Jean-François Colosimo (3)

Rédigé par yalla castel - - Aucun commentaire

" La guerre inique, fratricide et criminelle que Vladimir Poutine a déclenchée contre l'Ukraine le 24 février 2022 est venue réveiller les stigmates de l'expérience totalitaire sur lesquels notre nature oublieuse avait jeté un voile. Subsistant enfoui dans les livres, le trou noir est réapparu béant sur le devant de la scène planétaire. Si vif a été notre sentiment de vertige qu'il nous manque encore aujourd'hui l'explication qui le dissiperait."

 

© Editions Albin Michel, 2022.

ISBN: 978-2-226-47779-8

Jean-François Colosimo (2)

Rédigé par sadys - - 4 commentaires

Jean-François Colosimo, né le 19 novembre 1960 à Avignon, est un théologien orthodoxe, historien, éditeur, documentariste et essayiste français. Il est le directeur général des éditions du Cerf depuis 2013, après avoir été président du Centre national du livre.

Voici les premières lignes de son dernier ouvrage "La cruxifixion de l'Ukraine":

"Nous avons pensé qu'il suffisait de le savoir pour qu'il n'en soit plus jamais ainsi. Que les moins de cent ans écoulés entre le génocide des Arméniens d'Asie Mineure et le génocide des Tutsis du Rwanda, avec le génocide des juifs d'Europe en leur mitan, relevaient de la parenthère maudite et qu'il nous revenait de la clore une fois pour toutes. Nous avons été détrompés. Ou, plutôt, la créance que nous avions accordée à l'impératif moral, pariant qu'il creuserait le vide parmi le silence divin,nous a illusionnés. Non pas que le sursaut éthique soit insignifiant mais il est impuissant, par lui-même, à surmonter le mal extrême. Il peine à transcender la terreur qui accompagne son irruption. Ne se satisfaisant pas d'immoler les corps, la violence absolue garde pour but ultime d'annihiler les esprits. La soumission qu'elle réclame est illimitée. Et n'a donc pour antidote que la liberté inaccessible que seule donne la promesse d'une forme ou l'autre d'immortalité. Celle qui fait défaut à notre âge désemparé, hanté par la crainte que le monde se consumme sans que se profile un quelconque jour d'après."

Jean François Colosimo(1)

Rédigé par yalla castel - - 3 commentaires

"Nous sommes les enfants du siècle, vingtième de l'ère chrétienne, qui a semé conflits,  camps et charniers sur toutes les faces de la Terre. Innombrables ont été les soldats tués sur le champ d'honneur et inhumés dans des nécropoles sacrées auxquelles tournent les cimetières militaires avant que l'ombre ne les recouvre et que leurs dormants ne trouvent définitivement la paix. Incommensurable demeurent le nombre de civils assassinés, anonymes, privés de sépulture, jetés dans des fosses obscures, dont on ignore où et comment ils périrent, quelle fut leur dernière heure, si leurs ossements seront demain exhumés et si leurs manes connaîtront finalement le repos.Comme à aucune autre période de l'histoire, l'extermination a pris force de loi universelle. De manière abyssale, nos aïeux ont appris que nul être humain ne peut se déclarer indemne de l'inhumanité."

Philippe Seguin

Rédigé par yalla castel - - 7 commentaires

Voici des extraits du discours de Philippe Seguin au Sénat le 5 mai 1992:

"Monsieur le président, madame, mes­sieurs les ministres, mes chers collègues, je voudrais croire que nous sommes tous d'accord au moins sur un point : l'ex­ceptionnelle importance, l'importance fondamentale du choix auquel nous sommes confrontés, et, ce disant, je n'ai pas l'impression de me payer de mots! 

C'est en tout cas avec gravité que je viens inviter cette assemblée à opposer l'exception d'irrecevabilité au projet de loi constitutionnelle que le Gouvernement nous présente comme préalable à la ratification des accords de Maastricht négociés le 10 décembre 1991 par les chefs d'Etat et de gou­vernement des pays membres des communautés européennes et signés le 7 février dernier. 

Mon irrecevabilité se fonde sur le fait que le projet de loi viole, de façon flagrante, le principe en vertu duquel la sou­veraineté nationale est inaliénable et imprescriptible, ainsi que le principe de la séparation des pouvoirs, en dehors duquel une société doit être considérée comme dépourvue de Constitution . 

il existe en effet, au-dessus même de la charte constitution­nelle, des droits naturels, inaliénables et sacrés, à savoir pour nous les droits de l'homme et du citoyen tels qu'Ils ont été définis par la Déclaration de 1789. Et quand l'article 3 de la Constitution du 4 octobre 1958 rappelle que «  La souverai­neté nationale appartient au peuple », il ne fait que recon­naître le pacte originel qui est, depuis plus de deux cents ans, le fondement de notre Etat de droit. Nulle assemblée ne saurait donc accepter de violer délibérément ce pacte fonda­mental. 

La question de la séparation des pouvoirs se pose dans les mêmes termes. Aucune assemblée n'a compétence pour se dessaisir de son pouvoir législatif par une loi d'habilitation générale, dépourvue de toute condition précise quant à sa durée et à sa finalité. A fortiori, aucune assemblée ne peut déléguer un pouvoir qu'elle n'exerce qu'au nom du peuple. Or, le projet de loi qui nous est soumis comporte bien une habilitation d'une généralité telle qu'elle peut être assimilée à un blanc-seing. 

Et nous voilà confrontés à une situation tout à fait extraor­dinaire dans notre histoire constitutionnelle puisque, pour la première fois, on demande au Parlement de constitutionna­liser par avance des textes qui n'existent pas encore et qui, pour la plupart, ne seront même pas soumis à ratification dès lors qu'il s'agira de normes communautaires directement applicables. On demande donc au Parlement, qui n'en a pas le droit, rien de moins que d'abandonner sa compétence législative aux organes communautaires chaque fois que ceux-ci le jugeront nécessaire pour l'application du traité."

"Je le proclame donc d'emblée : dès lors que l'entrée de la France dans l'Europe de Maastricht constitue bien l'acte his­torique qu'a évoqué le Président de la République, il serait normal, nécessaire, légitime, indispensable que la parole soit donnée au peuple." 

"Voilà trente-cinq ans que toute une oligarchie d'experts, de juges, de fonctionnaires, de gouvernants prend, au nom des peuples, sans en avoir reçu mandat des décisions dont une formidable conspiration du silence dissimule les enjeux et minimise lei conséquences. Que l'on m'entende bien : je ne viens ici donner de leçon à personne ; mais que l'on veuille bien, en retour, respecter ma propre démarche ! Je me serais d'ailleurs bien passé d'être là. Il eût mieux valu, à l'évidence, que des voix plus fortes que la mienne engagent le combat. 

Elles ne l'ont pas souhaité, je me garderai de les juger. Je me contente de faire et d'assumer un autre choix. Ce n'est pas si facile."

"Monsieur le président, madame, messieurs les ministres, mes chers collègues, que l'on ne s'y trompe pas la logique du processus de l'engrenage économique et politique mis au point à Maastricht est celle d'un fédéralisme au rabais fonda­mentalement anti-démocratique, faussement libéral et résolument technocratique, L'Europe qu'on nous propose n'est ni libre, ni juste, ni efficace. Elle enterre la conception de la souveraineté nationale et les grands principes issus de la Révolution : 1992 est littéralement l'anti 1789. Beau cadeau d'anniversaire que lui font, pour ses 200 ans, les pharisiens de cette Répu­blique qu'ils encensent dans leurs dis­cours et risquent de ruiner par leurs actes!"

L'intégralité de son discours se trouve sur le lien suivant: https://www.senat.fr/evenement/revision/seguin05051992.html

 

 

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