De la mort et des morts

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

Nos grands-parents ont été marqués par deux guerres mondiales.

 

Nos parents ont été marqués par les anciens de 14/18 et par la seconde guerre mondiale.

 

Autrefois la mort était présente dans toutes les familles « au quotidien ». Pas de services d’urgence et de réa, pas de pompiers, de Samu, pas d’hôpital pour tous. Le plus souvent la mort survenait « à la maison et en famille ».

 

Avant 14/18, il n’y a pas de sécurité sociale, d’eau froide/chaude au robinet, de wc à l’eau potable dans la maison, il n’y pas l’électricité partout. Le chauffage central existe peu. La mortalité infantile est importante. Les vieux n’étaient pas aussi nombreux qu’aujourd’hui. La mort était fréquente et les causes pas toujours nommées avec exactitude.

 

La grippe espagnole, la tuberculose, la syphilis ont marqué « à vie » la jeunesse de nos parents et grands parents.

 

Nous, nous avons eu la chance de grandir avec la sécurité sociale dès notre enfance. Tous les ans nous avons vu les médecins, les chirurgiens, les dentistes, les laboratoires de médicaments faire des progrès incroyables. La tuberculose a disparu, les maladies vénériennes aussi. L’espérance de vie s’est allongée. La mort a reculé.

 

Il y a bien eu une alerte avec le Sida mais tout le monde n’était pas touché. Il y a bien de plus en plus de cancers. Mais bon an mal an il y a eu des progrès au niveau des traitements qui ont permis de parvenir parfois à faire encore reculer la mort. Il y a bien eu les accidents de voitures, de motos mais ils ont reculé en nombre.

 

Et puis soudain il y a eu le covid 19 pour nous rappeler combien nous étions mortels. Ce virus ignore les frontières, les races, les partis politiques, les systèmes économiques.

 

Pour échapper à la mort qui redevenait notre quotidien nous nous sommes arrêtés de vivre. Une très grande majorité d’entre nous ont accepté de se confiner chez eux. Chacun a vécu cette période à sa manière. Facile pour certains d’entre nous, difficiles pour d’autres.

 

En ce qui me concerne, passés les deux premiers jours de stupeur et d’incompréhension, je me suis mis à ranger la maison, le garage, le jardin. Et c’est ainsi que j’ai retrouvé un poème de Bigaro Diop dans mes archives mal rangées.

 

Je me propose de le partager avec vous aujourd’hui. Le voici donc :

 

Ecoute les morts

 

 

Ecoute plus souvent

Les Choses que les Etres.

La Voix du Feu s’entend,

Entends la Voix de l’Eau.

 

Ecoute dans le Vent

Le Buisson en sanglots :

C’est le Souffle des ancêtres.

 

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :

Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire

Et dans l’ombre qui s’épaissit.

 

Les Morts ne sont pas sous la Terre :

Ils sont dans l’Arbre qui frémit,

Ils sont dans le Bois qui gémit,

Ils sont dans l’Eau qui coule,

Ils sont dans l’Eau qui dort,

Ils sont dans la Case, ils sont dans la Foule :

Les Morts ne sont pas morts.

 

 

Ecoute plus souvent

Les Choses que les Etres.

La Voix du Feu s’entend,

Entends la Voix de l’Eau.

 

Ecoute dans le Vent

Le Buisson en sanglots :

C’est le Souffle des Ancêtres morts,

Qui ne sont pas partis

Qui ne sont pas sous la Terre

Qui ne sont pas morts.

 

 

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :

Ils sont dans le Sein de la Femme,

Ils sont dans l’Enfant qui vagit

Et dans le Tison qui s’enflamme.

 

Les Morts ne sont pas sous la Terre :

Ils sont dans le Feu qui s’éteint,

Ils sont dans les Herbes qui pleurent,

Ils sont dans le Rocher qui geint,

Ils sont dans la Forêt,

ils sont dans la Demeure,

Les Morts ne sont pas morts.

 

 

Ecoute plus souvent

Les Choses que les Etres.

La Voix du Feu s’entend,

Entends la Voix de l’Eau.

 

Ecoute dans le Vent

Le Buisson en sanglots,

C’est le Souffle des Ancêtres.

 

 

Il redit chaque jour le Pacte,

Le grand Pacte qui lie,

Qui lie à la Loi notre Sort,

Aux Actes des Souffles plus forts

Le Sort de nos Morts qui ne sont pas morts,

Le lourd Pacte qui nous lie à la Vie.

La lourde Loi qui nous lie aux Actes

 

Des Souffles qui se meurent

Dans le lit et sur les rives du Fleuve,

Des Souffles qui se meuvent

Dans le Rocher qui geint et dans l’Herbe qui pleure.

Des Souffles qui demeurent

 

Dans l’Ombre qui s’éclaire et s’épaissit,

Dans l’Arbre qui frémit, dans le Bois qui gémit

Et dans l’Eau qui coule et dans l’Eau qui dort,

 

Des Souffles plus forts qui ont pris

Le Souffle des Morts qui ne sont pas morts,

Des Morts qui ne sont pas partis,

Des Morts qui ne sont plus sous la Terre.

 

 

Ecoute plus souvent

Les Choses que les Etres.

La Voix du Feu s’entend,

Entends la Voix de l’Eau.

 

Ecoute dans le Vent

Le Buisson en sanglots,

C’est le Souffle des Ancêtres.

 

Birago Diop (1906-1989)


 

Qui est Birago Diop ?

Diop, Birago (1906-1989), écrivain sénégalais d'expression française, qui rendit hommage à la tradition orale de son pays en publiant des contes, notamment ses Contes d'Amadou Koumba.

Né près de Dakar, il reçut une formation coranique et suivit simultanément les cours de l'école française. Pendant ses études de médecine vétérinaire à Toulouse, il resta à l'écoute des travaux des africanistes, et s'associa à la fin des années 1930 au mouvement de la Négritude qui comptait alors Senghor, Césaire. C'est à Paris qu'il composa en 1942 les Contes d'Amadou Koumba (publiés en 1947), marquant dès ce premier livre sa prédilection pour la tradition orale des griots, ces conteurs populaires dont il ne cessa jamais d'écouter la voix. Respectueux de l'oralité, il affina un talent original d'écrivain dans les Nouveaux Contes d'Amadou Koumba (1958) et Contes et Lavanes (1963); son recueil de poèmes Leurres et Lueurs (1960) est profondément imprégné de culture française alliée aux sources d'une inspiration purement africaine.

Sa carrière diplomatique, après l'indépendance de son pays, et son retour à son premier métier de vétérinaire à Dakar n'entravèrent pas son exploration de la littérature traditionnelle africaine, mais il déclara avoir « cassé sa plume ». Il publia néanmoins la Plume raboutée et quatre autres volumes de mémoires de 1978 à 1989.


 

Source : http://www.biragodiop.com/

 

Covid 19

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La période de confinement que nous venons de traverser à été propopice à la réflexion intérieure, à la méditation, à la rêverie. Voici quelques remarques de Philippe Jaminet artiste jardinier paysagiste:

 

"Il est préconisé un éloignement d'un mètre de l'interlocuteur. Je
connais des territoires de grands vents pour lesquels il faudrait
adapter la consigne."

"Le concept de «migrant» s'est récemment enrichi d'une dimension
aérienne. Jusque là il évoquait des traînements de savates dans
les déserts ou la pratique de la rame. Aujourd'hui le migrant incongru
circule en avion avec son accompagnement de nuisance virale ."


"Le migrant de l'intérieur abandonne la mégapole en deux jours,
mettant en œuvre l'adage bien connu selon lequel les épidémies
sont propagées par ceux qui les fuient."

"Une sorte de matérialisation, d'exemple à échelle humaine,
d'autres infections qui accompagnent déjà , également sous forme de
virus, l'univers du virtuel."

« Souche à virus » est l'anagramme de « chauve-souris ».

 

Le président apparaît en bras de chemise présidant une réunion de crise.
L'image nous dit: «Il met les mains dans le cambouis»

 

"Masques à virus, un siècle après les masques à gaz..."
 

"Il n'y a pas plus malsain qu'un porteur sain."

 

Pour en savoir plus sur Philippe Jaminet...

 

 

Frère des astres

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" Benoît est un chrétien instinctif, il suit l'Evangile à la lettre, à la trace. Jésus marche: Benoît l'accompagne. Le Fils de l'Homme jeûne: Benoît se prive. Le Seigneur souffre: il morfle à l'unisson. Il sait bien que sans le faste et la puissance, la Chrétienté n'existerait plus depuis belle lurette; l'Eglise n'est pas une hutte de branchages, une maison accrochée à la colline. Benoît s'entête à déployer sa foi comme un drapeau blanc au sommet d'une hampe brisée. Il est prêt à mourir pour que résonne la Bonne Nouvelle, mais cette clameur, qui se propage en averse, en vagues, en flocons, il ne lui semble pas nécessaire de l'imposer, ni de la défendre, il lui suffit de l'écouter. Benoît est un vitrail en miettes. Un morceau de verre que la lumière transperce de part en part."

(Extrait de "Frères des astres" de Julien Delmaire aux éditions Grasset page 147)

L'époque

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"Pendant deux ans, de novembre 2015 à mai 2017, Mathieu Bareyre et Thibaut Dufait, son ingénieur du son, ont arpenté les rues de Paris pour y capter l'esprit de "l'époque". Chaque nuit, inlassablement, ils ont interrogé des jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans." (...)

" "L’Époque" ne raconte pas une histoire. Il ne raconte pas non plus l'Histoire." (...)

" "L’Époque" filme des fragments poétiques de nuit. C'est ce qui fait sa beauté. C'est ce qui fait aussi sa limite. Au son de Nekfeu et de Vivaldi, "L’Époque" est une accumulation kaléidoscopique de courtes saynètes, de rencontres improbables, sans autre fil conducteur que celui de cette nuit et des substances euphorisantes qu'on y consomme. Parmi toutes ces silhouettes s'en distingue une, inoubliable. Sous ses couches de vêtements, on hésite sur son sexe. Rose a la langue bien pendue, un humour à toute épreuve. Française d'origine africaine, elle vomit les contrôles d'identité à répétition qui foulent au pied sa citoyenneté. Place de la République, face aux CRS impassibles, ce Gavroche du vingt-et-unième siècle a les traits d'une Marianne en colère."

Source: http://www.allocine.fr/film/fichefilm-262956/critiques/spectateurs/

Ce film d'une heure trente m'a confirmé ce que je ressens depuis longtemps maintenant: dans notre pays il n'existe pas une jeunesse mais des jeunesses différentes. Ces jeunesses sont minoritaires dans le pays, dans la pyramide des âges. Il y a beaucoup de jeunes en difficultés même dans des milieux favorisés. Les causes des difficultés sont multiples. Notre pays ne semble pas beaucoup se préoccuper des jeunesses qui sont notre futur et nos bâtons de vieillesse. Ils ont du mal à faire "leur trou", à trouver une place dans notre société, à accéder à des postes de responsabilités.

jfs

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