Hier soir, Arte a diffusé le film "L'oeuvre sans auteur" de Florian Henckel von Donnersmarck.
Le film dure 3 heures mais on ne voit pas le temps passer.
A 6 ans, en 1939, Kurt Barnet visite avec sa tante Elisabeth une exposition à Dresde consacrée à "l'art dégénéré" (selon les nazis), celui de ces peintres et sculpteurs contemporains, souvent juifs, qui ont révolutionné les codes de la figuration et inventé l'abstraction. Schizophrène, Elizabeth est internée dans un hôpital psychiatrique dirigé par le Pr Seeband, qui ordonne sa stérilisation. Après la guerre, Kurt, désormais étudiant aux Beaux-Arts en Allemagne de l'Est, est formé contre son gré à un art socialiste très officiel. Le jeune homme tombe amoureux de la jeune Ellie Seeband, tout en ignorant qu'elle est la fille du médecin responsable de la mort de sa tante. (Source: 2233521-l-oeuvre-sans-auteur)
Ce film bien entendu repose sur l'histoire de l'Allemagne nazie mais aussi sur le mode de fonctionnement d'êtres humains convaincus de faire le bien en mettant en pratique des théories catastrophiques pour eux et pour celles et ceux qui en seront les victimes.
Le film évoque aussi l'importance de l'Art en général et de la peinture en particulier.
A mes débuts d’enseignante, j’ai demandé au professeur de philosophie du Lycée où je faisais mon année de stage de professeur d’Espagnol: « Que veux-tu apprendre à tes élèves? »
Il m’a répondu: « A poser de bonnes questions. »
Des années plus tard, au tout début de l’informatique dans les Collèges, un logiciel, fait par un collègue, apprenait aux élèves à poser les questions en Espagnol. Les élèves avaient le choix d’utiliser 8 interrogatifs:
Quién (qui)
Qué (quoi)
Dónde (où)
Cuándo (quand)
Cuántos, cuántas (combien de…)
Cómo (comment)
Por qué (pour quelle raison)
Para qué (dans quel but)
Les élèves apprenaient très bien les interrogatifs espagnols. Je leur faisais remarquer aussi qu’ils pouvaient se poser ces 8 questions quand ils étaient devant un devoir à écrire. Ils sauraient toujours répondre à l’une d’entre elles.
Se poser des questions à soi-même est essentiel pour avancer dans la vie.
Quant à poser des questions aux autres, beaucoup sont inutiles, parasitaires du dialogue.
Comment et ses analogues apporte beaucoup plus que combien qui peut sous entendre une comparaison ou un jugement.
Ne pas poser de questions est une bonne façon d’écouter.
Il m’est arrivé de faire des interviews à la radio locale et c’est quand la personnes interviewée se sentait en confiance, hors de l’aiguillon d’une question indiscrète, qu’elle se dévoilait davantage.
Si on pose une question, qu’elle soit bonne au sens de la bonté.
J’essaye de m’octroyer et d’octroyer aux autres le silence.
"Grand Hôtel Europa" est un livre d'Ilja Léonard Pfeijiffer publié par "Les Presses de la Cité" en Février 2022. L'auteur est néerlandais. La traduction est de Françoise Antoine.
Code ISBN : 978-2-258-19468-7 . Prix: 23 € pour 522 pages.
En voici un extrait:
" Seule artère vénitienne qui ressemblât un tant soit peu à une rue passante, avec une direction claire, des chaînes de magasins et un vrai MacDonald's, la Stada Nova était presque impraticable. Une manifestation était en cours. Une quarantaine de protestataires avait déployé des banderoles et le passage était obstrué par des centaines de touristes affairés à photographier cette authentique comédie à l'italiene. Il s'agissait apparemment de sympathisants de groupuscules d'extrême droite, qui revendiquaient plus d'autonomie pour la Vénétie.
J'ai toujours trouvé étonnant que les gens imaginent pouvoir résoudre automatiquement tous les problèmes existants en ayant davantage voix au chapitre. Ils recherchent la réponse dans la procédure de prise de décision, alors que la vraie question, selon moi, serait d'identifier les décisions souhaitables. Cela étant, la tendance qu'ont les gens à reporter leurs problèmes sur d'autres est psychologiquement compréhensible. La solution semble à moitié trouvée lorsqu'on peut blâmer un tiers pour les désagréments que l'on vit.
Les banderolles et le tract distribué épinglaient les boucs émissaires habituels : le gouvernement de Rome, les technocrates européens de Bruxelles et le tsunami d'étrangers dont les politciens accusés de s 'en mettre plein les poches étaient tenus personnellement responsables. Par étrangers, ils ne visaient pas les touristes qui photographiaient la manifestation et constituaient, en tant que représentants d'une invasion croissante et incontrôlable, le véritable tsunami qui engloutissait la ville et la faisait sombrer dans la lagune. Eux étaient des nantis, ils ne pouvaient donc en aucun cas être mauvais. Celui qui pense être dans la misère en attribue généralement la faute à celui qui l'est encore plus. Les faibles en veulent généralement aux plus faibles encore. Et le fait qu'il n'y ait pratiquement pas de réfugiés arrivés par bateau ni autres migrants africains à Venise ne devait pas empêcher de les identifier comme la source de tous les maux. Chacun saît qu'ils envahissent le Vieux Continent avec leur religion effrayante qui engendre le terrorisme, leur paresse qui siphonne les aides sociales et leurs énormes organes génitaux qui, sans aucun respect pour nos normes et nos valeurs, vous éclaboussent de leur testostérone. Les gens ne sont pas dupes. Et le fait que ces Noirs soient presque invisibles en ville était encore un de ces complots montés par les médias de gauche, qui refusent de mettre un nom sur les problèmes. Il ne fallait pas leur en conter.
(...)
Le séparatisme naît de la nostalgie de temps meilleurs, réels ou fantasmés. Il est tentant de penser que la solution aux problèmes d'aujourd'hui consiste à reculer les horloges jusqu'à un jour où ces problèmes n'existaient pas encore. On crée, on attise et on amplifie le malaise et les peurs, pour ensuite présenter en solution un passé idyllique et idéalisé. Nous devrions refermer nos frontières, réintroduire notre chère vieille monnaie, faire sonner les cloches de nos églises et abolir les mosquées, rétablir le service militaire, chanter l'hymne national et ressortir notre vieille morale du grenier, l'astiquer et la brandir tel un phare brillant dans les ténèbres.
Il est de mauvais augure que ce message nostalgique trouve un tel écho dans l'Europe entière. Si une part significative et grandissante de la population est prête à croire que tout était mieux avant, nous sommes en droit de parler d'un continent usé et fatigué qui, comme un vieillard, regarde fixement le vide sans plus rien attendre de l'avenir et songe au bon vieux temps, quand les hivers étaient encore de vrais hivers, et les étés interminables. Il n'existe pas de meilleur preuve que l'Europe est devenue prisonnière de son propre passé. Mais quand l'Occident sombre dans la mélancolie en pensant au soleil qui l'éclairait à son zénith, la nostalgie ne peut en aucun cas être le remède."
Jean Giono, né le à Manosque et mort le dans la même ville, est un écrivain français.
Un grand nombre de ses ouvrages ont pour cadre le monde paysan provençal. Inspirée par son imagination et ses visions de la Grèce antique, son œuvre romanesque dépeint la condition de l'homme dans le monde, face aux questions morales et métaphysiques et possède une portée universelle.
Ami des écrivains Pierre Magnan, Lucien Jacques, André Gide et Jean Guéhenno, et des peintres Eugène Martel, Georges Gimel et Serge Fiorio, il reste néanmoins en marge de tous les courants littéraires de son temps.
Philippe Noiret est un acteur français né le à Lille et mort le à Paris .
Considéré comme l'un des grands acteurs du cinéma français, il a reçu deux César du meilleur acteur : en 1976 pour Le Vieux fusil et en 1990 pour La Vie et rien d'autre.