Avant-hier, hier et aujourd'hui

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"Le Portrait d'un vieillard et d'un jeune garçon" est une peinture datant d'environ 1490, de l'artiste de la Renaissance italienneDomenico Ghirlandaio.

 

"Quand tu ne sais pas où tu vas, souviens-toi d'où tu viens" affirme un proverbe  africain. Je viens d'une famille landaise dont tous les membres ne se sont jamais bien éloignés de leur village natal.

Mon grand-père paternel Georges Sadys est né le 2 décembre 1892 dans le département des Landes. Il va à l’école chez les bonnes soeurs. Il y apprend à lire, écrire, compter, faire les quatre opérations. Très jeune, 12/13 ans, il part faire le tour de France pour apprendre le métier de peintre en lettres. Il commence sa carrière en peignant des fiacres: les filets dorés, les armoiries des portières, les laques des portes, des caisses, les décorations des roues etc…

Il a 22 ans au moment de la première guerre mondiale et comme beaucoup de soldats à l’époque il attrape le typhus. Il n’en mourra pas mais il en gardera des séquelles et une santé fragile toute sa vie durant.

De retour à la vie civile il crée une entreprise de peinture avec son frère et un ami d’enfance. Il voit disparaître les fiacres, les chevaux. Il est trop tôt pour devenir peintre chez un carrossier. Il sera donc toute sa vie  peintre en bâtiment, peintre en lettres et vitrier.

Il n’aimait pas qu’on lui dise qu’il était né à la Belle époque. Il affirmait que durant son enfance ce n’était pas la Belle époque. Plusieurs fois il m’a raconté les charges de la cavalerie au sabre clair sur des foules de manifestants comme s’il les avait vécues lui-même.

Lorsque adolescent je me permettais de critiquer le monde dans lequel nous vivions il me rappelait qu’il avait été enfant et jeune homme à une époque où le chauffage central n’existait pas, l’électricité était rare, l’eau potable était aux puits, les wc dehors, pas de salle de bains, pas de sécurité sociale, jusqu’en 1961 mourir de la tuberculose était fréquent, à son époque pas d’Ehpad, pas de maison de retraite.

Durant toute la scolarité de ma jeune soeur il lui a demandé à chaque vacances de lire ses cours d’Histoire et Géo. La télé et la radio ne l’intéressaient pas. Il commençait sa journée par la lecture du journal « Sud-Ouest ». Il allait régulièrement au cinéma voir les documentaires de « Connaissances du Monde ». Il était parfaitement bilingue: patois landais /Français.

Il est resté intact intellectuellement et physiquement jusqu'à l'âge de 93 ans. Il est mort 94 ans d’un cancer non opéré. Telle a été sa volonté. Il s’est éteint doucement dans la maison neuve de son jeune fils, entouré de ma tante et de ma mère qui lui ont permis une fin de vie digne .

Toute sa vie il s’est déplacé à pied et à vélo. Lorsqu’il a pris la retraite il a transmis l’entreprise à mon oncle. Mais jusqu’à 85 ans il est allé tous les jours, matins et après-midis, à l’atelier de l’entreprise pour y travailler à son rythme et y réaliser de petits travaux.

Lorsque mon oncle a pris la retraite il a transmis l’entreprise aux cadres. Elle existe toujours et ne connaît pas la crise. Enfin ça, c’est vite dit…

Dépression et vie spirituelle

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Tableau de Pierre Soulages (1919/2022)

Notre société serait une société dépressive. Bien des signes confirment ce sombre diagnostic: peur de l’avenir, conditions de vie stressantes, chômage et crise économique, consommation excessive de tranquillisants et d’euphorisants. A un moment de leur vie, nombre d’entre nous traversent l’épreuve de la dépression. 

 

Au-delà de ces aspects psychologiques, corporels ou sociologiques, la dépression touche cependant une dimension plus intime de la personne. Pascal évoquait en son temps le « bon usage des maladies ». Serait-il possible que s’ouvre, au creux même de la souffrance, un chemin d’espérance, une voie spirituelle? 

 

L’auteur du livre « Dépression et vie spirituelle » est Jean-François Catalan, psychologue, jésuite. Il a une longue expérience de l’accompagnement des personnes en difficulté psychologique.

 

Il a aussi publié « Expérience spirituelle et Psychologie » ainsi que « L’homme et sa religion ». Publiés chez l’éditeur « Desclée de Brouwer ».

 

 

 

Morceaux choisis de son livre 

 

« L’aube se lève. La nuit va enfin s’achever, une nuit bien pénible et bien longue! Des heures ont passé avant qu’on puisse trouver le sommeil, un sommeil fréquemment interrompu, souvent agité, parfois peuplé de cauchemars, de rêves étranges, désagréables. Au réveil, la bouche est amère, le corps ankylosé… On émerge difficilement d’un sommeil pénible et nullement reposant… L’aube se lève: encore un jour à vivre et, déjà, la conviction qu’on n’en sortira pas, que les heures, une fois de plus, passeront dans une sorte de vide! » (Pages 13/14)

 

Dans son son livre  « Dépression et vie spirituelle » (ISBN 2-220-03798-3) Jean-François Catalan cite Martin Luther King à la page 126:

 

 

« Dans notre monde actuel, comme dans la parabole évangélique, l’obscurité profonde de la nuit est troublée par un coup frappé à la porte. Le voyageur découragé demande trois pains: le pain de la foi, le pain de l’espérance, le pain de l’amour… Ayant frappé à la porte de son ami, il reçoit une parole impatiente: « Ne m’importune pas! » … Malgré sa déception, l’homme continue de frapper… Il persuade enfin son ami d’ouvrir la porte… Minuit est une heure éprouvante, où il est difficile de garder la foi! Ce qu’un chrétien peut dire de plus réconfortant c’est qu’aucune nuit ne dure longtemps, ne dure toujours! Le voyageur épuisé par la nuit et qui demande du pain en réalité désire l’aurore.  Notre message éternel d’espérance c’est que l’aurore viendra! La foi en l’aurore naît de la foi en la bonté et la justice de Dieu. Celui qui croit cela sait que les contradictions de la vie ne sont ni finales ni définitives. Il peut traverser la nuit noire avec la conviction radieuse que toutes les choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu! Même les nuits les plus privées d’étoiles peuvent annoncer l’aube de quelque grand achèvement. »

 

Petit mot d'Etty Hillesum

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Etty Hillesum est née en 1914 dans une famille juive hollandaise athée. Alors que sa famille, ses frères, elle-même n'étaient pas des juifs religieux, ne se sentaient pas vraiment juifs, alors que par trois  fois elle aurait pu quitter la Hollande - pour l'Angleterre, pour le Canada, pour l'Australie - au fur et à mesure des persécutions des "siens", elle va rejoindre dans des camps de transit celles et ceux qui vont partir vers la mort. Elle a décidé en conscience de les accompagner vers les chambres à gaz et les fours crématoires. Elle va alors se comporter  comme si elle n'allait jamais mourir. Elle va s'identifier au Christ. Ne pas tuer, ne pas faire tuer, témoigner par écrit, résister. Répondre au mal par le bien a été son choix de 1940 à 1943.

L'Histoire a retenu le nom d'Etty Hillesum et pas ceux de ses bourreaux.

Elle n'avait pas d'autres armes que son âme, une belle âme.

"La vie est une chose merveilleuse et grande, après la guerre nous aurons à construire une monde entièrement nouveau et, à chaque nouvelle exaction, à chaque nouvelle cruauté, nous devrons opposer un petit supplément d'amour et de bonté à conquérir sur nous-mêmes. Nous avons le droit de souffrir, mais non de succomber à la souffrance. Et si nous survivons à cette époque indemne de corps et d'âme, d'âme surtout, sans amertume, sans haine, nous aurons aussi notre mot à dire après la guerre. Je suis peut-être une femme ambitieuse: j'aimerais bien avoir un tout petit mot à dire." 

Etty Hillesum est décédée en 1943 à Auschwitz à l'âge de 29 ans.

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