faire incarcérer et faire entendre sa voix puissante et protestatrice, mais de l’intérieur, en libre citoyen. Un peu comme Socrate refuse de s’évader et de quitter Athènes qui le condamne à boire la ciguë. Un peu comme Jésus revient à Jérusalem sur un âne, alors qu’il sait qu’il va y être condamné. Que voulait dire Navalny quand il disait que Jésus est le plus grand homme politique de l’histoire ? La Russie de Poutine – nous n’oublierons pas que Navalny faisait appel à une autre Russie, une Russie sans Poutine – a tout fait et fera tout pour effacer son nom. Il nous importe au plus haut point de savoir de quoi Navalny est le nom, l’étendard. Et pourquoi il était aussi un nationaliste russe plutôt conservateur, et en quoi c’est aussi cela qui l’a conduit à refuser de quitter son pays.

Source: 

https://www.reforme.net/opinions/2024/02/21/le-combat-de-navalny-est-aussi-le-notre/

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