Pourquoi écrire?

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 « Il y a quelques années, une revue avait posé cette question aux gens de lettres: "Pourquoi écrivez-vous?" La plupart répondirent par des boutades, comme celle de Morand: "J'écris pour être riche et honoré." C'était s'amuser à confondre les motifs immédiats avec les plus profondes raisons. 

 

Cette raison profonde m'apparaît être dans l'instinct qui nous pousse à ne pas demeurer seuls. Un écrivain est essentiellement un homme qui ne se résigne pas à la solitude. Chacun de nous est un désert: une œuvre est toujours un cri dans le désert, un pigeon lâché avec un message à la patte, une bouteille jetée à la mer. Il s'agit d'être entendu, fût-ce par une seule âme. Il s'agit que notre pensée, et, si nous sommes romancier, que nos créatures, qui sont la part la plus vivante de nous-mêmes, soient accueillies par d'autres intelligences, par d'autres cœurs, soient comprises, soient aimées. 

 

Un auteur qui vous dit: "J'écris pour moi seul, il m'est indifférent d'être ou non entendu..." c'est un orgueilleux qui nous trompe ou qui se trompe lui-même. 

Tout homme souffre d'être seul. L'artiste est celui pour qui et en qui cette souffrance prend corps. 

 

Baudelaire a raison d'appeler le artistes des phares : ils allument un grand feu dans les ténèbres; ils brûlent eux-mêmes pour que le plus possible de leurs frères soient attirés. "

 

François Mauriac, Essais, Dieu et Mammon, 1927.

 

Pourquoi j’écris au Journal Paroissial? 

 

Parce que des bénévoles du journal m’ont demandé de le faire il y a de ça 17 ans déjà. Parce qu’ensuite ils m’ont encouragé à continuer d’écrire quand j’avais des doutes, des passages à vide.

 

Qu’est-ce que ça m’a rapporté? 

 

Un peu d’argent que j’ai reversé aux associations qui viennent en aide aux personnes en difficultés en France et ailleurs dans le Monde; une satisfaction personnelle de voir mes écrits publiés dans un journal et de voir combien les personnes qui mettent nos écrits en page s’appliquent à le faire, ils savent techniquement mettre en valeur ce que nous avons écrit. 

 

Qu’est-ce que j’ai appris au Journal Paroissial? 

 

L’humilité. Ecrire ne change pas la face du Monde. L’écriture, les écrivains contemporains n’ont peut être plus autant d’importance que du temps de nos parents et grands-parents. Ce qui ne veut pas dire pour autant que l’écriture n’a plus d’importance du tout. Internet est souvent un téléphone qui écrit. Je ressens un manque de Mauriac, Camus, Zola, Hugo mais cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas de nos jours encore de telles plumes. Elles existent probablement mais ont du mal à se faire entendre. 

 

La presse écrite avait bien résisté à la radio, à la télé, à internet. Mais le smartphone et les réseaux sociaux ont détourné beaucoup de personnes de la presse écrite en général. La presse écrite ne se porte pas bien. Elle a de moins en moins de lecteurs abonnés. 

 

Alors pourquoi écrire encore?

 

Pour moi écrire est encore vital. C’est une forme de respiration intérieure. Dans le tumulte des sons, des images, des musiques, des phrases et des bons mots qui tuent, qui envahissent tous nos écrans, polluent notre esprit et notre coeur, écrire m’apaise, m’aide à faire le tri dans ce que je vois, j’entends. Nous sommes bombardés d’infos, d’infox, d’infaux. Ecrire m’encourage à lire plus que jamais les autres pour essayer de démêler le vrai du faux.  Enfin dernier point et non le moindre, je trouve dans les journaux paroissiaux un supplément d’âme que je ne trouve pas ailleurs. Je me sens moins seul en les lisant.

 

Et puis surtout « Ecrire c’est encore le meilleur moyen de parler sans être interrompu ».  (Jules Renard)

 

Mais qu’en pensez-vous? 

 

Une belle histoire pour terminer l'année 2021

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

À l'aube de sa mort, Franz Kafka, qui ne s'est jamais marié et n'a pas eu d'enfant, se promène dans un parc de Berlin lorsqu'il rencontre une petite fille qui pleure parce qu'elle a perdu sa poupée préférée. 

 

Elle et Kafka ont cherché la poupée sans succès.

 

Kafka lui a dit de le retrouver le lendemain et qu'ils reviendraient la chercher.

 

Le lendemain, alors qu'ils n'avaient toujours pas retrouvé la poupée, Kafka a donné à la petite fille une lettre "écrite" par la poupée qui disait ceci :

 

"Ne pleure pas. J'ai fait un voyage pour voir le monde. Je t'écrirai pour te raconter mes aventures"

 

Ainsi commença une correspondance qui se poursuivit pendant les quelques mois qui lui restait à vivre.

 

Lors de leurs rencontres, Kafka lisait les lettres de la poupée soigneusement rédigées avec des aventures et des conversations que la petite fille trouvait adorables.

 

Finalement, Kafka ramena la poupée (il en avait acheté une) qui était rentrée à Berlin.

 

"Elle ne ressemble pas du tout à ma poupée", dit la petite fille.

 

Kafka lui tendit une autre lettre dans laquelle la poupée écrivait : "Mes voyages m'ont changée". 

 

La petite fille serra la nouvelle poupée dans ses bras et l'emmena avec elle dans son heureux foyer.

 

Un an plus tard, Kafka meurt.

 

Bien des années plus tard, la petite fille devenue adulte a trouvé une lettre à l'intérieur de la poupée. Dans la minuscule lettre signée par Kafka, il était écrit :

 

"Tout ce que vous aimez sera probablement perdu, mais à la fin, l'amour reviendra d'une autre manière."

 

 

Acceptez l'impermanence (la perte et le changement). C'est la clé pour grandir.

 

Ensemble, nous pouvons faire de nos peines des étapes d'éveil sur notre chemin de vie.

 

C'est à nous de créer consciemment et intentionnellement cette connexion à nous-mêmes et aux autres.

 

Passez de belles fêtes de fin d'année avec (vous-mêmes et) vos proches.

 

Accueillez l'impermanence.

 

Avec les autres ne craignez pas de vivre.

 

Quoiqu'il advienne.

 

Très bonne année 2022 à toutes et à tous.

 

Texte porté à notre connaissance par `Gérard Dupont de CFM Radio 47.

 

Destructions sur le site de Palmyre

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A.B nous a adressé par mail la vidéo en anglais ci-dessus.  Un groupe de personnes a décidé de faire une maquette géante de ce qu'était Palmyre avant les destructions d'oeuvres d'art par DAESCH pour que les générations futures se souviennent de ce qui a été détruit. 

Rappel des faits:

En mai 2015, Palmyre est le théâtre de combats entre le régime syrien et les troupes de DAESCH. Les affrontements ont lieu à seulement un kilomètre des ruines antiques de Palmyre. La progression de l'État islamique fait  que la cité antique de Palmyre est alors sous leur contrôle. De nombreuses oeuvres d'art sont volontairement détruites. Les destrucitons sont filmées et diffusées par les chaînes de télé du monde entier ansi que sur les réseaux sociaux et sur internet.

Pour en savoir plus:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Palmyre#Terreur_djihadiste_et_destructions_archéologiques

 

 

Eteindre la télé rallumer les livres (2)

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

« Je vais t’aider mon dieu, à ne pas t’éteindre en moi, mais je ne peux rien garantir d’avance. Une chose cependant m’apparaît de plus en plus claire: ce n’est pas toi qui peut nous aider, mais nous qui pouvons t’aider et ce faisant nous nous aidons nous-mêmes. »

Etty Hillesum, « Une vie bouleversée », Journal 1941/1943.

Elle est née le 15 janvier 1914 à Middelbourg (Pays-Bas) et elle est morte le 30 novembre 1943 au camp de concentration d’Auschwitz; c' est une jeune femme juive et une mystique chrétienne connue pour avoir, pendant la Seconde Guerre mondiale, tenu son journal intime (1941-1942) et écrit des lettres (1942-1943) depuis le camp de transit de Westerbork aux Pays-Bas.

« Dieu n’était pas Auswitchz ». 

Il n’est pas non plus à Bagdad, à Damas, à Tripoli.

Elie Wiesel était un écrivain, philosophe et professeur d'université américain né le 30 septembre 1928 à Sighetu Marmației, en Roumanie, et mort le 2 juillet 2016, à New York. Il a eu une enfance heureuse à Sighet, petite ville des Carpates longtemps épargnée par la guerre. Puis à 17 ans il est plongé dans la fureur et les ténèbres d’Auschwitz et de Buchenwald . Il en sort exsangue, l’esprit muet, sans patrie. Il raconte son chemin de vie dans son livre "Tous les fleuves vont à la mer". Et dans son livre "La Nuit" il décrit les camps de la mort où il s'est retrouvé prisonnier.  La présentation du livre par les Editions de Minuit nous dit que le véritable thème de La Nuit est celui du sacrifice d'Isaac, le thème fondateur de l'histoire juive. Abraham veut tuer Isaac, le père veut tuer son fils, et selon une tradition légendaire le père tue en effet son fils. L'expérience de la génération d'Elie Wiesel est, à l'inverse, celle du fils qui tue le père, ou plutôt qui survit au père. "Le Nuit" est l'histoire de cette expérience. Ce livre est paru en 1958 aux éditions de Minuit et c'est le premier ouvrage d'Elie Wiesel qui en écrira plus de quarante par la suite. Elie Wiesel a reçu le prix Nobel de la paix en 1986.

Pour terminer cette rapide présentation de livres qui rallument la vie en nous quelques vers de Victor Hugo:

"Moi , j'admire , ébloui , la grandeur des petits ...
Que voulez-vous ? L'enfant me tient en sa puissance
Moi , je suis fait pour la société des enfants .
Ils trébuchent , encore ivres du paradis ...
Cette terre est si laide alors qu'on vient du ciel...
Car , les petits enfants étaient hier encore
Dans le ciel, et savaient ce que la terre ignore !"
 
 

La retirada

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"La Retirada, ce terme n'est pas assez fort pour désigner ce qu'ont enduré les républicains espagnols, durant leur "retraite" du 29 janvier au 13 février 1939, point final de la guerre d'Espagne commencée en 1936.

C'était il y a soixante-dix ans.

A la vieille de la Seconde Guerre Mondiale, après la défaite de l'Ebre, les troupes franquistes venaient de s'emparer de Barcelone.

Durant les premiers jours de février 1939, près d'un demi-million de personnes traînant une simple valise ou un pauvre baluchon se jetèrent sur les routes et les chemins traversant les Pyrénées, parfois à dos de mulet, dans la neige et le froid.

 

Tous les points de passage sont concernés: le col du Perthus comme la route de Cerbère. Par crainte de débordement, les autorités françaises font appel à des gardes mobiles et à des tirailleurs sénégalais. Des convois de réfugiés partent en direction du Boulou, une petite station thermale reconvertie en camp de triage. Ils ne peuvent pas imaginer qu'ils vont se retrouver dans des camps.

Les réfugiés savaient, par les articles des derniers journaux publiés en Catalogne, que le chef du gouvernement français, Edouard Daladier, avait fait partie du Front populaire dirigé par Léon Blum. Ils s'imaginaient  qu'on parlait Espagnol à Perpignan, dans cette France qui se disait la meilleure alliée de la Republica.

Le gouvernement de l'époque panique face à l'un des premiers grands exodes des temps modernes. Prises de court pour "héberger" les réfugiés, les autorités ouvrent un premier camp à la hâte sur la plage d'Argelès. Le premier "camp de concentration" dans la France des droits de l'homme.

77 000 réfugiés sont internés au camp d'Argelès-sur-Mer, dont un grand nombre de volontaires des Brigades internationales. Des baraques sont sommairement construites en bord de mer, sur des terres marécageuses. Il y a des épidémies de gale et de typhus; les enfants meurent pas dizaines.

Plus loin, apparaissent les barbelés des camps de Barcarès, Rivesaltes, Agde, Bram et Saint-Cyprien. Au total, trois prisons et quinze camps d'internement. Le terme de "camp de concentration" peut choquer, il est pourtant couramment utilisé dans les documents administratifs de l'époque. "Le camp d'Argelès-sur-Mer ne sera pas un lieu pénitentiaire mais un camp de concentration. Ce n'est pas la même chose", déclare en 1939 le ministre de l'intérieur Albert Sarrault. Il lâche surtout cette phrase devenue historique, le 1 er février de la même année, au Perthus: " C'est bien simple, les femmes et les enfants, on les reçoit; les blessés, on les soigne; les valides, on les renvoie."

Voilà ce qu'offre la France à ces étrangers qui semblent représenter une menace. Mais quelle menace?

Le danger est pourtant ailleurs avec Hitler.

La presse se déchaîne contre ce déferlement des "hordes rouges et des bandits de grand chemin tentant d'échapper au glaive du justicier", sur le vieil air de la "France aux Français".

La haine de l'étranger est à l'oeuvre.

Seuls les journaux de gauche comme Le  Populaire, L'Humanité, Ce soir et la presse anarchiste, tous favorables à la République espagnole, demandent que l'on accueille dignement "les combattants de la liberté". Ils se font l'écho de l'appel lancé par diverses personnalités, telles que François Mauriac, Henri Bergson, Paul Valéry et Léon Jouhaux, afin que "la France accepte de soulager l'épouvantable misère des populations espagnoles refoulées vers les frontières". En vain.

Les officiers des gardes mobiles regardent avec mépris cette armée en retraite, cette "canaille marxiste" qui chante L'Internationale.

Ils ignorent encore que, quelques mois plus tard, ils connaîtront le même sort face aux blindés allemands."

Source: LA RETIRADA aux éditions Actes Sud, 2009; ré éditée en 2020.

 

 

 

 

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