La fatigue, quel bonheur!

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Fabrice Hadjadj a écrit:

"Et la fatigue, si c’est pas une chose ingénieuse, la fatigue, que même les meilleurs constructeurs de robots ne songeront jamais à la fabriquer… Imaginez une seule seconde que nous n’ayons pas cet accablement, le soir, l’après-midi, après un gros repas, après un vain effort, cette lassitude qui nous cotonne les jambes et nous désarme le bras et nous pompe la cervelle. Imaginez-nous sans le quotidien retour de claquage dans tous les membres, comment qu’on trouverait le repos ? Sans l’énergie de la fatigue pour nous jeter dans n’importe quel plumard, sans le ressort du matelas pour recueillir la fin de notre ressort…

Car voilà soudain qu’on sait exactement ce qu’on veut, et ce ne sont plus les honneurs, les palaces, toutes ces carrières fuyantes et incertaines, non, c’est un lit, qu’on veut, notre plus cher désir est dans de beaux draps pour oublier qu’on est dans de beaux draps, pour que notre vanité tombe dans les vapes, pour que nos rêves fassent de beaux rêves … Heureux le blaireau qui hiberne tout l’hiver !

Dans la force de l’épuisement, le corps n’a plus peur de se livrer à la terre, l’âme n’a plus peur de se perdre dans l’inconscience, l’homme tout entier va jusqu’à oser dire au présent : « Ch’ui mort ! » pas au futur, non, au présent de l’indicatif, sans que ça lui file les jetons : « Ch’ui mort ! » et même : « Ch’ui crevé ! » "

Il y a tout juste 110 ans...

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... voici ce qu'écrivait Charles de Foucauld:

"Notre Algérie, on n'y fait pour ainsi dire rien pour les indigènes. Les civils ne cherchent la plupart qu'à augmenter les besoins des indigènes pour tirer d'eux plus de profit, ils cherchent leur intérêt personnel uniquement; les militaires administrent les indigènes en les laissant dans leur voie, sans chercher sérieusement à leur faire faire des progrès. De sorte que nous avons là près de trois millions de musulmans depuis plus de soixante-dix ans pour le progrès moral desquels on ne fait pour ainsi dire rien, desquels le million d'Européens habitant l'Algérie vit absolument séparé, sans les pénétrer en rien, très ignorant de tout ce qui les concerne, sans aucun contact intime avec eux, les regardant toujours comme des étrangers et la plupart du temps comme des ennemis. Les devoirs d'un peuple qui a des colonies ne sont pas de ceux-là, et cette fraternité, que personne ne nie, trace des devoirs bien différents. Croyez là-dessus votre enfant qui est devenu presqu'un vieillard, qui vit au milieu de misères infinies pour lesquelles on ne fait rien et on ne veut rien faire; pouvant et devant faire tant de bien, on aggrave au contraire l'état moral et intellectuel si lamentable de ces peuples en ne voyant en eux qu'un moyen de gain matériel. Ce que voient les indigènes de nous, chrétiens, professant une religion d'amour, ce qu'ils voient des Français incroyants criant sur les toits fraternité, c'est négligence, ou ambition, ou cupidité, et chez presque tous, hélas, indifférence, aversion et dureté."

Charles Foucauld.

1001 souvenirs de Casteljaloux. (Suite et fin)

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Casteljaloux, c'est la ville où aujourd'hui mes enfants vont faire leurs activités sportives ou musicales. Je revois alors "certaines têtes" qui comme moi, 30 ans plus tard, sont restées vivre dans le secteur.

Alors parfois, quand je suis au stade, je nous revois collégiens, faisant des petites foulées pour relever le défi de courir la distance Paris-Séoul l'année des JO.

Quand j'amène mes enfants aux manèges au mois de Juin, je revois cette petite fille que j'étais qui tentait d'attraper la queue de Mickey  pour qu'elle et sa cousine puissent faire autant de tours chacune.

Parfois lorsque je suis au lac avec mes enfants, j'entends le feu d'artifice qui autrefois avait lieu là-bas.

Casteljaloux, c'est la seule ville où je ne me suis jamais perdue et pourtant, vu mon sens de l'orientation...

Aujourd'hui je n'y habite plus. Quelques petits kilomètres m'en éloignent mais tel un pin c'est pourtant là que j'ai mes racines.

Casteljaloux, ne deviens pas celle qu'ils voudraient que tu sois.! Reste telle que tu es: modeste et chaleureuse.

Yallah Casteljaloux! Mais pas trop quand même!

Guimaï.

Ecrire...

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"Ecrire est encore le meilleur moyen de parler sans être interrompu."(Jules Renard)

Originaire de Château-Thierry, ville natale de Jean de La Fontaine,  Denis Toison vit, depuis bientôt quarante ans, dans une ancienne ferme au cœur de la campagne lot-et-garonnaise. Après une carrière professionnelle passée dans l’image (animation 3D) et l'architecture, il est  donc un jeune auteur d'une soixantaine de printemps !

Découvrant, depuis peu, le plaisir de faire danser l’écrit, il aime orchestrer une phrase, harmoniser des paragraphes, rythmer un texte entier. Attachant une grande importance au style, la musicalité de ses textes souvent teintés d'humour, est une composante au moins aussi essentielle que l’intrigue.

Par ailleurs, il est fasciné par la force des mots, une puissance qu'il devinait sans en imaginer toute l’immensité, comme de leur totale liberté qui autorise toutes les fantaisies et permet d’explorer les moindres détours de la condition humaine, bien au-delà des schémas habituels.

​Influencé par les grands auteurs classiques du courant réaliste du XIXème siècle comme Zola, Flaubert et surtout Maupassant, dont la sensibilité le touche particulièrement, il ne renie pas pour autant le style d'auteurs contemporains comme Céline ou Boudard, qui ont su transfigurer, à leur façon, l’écriture.

Voici l'adresse de son site: http://bazook.wixsite.com/denis-toison-auteur

 

Bûche toi de là.

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Comment parler à une bûche après une journée fatigante?

Ce n’était pas une bûche de Noël, moins goûtue. Je me suis pourtant trouvée là, à tenter de soulever une bûche pour entretenir un feu, à 21h33. La bûche était lourde, mes petits pieds, légers et tremblants à l’idée de mourir sous le poids de celle-ci (oui mes pieds ont rêvé de mourir autrement). Avec mes bras dépourvus de force, j’ai poussé la bûche en essayant de ne pas me brûler. Un amas de flammes et d’énormes étincelles ont propulsé une vague de chaleur sur mon visage. Saisie par une sueur froide, je me suis dit : « Oui, c’est la fin. Si cette bûche roule et se retrouve chaude, bouillante et lovée sur mes pieds. Ce sera la fin. Je vais hurler.»

Finalement la bûche s’est calée en se disant « Oh, je me ravise, pas trop envie d’embêter cet enfant aux soucis déjà multiples ».

De mon côté, je me suis mise à lui parler, au début c’était simplement pour lui rappeler sa fonction première, c'est-à-dire brûler pour me réchauffer. Mais après j’ai craché ce que je portais sur le cœur :

« Quoi toi, là-bas ? Roule pour voir !! Toi tu n’as pas grand-chose à faire, tu es née, tu as poussée, stoïque au milieu d’une forêt à profiter de la bise, de la pluie rafraichissante à regarder les randonneurs gambader ! Autrefois, tu portais des feuilles, tu étais recouverte de belles feuilles vertes, c’était le bon vieux temps hein ? Mais après quoi ? Toi aussi aujourd’hui tu es dans la mouise et tu finiras poussière ! Mais moi, vois-tu je finirai également poussière, et moi aussi mon cycle de vie n’est pas simple ! Tu as grandi dans la pollution que ces hommes ont créée ! Mais figure toi que les choses et les gens me polluent la vie, beaucoup trop ! Moi aussi, chaque jour, je ne sais plus comment avancer, je ne sais plus comment grandir et sortir de cette panade incroyable ! Que tu sois un morceau de bois ou de chair, il y a toujours quelqu’un qui tentera de te pourrir la vie! Alors mademoiselle la bûche ? On fait moins la maline ? »

La bûche a fumé, était-ce un soupir de compassion, un « Qu’est- ce que tu veux que j’y fasse ? Peut-être te réchauffer le cœur avec les flammes que j’alimente ? »

J’ai répondu: "Oui Bûche, réchauffe moi le cœur, je vais te raconter de belles histoires, pour nous réconforter."

Inés Bourgeois.

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