"La danseuse de Mao, une enquête de l'inspecteur Chen" est un roman policier écrit par Qiu Xiaolong publié en 2007 aux USA et en France en 2008 par les Editions Liana Levi.
Qiu Xiaolong est né à Shanghai. La Révolution culturelle commence en 1966, alors qu'il est encore l'école primaire. Son père, accusé d'être "un capitaliste", devient la cible des gardes rouges. Lui-même ne peut aller à l'école pendant des années. Il pratique alors le taï chi dans un parc de Shanghai et y apprend tout seul l'anglais. En 1976, il entre à l'université, étudie la littérature anglo-américaine, rédige un mémoire sur T.S.Eliot, et écrit des poèmes. Il est aux Etats-Unis en 1989 quand les évènements de Tian'anmen éclatent et changent le cours de sa vie. Son nom commence à circuler parmi ceux des sympathisants du mouvement démocratique chinois. Dès lors, il ne peut plus retourner à Shanghai.Qiu Xiaolong enseigne maintenant à la Washington University de Saint Louis.
Son roman policier lui permet d'évoquer la Chine avant Mao, pendant Mao, pendant la révolution culturelle et ce qu'elle est en train de devenir.
En voici un extrait:
"L'inspecteur Chen Cao ne se sentait pas d'humeur à prendre la parole à la réunion d'études politiques du comité du Parti. L'ordre du jour, l'urgence de bâtir la civilisation spirituelle en Chine, le laissait perplexe. La presse du Parti insistait beaucoup sur ce nouveau slogan depuis le début des années quatre-vingt-dix. (...) Alors que pouvait donc être cette "civilisation spirituelle"? (...) En dépit de la propagande du Parti, le matérialisme envahissait la Chine. On plaisantait désormais sur le fait que l'ancien slogan politique "regarder vers l'avenir" était devenu la maxime populaire "regarder vers l'argent", parce qu'en chinois "avenir" et "argent" se disent pareil: qian. Mais ce n'était pas une plaisanterie, pas exactement. Alors où intervenait la "civilisation spirituelle" ?"
"Toi, la deuxième, tu déroutes. "C'est encore une fille": tu es une nouvelle décevante. On ne t'attendait pas. Ta soeur n'inaugurait pas le choix du roi, mais toi tu n'es même pas le choix de la reine. Tu n'es pas une princesse. Ton père a fait le déplacement, pourtant. Impatient, il assiste à ta naissance. Cela ne se pratique guère encore, dix ans avant Mai 68; les pères sont tenus à distance du sexe dilaté des femmes, de la douleur qui se réveille en elles dans un parfum de merde et de sang, de leurs gémissements de bête qui crève en se vidant. Ils ne s'en remettraient pas, dit-on, voir les rendrait impuissants."
"Fille" de Camille Laurens chez Gallimard, NRF, page 17.
"L'adolescence est un âge où la perception de soi est mise à mal. Cela s'explique peut-être ainsi: bien souvent, l'enfance est un royaume où l'on est le centre du monde. Sans le vouloir, les parents gonflent de manière disproportionnée l'égo de leur progéniture. Ils accourrent au moindre besoin, jugent génial n'importe quel gribouillage et s'extasient sur des chorégraphies ridicules. Bref, l'enfant a le sentiment d'être touché par la grâce, et se fracasse lamentablement, ensuite, dans la vérité de l'adolescence: il n'est que lui. Il y aurait sûrement beaucoup moins de crises pubertaires si l'on plongeait les humains dès le plus jeune âge dans une réalité moins narcissique. (...) L'adolescent pense craindre l'avenir, alors qu'il souffre de la disparition du passé."
David Foenkinos dans "La famille Martin" chez Gallimard, nrf, page 76
"Quand tu ne sais pas où tu vas, souviens-toi d'où tu viens" affirme un proverbe africain. Voici un livre qui va dans le sens de cette affirmation:
Demain la France
de Xavier Patier
204 pages - août 2020
18,00€
1970. Le 1er septembre meurt François Mauriac, la voix du catholicisme engagé. Le 9 octobre décède Edmond Michelet, la figure de la Résistance chevaleresque. Le 9 novembre s’éteint Charles de Gaulle, l’icône de la France éternelle. Âgé de douze ans, l’adolescent Xavier Patier vit en direct ces événements nationaux qui sont pour lui, en raison des liens du sang, d’abord des drames familiaux.
2020. L’écrivain Xavier Patier se souvient. Un demi-siècle a passé, et cette séquence funèbre a inauguré une crise historique des trois vertus théologales. La foi de Mauriac a cédé la place à la tentation identitaire. La charité de Michelet, à la confusion émeutière. L’espérance de De Gaulle, au culte décliniste. Ce que je crois a tourné à « D’où suis-je ? ». Contre la guerre civile, à « Vive l’incivilité ! » Et les Mémoires d’espoir, à « La France qui dévisse ». Les élites ont dès lors beau jeu d’incriminer le populisme. Le désarroi est là.
Et si aller de l’avant nécessitait de regarder en arrière ? Conjuguant au futur la remémoration du passé, Xavier Patier ouvre aujourd’hui les tombeaux qu’il a vu hier se fermer, afin que nous nous rouvrions aux vertus qu’ils recèlent et qui, elles, ne sauraient mourir.
Une exhortation à l’amour du pays entrelaçant une chronique intime et une méditation historique, servies par une écriture d’exception.
Écrivain engagé dans son temps, Xavier Patier est l’auteur d’une oeuvre remarquée qui comprend des romans, couronnés entre autres par le prix Chardonne et le prix Nimier, ainsi que des essais, dont au Cerf " Blaise Pascal, la nuit de l’extase et Heureux les serviteurs".