Gabriela Mistral

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire
 

Trois arbres tombés sont restés au bord du sentier.
Oubliés du bûcheron, ils s'entretiennent,   
fraternellement serrés, comme trois aveugles.

Le soleil couchant verse
son sang vif dans les troncs éclatés,
les vents emportent le parfum de leur flanc ouvert.

L'un, tout tordu, tend un bras immense,
frissonnant de feuillage, vers l'autre
et ses blessures sont pareilles à des yeux pleins de prière.

Le bûcheron les a oubliés.
La nuit viendra. Je resterai avec eux.

Je recueillerai dans mon cœur
leurs douces résines, elles me tiendront lieu de feu.
Muets, pressés les uns contre les autres,
que le jour nous trouve monceau de deuil.

Poème traduit de l’espagnol par Claude Couffon

Source: https://www.franceculture.fr/emissions/poeme-du-jour-avec-la-comedie-francaise/paysage-de-patagonie-trois-arbres

Le progrès

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire
"Le progrès ne résout rien en définitive; il complique même souvent les problèmes, bien qu'il soit en même temps un progrès... Le chirurgie la plus élaborée ne supprime pas la mort. Le psychanalyse ne résout pas l'angoisse humaine et n'en épuise pas les manifestations toujours rejaillissantes. " L'expansion" soulève de nouveaux conflits. L'humanité moderne, si solidaire dans la perception réciproque, présente un visage plus contrasté que jamais dans l'histoire: les gens qui crèvent littéralement de faim dans les bidonvilles à côté des philosophes, sociologues et magnats de la culture, dans la banlieue d'une grande ville où se côtoient le soir, (...) les voitures de luxe et l'insupportable misère..."
 
Marc Oraison dans "Tête dure" pages 16/17 aux éditions du Seuil.
 
 

Parce que nous aimons

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

Lu dans le courrier des lecteurs du journal "La Vie" l'extrait suivant:

 

"Celui qui aime pleure l'ami qui décède. Celui qui aime pleure la relation qui se brise, le silence et l'absence, les incompréhensions et les non-dits. Celui qui aime sait la tristesse de la maladie, du handicap et du grand âge. Celui qui aime sait aussi le silence d'un amour impossible. C'est parce que nous aimons que nous connaissons la tristesse en notre coeur."

Geneviève M dans "La Vie"  n° 3886 du 20 février 2020 en page 97.

Ce n'était pas un grand bavard

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

Pour ceux qui connaissaient bien Papa, ce n’était pas un grand bavard mais si vous le lanciez sur un sujet qui l’intéressait, vous auriez vite compris combien il pouvait en parler et partager ses passions avec les autres.

Il était comme cela, de nature réservée, discrète mais aussi généreux sur le partage de ce qui le passionnait.


Sa passion, c’était de voler et elle a commencé tout petit déjà, quand il a voulu sauter en parachute depuis le toit de la maison de papi et mamie. Sauf que son parachute c’était un parapluie. Mais heureusement, on l’en a dissuadé avant d’essayer.


Oui, voler, c’était sa passion, le pic d’adrénaline de s’élever vers les nuages... une dernière fois.

Si il y a bien une chose que j’aurai appris de cet accident, c’est à quel point la vie est courte. Tout peut s’arrêter en un instant. Chaque jour, il faut profiter de la vie comme si c’était le dernier. Parce qu’on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Et ne jamais rien regretter.

On remet souvent à plus tard, nos projets, à plus tard, les discussions avec nos amis, notre famille, à plus tard, nos envies... jusqu’à qu’il soit trop tard...

Alors bien sûr, on ne peut pas vivre continuellement avec la peur de l’accident, du dernier battement de cœur mais plutôt que de compter les jours, faire en sorte que chaque jour compte.

Profitez de la vie tant qu’il y en a et partagez-la avec les êtres qui vous sont proches car comme disait Albert Schweitzer « Le bonheur est la seule chose qui se double si on le partage »

Benoit Labadie

Papa

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

Alors voilà, tu as décidé de te la jouer comme le soir du mariage de Lucie et Jordan. Pas le temps de se retourner que tu n'es plus là.


Oh tu avais juste décidé de rentrer à pied à 2h du matin !


Ça c'était toi, tu savais ce que tu voulais et tu faisais en sorte de le réaliser, sans attendre des autres.

Je voulais te dire que j'ai mis du temps à accepter d'avoir un père si silencieux et absent.

J'espérais que tu changes jusqu'à ce que je comprenne ce que tu m'as transmis en étant toi.

Tu m'as appris à être autodidacte, à ne pas me fier à la réussite scolaire, au titre ou au diplôme pour juger de l'intelligence d'une personne.


Tu m'as appris à oser prendre des risques pour réaliser ses rêves. Vivre c'est risquer de mourir mais ne pas vivre pour essayer d'éviter la mort est pire.


Tu m'as appris l'art de la communication non-verbale ; voir l'autre au-delà des mots et tout ce que l'on voit et ressent quand on se tait.


Tu m'as appris à ne pas me satisfaire du superficiel.


Tu m'as appris que le langage de l'amour ne ressemblait pas nécessairement à des mots ou des actes isolés.


Tu m'as appris à me méfier des conducteurs avec un chapeau.


Tu m'as appris à me débrouiller par moi-même et à me batte pour être libre, à aller au-delà des normes et des dogmes établis.


Tu m'as appris qu'on pouvait être absent et pourtant bien présent dans le cœur et qu'être là physiquement n'est pas toujours synonyme de présence.

Pour tout cela et pour les leçons que je n'ai pas encore perçues ou assimilées, je te remercie d'être resté toi.

Repose en paix, tu as fait ta part.

Laure

Fil RSS des articles de cette catégorie