Léon Tolstoï (2)

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Pacôme, le paysan, qui fumait tranquillement sa pipe derrière le poêle et écoutait cette conversation, pensa : Comme ma femme a raison ! Grâce à notre petite mère la Terre, nous sommes plus sages, et nous ne songeons guère aux folies. Si, seulement, notre propriété était plus grande, alors je braverais tout, même le diable.

Or, ce dernier, qui était aussi dans la chambre, entendant ce discours et la réflexion du paysan, se dit : « Ah ! tu ne me craindrais pas si tu avais plus de terre à cultiver ! Eh bien ! je vais t’en donner, et tu verras ! »

Il y avait, près de chez Pacôme, une petite propriétaire d’une terre d’environ cent vingt déciatimes. Elle vécut en très bons termes avec lui, jusqu’au jour où elle engagea, comme intendant, un ancien militaire en retraite, qui infligea tant de vexations aux paysans, et les mit si souvent à l’amende, que tout le village en était consterné.

Pacôme, surtout, subissait la mauvaise humeur du nouvel intendant. C’était un jour son cheval qui mangeait quelques épis d’avoine, un autre jour, la vache qui pénétrait au jardin, une autre fois, les veaux avaient mangé de jeunes pousses. Ça n’en finissait pas. Le paysan payait ses amendes, et déversait ses colères rentrées sur sa femme et ses enfants. On apprit enfin que la propriété était à vendre, et que l’intendant voulait l’acheter. « Si ce méchant homme devient propriétaire, nos malheurs ne sont pas finis, dirent les paysans réunis, allons demander à cette dame de vendre son bien à la commune. »

Ils lui offrirent une somme plus forte que celle qu’offrait l’intendant, et la commune devint propriétaire du domaine. Les paysans voulurent alors partager le bien entre eux, mais comme ils ne parvenaient point à s’entendre, ils décidèrent que chacun d’eux achèterait autant de terre qu’il en pourrait payer.

Léon Tolstoï (1868-1910)
Qu’il faut peu de place sur terre à l’homme

 

Léon Tolstoī (1)

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Elles étaient deux sœurs. L’une avait épousé un marchand établi en ville, l’autre un cultivateur de la campagne. Un jour, la sœur aînée alla voir sa sœur la campagnarde, et tout en prenant leur thé, elles se mirent à causer.

— Comme je préfère mon genre de vie au tien, dit l’aînée : je suis élégamment logée, j’ai de jolies toilettes, mes enfants sont charmants dans leurs costumes bien faits ; je mange toujours de très bonnes choses, et notre temps se passe en promenades, en visites et en fêtes le soir.

— Je conviens, répondit la cadette, que tu as une douce existence, mais que de fatigues amènent les plaisirs, et que d’argent ils coûtent ! Vous êtes sans cesse occupés à avoir assez d’argent pour faire face à beaucoup de nécessités que nous ignorons. Nous menons une vie plus régulière et plus saine, aussi nous portons-nous mieux que vous, et ne nous inquiétons-nous guère du lendemain pour vivre ; la vie de la campagne est paisible comme le cours d’une rivière large et profonde. Le proverbe dit que le bonheur et le malheur voyagent ensemble ; nous les accueillons philosophiquement quand ils passent, comme les paysans savent accueillir des voyageurs. Enfin… nous avons toujours le nécessaire.

— Vos bêtes l’ont aussi, ce nécessaire que tu vantes en ce moment, encore faut-il que vous le leur donniez ; mais votre nécessaire à vous, vous devez le faire sortir de terre, et vous suez toute votre vie au soleil, au milieu du fumier, pour cela, et vos enfants feront comme vous. — En seront-ils moins heureux ? reprit vivement la cadette. La maison qui nous abrite est à nous, et ils s’y établiront ; les champs que nous cultivons, nous les avons achetés par notre travail, nous sommes nos maîtres, et ne craignons personne. Quant à vous, vous êtes constamment inquiets, fiévreux, pressés, aujourd’hui contents, demain ennuyés. Et ton mari, quand il sort, où va-t-il ? Il joue, il boit, il perd. Qu’en as-tu, toi ?

Léon Tolstoï (1828/1910)
« Qu’il faut peu de place sur terre à l’homme. »

A suivre…

Que ton verbe soit action

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Masque tragique du théâtre grec. Collection du Louvre. 

« Parle droit ! Parle sans fard et sans apprêt ! Parle pour être compris ! Compris, non pas d’un groupe de délicats, mais par les milliers, par les plus simples, par les plus humbles ! Et ne crains jamais d’être trop compris ! Parle sans ombres et sans voiles, clair et ferme, au besoin, lourd ! Qu’importe, si tu en tiens plus fortement au sol ! Et si, pour mieux enfoncer ta pensée, il est utile que tu répètes les mêmes mots, répète, enfonce, ne cherche pas d’autres mots ! Que pas un mot ne soit perdu ! Que ton verbe soit action ! »

Source: 

Cliquer pour accéder à Rolland_Jean_Christophe_01.pdf

 

Il y a urgence

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 En 2019, le Pape François a écrit ou fait écrire un livre qui a pour titre "Quand vous priez, dites notre père"(1). Le Pape Benoît XVI y est cité page 76.

"Donner à manger aux affamés est un impératif éthique pour l'Eglise universelle. Le droit à l'alimentation de même que le droit à l'eau revêtent un rôle important pour l'acquisition d'autres droits. Il est donc nécessaire que se forme une conscience solidaire qui considère que l'alimentation et l'accès à l'eau comme des droits universels de tous les êtres humains, sans distinction ni discrimination."

Nous pouvons y ajouter le droit au logement.

Plusieurs associations françaises affirment que plus de 2000 mineurs dorment dans les rues de nos grandes villes. Il arrive que des enfants de deux/trois ans dorment avec leurs parents dans des voitures. C'est peu pour un pays de 67 000 000 d'habitants. Mais c'est beaucoup trop dans un pays où il y a plus de trois millions de logements inoccupés selon l'Inesee.( Institut national de la statistique et des études économiques. )

Plusieurs associations en France s'efforcent de venir en aide aux mineurs qui dorment dehors.

En région parisienne "Hors la Rue" existe depuis 2004. L'objectif est d'accompagner les enfants et adolescents étrangers en danger dans le but de « favoriser et rendre effectif l’accès au droit des mineurs étrangers en danger dans un contexte migratoire ». Association de terrain avant tout, Hors la rue mène des tournées dans les rues de Paris et de proche banlieue pour repérer les jeunes en situation de danger (mineurs non accompagnés, primo-arrivants, jeunes en famille en mendicité, mineurs présumés victimes de traite des êtres humains (TEH) et créer un lien de confiance. En complément de cette action, Hors la rue dispose d’un centre de jour situé à Montreuil, dans lequel les jeunes disposent d’un accompagnement socio-éducatif et d’un suivi dans leurs démarches vers le droit commun : protection de l'enfance par les services départementaux, scolarisation, logement, accès à la santé. L'association mène également des actions de sensibilisation et de plaidoyer afin de favoriser une meilleure prise en charge des enfants étrangers en danger par les pouvoirs publics, afin que tous les enfants aient enfin le droit à une vie d'enfant.

https://horslarue.org/lassociation/presentation/

En Lot-et-Garonne existe  l'association "Entr'aidetoit".

Les bénévoles aident et accompagnent des personnes, des familles en situation de précarité pour leur permettre d'accéder à un logment, à des soins de santé, à l'éducation. Cette association type loi 1901déclarée en préfecture participe aux réseaux de solidarité déjà existants et contacte tous les partenaires compétents pour améliorer les conditions de vie des personnes et des mineurs en difficultés. 

Containers de bateau.

Plusieurs entreprises en France transforment des containers de bateaux en logement. Il y a aussi dans les grands villes des bureaux, des friches industrielles qui peuvent être transformés en logements. Vivre dans la rue et de la rue n'est pas une fatalité. Il y a urgence de lutter conter les nouvelles formes de misère et de détresses. Nous pouvons le faire. 

(1) "Quand vous priez, dites Notre Père", bayard édition, ISBN 978-2-227-49381-0, prix: 14,90 €.

Voeux 2024

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« Que cette année vous soit heureuse: que la paix, le repos et la santé vous tiennent lieu de fortune ».

Madame de Sévigné ( 1626/1696)

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