Revue de blog du mois de Mai 2017.

Rédigé par yalla castel - - 8 commentaires

Nous avons retenu ce mois-ci un article publié par Syvie Blanchet à la fin du mois d'avril sur son blog "Venir d'ailleurs, grandir ici". Il a pour titre "Sans papiers mais tranquille."

En voici des extraits:

"Madame F et son mari sont tous deux handicapés, l’un au plan moteur, handicap de naissance, l’autre au plan sensoriel, handicap acquis. Ils vivent en France depuis plusieurs années. A leur arrivée, ils ont déposé une demande d’asile, qui a été rejetée. Ils se sont en conséquence retrouvés sans papiers. Sans papiers donc sans ressources aucune. Et sans certitude quant à la possibilité de faire évoluer leur situation. (...) L’histoire de madame F, que je ne connais donc que par bribes, est à la fois très singulière et très générale.Très singulière parce qu’étant née handicapée, madame F a toujours été en butte à des moqueries et à des tracasseries. Très singulière aussi parce que n’ayant pas eu d’enfant d’un premier mari, elle a été tenue pour stérile et mise au ban par sa belle-famille . Elle aura par la suite, avec son second mari, deux magnifiques enfants mais qu’importe ! Très générale cependant aussi parce que les tracasseries liées à sa personne se sont entremêlées avec d’autres. Durant la guerre, son père aurait collaboré avec une ethnie ennemie : lui-même et sa descendance ne pouvaient, à ce titre, qu’être proscrits. A-t-il réellement collaboré ? Je n’en sais évidemment rien. Je sais seulement que dans les cas de guerres civiles, il en faut peu pour subir de telles accusations : je me souviens bien d’un monsieur, également ressortissant de l’ex-Yougoslavie, qui avait dû fuir après avoir été mis au ban. Son crime, expliquait-il, était d’avoir été garagiste. Et d’avoir, à ce titre, réparé des voitures appartenant à des personnes de toutes les communautés présentes dans la ville où il habitait ! (...) Aujourd’hui, même sans papiers, même sans ressources, monsieur et madame F s’estiment « tranquilles ». Tranquilles parce que leur attitude et leur force de caractère forcent le respect de ceux qui croisent leur route, de sorte qu’ils sont tant soit peu soutenus et de sorte qu’ils sont convenablement traités partout où ils passent. Monsieur et madame F ont, en France, loin des leurs, loin de tout ce qui faisait leur vie, enfin trouvé respect et sécurité. C’est, manifestement, la seule chose qui à leurs yeux compte : ils ne cherchaient pas, ils n’espéraient pas un quelconque Eldorado : ils cherchaient juste un endroit où vivre sans avoir quotidiennement peur . Aujourd’hui, ils sont sans papiers. Mais ils n’en sont pas moins « tranquilles »."

De l'âme.

Rédigé par yalla castel - - 1 commentaire

« De l’âme » est le titre d’un petit livre écrit par François Cheng, membre de l’académie française. Il se présente comme un échange de lettres entre l’auteur et une amie qui lui écrit  « Sur le tard, je me découvre une âme ». Ce procédé littéraire permet à François Cheng de nous faire part de ses réflexions sur notre époque « sans âme » et nous invite à réfléchir avec lui à cette notion de l’âme humaine.

 

Invité par l’association « Octavie » (1) Monseigneur Hubert Herbreteau est venu faire une conférence sur le livre de François Cheng dans les locaux de la paroisse de Casteljaloux le mercredi 26 avril 2017 à 20h30 devant trente personnes. Il nous a lu plusieurs passages du livre et a établi des passerelles avec d’autres auteurs qui a travers les siècles ont réfléchi à cette notion de l’âme humaine. A savoir Hildegarde de Bingen (2), Ignace de Loyola et Simone Weil (3).

 

Un débat enrichissant s’est installé rapidement en fin de conférence entre les personnes présentes. Plusieurs personnes faisant par de leurs remarques, de leurs expériences, de leurs lectures.

 

J’ai noté pour ma part quelques phrases prononcées ce soir là. Les voici :

 

« Les yeux de l’homme sont les fenêtres de son âme ».

 

« Nous sommes le témoin intérieur de nous-mêmes ».

 

« L’arbre est enraciné dans le ciel ».

 

L’homme aussi ?

 

jfs

 

 

(1) Octavie est une association Lot-et-Garonnaise qui a pour buts d’informer le grand public sur la nécessité et les moyens d’acquérir une bonne hygiène de vie, d’informer le grand public sur les bienfaits pour la santé d’une alimentation adaptée, de constituer des groupes de bénévoles pour une entraide auprès des personnes isolées en difficulté de santé, de créer un fond de solidarité pour aider les malades sans ressources, d’ organiser des conférences et des réunions d’information.

 

(2) Hildegarde de Bingen ( 1098/1179) est une sainte de l'Église catholique. Le 28 mai 2012, Benoît XVI a annoncé la proclamation d'Hildegarde de Bingen comme docteur de l’Église. Cette reconnaissance est la plus haute de l’Église catholique affirmant par là même l'exemplarité de la vie mais aussi des écrits d'Hildegarde comme modèle pour tous les catholiques.

 

(3) Simone Adolphine Weil est une philosophe humaniste militante politique française (1909/1943) Bien qu'elle n'ait jamais adhéré explicitement par le baptême au catholicisme malgré une profonde vie spirituelle elle est reconnue et se considérait comme une mystique chrétienne.

 

Guéris vite ou va au ciel!

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

François a 17 ans. Un âge où on n'est pas sérieux, un âge où on a la vie devant soi, un âge où on ignore volontiers que la vie et la mort  se confondent. Le jour où il apprend qu'il est atteint d'une leucémie, on fête les 7 ans de la petite dernière de ses soeurs:"C'est mon anniversaire, et tout le monde est dans la peine" s'exclame la gamine. Agathe, la deuxième de cette famille catholique pratiquante de huit enfants, fait des études d'infirmière. Elle ne comprend que trop bien, elle, le calvaire qui commence pour les siens et dans lequel se raffermit leur foi.

Sans aucun pathos, ce récit poignant suit les longs mois d'hospitalisation de François: les rémissions, les espoirs, les rechutes, les élans, l'insouciance, l'obsession, la gaieté, l'angoisse et la prière. Agathe ne se tourne pas vers le Ciel pour lui demander pourquoi. Elle veut croire que Dieu n'envoie jamais d'épreuves insoutenables, qu'il faut avec Blaise Pascal implorer le bon usage des maladies, qu'il convient de se couler dans la Providence.

Ce livre est un témoignage lumineux à lire commme l'on prend un fortifiant. Un manuel de traversée des pires épreuves sans désespoir et ressentiment.

Quand il ne reste plus que quelques jours de vie il faut rajouter de la vie à ces quelques jours restants. Tous autour de François s'y sont employés.

 

Extrait sonore ci-dessous:

 

La fatigue, quel bonheur!

Rédigé par yalla castel - - 1 commentaire

Fabrice Hadjadj a écrit:

"Et la fatigue, si c’est pas une chose ingénieuse, la fatigue, que même les meilleurs constructeurs de robots ne songeront jamais à la fabriquer… Imaginez une seule seconde que nous n’ayons pas cet accablement, le soir, l’après-midi, après un gros repas, après un vain effort, cette lassitude qui nous cotonne les jambes et nous désarme le bras et nous pompe la cervelle. Imaginez-nous sans le quotidien retour de claquage dans tous les membres, comment qu’on trouverait le repos ? Sans l’énergie de la fatigue pour nous jeter dans n’importe quel plumard, sans le ressort du matelas pour recueillir la fin de notre ressort…

Car voilà soudain qu’on sait exactement ce qu’on veut, et ce ne sont plus les honneurs, les palaces, toutes ces carrières fuyantes et incertaines, non, c’est un lit, qu’on veut, notre plus cher désir est dans de beaux draps pour oublier qu’on est dans de beaux draps, pour que notre vanité tombe dans les vapes, pour que nos rêves fassent de beaux rêves … Heureux le blaireau qui hiberne tout l’hiver !

Dans la force de l’épuisement, le corps n’a plus peur de se livrer à la terre, l’âme n’a plus peur de se perdre dans l’inconscience, l’homme tout entier va jusqu’à oser dire au présent : « Ch’ui mort ! » pas au futur, non, au présent de l’indicatif, sans que ça lui file les jetons : « Ch’ui mort ! » et même : « Ch’ui crevé ! » "

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