Il était fort.

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"On ne voulait pas le croire, mais on le vit bien qu’il était fort, à la manière calme dont il quitta le banc pour aller, le pas sonore et la tête haute, vers la pile de bois. Il prit une bûche longue et ronde, non la plus légère, mais la plus lourde qu’il put trouver. Elle avait encore des noeuds, de la mousse, et des ergots comme un vieux coq. D’abord il la brandit et s’écria:
« Regardez, elle est plus dure qu’une barre de fer, et pourtant, moi qui vous parle, je vais la casser en deux sur ma cuisse, ainsi qu’une allumette. »
A ces mots, les hommes et les femmes se dressèrent comme dans une église. Il y avait présents: Barget, le nouveau marié; Perraud, presque sourd, et Ramier, qu’on ne fait pas mentir; Papou s’y trouvait, je me souviens; Castel aussi, il peut le dire: tous gens renommés, qui racontaient d’ordinaire, aux veillées, leurs tours de force, et se frappaient d’étonnement l’un après l’autre. Ce soir là, ils ne riaient plus, je vous assure. Ils admiraient déjà l’homme fort, immobiles et muets. On entendait ronfler derrière eux un enfant couché. Quand il les sentit dominés, bien à lui, il se campa d’aplomb, ploya le genou et leva la bûche de bois avec lenteur. Un moment, il la tint suspendue au bout des ses bras raidis – les yeux éclataient, les bouches s’ouvraient, douloureuses – puis il l’abattit, han!… et, d’un seul coup, se cassa la jambe."

Jules Renard, « Le Vigneron dans sa Vigne ». (Mercure de France,edit.)

Toute ressemblance...

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Toute ressemblance avec une situation présente n'est pas le fruit du hasard tant certains comportements humains sont "éternels" à travers les siècles.

Saint Simon, 1675/1755, a écrit dans ses "Mémoires" :

« On voit de quel funeste poison est un premier ministre à un royaume, soit par intérêt, soit par aveuglement. Quel qu’il soit, il tend avant tout et aux dépens de tout à conserver, affermir, augmenter sa puissance; par conséquent son intérêt ne peut être celui de l’Etat qu’autant qu’il peut concourir ou être compatible avec le sien particulier. Il ne peut donc chercher qu’à circonvenir son maître, à fermer tout accès à lui, pour être le seul qui lui parle et qui soit le maître de donner aux choses et aux personnes le ton et la couleur qui lui convient, et pour cela se rendre terrible et funeste à quiconque oserait dire au roi le moindre mot qui ne fût pas de la plus indifférente bagatelle. Cet intérêt de parler seul et d’être écouté seul lui est si cher et si principal qu’il n’est rien qu’il n’entreprenne et qu’il n’exécute pour s’affranchir là-dessus de toute inquiétude. L’artifice et la violence ne lui coûtent rien pour perdre quiconque lui peut causer la moindre jalousie sur un point si délicat et pour donner une si terrible leçon là-dessus que nul sans exception ni distinction n’ose s’y commettre. Par même raison, moins il est supérieur en capacité et en expérience, moins veut-il s’exposer à consulter, à se laisser remplacer par délégation de pouvoir, à choisir sous lui de bons ministres, soit pour le dedans, soit pour le dehors. Il sent que, ayant un intérêt autre que celui de l’Etat, il réfuterait mal les objections qu’ils pourraient lui faire, parce que son opposition à les admettre viendrait de cet intérêt personnel qu’il veut cacher; c’est pour cette raison, et par crainte d’être démasqué, qu’il ne veut choisir que des gens bornés et sans expérience, qu’il écarte tout mérite avec le plus grand soin, qu’il redoute les personnes d’esprit, les gens capables d’expérience; d’où il en résulte qu’un gouvernement de premier ministre ne peut être que pernicieux. »

 

Petite promenade d'été.

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Par ces temps de grande chaleur, la lecture, à l'ombre d'un grand chêne au bord de l'Avance, est une activité rafraîchissante. Nous vous proposons une petite promenade dans un vieux livre de Jules Renard qui a pour titre "Histoires naturelles."

En voici quelques copier-coller:

LA PUCE

Un grain de tabac à ressort.

LE PAPILLON

Ce billet doux plié en deux cherche une adresse de fleur.

LA GUÊPE

Elle finira pourtant par s’abîmer la taille !

LA DEMOISELLE

Elle soigne son ophtalmie.

D’un bord à l’autre de la rivière, elle ne fait que tremper dans l’eau fraîche ses yeux gonflés.

Et elle grésille, comme si elle volait à l’électricité.

L’ÉCUREUIL
 

Du panache ! du panache ! oui, sans doute ; mais, mon petit ami, ce n’est pas que ça se met.

 

Leste allumeur de l’automne, il passe et repasse sous les feuilles la petite torche de sa queue.

Source: https://fr.wikiversity.org/wiki/Jules_Renard,_Histoires_naturelles

L'Algérie de Camus.

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Albert Camus est né le et mort le 4 janvier 1960 en France dans  un accident de voiture. Engagé dans la résistance française pendant la second guerre mondiale, il est cependant resté toute sa vie très attaché à son pays natal. La guerre d'indépendance de l'Algérie sera pour lui une déchirure et un tourment jusqu'à la fin brutale de sa vie. 

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«A Alger, pour qui est jeune et vivant, tout est refuge et prétexte à triomphes : la baie, le soleil, les jeux en rouge et blanc des terrasses vers la mer, les fleurs et les stades, les filles aux jambes fraîches»

Il évoque aussi « le soupir odorant et âcre de la terre d’été en Algérie », et la « campagne noire de soleil ».

Il se souvient de son enfance: «Il me faut être nu et puis plonger dans la mer, encore tout parfumé des essences de la terre, laver celles-ci dans celle-là, et nouer sur ma peau l’étreinte pour laquelle soupirent lèvres à lèvres depuis si longtemps la terre et la mer.»

«Ce soleil, cette mer, mon cœur bondissant de jeunesse, mon corps au goût de sel et l’immense décor où la tendresse et la gloire se rencontrent dans le jaune et le bleu»

«Singulier pays qui donne à l’homme qu’il nourrit à la fois sa splendeur et sa misère »

L'Algérie: « Une fraîcheur, une source de joie, aimer le jour qui échappe à l’injustice, et retourner au combat avec cette lumière conquise»

«Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible. »

Source: http://www.la-croix.com/Journal/Camus-soleil-brulant-dAlger-

 

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