La photo du mois d'Août 2024
Rédigé par yalla castel - - Aucun commentairePhoto Marie Christine Queyreur
Photo Marie Christine Queyreur
« Je vais prendre le temps de poser mon regard sur les choses de tous les jours et les voir autrement. Ces choses que chaque matin je croise sans voir. Toutes ces choses familières que je côtoie à longueur de jour, de mois, d’année.
Je vais prendre le temps de voir l’étrangeté des arbres, ceux de mon jardin, ceux du parc voisin qui, le crépuscule venu, bruissent de mystère.
Je vais prendre le temps de poser mon regard sur les êtres que j’aime, de regarder autrement les miens, celles et ceux qui me sont le plus proches et que, parfois, je ne vois même plus, je n’entends plus. Tant le souci de mes affaires, de mon travail parasite mon cœur et mon corps.
Oui je vais prendre le temps de les découvrir, de me laisser surprendre encore et toujours par ceux que j’aime.
Oui je vais prendre le temps de Te rencontrer aussi, Toi mon Dieu, au-delà des mots, des formules et des habitudes.
Oui je vais aller à Ta rencontre comme au désert et Tu me surprendras mon Dieu.
Oui je vais prendre le temps de Te rencontrer autrement.
On peut retrouver ses soucis au bout du monde et les perdre au pas de sa porte.
Les vacances, c’est laisser sa terre en jachère, en repos, pour se préparer aux grands labours d’automne. Ainsi soit-il. »
Père Robert Riber (1935-2013)
« Tu ne tueras point ». Tu ne mettras pas le feu.
Le Tour de France, les jeux olympiques ont effacé de nos écrans de télé, d’ordinateur, de smartphone, (de nos têtes?) les images de ce qui se passe en Nouvelle Calédonie.
Mais Thomas Ribaud a publié le 22.07.2024 un article dans le journal « Marianne » qui a pour titre « L’Embrasement de la Nouvelle Calédonie ne faiblit pas ». En voici un extrait:
« La sépulture d’un ancien grand chef kanak a été vandalisée dans la nuit du 21 au 22 juillet, après que plusieurs églises ont également été visées ces derniers jours. L’apaisement semble loin d’advenir dans le territoire d’outre-mer, en proie à des violences depuis le 13 mai dernier, initialement contre une réforme du corps électoral. (…) Dans la nuit du 18 au 19 juillet, l’église Notre-Dame de l’Assomption, au village de Vao sur l’île des Pins, a été en partie incendiée. D’abord l’église de Saint-Louis, puis celle de l’île des Pins ».
10 MORTS ET PLUS DE 2,2 MILLIARDS D’EUROS DE DÉGÂTS écrit Thomas Ribaud.
Source:
Mais Clara Hidalgo a écrit le 11.07.2024 dans le journal « Le Figaro » un article qui a pour titre »Deux mois après les premières émeutes, toujours pas de retour au calme ». En voici un extrait:
« La situation reste encore très tendue en Nouvelle-Calédonie, près de deux mois après les émeutes qui ont secoué l’archipel. Une nouvelle personne a perdu la vie dans des affrontements avec les forces de l’ordre ce mercredi 10 juillet dans le sud de l’île, portant à dix le nombre de morts – dont deux gendarmes. La victime, un homme de 38 ans, a été touchée par un tir de riposte à longue distance effectué par un gendarme du GIGN durant une opération de déblocage d’une route. (…)
Plus de 1000 élèves privés de cours
« Les écoles, collèges et lycées ont été la cible récurrente des émeutiers. Un grand nombre des établissements a été incendié. Depuis, plus de dix mille jeunes Calédoniens scolarisés dans le public ou le privé n’auraient plus cours, faute de structures pour les accueillir, indique Nouvelle-Calédonie la 1ere. Après les vacances de juin, certains établissements ont rouvert progressivement, mais d’autres demeurent fermés. Pour rappel, les «grandes vacances» de l’archipel ne se déroulent pas entre juillet et août comme en métropole, mais de mi-décembre à mi-février. » (…)
6534 élèves inscrits dans des établissements partiellement dégradés (primaire et secondaire) sont impactés. Tandis que 1830 jeunes sont concernés car leur établissement a été totalement dégradé. Par ailleurs, près de 2000 élèves scolarisés dans l’enseignement catholique dans le premier et second degré sont affectés à ce jour. «Une réflexion est menée pour une possible réouverture des internats en tenant compte des contraintes de sécurité, d’encadrement, de déplacement quant aux livraisons des repas», a indiqué la direction diocésaine à nos confrères sur place. »
Source:
Arrivée la guerre le diable agrandit son enfer. (Proverbe espagnol)
-Qu’y a-t-il de pire qu’une guerre?
-Une guerre civile.
Christophe Clavé a dit un jour :
La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple, imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps.
La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de l’expression.
Supprimer le mot «mademoiselle» est non seulement renoncer à l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une petite fille et une femme il n’y a rien.
Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée.
Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des mots sur les émotions.
Sans mot pour construire un raisonnement, la pensée complexe chère à Edgar Morin est entravée, rendue impossible.
Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.
L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges Orwell dans « 1984 » à Ray Bradbury dans « Fahrenheit 451 » qui ont relaté comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en réduisant et tordant le nombre et le sens des mots.
Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée sans mots.
Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du conditionnel ? Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur ? Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative, sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que ce qui pourrait advenir soit advenu ? Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd’hui, ce serait celui, adressé aux parents et aux enseignants : faites parler, lire et écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.
Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée. Parce que dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses «défauts», abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain. Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la pensée de la beauté.
Pour en savoir plus sur Christophe Clavé:
https://www.editions-pantheon.fr/rencontre-avec/christophe-clave/