C'est normal.

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Le vendredi 24 et le samedi 25 novembre 2017, nous étions une petite équipe de bénévoles volontaires pour distribuer les poches vides de la Banque Alimentaire à l’entrée d’une grande surface.

 

« Le 13 mars 1984, le journal La Croix publie une tribune intitulée « J’ai Faim », écrite par Sœur Cécile Bigo, dénonçant le scandale de la pauvreté qui cohabite avec le gaspillage de denrées alimentaires. Dans cette lettre, Sœur Cécile Bigo écrivait ces mots «…Quelle est la personne de génie qui surgira et aura assez d’astuce pour mettre en place, avec d’autres, le procédé de récupération rapide et efficace des aliments avant qu’ils ne soient jetés dans nos poubelles ?»

De cette étincelle éditoriale est né le 1er réseau d’accompagnement alimentaire en France. Sur le modèle des Food Banks Américaines, sous l'impulsion de Bernard Dandrel et de 5 associations :Secours Catholique, Emmaüs, Armée du Salut, Entraide d’ Auteuil et Entraide protestante. Trente deux ans plus tard, dans une société de plus en plus précarisée, le combat est toujours d'actualité. Les Banques Alimentaires aident aujourd'hui 1.900.000 personnes.Les Banques Alimentaires, départementales et régionales, couvrent aujourd'hui pratiquement la totalité du territoire français. »

(Source : https://www.banquealimentaire.org/articles/une-histoire-de-partage-0048)


 

Tout au long de ces deux jours de collecte nous avons vu passer beaucoup de monde. Certaines personnes ne nous voient pas. Elles passent devant nous en faisant en sorte que nos regards ne se croisent pas. Elles font de même lorsqu’elles ressortent du magasin. Soit leur chariot est plein à raz-bord soit il n’y a que le strict minimum. Peut-être que leur distance à notre égard est due à des raisons différentes ? Abondance = indifférence ? Etre soi-même dans le manque, être « juste » au niveau argent, oblige à faire attention d’abord à soi ?

Deux fois, deux femmes sont venues vers nous :

« Je n’ai que que 360 € par mois pour vivre. »

« Je n’ai que 820€ par mois ».

Que dire alors ? Que faire ? Se taire et écouter. Se faire tout petit.

Beaucoup de personnes sont venues à notre contact prendre les poches de la Banque alimentaire avant même que nous ne leur tendions. Beaucoup de personnes ont donné. Certaines donnent vraiment beaucoup.

A toutes les personnes qui entrent dans la grande surface nous disons « Bonjour ». A toutes celles qui ressortent en faisant un don nous disons « Merci ». Par deux fois deux personnes différentes nous ont dit « Mais de rien c’est normal ! »

Un jeune : « Quand j’en ai eu besoin vous étiez là. Aujourd’hui ça va pour moi. A mon tour de faire pour les autres. C’est normal.»

Un monsieur âgé : « Il faut y être passé pour savoir ce que c’est d’avoir besoin d’aide . C’est normal de vous faire un don».

Mais est-ce bien normal que l’aide aux personnes en difficultés repose autant sur des associations de bénévoles ?

André Lugardon.


 


 

Citations :

« L’opulence est une infamie ».

« L’injustice est un arbre mort encore solide mais sans avenir ».

« Tant qu’un homme pourra mourir de faim à la porte d’un palais où tout regorge, il n’y aura rien de stable dans les institutions humaines. » (Eugène Varlin)


 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
comme Jésus enseignait dans le Temple,
    levant les yeux, il vit les gens riches
qui mettaient leurs offrandes dans le Trésor.
    Il vit aussi une veuve misérable
y mettre deux petites pièces de monnaie.
    Alors il déclara :
« En vérité, je vous le dis :
cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres.
    Car tous ceux-là, pour faire leur offrande,
ont pris sur leur superflu
mais elle, elle a pris sur son indigence :
elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre. »

 

Le monde changera.

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

"Le monde changera quand le coeur de l'homme changera".

L'équipe casteljalousaine du CCFD Terre Solidaire a organisé une soirée châtaignes le jeudi 3 novembre 217. Quatre-vingt dix personnes y ont participé.

 

La France est le troisième pays producteurs de châtaignes d'Europe et du Monde. Dans notre pays 50% des châtaignes consommées viennent d'Ardèche. Cela représente des milliers d'emplois. Les producteurs ont obtenu une AOC. Ils annoncent cette année une perte de récolte de 70 à 80% due à la sécheresse. Les autres châtaignes consommées en France proviennent de la Corse, du Gard, de la Drôme, de la Corrèze et de la Dordogne ; et des autres pays producteurs de châtaignes à savoir: la Chine, la Corée du Sud, l'Italie, la Turquie, la Bolivie, le Portugal, le Japon et la Grèce. Des maladies existent sur les châtaigniers en Corse et dans d'autres départements français ainsi qu'en Asie. Les chercheurs cherchent les remèdes. Les virus, les bactéries, les microbes voyagent  à travers le monde en avion et en bateau et probablement aussi dans l'air. Les virus, les bactéries, les microbes comme le nuage radioactif de Tchernobyl et celui de Fukushima ignorent les frontières.

 

Bien que cela ne dépende pas de vous, de moi, de nous voici maintenant quelques remarques sur l’état du monde.

 

Il y a beaucoup d'argent pour aller sur Mars, pour revenir sur la Lune, pour la station spatiale internationale et c'est bien. Beaucoup de progrès scientifiques, technologiques, médicaux vont en découler. Mais c'est dommage qu'il n'y ait pas d'argent pour acheter des avions bombardiers d'eau et pour faire des travaux de sécurisation des forêts sibériennes, canadiennes, australiennes, californiennes, portugaises et corses. Tous les incendies que nous voyons sur nos écrans de télé ne s'expliquent pas uniquement par le réchauffement climatique.

 

Il y a beaucoup d'argent pour faire la guerre et beaucoup moins pour faire la paix. Nous voyons tous les jours sur nos écrans télés des villes entières réduites en poussière. Ces images nous rappellent la guerre d'Espagne et Guernica; la seconde guerre mondiale et la destruction de Coventry en Angleterre, de Dresde, de Hambourg, de Berlin en Allemagne. Nous assistons impuissants à la destruction massive des lieux de vie de populations civiles sacrifiées au Dieu Pétrole.

 

Il y a beaucoup d'argent pour organiser les Jeux Olympiques; ils coûtent de plus en plus chers. C'est bien, c'est joli, c'est sain de voir tous ces sportifs faire de belles choses, accomplir de belles prouesses . Mais il y a beaucoup moins d'argent pour accueillir les immigrés. Il y a de plus en plus de camps de réfugiés dans le monde, il y a de plus en plus d’êtres humains chassés de chez eux errants sur les routes de la misère et de l'enfer sur terre.

 

Les bénéfices de la soirée châtaignes seront donc partagés entre le CCFD Terre Solidaire du Lot-et-Garonne pour financer des projets collectifs de développement durable et d'éducation; et l'association Bienvenue qui sur Agen accueille quatre familles d'irakiens.

 

 

Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer.

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

Brigitte Papleux m'a adressé par mail le texte ci-dessous et nous autorise à le partager tout autour de nous.

"Si les gens étaient mûs par leur couardise, leur peur, leur frilosité, leur repli sur eux-mêmes, si la population réagissait avec ignorance, alignant préjugés sur idées reçues, prévoyant désordres certains et innombrables, si les habitants de ce pays étaient plus soucieux de leur petite personne que de l’autre, qu’il soit blanc, noir ou jaune, si le peuple se montrait totalement et tranquillement égoïste, récalcitrant à l’accueil, fermé à la compassion, moins aimant et plus haineux, si le cerveau reptilien régnait, si les pays étaient gouvernés par des sots, peut-être alors verrions-nous des hordes d’immigrés, de réfugiés de toutes sortes, de pauvres, de souffreteux déambuler dans les rues des villes, quémander de la nourriture, être à l’affût d’un abri, dormir par terre sur le macadam ou dans la boue parce que rien ne serait prévu pour eux, peut-être même seraient-ils repoussés brutalement hors de notre territoire par la police, sans vergogne, des membres de mêmes familles seraient séparés, des enfants , des mineurs deviendraient orphelins, seraient perdus, introuvables, maigres, loqueteux, corvéables à merci, brimés, humiliés, ni affection, ni amour pour ceux-là, que la faim, le froid, la violence, pire, sur leur chemin d’immigration, hommes, femmes, enfants mourraient par dizaines, centaines, milliers, sur les routes, écrasés par des véhicules, pourris à l'intérieur de camions, noyés dans la mer, épuisés, des murs seraient élevés, nombreux tenteraient de les franchir qui finiraient emprisonnés…

Mais Dieu merci, il n’en est pas ainsi car l’être humain est raisonnable et porte en lui une part de tout autre, alors il lui importe que cet autre vive et vive bien; il lui sied que chacun comme il se doit soit épargné autant qu’il se peut par la souffrance ou l’injustice; alors, des femmes, des hommes à l’intelligence aiguisée, à la raison juste sachant repousser les mauvais affects, à la sensibilité non débordante réfléchissent à l’organisation de la cité afin qu’elle puisse intégrer les nouveaux venus; et d’autres s’activent, planifient, orchestrent et harmonisent, d’autres encore écoutent,  soignent, pansent, enseignent, rencontrent et partagent, et voilà les arrivants qui s’installent, parlent de ce qu’ils sont, chantent, écrivent, créent et leurs enfants jouent dans les cours de récréation des écoles et les plus grands travaillent de leurs mains ou étudient; ils façonnent le monde de demain, peut-être plus beau encore que celui d’ aujourd’ hui tant les sourires, mots et regards partagés l’illuminent et l’illumineront. "

Brigitte Papleux.

 

Août 2017.

Rédigé par sadys - - Aucun commentaire

Jean-François Sadys: Père François M’BALU NKETO vous êtes présent parmi nous durant tout le mois d’Août sur la paroisse Notre Dame de l’Avance. Combien de fois êtes-vous déjà venu à Casteljaloux ?

 

Père François M’BALU NKETO : C’est la dixième fois cette année.

 

JF : De quel pays venez-vous ?

 

Père François : De la République Démocratique du Congo. (RDC) Autrefois connu sous le nom de Congo Belge.

 

JF : Quelles sont vos fonctions dans votre pays ?

 

Père François : Je suis vicaire. (1). Je suis aussi directeur d’un collège et d’un Lycée professionnel de quatre cents élèves auxquels nous proposons cinq options.

 

 

JF : Comment s’est mis en place cet échange entre le diocèse de Kisantu et celui d’Agen ?

 

Père François : Le père Dieudonné Kisimbila m’avait mis en contact avec le diocèse d’Agen. J’avais écrit en 2007 mais trop tard cette année là pour mettre en place un échange. En 2008, sans attendre la réponse du diocèse d’Agen, je suis allé chez un aîné à Toulon, dans la paroisse Lafarlède. De là ensuite je suis venu épauler le père Jean-Jacques Fauconnet à Casteljaloux. Il avait besoin d’un confrère.

 

JF : Quel regard portez-vous sur cet échange ?

 

Père François : Le même que celui de Monseigneur Hubert Herbreteau : les deux parties y gagnent.

 

JF : Pouvez-vous s’il vous plaît nous présenter votre pays ? Sa géographie ? Sa population ? Ses richesses, ses atouts, ce qui va, ce qui ne va pas ?

 

Père François : La République Démocratique du Congo est un grand pays francophone de l’Afrique Centrale d’une superficie de 2 345 410 km² soit 6 fois la France et 80 fois la Belgique. Sa population est de 82,24 millions d’habitants appartenant à plus de 100 ethnies différentes. La langue officielle est le français. La capitale est Kinshasa. La RDC est très riche. (2) C’est l’une des causes de son instabilité. La situation politique est instable aujourd’hui. Il suffit d’une volonté politique de nos politiciens, ceux qui sont au pouvoir et ceux qui sont dans l’opposition, pour que notre pays redémarre.(3) Nous avons neuf pays voisins: la Centrafrique, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, le Soudan, la Tanzanie, la Zambie, le Congo Brazza et l’Angola.

 

JF : Comment voyez-vous l’évolution du monde depuis 1989 ?

 

Père François : Le monde est dominé par les enjeux économiques et les nombreux conflits qui en découlent. Chacun ne voit que ses intérêts. Nous devons faire face à une nouvelle menace : Daech. C’est la fin de la bipolarisation URSS / USA. Le monde aujourd’hui est multipolaire avec la présence d’une nouvelle puissance : la Chine.

 

(Propos recueillis par jfsadys@gmail.com)

 

 

(1) Vicaire : Prêtre qui aide et remplace à l'occasion le curé d'une paroisse.

 

(2) Les richesses de la RDC :

Les minerais de manganèse, de cuivre, de cobalt, de zinc, de fer, d’or, de niobium (un des 8 minerais le plus recherché au monde), les mines de diamants, de cassitérite ( utilisée pour faire de l’étain), de lithium utilisé dans la fabrication des piles électriques. (Source Agora Vox)

La forêt primaire du bassin du Congo est la plus grande après celle d’Amazonie. Elle est très riche en bois précieux  comme l’iroko, le sapele, le sipo. Le Congo est le deuxième fleuve du monde après l’Amazone. Il irrigue de vastes terres agricoles à mettre en valeur. La RDC n’est pas en auto-suffisance alimentaire. Trop d’argent a été dépensé dans des guerres internes entre grandes régions du pays freinant le développement de ce pays très riche en tout. (Source Journal La Croix)

 

La RDC dispose d’un potentiel agricole énorme, grâce à ses conditions climatologiques et hydrologiques et la disponibilité de plus de 80 millions d’hectares de terres cultivables L’agriculture occupe plus de 75% des Congolais, mais la performance a connu une détérioration depuis déjà 30 ans, caractérisée par une chute libre des exportations de produits agricoles et une baisse de la production vivrière de 20%, provoquant une situation d’insécurité alimentaire et monétaire qui touche aujourd’hui plus de 70% de la population. (Source :https://lavoixdupaysancongolais.files.wordpress.com/2012/03/analyse-gouvernance-secteur-agricole-en-rdc-juin-2011.pdf)

 

(3) L’Église catholique de RDC joue un rôle d’apaisement dans les conflits et favorise chaque fois qu’elle le peut le dialogue entre les forces politiques qui s’affrontent.

 

On ne voit bien qu'avec le coeur.

Rédigé par yalla castel - - 360 commentaires

La vie dans la rue, « Au bord du monde ».

Du 27 au 30 juillet 2017, se tenait la deuxième édition du Festival international du journalisme vivant à Couthures-sur-Garonne, dans le Sud-Ouest. Cette année parrainé par la cantatrice Barbara Hendrix, le festival s’est déroulé durant 4 jours. Son but : aborder plusieurs thématiques de société à travers des films, des débats, diverses interventions journalistiques et politiques, des témoignages ainsi que des animations.

Dans ce cadre, le réalisateur Claude Drexel est venue prendre la parole afin de présenter son film, « Au bord du monde ».

A Paris, la nuit, dans la rue, le métro, sous les ponts ou le périphérique, il a tenté d’établir les portraits d’une dizaine de sans-abris, afin que face à la caméra ils racontent leur vie au bord de la société.

 Un long-métrage sur les sans-abris, pourquoi ?

« Au bord du monde », film aux multiples distinctions notamment présenté à cannes en 2013 et nommé pour le prix Louis-Delluc, est sortie en 2014. Sur le modèle d’un documentaire, il s’agit avant tout de laisser la parole aux sans-abris, et ce sans commentaires afin de n’entendre que leur voix. C’est donc de bon cœur que 13 d’entre eux s’expriment en toute liberté sur la vie et le monde qui les entoure.

Durant 98 minutes, pas de misérabilisme ni de trash mais de la sincérité. Il ne s’agit pas d’un film militant mais humaniste, le but étant de remettre au centre de l’image des individus habituellement relégués au bord du monde.

Telle une longue épopée de nuit, à Paris, ce long métrage est l’occasion d’une remise en question, l’occasion de rencontrer des personnalités oubliées.

« On les voit partout, mais on ne les entend nulle part »

« Au bord du monde » c’est tout d’abord un film qui aborde le regard des autres. Dans l’ombre, les sans-abris sont souvent vus tels des « parasites » pour la société. Mais la plupart des gens oublient qu’en fait ils sont des êtres humains, des personnes dotées de sensibilité. Pourtant, certains détournent le regard, sont gênés en leur présence : Pourquoi ?

« La société n’accepte pas la pauvreté. Ils sont terrifiés à l’image que cela leur renvoie d’eux-mêmes. Nous ignorer, c’est se protéger quelque part » confie Pascal, l’un des sans-abris interrogés.

Humiliation, infantilisation, perte de la dignité et de la confiance en soi, les sans-abris sont délaissés, comme s’ils n’avaient jamais existé.

Deux. C’est le nombre de fois où l’on parle d’eux pendant l’année : l’été, puis l’hiver. Le reste du temps, on fait comme s’ils n’existaient pas car les regarder, voir la vérité serait trop inconfortable.

« Les gens ne sont plus solidaires entre eux » avance Michel, Sans Domicile Fixe. Démonstration d’un individualisme grandissant, le film montre comment nous oublions progressivement l’autre. Comment nous nous octroyons le droit de le considérer comme inférieur, encouragés par notre indifférence égoïste.

« Ce sont des naufragés de la société »

Quelques habits, un duvet et parfois une tente : c’est tout ce qu’il leur reste.

Christine, à la rue depuis 4 ans confie : « J’ai tout perdu. Mes papiers, mes habits, la photo de mes enfants. J’avais un appartement et du jour au lendemain je me suis retrouvée dans la rue. Aujourd’hui, je ne sais pas quoi faire, je suis résignée ». < Chacun de ces mots soulèvent des questions sans réponses : pourquoi sont-ils là ? n’ont-ils rien fait pour empêcher cela ? pourquoi restent-ils sans rien faire, à attendre ?

Claude Drexel exprimait à ce propos que jamais il ne leur posait l’une de ces questions, ne voulant d’aucune façon les embrasser, les diminuer. Il cite alors :

« La rupture avec la société est une bascule dans un autre monde.

Comment s’est-elle produite ? Commet a-t-elle eu lieu ?<

Nul ne s’en souvient. C’est comme une autre naissance… »

George Orwell

Avant d’ajouter : « Je fais cela pour rencontrer la personne. Ces derniers m’intriguent. Ce qu’il s’est passé avant, je n’en ai pas grand-chose à faire. »

Face à la misère ambiante : quelques aides telles que les restos du cœur, la croix rouge, des associations, mais rien qui ne leur permette de vivre décemment.

L’espérance de vie d’un SDF en France est de 48 ans. Les conditions de vie dans lesquelles ils évoluent sont à l’origine de ce chiffre alarmant. Pas d’hygiène, pas de nourriture, pas d’eau potable, c’est un retour à l’Age de pierre. Le sommeil, lui aussi est perturbé et difficile à trouver, certains ne dormant que quelques heures par nuit.

Marco explique quant à lui que :  « Le plus dur c’est l’hiver, on essaie de trouver des endroits isolés. On a pris nos habitudes et c’est le monde à l’envers, le mauvais rythme. On fait notre vie en fonction du froid et plus de nous, on dort très peu ».

Alors quand le soir nous rentrons dans nos maisons, eux restent seuls et ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Une bataille entre l’esprit et le corps s’impose, souvent. Le corps voudrait abdiquer mais l’esprit lutte, toujours. « Car c’est humain de ne pas vouloir mourir ». Christine déclare « être surprise de se réveiller l’hiver ». Avant, elle pensait « qu’aucun être humain ne pouvait survivre à ça ».

Durant l’hiver 2016, ce sont 501 sans-abris qui sont morts dans les rues. La moyenne d’âge était de 49,6 ans. Et 11 étaient des mineurs dont 6 avaient moins de 5 ans. Des chiffres alarmants, dénonciateurs d’une grande problématique restant, en vain, non résolue.

La vie dans le rue : Toute une organisation 

Afin de se nourrir les sans-abris ne comptent pas exclusivement sur la manche, celle-ci n’étant pas pratiquée par tous et constituant un trop faible « revenu ».

Généralement, les invendus sont la première source d’alimentation des SDF. Wenceslas explique : « Vers 4-5 heures du matin je dois partir de l’endroit où j’ai passé la nuit. C’est juste avant que les gens partent travailler. Ensuite, je vais faire les poubelles des restaurants». Si de nombreuses personnes l’ignorent, c’est parce que la police s’assure que l’ensemble des lieux concernés soient libérés avant 6 heures. Une pratique qui dénonce à la fois la considération de la société envers ces derniers, ainsi que le manque de moyens pour leur venir en aide.

Dans la rue, il y a également une hiérarchie. Celle-ci peut être établie en fonction de différents critères : Le logement, pouvant avoir plusieurs formes (Le squat, la cabane, la tente et ensuite le duvet), la propreté, qui est un facteur très important pour certains d’entre eux, ou encore la manche. L’un des SDF interrogés explique : « Faire la manche est aussi une humiliation. C’est donc une étape à franchir, tout le monde ne fait pas la manche ».

« On se réconforte dans les souvenirs »

Les souvenirs constituent souvent le premier des réconforts face à la solitude de la rue. Certains avancent aussi  : « Le bonheur ce n’est plus le matériel , c’est la nature, les situations tranquilles, les animaux, les espaces verts. »

D’autres expliquent : « La foi aide beaucoup et surtout, sourire malgré la difficulté ».

Leur situation fait que la plupart d’entre eux comprennent ce que d’autres ne comprendront jamais : « Le bonheur c’est l’amour, les amis, la santé. Le reste est sans importance ».

Le réalisateur explique avoir voulu filmer de nuit durant tout le documentaire afin d’imager la solitude de ces personnes, ainsi que le coté « fantomatique » de leur existence, de Paris la nuit. Il a décidé de réaliser ce documentaire dans la ville lumière afin de souligner le contraste entre sa beauté et la misère de ces gens, afin que le message soit plus fort, plus puissant.

Jamais il n’a filmé en contre plongé, mais toujours près du sol, à leur niveau afin d’éviter d’avoir « un regard d’en haut vers en bas ». Le but étant justement que le spectateur se mette à leur niveau. Le but étant, qu’ils rencontrent ces personnes et qu’ensemble ils s’assoient « Au bord du monde ».

 

Alice Gapail.

 

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