Caminante, no hay camino, Toi qui chemines, il n’y a pas de chemin
Todo pasa y todo queda, Tout passe et tout reste
Pero lo nuestro es pasar Mais il nous revient de passer
Pasar haciendo caminos Passer en faisant des chemins
Caminos sobre el mar ( …) Des chemins sur la mer ( …)
Caminante, son tus huellas, Toi qui chemines, ce sont tes traces,
El camino y nada más ; Le chemin et rien de plus ;
Caminante, no hay camino, Toi qui chemines, il n’y a pas de chemin,
Se hace camino al andar. Le chemin se fait en marchant
Al handar se hace camino En marchant le chemin se fait
Y al volver la vista atrás Et quand on se retourne pour voir
Se ve la senda que nunca On voit le sentier que jamais
Se ha de volver a pisar ( …) L’on n’aura plus à fouler ( …)
Poème d'Antonio Machado mis en musique par Joan Joan Manuel Serrat.
Pour l'écouter chanter cliquer sur le lien ci-dessous:
https://www.youtube.com/watch?v=8tHLw8FHlCE&t=20s
Court extrait de ce livre que je n'ai pas lu mais dont j'ai entendu parler:
"Vivre, c’est être autre. Et sentir n’est pas possible si l’on sent aujourd’hui comme l’on a senti hier : sentir aujourd’hui la même chose qu’hier, cela n’est pas sentir – c’est se souvenir aujourd’hui de ce que l’on a ressenti hier, c’est être aujourd’hui le vivant cadavre de ce qui fut hier la vie, désormais perdue.
Tout effacer sur le tableau, du jour au lendemain, se retrouver neuf à chaque aurore, dans une revirginité perpétuelle de l’émotion – voilà, et voilà seulement ce qu’il vaut la peine d’être, ou d’avoir, pour être ou avoir ce qu’imparfaitement nous sommes.
Cette aurore est la première du monde. Jamais encore cette teinte rose, virant délicatement vers le jaune, puis un blanc chaud, ne s’est ainsi posée sur ces visages que les maisons du côté ouest, avec leurs vitres comme des milliers d’yeux, offrent au silence qui s’en vient dans la lumière naissante. Jamais encore une telle heure n’a existé, ni cette lumière, ni cet être qui est le mien. Ce qui a été, demain sera autre, et ce que je verrai sera vu par des yeux recomposés, emplis d’une vision nouvelle.
Collines escarpées de la ville ! Vastes architectures que les flancs abrupts retiennent et amplifient, étagements d’édifices diversement amoncelés, que la lumière entretisse d’ombres et de brûlures – vous n’êtes aujourd’hui, vous n’êtes moi que parce que je vous vois, vous êtes ce que vous ne serez plus demain, et je vous aime, voyageur penché sur le bastingage, comme un navire en mer croise un autre navire, laissant sur son passage des regrets inconnus."
(28 mai 1930)
Fernando António Nogueira Pessoa
Poète portugais (Lisbonne 1888-Lisbonne 1935).
Fernando Pessoa est le plus illustre poète portugais de la première moitié du xxe siècle et l'une des personnalités les plus complexes de la littérature européenne moderne. Il n'a, de son vivant, publié que fort peu et son influence ne s'est affirmée qu'après sa mort.
Source:
https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Fernando_Ant%C3%B3nio_Nogueira_Pessoa/137760
La vie de Fernando Pessoa n'a pas été un long fleuve tranquille...